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McLain Ward vit un rêve bleu Azur à Genève

Sport lundi 12 décembre 2022 Mélina Massias

Au terme d’un barrage supersonique, McLain Ward s’est offert l’une de ses plus belles victoires sur sa star HH Azur, seize ans, dans le Grand Prix Rolex de Genève. La paire américaine, qui a pris des risques absolument gigantesques au barrage et compté sur une bonne dose de chance à l’abord de l’ultime oxer, a doublé sur le fil Martin Fuchs, à un cheveu d’un triplé après une nouvelle performance de haut vol de son jeune Leone Jei. L’extraterrestre James Kann Cruz a, lui, glané une excellente troisième place pour son cavalier, Shane Sweetnam. Le fils de Kannan achève de bien belle manière une première année à ce niveau pleine de promesses.

Quelques minutes avant d’entrer en piste, Martin Fuchs venait de saluer une dernière fois son cher Clooney 51 face à son public. Revanchard et déterminé, le Suisse, tenant du titre dans le Grand Prix Rolex de Genève, était bien décidé à conserver sa couronne. En signant un premier sans-faute face à des tribunes déchaînées, le Zurichois s’est aisément qualifié pour un barrage un poil long, ayant réuni treize couples. Rebelote lors de son retour en piste. Le numéro deux mondial a joué de la voix, des jambes, et des bras pour aider son agile Leone Jei (ex Hay El Desta Ali) à franchir toutes les difficultés de ce second tracé. Résultat ? Un chronomètre de 39”77, Palexpo en feu, et une victoire d’apparence tout acquise. Pourtant, ce ne sont pas les lauréats de l’édition 2021 du plus bel indoor du monde qui ont défilé en tête du tour d’honneur, dimanche 11 décembre.

Martin Fuchs en fin de parcours avec son crack de dix ans.

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Derniers à prendre le départ du barrage, McLain Ward et HH Azur (ex Azur Garden’s Horse) ont tout bonnement déroulé un barrage d’un autre monde, prenant d’énormes risques pour arrêter la montre en… 38”43 ! À peine croyable, tant les premiers barrages, signés Daniel Deusser ou Gilles Thomas, par exemple, semblaient déjà très rapides en 42”58 et 40”88. En décrochant ce majeur, étape du très convoité Rolex Grand Slam, la paire a conclu une saison particulièrement réussie. “Azur n’était pas très en forme en fin d’année dernière, nous pensions que sa fin de carrière approchait, mais il se trouve qu’elle a connu une véritable renaissance cette saison. Elle a été absolument incroyable et a répondu présent dans plusieurs des derniers Grands Prix qu’elle a courus. Je suis ému, nous avons vécu une journée formidable”, s’est réjoui l’heureux lauréat. Récente troisième du Super Grand Prix de Prague, septième du Majeur de Calgary, cinquième de celui du mythique CSIO d’Aix-la-Chapelle, et lauréate de deux temps forts en CSI 4*, à Wellington et New York, la belle brune n’a rien raté cette saison. Particulièrement préservée, la fille de l’excellent Thunder vd Zuuthoeve, encore sous le feu des projecteurs ce week-end, a fait mouche à chaque événement auxquels elle a pris part, au nombre de neuf cette saison, soit un de plus que l’an passé, et ne pouvait guère rêver mieux pour achever 2022.

La joie de Gilles Thomas après un nouveau classement au plus haut niveau.

“Je dois dire que nous sommes tous très inspirés par les concours comme celui de Genève. J’ai grandi en rêvant de m’imposer dans ces compétitions, que ce soit à Genève, Calgary, Aix-la-Chapelle, Rome… Je me souviens que je mimais les victoires dans notre jardin. Je suis venu ici pour la première fois il y a trente ans, et même si j’ai toujours l’impression de faire partie des jeunes cavaliers, ce n’est plus le cas !”, a repris le lauréat en conférence de presse. “Ces épreuves sont toujours un objectif, un rêve. Je dois dire que ma jument est vraiment spéciale. Elle était copropriété de Hunter Harrison, qui nous a quittés et qui a longtemps été un grand soutien pour notre sport. François Mathy était là aujourd’hui, il est comme un père pour moi.” Sa joie, McLain Ward l’a, bien évidemment partagée avec ses deux grooms, Virginie Castermann et Lee McKeever, à ses côtés depuis plus de trente ans, mais surtout avec son père spirituel, qu’il a invité à grimper sur la plus haute marche du podium.

Martin Fuchs, McLain Ward et François Mathy et Shane Sweetnam sur le podium.

Sean Lynch vient féliciter Virginie Castermann.

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Sans le marchand belge, McLain Ward n’aurait peut-être jamais rencontré sa brillante crack. Née chez Nathalie Beaufort en Belgique, à Pervijze, la sBs voit le jour en 2006, du croisement entre Thunder vd Zuutheove - à défaut d’avoir pu utiliser son père, Argentinus - et Sion vd Zuuthoeve. “La mère d’Azur, que Pedro (Nolasco, son époux, ndlr) a monté quelques années et qui a accompli de bonnes performances avec lui en saut d’obstacles, était initialement destinée au dressage”, confiait l’éleveuse à The Chronicle of the Horse, en 2017, quelques mois après les Jeux olympiques de Rio, desquels Azur avait terminé neuvième en individuel et médaillée d’argent en équipe. Premier cavalier de la crack, le Brésilien Pedro Nolasco la présente en France à cinq ans, sur quelques épreuves du Cycle classique. Avant de prendre son envol vers le niveau 2* aux côtés de l’Espagnol Diego Perez Bilbao, la belle dispute deux parcours sur le circuit amateur, sous la selle d’Angelique Clarysse et rencontre son plus fidèle pilote en 2015. Depuis, la paire a remporté vingt compétitions internationales, ainsi qu’une finale de la Coupe du monde. Mais leur triomphe genevois gardera un goût particulier.

Azur il y a dix ans.

“Au début du barrage, je fais toujours une caresse sur l’encolure d’Azur. Aujourd’hui, je lui ai fait comprendre que j’aimerais qu’elle signe un nouveau sans-faute. Je lui ai dit ‘donne-moi ce que tu peux, si tu n’y arrives pas, ce n’est pas grave’. J’ai pris un énorme risque sur le double, ma jument s’est un peu vrillée sur le vertical suivant et j’ai dû particulièrement la solliciter pour obtenir huit foulées jusqu’au dernier. Mais plus je la poussais, plus elle se reculait. J’ai été choqué de voir que la barre n'était pas tombée”, s’est étonné l’Américain, aux anges après cette victoire. Après ses obligations médiatiques, le nouveau roi de Genève en a profité pour saluer les nombreuses petites mains bénévoles qui font la réussite de ce concours si spécial. Cette année, le travail des équipes d’Alban Poudret, Sophie Mottu Morel et Corinne Druey a été récompensé par une fréquentation record de 44.000 visiteurs sur cinq jours et trois sessions sold out. Chapeau.

Azur, fière d'être la reine de la remise des prix.

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Finalement deuxième, Martin Fuchs était tout sauf amer de son classement. Sourire aux lèvres, le Suisse s’est satisfait des multiples émotions vécues au cours de la journée. “Ce fut une journée pleine d’émotions ! Les adieux de Clooney étaient ma priorité. Mais quand la cérémonie a été terminée, je me suis directement concentré sur le Grand Prix. Je savais qu’il s’agissait d’un bon parcours pour Leone et il a répondu présent. Je voulais vraiment signer le triplé, mais McLain Ward avait visiblement une autre idée en tête (rires). Je suis évidemment très heureux de cette performance”, a réagi le représentant helvète, large vainqueur à l’applaudimètre au cœur de Palexpo.

L'accrobate Leone Jei.

Un temps en tête, Shane Sweetnam, auteur d’un week-end rempli de classements, s’est hissé sur la troisième marche du podium. Une juste récompense pour son extraterrestre James Kann Cruz qui, semaine après semaine, ne cesse d’impressionner la planète équestre par son talent, ses moyens et sa régularité. À seulement neuf ans, la prunelle de la famille Connolly n’a pas fini de faire parler de lui. “Je suis incroyablement chanceux d’avoir James Kann Cruz. C’est un cheval irlandais, né à Galway. Nous nous entendons particulièrement bien. Il ressemble beaucoup à son grand-père maternel, Cruising (lauréat du Grand Prix de Genève en 1998 avec Trevor Coyle, ndlr). J’ai monté quelques-uns de ses produits, et ils ont tous cette même intelligence. J’espère que nous pourrons un jour l’égaler en remportant aussi ce Grand Prix”, a commenté l’Irlandais, qui avait fait escale en Europe pour l’occasion. “Le concours ici est vraiment spécial. Le niveau et le public sont fantastiques.”

James Kann Cruz, troisième et véritable révélation de l'année.

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Bien qu’ils ne soient pas montés sur le podium, Gilles Thomas, Simon Delestre, Daniel Deusser - qui tentait d’empocher une troisième victoire dans l’année sur le circuit du Rolex Grand Slam -, Elian Baumann et Andreas Schou ont été conviés à la remise des prix. Associés à leurs respectifs Calleryama, Cayman Jolly Jumper, Scuderia 1918 Tobago, Little Lumpi E - au départ de sa première épreuve à ce niveau - et Darc de Lux, tous cinq ont signés de convaincants doubles zéro, de même qu’André Thieme, moins rapide d’entre tous avec sa championne d’Europe Chakaria (ex Carelia), neuvième. Daniel Bluman, Christian Ahlmann, Ben Maher et Kevin Staut, derniers barragistes, n’ont pas réitéré leur première performance, malgré les très bons comportements de Ladriano, Dominator 2000, Dallas Vegas Batilly et Scuderia 1918 Viking d’la Rousserie dans l’acte initial.

L'adorable Tobago de nouveau impeccable de bout en bout.


Les résultats complets ici.

Crédit photo : © Mélina Massias. Photo à la Une : McLain Ward et sa Azur s’envolent au-dessus de la sortie de triple dans l’acte initial du Grand Prix Rolex.

Toutes les épreuves du CHI de Genève sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.