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Eugène Mathy, la force du caractère

Reportages mercredi 21 juin 2017 Julien Counet

Poursuivez votre découverte d'Eugène Mathy dans notre série qui lui ait consacrée.

Quand on voit la différence entre l'époque où vous organisiez le jumping de Chaudfontaine avec un record du monde de puissance qui tient toujours et le jumping de Liège aujourd'hui, quelles sont les difficultés rencontrées et l'évolution dans l'organisation que ce soit au niveau des pistes, des sponsors … etc.

C'était plus facile à l'époque. Quand on a commencé au Sart Tilman, nous avions un budget équivalent à 60 000 euros ! J'allais chez Jupiler à l'époque et au bout d'un quart d'heure de réunion, je ressortais avec une promesse de sponsoring. Il n'y avait même pas de contrat, une simple poignée de main suffisait. J'avais également de bon contact chez le cigarettier Dunhill, en une demi-heure, je sortais avec une enveloppe de presque 20 000 euros et même chose chez Moët et Chandon. Aujourd'hui, les cigarettiers ont disparu, il faut faire attention à la loi sur l'alcool, l'informatique s'est cassé la figure … c'est donc beaucoup plus compliqué. A l'époque de Chaudfontaine, le concours était bénéficiaire et nous avons donné beaucoup d'argent aux ?uvres. Nous avions un coup de main de l'armée belge pour organiser le concours avec le montage des tribunes mais en échange nous reversions de l'argent à Vivat, beaucoup d'argent, ce qui malheureusement serait maintenant impossible. On peut encore faire de petites choses mais aujourd'hui quand on a bouclé le budget d'un concours, on est déjà content. A Liège, nous frisons désormais le million d'euros en budget. A l'intérieur, tout est plus cher !

La décision de passer de Chaudfontaine au hall des foires de Liège a été un choix compliqué ?

Nous avons tout d'abord organisé le Sart Tilman durant deux années … mais nous nous sommes fait jeter dehors ! Nous organisions cela au milieu de l'anneau de tartan au Blanc Gravier et l'installateur des chapiteaux, qui étaient toujours à tendeurs à l'époque, n'avait rien trouvé de mieux que de mettre un tendeur dans le tartan ! Quand le directeur du centre est arrivé le lendemain matin, il m'a appelé illico. Je n'étais pas encore réveillé que j'avais déjà un coup de téléphone pour me dire que le concours ne démarrerait pas tant que nous n'avions pas réparé. J'avais évidemment prévenu l'installateur de ne pas se mettre dessus mais il n'en a pas tenu compte ! Du coup, après cela, ils nous ont dit d'aller voir ailleurs. Je suis alors tombé sur Charles Labalue qui avait organisé le concours de Chaudfontaine durant plusieurs années dans la propriété de la famille Grisard de la Rochette. Il m'a proposé de venir à Chaudfontaine et de relancer le concours. Malheureusement, chaque année, nous avons eu de l'eau que ce soit au début, au milieu ou à la fin. Nous étions noyés. La dernière année, j'ai dit au bourgmestre Daniel Bacquelaine que l'on pouvait s'occuper de la piste mais que l'on avait besoin de parking en dur sinon on déménageait. Cela faisait déjà deux-trois ans que Jacques Dangez me disait qu'il me ferait des bonnes conditions pour nous installer à la Foire Internationale de Liège car ce serait important d'avoir un grand événement indoor à Liège. J'ai donné un ultimatum de trois mois au bourgmestre de Chaudfontaine … mais ce n'était pas possible pour lui et du coup, nous avons débuté la même année à Liège. C'était comme c'était, nous avons débuté petitement.

Personnellement, je trouve que le concours hippique reste un sport d'extérieur. Chaudfontaine, quand le temps était de la partie, c'était magnifique et le site s'y prêtait admirablement bien. Tout le monde a gardé de bons souvenirs de cette période. Il suffit de voir Lummen qui a souffert ces 2-3 dernières années et a connu une magnifique édition grâce au soleil cette année. A Chaudfontaine, nous avions refait tout le terrain. Nous avions drainé et réalisé une véritable piste et un paddock hors d'un champ. C'était devenu une pelouse et nous aurions pu nous en occuper mais les camions sont devenus tellement lourds que ce n'est plus possible. Il faut bien dire qu'à l'époque, lorsque nous organisions Chaudfontaine, plus personne ne sortait un barbecue en Belgique car tout le monde savait qu'il allait pleuvoir ! Ca en était devenu comique … sauf pour nous. Maintenant, nous y avons vécu des moments formidables avec le record du monde de puissance de Franke Sloothaak mais aussi des attractions formidables tels que Lucien Gruss, les cascadeurs cosaques, le carrousel de la gendarmerie, un paddock polo aux couleurs de Cartier qui voulait réintroduire le polo en Belgique… C'était magnifique, sauf qu'il a plu toute la journée. De ce fait, ce n'était plus possible car les gens n'osaient plus prendre de risque. Quand ils sortaient de leurs voitures, ils mettaient les pieds dans l'eau. Il fallait tirer les camions dehors, c'était infernal ! Nous nous sommes donc tournés vers Liège avec certains regrets.

Léon Dourcy et Eugène Mathy ont trouvé la relève pour le Jumping International de Liège en Frédéric Mathy (photo) et John Dourcy.

Qu'est-ce qui vous a motivé du coup à continuer l'aventure ?

Il n'y a rien dans notre région si nous n'organisons pas un concours, ni dedans, ni dehors. Il faudrait aller dans un club mais il n'y a aucun club suffisamment grand dans notre région pour nous recevoir et il y a de la demande. Nous pouvons désormais faire toutes les finales communautaires qu'il pleuve ou qu'il vente, ça n'a pas d'importance. De plus, c'est le plus grand événement dans la région alors pourquoi ne pas le continuer tant que l'on peut. Je pense que c'est très important pour la promotion du sport dans la région. L'événement en lui-même est important mais c'est aussi important pour toutes les finales de ligues et toutes les épreuves de jeunes. C'est un aboutissement pour toute la saison équestre des jeunes que ce soit les juniors, les scolaires, les poneys ou les manèges. Cette année, nous allons probablement intégrer une épreuve de pony-games ainsi qu'un complet indoor. Tout cela n'est pas possible en extérieur. Les gens viennent passer un bon moment et finalement, on se rend compte que pas mal de spectateurs viennent autant pour l'événement que le sport équestre en lui-même. Les VIP passent toujours une bonne soirée car le spectacle est beau, l'ambiance est agréable et le public est vraiment très chaleureux. Nous avons donc la chance d'avoir des clients fidélisés et les nouvelles sociétés qui viennent constatent que leurs invités sont toujours contents.

La suite demain !

Crédit photo : Julien Counet