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Ghana du Gast, Groovy des Brimbelles et Connorado d’Enfer sont les nouveaux champions de France des six ans

Elevage samedi 3 septembre 2022 Mélina Massias

Après avoir sacré les quatre ans, la Carrière des Princes du site du Grand Parquet en a fait de même avec les montures de six ans. Au terme de deux manches finales passionnantes, qui ont vu les prétendants à la victoire jouer aux chaises musicales, Ghana du Gast, Groovy des Brimbelles et Connorado d’Enfer ont été récompensés chez les juments, les mâles et les autres stud-books (ASB). De belles récompenses pour ces trois chevaux, qui ont montré de bonnes aptitudes sous les selles de Nicolas Layec, Félicie Bertrand et Farid Alejandro Hernandez Herrera.

Quelle après-midi à Fontainebleau ! Alors que les chevaux de sept ans ont joué leur seconde épreuve qualificative en début de journée, samedi 3 septembre, leurs cadets, âgés de six ans, ont pris le relais en début d’après-midi. Capricieux, le ciel a fait tomber une forte averse sur les premiers partants des Autres Stud-books. Heureusement, la météo s’est ensuite calmée, laissant place à un large ciel bleu et un soleil radieux. En deux manches, les meilleurs de chaque catégorie (ASB, SF+AA juments, SF+AA hongres et entiers), déjà départagés lors de leurs deux premières épreuves qualificatives, sont revenus pour en découdre. Au terme de deux tracés exigeants mais très fairplay, Connorado d’Enfer, Groovy des Brimbelles et Ghana du Gast se sont dégagés, opérant parfois de belles remontées.

Rencontre entre les deux champions de France des six ans : Ghana du Gast et Groovy des Brimbelles.

Groovy des Brimbelles offre une belle dernière à Félicie Bertrand

Née au haras des Brimbelles, chez la famille Schumacher, Groovy des Brimbelles a signé une remontada fantastique, au mérite de deux parcours impeccables, gagnant près de vingt places entre la deuxième qualificative et la finale ! Si ses éleveurs n’étaient pas là pour apprécier ses parcours, les acheteurs, eux, ne se sont pas trompés. Mercredi 31 août, alors que la sublime grise effectuait son premier parcours de la semaine, le marchand irlandais Enda Caroll, à la tête de l’écurie Ashford Farms, et notamment soutien de la crack pilote qu’est Jana Wargers, a repéré la jument de six ans. Résultat ? Une vente conclue en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Malgré tout, le nouveau propriétaire de la Selle Français a souhaité que Félicie Bertrand poursuive le championnat. Il a eu raison, puisque l’histoire entre la paire féminine s’est conclue de la meilleure des manières. Au paddock, juste après le sacre des deux complices, il y a eu des larmes. De joie, sans doute, mais probablement aussi de nostalgie, déjà.

L'émotion de Félicie Bertrand et de son équipe, autour de Groovy des Brimbelles.

“Nous avons acheté Groovy en début d’année dernière, avec Pauline (Jouanneteau, ndlr). Nous avons toujours eu un coup de cœur pour cette jument. Elle dégage vraiment quelque chose : elle est déjà très belle, mais aussi gentille et dotée d’une personnalité incroyable. Elle a une tête formidable, du respect… je pense que c’est vraiment la jument que tout le monde recherche”, a loué la cavalière, qui a réussi une Grande Semaine parfaite, puisqu’elle n’avait engagé que cette seule jument ! “Elle a gagné en moyens depuis que nous l’avons acquise. Elle ne force pas, est très souple. À l’avenir, je l’imagine sauter 1,50m et être compétitive. Elle est rapide. Bref, elle n’a pas vraiment de défauts ! En plus, elle a des origines incroyables. Tout est inscrit dans les bonnes cases. Nous sommes venues ici avec l’objectif de la vendre. C’est dur, mais c’est comme ça. Je suis vraiment heureuse. Ces moments-là font du bien. Mais, déjà que nous n’avions pas trop envie de la laisser partir, demain risque d’être une journée difficile.”

Groovy des Brimbelles.

Fille de Windows vh Costersveld, plus connu sous le nom de Cornet Obolensky, Groovy des Brimbelles descend d’une solide souche. Sa mère, Kaolympe Plardière (Diamant de Semilly x Glamorgan), bien valorisée jusqu’à six ans par Patrice Delaveau, qui a également monté l’un de ses frères, Jyhba Plardière (Paladin des Ifs), s’est ensuite montrée particulièrement prolifique à l’élevage, engendrant… vingt-trois produits. Parmi eux, se trouve un certain Darkhorse Brimbelles (Air Jordan), neuf ans et aux portes du haut niveau avec Axel van Colen, le solide Eliot Brimbelles (E T Cryozootech), partenaire de Titouan Schumacher, ainsi que Sombrero Brimbelles (Calvaro Z), vendu à l’étranger et vu jusqu’au niveau 3* au Canada avec Erynn Ballard, Keean White ou encore Kevin Crosby, après avoir effectué un passage éclair sous les selles de Jérôme Guéry et Darragh Kenny. La regrettée Ere Brimbelles (Con Air) était également une sœur utérine de Groovy, qui compte d’autres jeunes frères et sœurs. Olympe du Tertre, sa deuxième mère, créditée, en 1992, d’un ISO de 166 pour ses performances en compétition, descend quant à elle… d’une Trotteuse Français, Del Cordoba. Ce sang, particulièrement apprécié par le passé, a permis de faire émerger de nombreux cracks, à l’image de Jappeloup, ou encore Galoubet A. De cette jument initialement destinée aux courses, sont également issus les compétitifs Vulcain du Tertre (ISO 150, Kessel II), et Neptune du Tertre (ISO 129, Diabolo). Les origines de l’étalon de concours complet Shaloubet Eygalières (Baloubet du Rouet) ramènent également à cette souche, qu’exploitait jadis Elisabeth De Lambilly Bataille.

Félicie Bertrand et sa fille.

À Fontainebleau, Groovy Brimbelles a donc récompensé trois belles années de formation, qu’avaient initiées Antoine Helie ainsi que Théophile Payelle. Alors qu’il restait cinq couples en mesure de s’offrir un titre de champions de France, la grise de Félicie Bertrand a profité des erreurs commises par ses concurrents pour s’emparer de la tête. Gin Fizz d’Authuit (Cornet’s Capitol x Rissoa d’Ag), née pour le compte d’Alain Salzman et Axel van Colen, à la tête du haras d’Authuit, a terminé deuxième sous la selle de Valentin Thafournel, décrochant ainsi l’une des cinq mentions Elite mise en jeu pour les juments de six ans. Cette autre grise est le produit le plus âgé de sa mère, Betty Boop d’Authuit, officiant désormais pour l’affixe de Cerisy. Sa grand-mère, Vanity Bois Margot (L’Arc de Triomphe), avait notamment donné Europe d’Authuit (ISO 150, Kannan). Du reste, cette souche germanique s’est montrée discrète en France.

Gin Fizz d'Authuit.

Troisième, l’excellente Gigi (Aktion Pur Z x Flipper d’Elle), qui aurait pu être auréolée de la couverture du vainqueur a concédé une faute de trop, en première manche. Sous la selle de Nicolas Layec, cette délicate et démonstrative baie a enchaîné les excellents parcours. Si bien qu’elle a tapé dans l'œil d'un des meilleurs mondiaux, qui pourrait en faire l’acquisition, si Bruno Rocuet se résout à la laisser partir... Pourtant, ce dernier, qui est son naisseur et propriétaire, est très attachée à sa protégée, qui lui rappelle tant sa mère, sa chère La Luna du Thot. En plus de s’être montrée performante en compétition, elle a donné vie, entre autres, aux toutes bonnes Uppy Girl (Huppydam des Horts) et Victoria Barcelona (Huppydam des Horts), lauréate du Derby de Dinard en 2019.

Gift des Lunes (Windows vh Costersveld x Kannan - éleveuse : Virginie Auclair) et Gloire de l’Olivier (Andiamo Semilly x Mercredi de Mars - éleveur : Francis Mauger), présentées par Grégoire Hercelin et Jean-François Filatriau, ont complété le top 5 et été créditée de la mention Elite.

La fantastique Gigi.

Les résultats complets du championnat des juments de six ans ici.

Ghana du Gast en démonstration

Décrit comme un lion par son cavalier, Ghana du Gast a fait sensation. Par ses moyens, sa qualité et son tempérament, d’abord, mais aussi en faisant frémir les tribunes lors de son second parcours, où il a flirté avec quelques distances parfois piégeuses, alors qu’il tenait la tête du championnat. Mais le grand alezan à l’énergie intarissable s’est imposé de mains de maîtres, offrant à Nicolas Layec son premier titre sous les couleurs de l’écurie Rocuet, et une nouvelle consécration à Bruno Rocuet, heureux comme un Junior de cet énième succès. “Depuis tout petit, Ghana est extraordinaire. Il a un fort tempérament, a beaucoup d’énergie et est un gros sauteur. C’est un lion. Il veut sauter, il en veut toujours plus. Il déteste toucher les barres ! C’est ce qui a fait la différence aujourd’hui. Je ne le sens jamais forcer. Il a les moyens pour faire ça fois deux. Il mérite son titre haut la main”, a réagi son cavalier après sa prestation “rock and roll”. “Il a transpiré sur le deuxième parcours, mais moi aussi, même en ne faisant rien ! Cela commençait à faire longtemps que je n’avais plus remporté de titre : depuis l’année dernière !”, a plaisanté l’heureux co-propriétaire de ce futur crack après son sacre. “C’est une chouette histoire. Ce n’était pas un pari, parce qu’il était déjà époustouflant à deux ans. Il m’a bluffé. On voit qu’il a un coup de saut hors norme. Je suis content pour Nicolas, qui courait son premier Fontainebleau pour ma maison. Gagner est presque normal chez nous, et l’inverse n’est pas terrible… Nous avons acheté Ghana à deux ans et demi avec Grégory Hennon. Il avait gagné le concours des étalons de Lamballe (depuis, l’alezan a été castré, ndlr). Il provenait d’un élevage proche de mes écuries. Il est difficile, mais est increvable. La semaine dernière, il a fait quatre parcours à Auvers. Il est rentré samedi, s’est reposé deux jours à la maison, et mardi il était à Fontainebleau. On aurait pu lui ajouter une manche de plus ! J’avais posté une vidéo sur Facebook en écrivant “Ghana du Gast is ready” (rires). Je l’ai acheté cher. Cela ne m’était jamais arrivé. Je me souviens même avoir demandé à le payer sur trois mois, sans frais (rires). Sa grand-mère n’est pas n’importe qui, puisqu'il s’agit de Discrète IV (Quat’Sous x Starter), la première jument de championnat de Nicolas Delmotte.”

Ghana du Gast en plein vol lors de la deuxième qualification. 

Ghana du Gast félicité par son copropriétaire. 

Banda du Sartel (Ogano Sitte), est, en effet, né dans les prairies nordistes du Tricolore. Blessée à un pied, cette fille de l’excellente Discrète a été acquise par Rolland Ricard à deux ans et vouée à la reproduction. Associée à Ogrion des Champs, elle a ainsi engendré son meilleur produit à l’heure actuelle : Ghana du Gast, le nouveau champion de France des six ans. Déjà classé Elite l’an passé, le puissant et délicat alezan confirme en décrochant le titre suprême et met à l’honneur son éleveur, Rolland Ricard. Il supplante par la même occasion Goliath d’Alba (Windows vh Costersveld x Kannan), piloté par Bérenger Oudin, qui signe sa meilleure performance et confirme les innombrables qualités de son illustre géniteur.

L'excellent Goliath d'Alba, digne héritier de son père.

Sous la selle de Robin Le Squerren, Giorgio d’Ellipse achève sa finale au troisième rang. Une nouvelle bonne performance pour Marie & Frédéric Busquet, à la tête des écuries et de l’élevage éponymes. Ce mâle par Prestigio La Sille n’est autre que le frère utérin du tout bon FBI d’Ellipse (Vagabond de la Pomme), engagé dans le championnat des sept ans avec Robin Le Squerren. Sa grand-mère, Danais des Sevres (Double Espoir) est également à l’origine de Tokyo d’Ellipse (ISO 150, Kashmir van’t Schuttershof) et Night d’Ellipse (ISO 143, Caucalis), cette dernière se consacrant désormais à l’élevage et ayant produit le jeune Heroe de Cafeny (Diamant de Semilly), qui se démarque sur les terrains de complet. Gangster de Turan (Kannan x Happy Villiers - éleveurs : Isabelle et Jean-Baptiste Sejourne) et Gabin Batilly (Montender x Dollar du Mûrier - éleveur : Jean-Claude Viollet) sont les deux derniers mâles de six ans à se voir attribuer la mention Elite pour cette édition 2022.

Giorgio d'Ellipse, bon troisième de ce championnat de France des mâles de six ans.

Les résultats complets du championnat des mâles de six ans ici.

Connorado d’Enfer, champion des étrangers

Séparés de leurs comparses Selle Français et Anglo-Arabe, les chevaux de six ans enregistrés dans un autre stud-book se sont affrontés dans une épreuve dédiée. Grâce à un bon championnat, sanctionné d’une faute seulement, et à son classement au Top 100 de la Société hippique française (sixième), Connorado d’Enfer (Connor x Cayado) a empoché la mise. “C’est un cheval étranger, fils de Connor, lui-même descendant de Casall. Il a été en finale à quatre, cinq et six ans et cette année était la bonne !”, a expliqué son cavalier, le Colombien Farid Alejandro Hernandez Herrera, ravi d’avoir décroché son premier titre de champion de France. “Il est très, très concours. Il saute très bien, est très respectueux. Il s’économise un peu et ne fait pas de démonstration à chaque saut, mais cela n’entache en rien sa qualité. Chaque année, nous nous disons qu’il va bien faire. Jusqu’à maintenant, il ne nous a pas déçus. Nous espérons disputer les sept ans avec lui. Beaucoup de gens sont intéressés pour l’acheter, mais nous allons essayer de la conserver. Il m’appartient à 50% et j’aimerais le garder sous ma selle. Nous sommes tous très heureux de ce titre : mon équipe, mon propriétaire et moi.” 

Connorado d'Enfer.

L’efficace bai foncé a pris l’avantage sur Cobalt de Quelennec (Windows vh Costersveld x Gipsy de St Martin), né chez Emmanuel Le Berre et monté par Nicolas Garrigues, ainsi qu’Edward (Echo van’t Spieveld x Corrado), guidé par Pierre Antoine Henault et seul représentant des ASB à s’être vu attribué la mention SHF.

Les résultats complets du championnat des ASB de six ans ici.

Crédit photo : Mélina Massias. Photo à la Une : Ghana du Gast et Nicolas Layec sur l’ultime obstacle de la finale.