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“Je vais absolument essayer d’élaborer un programme pour les Jeux olympiques de Paris”, Janika Sprunger (1/2)

Janika
Interviews mardi 2 janvier 2024 Mélina Massias

Accompagnée de ses jeunes pépites, qu’elle éduque depuis plusieurs mois avec l’ambition de retrouver les sommets, Janika Sprunger a vécu une belle saison 2023. La Suissesse, qui a révélé les cracks Palloubet d’Halong, Bonne Chance CW, Bacardi VDL ou encore King Edward Ress, est revenue à vitesse grand V sur le devant de la scène, notamment grâce à la jeune Orelie, neuf ans. La baie et sa souriante cavalière ont défendu les couleurs de la très dense équipe helvète aux CSIO 5* de Falsterbo, avec une victoire à la clef, puis lors de la finale du circuit des Coupes des nations Longines, à Barcelone, début octobre. Également quatrièmes du Grand Prix CSIO 5* de Saint-Gall, cet attachant duo devrait encore franchir un palier supplémentaire en 2024, année olympique. Épanouie et heureuse, la jeune mère de famille n’entend pas pour autant griller les étapes, préférant opter pour une gestion minutieuse de ses jeunes stars. Rencontrée à Barcelone il y a quelques mois, la co-fondatrice des écuries Cyor s’est confiée avec sincérité et sourire. Une interview à découvrir en deux volets.

Cette année a marqué votre grand retour au sein de l’équipe suisse. Quels sentiments et quelles émotions avez-vous ressenti pour ce comeback rapide permis notamment par vos jeunes Orelie (Emerald van’t Ruytershof x Nabab de Rêve), neuf ans, et Kinmar Scarlett (Akarad Hero x Lys de Darmen), une sœur utérine de la toute bonne Venezia d’Ecaussines âgée huit ans ?

Je travaillais déjà avant cela, afin de les éduquer et d’établir un bon programme pour elles. J’ai veillé à choisir avec attention les concours auxquels elles ont participé afin de leur permettre de progresser du mieux possible. Et c’est ce qu’elles ont fait ! J’étais très fière car, en fin de compte, nous voulons tous concourir à ce niveau. C’est tellement chouette ! Je dois aussi remercier Tina Pol, qui est la propriétaire d’Orelie et Scarlett, ainsi que d’un autre jeune cheval de mon piquet. Elle m’a offert cette opportunité de trouver deux jeunes chevaux et m’a accordé toute sa confiance. Nous avons choisi ensemble deux chevaux qui me correspondent et je crois que nous avons fait du bon travail. Cette situation est nouvelle pour moi ; je n’avais jamais travaillé avec Tina auparavant et je le suis très reconnaissante. Alors que j’étais nulle part sportivement parlant depuis ma grossesse, elle a cru en moi. Elle m’a dit “j’ai foi en toi, tu es douée pour former les chevaux et je veux mener ce projet avec toi”. Je suis très heureuse du chemin parcouru. 

Orelie lors de la finale du circuit des Coupes des nations, à Barcelone, en octobre 2023. © Mélina Massias

Comment avez-vous rencontré Tina Pol ? 

Je la connais depuis que je suis enfant. Tina était cavalière auparavant. Lorsque j’habitais encore en Suisse, ses chevaux ont longtemps hébergé dans nos écuries, mais, à l’époque, je n’étais qu’une petite fille. Tina a toujours suivi mon histoire avec mes précédents chevaux, que ce soit Palloubet d’Halong, Bonne Chance CW ou Bacardi VDL. Elle les a tous vu à l'œuvre et a toujours apprécié le fait que je fasse un long chemin avec mes chevaux, de leurs années de formation au haut niveau. De ce fait, nous avons le même ressenti et la même idée du bon horsemanship. C’est donc très, très plaisant de travailler avec elle et avec ses chevaux. C’est une situation formidable pour moi. Tina a également une magnifique écurie en Suisse, avec son cavalier, Christoph Könemann.

Lors de ses exploits avec Palloubet d'Halong, Janika Sprunger connaissait déjà Tina Pol, la propriétaire de ses deux stars actuelles, Orelie et Scarlett. © Dirk Caremans / Hippo Foto



La seule chose qui manque à Orelie est l’expérience

Vous attendiez-vous à revenir si vite au sein de la très concurrentielle équipe suisse, notamment avec une jument de seulement neuf ans ? 

Non ! Cela étant, Orelie a obtenu des résultats fantastiques et je suis très reconnaissante d’avoir eu ces opportunités cette année. Il y a une grande marche entre réaliser des bonnes performances en individuel et défendre les couleurs de son pays. Même si je ne suis pas sans-faute à chaque fois, j’ai vraiment besoin de ce genre d’expérience. Il faut bien commencer quelque part.

Quelle est l’histoire d’Orelie ? Comment l’avez-vous rencontrée ?

Orelie est arrivée chez moi après avoir passé les huit premières années de sa vie en Belgique, chez son éleveur, Joris Meulemans, et avoir été montée par Nick Vrins. L’éleveur d’Orelie a rencontré Henrik (von Eckermann, l’époux de Janika, ndlr) lors d’un concours à Opglabbeek et lui a indiqué avoir une bonne jument, à laquelle il devrait jeter un œil. À ce moment-là, je regardais partout dans l’espoir de trouver un cheval pour moi. Lorsque Henrik est rentré à la maison, il m’a montré les vidéos. Je lui ai dit “c’est bien, mais pas waouh. Peut-être que cela vaut quand même le coup de l’essayer”. Joris a alors amené Orelie chez nous et je l’ai montée. Dès le premier saut, je me suis sentie comme chez moi sur son dos. Je me sentais si bien avec elle ! Elle m’a donné un super sentiment, alors, Tina l’a achetée. Depuis, Orelie a fait de l’excellent travail. Elle est très intelligente et on peut lui faire confiance. Elle n’est pas très grande, mais a de nombreuses qualités, dont de bons moyens. La seule chose qui lui manque vraiment est l’expérience. Je suis si heureuse de l’avoir à mes côtés. C’est un plaisir de travailler avec ces formidables animaux.

Si elle n'a pas séduit immédiatement Janika Sprunger en vidéo, la talentueuse Orelie l'a conquis dès les premiers sauts. © Mélina Massias

Quid de Kinmar Scarlett ?

Scarlett est la première que nous avons acheté avec Tina, lorsqu’elle avait six ans. J’étais en concours et il y avait une épreuve réservée aux jeunes chevaux en cours. J’ai vu la grande liste blanche de Scarlett et il n’a suffi que de deux bons sauts pour que je tombe directement amoureuse d’elle ! Je l’ai montrée à Tina, et elle l’a aussi beaucoup aimée. Je l’ai essayée et nous l’avons acquise. Elle a fait des progrès remarquables en deux ans. Cette année elle s’est notamment classée à Barcelone lors de ses deux parcours. J’ai vraiment à cœur d’adopter un plan à long terme avec mes chevaux, afin qu’ils restent en pleine forme aussi longtemps que possible.

La charmante Kinmar Scarlett, sœur utérine de Venezia d'Ecaussines, ancienne complice de Thierry Rozier, donne le sourire à sa cavalière. © Mélina Massias

Une autre star se cache-t-elle parmi le reste de votre piquet de chevaux, en particulier chez vos jeunes montures ?

Oui, j’ai une autre très bonne jument de six ans (Aganix’s Rose of Light, Aganix du Seigneur x Light On), qui appartient également à Tina. Je pense qu’elle est très douée, mais aussi très verte. Elle a vraiment besoin de temps. Ensuite, j’ai un nouveau cheval (interview réalisée le 29 septembre, ndlr) irlandais qui a huit ans (Tullogher Lady Liberty, Indoctro x Indorado, ndlr). Cette jument représente une belle opportunité pour les prochains mois et est un super renfort aux côtés de Scarlett et Orelie. J’espère qu’elle pourra nous aider ces prochaines années lors de belles épreuves. Je suis très excitée pour 2024 !

La jeune Aganix's Rose of Light est l'un des grands espoirs de la Suissesse. © Sportfot



Le fait que Steve et Martin aient choisi de disputer toutes les Coupes des nations cette année est fantastique

Vous avez déniché un nombre incalculable de cracks, à l’image de Bonne Chance CW, Palloubet d’Halong, Bacardi VDL ou encore King Edward Ress, que l’on ne présente plus. Quel est votre secret pour trouver tous ces chevaux de talent ?

Beaucoup de personnes me posent cette question, mais je ne sais pas vraiment ! Il est difficile de trouver une réponse. Je pense que c’est un mélange entre mon ressenti et le travail. Aucun cheval ne naît en étant directement une superstar. Bien sûr, certains ont plus de talent que d’autres, mais il faut les éduquer, leur prévoir un bon programme et une excellente gestion. Je crois que Henrik et moi sommes plutôt doués pour cela. Lorsque je suis en quête d’un nouveau cheval, je cherche à ce qu’il soit avec moi, droit, qu’il ait bon caractère, évidemment de la qualité et qu’il me donne un bon sentiment. Avec cela, on peut aller loin. Pour moi, le mental est crucial.

Janika Sprunger et l'un des cracks passés sous sa selle, Bacardi VDL, ici aux Jeux équestres mondiaux de Tryon. © Dirk Caremans / Hippo Foto

Depuis votre retour, comment vous sentez-vous au sein de votre équipe nationale, extrêmement fournie en talents, en attestent le titre de champion d’Europe décroché par Steve Guerdat à Milan ou encore la victoire de Martin Fuchs dans le très difficile Grand Prix CSIO 5* de Spruce Meadows en septembre ?

Steve et Martin sont d’une classe à part. Ils sont assurément les personnalités leader de notre équipe. On peut toujours apprendre d’eux. Le fait qu’ils aient choisi de disputer toutes les Coupes des nations cette année est aussi fantastique. Ils ont été de toutes les grandes compétitions par équipe cette saison. Bien sûr, il faut avoir les chevaux pour le faire, mais ils ont pris cette décision fantastique. Pour des gens comme nous, les avoir à nos côtés est formidable. À Falsterbo, par exemple, ils m’ont aidée à contribuer au succès de notre équipe. C’est incroyable et important qu’ils soient là pour tirer tout le monde vers le haut. Être avec eux est très stimulant. Ce n’est pas nouveau pour moi, puisque j’ai déjà fait partie de l’équipe suisse avec eux par le passé, mais être de retour est très chouette. Je me sens la bienvenue. Désormais, j’espère juste pouvoir réaliser de bonnes performances !

En retrouvant l'équipe première helvète, Janika Sprunger a rapidement repris ses marques auprès de ses coéquipiers, dont Steve Guerdat, grand défenseurs des CSIO de tradition. © Sportfot

Les Jeux olympiques de Paris auront lieu dans quelques mois, l’été prochain à Versailles. Est-ce une échéance à laquelle vous pensez ?

Oui, pour sûr. Je vais absolument essayer d’élaborer un programme pour Paris, mais nous verrons ce qu’il en sera. Si ce n’est pas Paris, ce seront d’autres concours fantastiques. Mon objectif principal est d’établir le bon plan pour chacun de mes chevaux, de veiller à ce qu’ils restent sains et continuent de progresser. Si cela suffit pour faire partie de l’équipe première, un autre rêve deviendrait réalité pour moi, mais seul l’avenir nous dira ce qu’il en sera.

Sans faire de plans sur la comète, Janika Sprunger garde un œil sur les Jeux de Paris. © Mélina Massias

Photo à la Une : Janika Sprunger et sa prometteuse Orelie à Genève, début décembre. Mélina Massias

La seconde partie de cette interview est disponible ici.