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À Herning, la Suède écrase la concurrence et domine allègrement les Pays-Bas et la Grande-Bretagne

Sport samedi 13 août 2022 Mélina Massias

Que dire de la performance suédoise aux championnats du monde de Herning ? Après avoir ravi l’or par équipe aux Jeux olympiques de Tokyo, voilà les Scandinaves sur le toit du monde. Cette performance, ils la doivent à quatre cavaliers d’exception, qui ont assuré au cours des trois premières journées de compétition : Malin Baryard-Johnsson, Jens et Peder Fredricson, ainsi qu’Henrik von Eckermann. Ils la doivent aussi à Henrik Ankarcrona, chef d’équipe rêvé pour cette nation, qui n’en finit plus d’éblouir son monde. Au Danemark, le quatuor bien rodé n’a fait qu’une bouchée de la concurrence, se parant du plus beau des métaux avec plus de onze points d’avance sur les Pays-Bas et plus de quatorze sur la Grande-Bretagne, en argent et en bronze. Côté individuel aussi, la bannière bleue à la croix jaune a le vent en poupe. Henrik von Eckermann est aux commandes, devant Jens Fredricson et le Belge Jérôme Guéry.

Quelle soirée, quel championnat, quel scénario ! Troisième représentant Suédois à entrer en piste, Jens Fredricson, frère aîné de Peder, a scellé le sort de son escouade nationale, sacrée championne du monde, vendredi 12 août. Associé à son fidèle Markan Cosmopolit, déjà troisième de la finale de la Coupe du monde Longines de Leipzig un peu plus tôt dans l’année, le pilote aux nerfs d’acier n’a rien laissé au hasard, offrant un nouveau sacre aux siens, un peu plus d’un an après leur triomphe nippon, aux Jeux olympiques de Tokyo. Il n’y a sans doute aucun superlatif assez puissant pour qualifier les performances, la régularité et la domination sans partage de cette équipe, encadrée par le jeune Henrik Ankarcrona, le meilleur chef d’équipe du monde.

Comme son frère, Jens Fredricson est un véritable homme de championnats. © FEI/Richard Juilliart

“Ce sont juste quatre cavaliers fantastiques, tellement professionnels, attentifs au moindre détail et si soudés entre eux. C’est un privilège de travailler avec ces gars. Rolf Göran (Bengtsson, désigné réserviste, ndlr) n’est pas là, mais il a été un soutien fantastique pour l’équipe. Et nous avons le meilleur public”, a sobrement salué l’homme derrière l’escouade scandinave. En bouclant son championnat avec 7,69 points, la Suède, portée par les clear rounds de Jens, bien sûr, mais aussi d’Henrik von Eckermann, qui a su tirer le meilleur de son King Edward, en profitant pour s’installer aux commandes du classement individuel, ainsi que le parcours à quatre points de Malin Baryard-Johnsson et H&M Indiana, a tout bonnement écrasé les autres équipes, qui auraient presque pu passer inaperçues, sans une compilation de retournements de situation haletants.

Henrik von Eckermann et King Edward, au milieu des nombreux drapeaux suédois arborés dans le stade Stutteri Ask. © Scoopdyga

En argent au provisoire avant le début de cette finale par équipe, la France a sombré. Aucun de ses quatre couples n’est parvenu à venir à bout du tracé exigeant dressé par Louis Konickx. Ainsi, Simon Delestre et son bondissant Cayman Jolly Jumper ont fauté sur l’entrée du terrible triple numéro 13, Grégory Cottard et Bibici ont été les victimes de l’oxer numéro 1, du milieu de l’ultime combinaison du parcours et du chronomètre, Julien Epaillard et Caracole de la Roque n’ont pas résisté face aux éléments a et b du triple, là où Kevin Staut et Viking d’la Rousserie, qui avait la possibilité d’offrir une médaille aux Bleus, ont flanché sur les numéros 1, 10 et 13a. Les Tricolores finissent donc sixièmes, et perdent par la même occasion la pole position au classement individuel, avant la grande finale, programmée dimanche en début d’après-midi.

Malin Baryard-Johnsson et Indiana ont effectué un bien meilleur parcours que lors de la Chasse et de la première manche par équipe. © FEI/Richard Juilliart

Un jeu de chaises musicales pour le podium

Chaque équipe au départ de cette ultime manche de la Coupe des nations, ou presque, a tutoyé un espoir de médaille au cours de la soirée. À commencer par l’Allemagne. Troisièmes hier, les Germaniques ont d’abord encaissé huit points de Marcus Ehning et Stargold. Puis, est entrée en piste Jana Wargers. Absolument irréprochable sur son cher Limbridge, la discrète allemande a sans doute signé l’un, si ce n’est le, plus beau parcours du jour. En harmonie parfaite avec son fantastique bai, toujours attentif à ses indications, la jeune femme était clairement au-dessus de la mêlée, malgré un petit point de temps échappé en route. Alors que les troupes d’Otto Becker semblaient entrevoir la lumière au bout du tunnel, les choses se sont compliquées au passage d’André Thieme et sa crack Chakaria (ex Carelia), championne d’Europe en titre. Fébrile depuis le début de la compétition, chose qui ne lui ressemble pas, la paire n’a pas été plus loin que l’oxer numéro 3… L’expressive alezane a, en effet, produit un énorme saut, qui a déséquilibré son cavalier, tombé à la réception. Terrible pour ce duo, d’habitude si solide. Enfin, la faute de Christian Ahlmann et Dominator 2000 Z sur la sortie de triple, après avoir abordé la combinaison presque à l’arrêt, a rincé tous les espoirs de la Mannschaft. Cinquième, cette dernière peut se consoler, puisque, comme les trois médaillés et l’Irlande, quatrième après une folle remontada, elle décroche sa place aux Jeux olympiques de Paris 2024.

Passé tout près de la correctionnelle, les représentants du Trèfle se sont ressaisis pour se hisser à moins d’un point du podium. Denis Lynch et Cian O’Connor, respectivement sanctionnés d’un et cinq points pourront se mordre les doigts, d’autant plus que Bertram Allen a fait le travail, sur Pacino Amiro. Sept et huitième, la Belgique et la Suisse n’ont pas pu relever la barre, malgré quelques belles prestations, à l’instar de celles de Jérôme Guéry sur Quel Homme de Hus, Nicola Philippaerts sur Katanga v/d Dingeshof, encore piégés sur le dernier effort du tracé, ou Martin Fuchs et son extraterrestre Leone Jei (ex Hay El Desta Ali), sans-faute et auteurs d’une excellente opération au classement individuel. Neuvième, le Brésil a dû composer sans Bernardo Alves et Mosito van het Helleshof, déjà en difficulté lors des deux premières journées et non-partants ce soir. En revanche, les Auriverde n’ont pas à rougir. Outre le fantastique parcours à deux points d’un brillant Yuri Mansur et associé au tout aussi étincelant QH Alfons Santo Antonio (ex Alfons RA), Marlon Modolo Zanotelli et Pedro Veniss, ont, comme toujours, montré une belle équitation, malgré quatre et huit points concédés sur Like A Diamond van het Schaeck et Nimrod de Muze. Pour le Canada, dixième, la désillusion a été totale. Aucun sans-faute au compteur, et une élimination, celle de Beth Underhill, survenue après un parcours pas franchement agréable, où sa jeune, généreuse et talentueuse Nikka vd Bisschop a semblé gênée par ses guêtres postérieures…

Depuis le début de ces Mondiaux, Yuri Mansur enchaîne les bons parcours. © Scoopdyga

Finalement, les deux dernières médailles sont revenues aux Pays-Bas et la Grande-Bretagne, quatre et sixièmes hier. Les Néerlandais, d’abord, se sont appuyés sur les deux bonnes performances de Sanne Thijssen sur Con Quidam RB et Maikel van der Vleuten, aux commandes d’un Beauville Z moins souverain qu’à l’accoutumée, tous deux sanctionnés d’une faute, puis de Jur Vrieling, ravi de son crack Long John Silver 3, sorti de piste avec deux points de temps dépassé. Enfin, il fallait bien toute la classe et le génie d’Harrie Smolders pour finir le travail. Aux rênes de Monaco, malchanceux depuis le début de ces championnats du monde, l’agile bai, deuxième de la finale de la Coupe du monde de Leipzig en avril dernier, a livré une grande performance, coupant la ligne d’arrivée sans la moindre faute.

La joie des Pays-Bas, vice-champions du monde. © Scoopdyga

Le quatuor de Jos Lansink, qui a récemment remplacé l’indéfectible Rob Ehrens, accuse toutefois plus de onze unités de retard sur la Suède, définitivement hégémonique. Enfin, la Grande-Bretagne a relevé la tête, pour s’offrir le bronze. Cette fois, Harry Charles, qui fait presque office de leader a sorti le sans-faute qu’il fallait sur Roméo 88, alors que son camarade Ben Maher, ouvreur de l’équipe, avait renversé… le numéro 1, sur un Faltic HB encore en jambes. Une faute également pour Joseph Stockdale, auteur d’un tour de bien meilleure facture qu’hier sur Cacharel. Dernier à partir pour l’Union-Jack, Scott Brash a flanché. Déjà en sursis dans la première manche de la compétition collectif, Hello Jefferson (ex Jerenmias van het Hulstenhof) n’a, cette fois, pas pu éviter deux fautes, sur la sortie du double 9 et du triple 13. Terrible pour l’Ecossais, qui perd également son avance en individuel.

Harry Charles et Romeo 88 ont prouvé de quoi ils étaient capable dans cette finale par équipe. © Scoopdyga

Chamboulement pour les médailles individuelles

Ce soir, seuls huit couples ont quitté le stade Stutteri Ask avec un score vierge de toute pénalité. À ces parcours, peuvent s’ajouter six performances, uniquement sanctionnées par le temps. Les parcours sans faute aux obstacles valaient donc extrêmement cher. Et cela a considérablement chamboulé le classement individuel. Ainsi, ils ne sont plus que cinq à se tenir dans la même barre : Henrik von Eckermann, en tête, Jens Fredricson, deuxième, Jérôme Guéry, excellent troisième, Martin Fuchs, et Max Kühner, auteur d’un bon parcours en solitaire en début d’épreuve, sur Elektric Blue P. Julien Epaillard, Scott Brash et… Peder Fredricson ont été nettement rétrogradés. Si le premier savait l’expérience de sa Caracole de la Roque toute relative, les deux autres peuvent nourrir de grandes déceptions, et notamment le Suédois. Champion du monde, certes, le cavalier d’acier a essuyé trois fautes avec son fidèle H&M All In de Vinck en toute fin d’épreuve. Un score lourd et inhabituel pour cette paire légendaire. À seize ans, le fils de Kashmir van Schuttershof courait peut-être là son ultime grand championnat… Dire qu’il ne lui manquait plus qu’une breloque mondiale individuelle pour compléter son impressionnante collection. Terrible.

Après avoir empoché des médailles individuelles aux Européens et aux Jeux olympiques, All In a considérablement réduit ses chances de compléter sa collection en concédant trois fautes inhabituelles aujourd'hui. © FEI/Richard Juilliart

Sixième, Daniel Bluman a signé une formidable performance, aux rênes d’un Ladriano encore époustouflant ce soir et auteur d’un championnat de grande classe. Premier à signer un sans-faute dans le temps, le représentant d’Israël a laissé exploser sa joie en sortie de piste, laissant parler ses émotions et offrant un grand moment aux spectateurs. L’ancien Colombien aurait pu être suivi au général par Brian Moggre, qui a vécu une désillusion en abordant la palanque numéro quatre. Balou du Reventon (ex Cornet’s Balou), qui a effacé toutes les autres difficultés de la soirée, a refusé de franchir l’obstacle, avant de commettre une faute en l’abordant pour la seconde fois. Vraiment dommage pour le jeune Américain, qui honorait sa première grande sélection et aurait pu espérer mieux. Cela profite à Yuri Mansur, Ben Maher, Maikel van der Vleuten et Simon Delestre, qui complètent le top 10 avant la finale. À moins de deux barres de la médaille d’or, Harrie Smolders, Julien Epaillard, Scott Brash et Jur Vrieling peuvent encore nourrir de belles ambitions, d’autant plus qu’une journée de repos attend les athlètes, avant le grand dénouement dominical. Encore une fois, rien n’est joué d’avance et les cartes pourraient être un nouvelle fois rebattue dimanche.

Le classement final par équipe ici.
Le classement provisoire individuel ici.
Le parcours du jour ici.

Toutes les épreuves des championnats du monde de Herning sont à vivre en direct et en intégralité sur Clipmyhorse.tv.

Photo à la Une : L’équipe suédoise, sacrée championne olympique. © Scoopdyga