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À Gesves, Kandide et Kodaline récompensent le travail familial de l’élevage Chavannais

Elevage mardi 30 août 2022 Mélina Massias

Il y a deux semaines, la famille Evrard a vécu une journée de rêve à Gesves, à l’occasion du championnat de Belgique des chevaux de six ans. Emilie, cavalière de l’élevage, a qualifié ses deux juments, Kandide et Kodaline Chavannaise, pour la finale de l’échéance. Un véritable accomplissement pour la jeune femme et ses deux complices, qu’elle a vu naître dans les prairies verdoyantes de la structure fondée par son père, Yvan, il y a maintenant une vingtaine d’années. Après la réussite de Rackel Chavannaise, classée dans plusieurs étapes Coupe du monde au début des années 2010, les jeunes pousses de l’élevage sont prêtes à prendre la relève.

À l’élevage Chavannais tout se fait en famille. Lundi 15 août, Emilie Evrard a guidé deux juments, Kandide et Kodaline Chavannaise, qu’elle a vu naître à Manhay, à l’Est de la Belgique, à une cinquantaine de kilomètres au Sud de Liège, où son père, Yvan, s’est plongé dans la génétique, il y a une vingtaine d’années. “L’histoire est assez marrante. Initialement, ma maman voulait un cheval pour son loisir. Finalement, mon papa lui a acheté une jument, puis, trois et quatre. Il n’a jamais arrêté de lui en acheter”, plaisante Emilie. “Pourtant, ma maman n’est pas plus passionnée par les chevaux que cela ! C’est vraiment mon papa qui est tombé amoureux de l’élevage. Il adore faire des croisements et tout l’aspect génétique.” Ajoutez à cela Elise, la sœur d'Émilie, vétérinaire et chargée de tout l’aspect gynécologique de l’élevage, et vous obtenez une véritable affaire de famille.

“Mes parents ne sont pas cavaliers. Mon papa vient d’une ferme où ils avaient des chevaux de trait. Il savait monter à cheval, mais sans plus. En fin de compte, l’élevage a évolué en même temps que ma sœur et moi ; lorsque nous avons commencé à nous investir sérieusement dans l’équitation, notre papa s’est intéressé aux chevaux de sport”, reprend la jeune femme. “Au début, mes parents nous avaient acheté de bons chevaux, avec de l’expérience, pour apprendre à monter. En parallèle, nous avions déjà des jeunes de l’élevage. Alors, nous essayions de les dresser de la même façon que nos chevaux d’âge. C’est comme cela que nous avons appris à monter. Désormais, nous ne montons plus que des produits maison.”

Photo de famille pour les deux soeurs, Emilie et Elise, et leur papa, Yvan.

Depuis, la structure familiale a bien grandi. Comptant sur de vastes prairies ainsi que des stabulations pour les chevaux d’élevage, les installations ont également à disposition une vingtaine de boxes et une grande carrière, afin de faire travailler les montures destinées à la compétition. “Nous faisons tout nous-même dans notre élevage”, ajoute Emilie. “Mon père est agriculteur et produit le foin que nous donnons aux chevaux. Nous sommes quasiment en totale autonomie fourragère. En plus de gérer la partie vétérinaire, ma sœur monte également à la maison. De mon côté, je fais travailler tous les chevaux et les sors en concours jusqu’à leur commercialisation. Je pense que c’est ce qui fait notre force.”

Kandide et Kodaline, une belle récompense

Si le succès ne date pas d’hier pour l’élevage belge, qui a déjà vu plusieurs de ses protégés arpenter les pistes de 5*, la réussite de Kandide et Kodaline Chavannaise lors de la finale du championnat belge des chevaux de six ans est une belle récompense à plus de deux décennies d’élevage. Que rêver de mieux que de qualifier ses deux juments, nées à la maison, en finale de l’échéance majeure de la saison ? Sans doute pas grand-chose ! “J’ai ressenti beaucoup de stress (rires). Je ne m’attendais pas vraiment à un tel résultat. J’étais déjà plus que contente d’avoir réalisé un sans-faute en première manche, alors, quand j’ai qualifié mes deux juments pour la finale, j’avais du mal à réaliser ! Quand j’ai vu le parcours de la finale, c’était vraiment difficile et haut (1,35m, ndlr), avec toutes les difficultés que l’on peut imaginer pour une échéance de ce genre. Je me suis dit que je n’avais rien à perdre et ça s’est bien passé. Mes juments sont vraiment chouettes et plutôt fiables. Elles ont toutes les deux fait une super saison dans le Cycle cette année et je pense qu’elles étaient prêtes pour ce genre de championnat”, se satisfait l’amazone, ravie de pouvoir évoluer en compétition avec des produits maison. “C’est chouette, parce que nous connaissons nos chevaux depuis toujours. Nous savons comment ils se sont comportés au débourrage et à chaque étape de leur apprentissage, donc nous n’avons pas de surprise”, ajoute-t-elle.

Kandide Chavanaise à Gesves.

Bien qu’elles soient nées au même endroit et portent le même affixe, Kandide et Kodaline découlent de deux souches bien différentes. La première est une fille de Cicero van Paemel (Carthago x Rendel Z), étalon apprécié de l’équipe Chavannaise, et de Bonita (ex Goldika 542), une descendante de Graf Sponeck ayant évolué à bon niveau sur le circuit national. “Kandide est la fille d’une jument que ma sœur montait quand elle était plus jeune. J’ai également l’une de ses sœurs, Idylle, une bonne monture de huit ans. Toutes les deux sont très dans le sang et de vraies juments de concours. Elles ne sont pas toujours les plus faciles à la maison, mais une fois en piste, elles sont tout le temps sans-faute”, loue Emilie au sujet de sa complice baie. “Cette année, Kandide a fait sept parcours sans-faute et classés sur huit sorties sur le Cycle, et a signé trois parcours parfaits supplémentaires au championnat. Même si elle ne saute jamais trois mètres au-dessus des obstacles et ne fait pas le show, elle est très maline et a une vraie intelligence de la barre. Je pense qu’elle a assez de moyens pour faire de belles choses plus tard. Nous espérons qu’elle aura un beau futur.”

Kodaline Chavannaise à Gesves.

Kodaline, elle, est une fille du confirmé Kannan et petite-fille de… Cicero van Paemel ! “Kodaline est une fille de Belle Chavannaise, qui était, pour moi, l’un des meilleurs chevaux que j’ai monté dans ma vie. C’est super sympa de pouvoir désormais former sa fille. Elle est extrêmement facile et l’a toujours été. Elle est très bien dans sa tête. Un peu comme Kandide, elle n’en fait jamais trop et saute ce qu’il faut. Finalement, il n’en faut pas plus pour arriver à de belles choses”, constate justement la cavalière de vingt-cinq ans. “Je pense que n’importe qui pourra la monter à l’avenir, et qu’elle fera également de belles épreuves.”

Une souche phare… mais pas que !

Première grande représentante de l’affixe “Chavannais.e”, Rackel (Voltaire), née aux prémices de l’élevage, en 2001, a connu ses heures de gloire dans la première moitié des années 2010. Sous la selle de l’Espagnol Manuel Añon Suarez, la baie s’est surtout illustrée sur le circuit Coupe du monde, obtenant de très bons classements lors des étapes de Vigo, Londres, Malines et Lyon. Régulière, la sBs avait également signé plusieurs sans-faute en Coupe des nations et disputé deux championnats d’Europe, en Junior avec François Brichart, puis en Séniors avec son fidèle cavalier hispanique, à Madrid, en 2011. La souche de Nackel de la Tourette (Papillon Rouge x Furioso II), d’apparence plutôt modeste, a pourtant été la base fondatrice de l’élevage Chavannais. Grâce à Rackel, d’abord, puis Uppercut Chavannais (Quinar), Crack Elle Chavannaise (Carving), Dior Chavannais (Indoctro) et Igor Chavannais (Hunter's Scendro), cette lignée s’est révélée au grand jour. “C’était notre meilleure souche. Elle nous a produit plusieurs chevaux de Grands Prix, dont Rackel Chavannaise, qui sautait vraiment très bien, et quelques frères et sœurs qui ont bien tourné. Crack Elle a aussi participé à des CSI 5*. Nous avons vendu un cheval de huit ans à McLain Ward, et il est très prometteur. Il a commencé les épreuves à 1,45m de très belle manière”, savoure Emilie.

Rackel Chavannaise aux Européens de Milan avec Manuel Añon Suarez. © Sportfot

En plus du fils de Rackel, Boosty Chavannais (Ratco d’Houtveld), classé jusqu’en Grand Prix 3*, et d’Igor, qui s’apprête à être lancé dans le grand bain par son nouveau propriétaire américain, trois filles de Nackel continuent leur parcours à l’élevage. Ainsi, Sackel (Fétiche du Pas) a déjà donné Butterfly Chavannais (Azimut Chavannais), vu jusqu’à 1,50m avec Ignace Philips de Vuyst et également aperçu aux rênes de Jane Richard Philipps et Adam Prudent, ainsi qu’Honesty Chavannaise (Président), qui débute les épreuves à 1,50 et autres Grands Prix 3* à neuf ans, sous la selle de Charlotte Bettendorf.

Honesty Chavannaise a pris le départ du Grand Prix 3* de Bruxelles le week-end dernier sous la selle de Charlotte Bettendorf. © Sportfot

Pour autant, si cette lignée a permis à l’élevage belge de se démarquer, d’autres souches ont désormais pris la relève, comme le prouvent Kandide et Kodaline. Olitaire des Bergeries (sBs, Voltaire x I Love You), à l’origine d’Azimut Chavannais (Andiamo), conduit jusqu’aux Européens Jeunes cavaliers par François Brichart, ou encore Dolitaire Chavannaise (Cicero van Paemel), formée au sein des écuries Stephex, montée sur des épreuves secondaires en CSI 5* par Zoé Conter jusqu’au début de l’année et désormais pilotée par Caroline Mawhinney, s’est imposée comme reproductrice. Via la Selle Français Ruse du Moulin (Fan d’Espiens x, AA x Quincy D, TF), la famille Evrard a également produit Trilingue Chavannaise (Ogano Sitte), elle-même mère de PB Douglass Chavannais, qui affronté des parcours jusqu’en Grand Prix 5* avec la Suissesse Annina Züger-Hächler. Enfin, citons Fair Play Chavannaise (Bill Gates Chavannais x Ksar Sitte), qui découle d’une sœur utérine des performers Coleraine, Quartz et Dreamer des Bergeries, et verra sa fille, Jolie Chavannaise (Cicero van Paemel) prendre le départ du championnat de France des chevaux de sept ans, le week-end prochain, à Fontainebleau.

Igor Chavannais, sous la selle de Charlotte Bettendorf, avant d'être cédé à McLain Ward. © Sportfot

Poursuivre ses efforts pour l’avenir

“Nous produisons entre dix et quinze poulains chaque année. Nous aimerions bien augmenter un peu ce nombre et faire davantage de transferts d’embryons. Ma sœur, Elise, commence à faire cela. Nous espérons pouvoir obtenir le meilleur de nos bonnes juments, notamment grâce à cette technique. Désormais, nous connaissons bien nos souches. Nous évoluons en même temps que nous notre élevage”, complète Emilie. “Nous cherchons à produire des chevaux le plus moderne possible, qui soient très dans le sang, respectueux et assez rapides. Les parcours d’obstacles deviennent de plus en plus difficiles. Si les chevaux ne sont pas respectueux et rapides, c’est compliqué. Nous essayons de croiser au mieux nos juments. Nous en discutons beaucoup en famille. Ma sœur, mon papa et moi travaillons vraiment tous les trois ensemble et nous concertons toujours avant de choisir un étalon.” 

Avec une organisation bien rodée, des rôles parfaitement définis et des ambitions assumées pour l’avenir, l’élevage Chavannais devrait, à coup sûr, encore faire parler de lui dans les années à venir. “Nous espérons continuer dans ce sens-là et produire toujours de meilleurs chevaux. Si je pouvais être chaque année en finale à Gesves avec plusieurs chevaux, je signerais tout de suite !”, assure Emilie Evrard. “C’est l’accomplissement de beaucoup de travail.” Désormais, Kandide, Kodaline, mais aussi Igor, Idylle ou encore Honesty, ont toutes les cartes en main pour faire honneur à leur affixe.

La prometteuse Idylle Chavannaise, ici à Opglabbeek en 2020 avec Emilie Evrard. © Sportfot

Tous les résultats du championnat de Belgique des jeunes chevaux sont disponibles ici.

Photo à la Une : Emilie Evrard au milieu de ses deux stars, Kandide et Kodaline Chavannaise. © Collection privée