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Deuxcatsix d'Églefin, l’équation parfaite de Claudine Digard, Marie Pellegrin et Benoit Cernin (1/3)

Sport lundi 18 juillet 2022

Issu de la très bonne génération des “D” née en France en 2013, Deuxcatsix d'Églefin commence à pointer le bout de son nez à très haut niveau. Né au cœur de la Normandie, ce puissant étalon aux moyens illimités a confirmé tous les espoirs placés en lui lors de son premier Grand Prix 4*, à Bourg-en-Bresse, fin mai. Acquis par la famille Pellegrin en vue des Jeux olympiques de Paris 2024, le bai a changé de pilote, pour rejoindre Benoit Cernin, mais pas d’objectif. Avec sa souche imprégnée du bon sang Anglo-arabe, et ses qualités indéniables, Deuxcatsix a tout pour réussir, tant dans le sport qu’à l’élevage, où ses premiers produits viennent tout juste de souffler leur troisième bougie. Marie Pellegrin, sa propriétaire, Benoit Cernin, son cavalier et Claudine Digard, sa naisseuse, livrent avec passion leurs sentiments sur ce cheval, qui ne laisse définitivement personne indifférent.

Assurément, l’année 2013 a vu naître une génération de chevaux de qualité. Les noms de Dalhousie du Mesnil (SF, Vigo Cécé x Jarnac), Djibouti de Kerizac (SF, Quaprice Bois Margot x Le Tot de Semilly), Dubaï du Cèdre (SF, Baloubet du Rouet x Diamant de Semilly), Done’Di Amor (SF, L’Arc de Triomphe x Damiro L) ou encore Darkhorse Brimbelles (SF, Air Jordan x Diamant de Semilly) sont dorénavant bien connus du grand public. Parmi eux, un étalon de neuf ans s’est octroyé la troisième place du Grand Prix 4* de Bourg-en-Bresse, le 22 mai dernier. Sous le feu des projecteurs dès son plus jeune âge, Deuxcatsix d'Églefin (SF, Vigo Cécé x Bamako de Muze) confirme de plus en plus les espoirs placés en lui. Formé par Julien Alvarez, puis Jérémie Rolland, avant d’intégrer l’écurie Galoubet, Deuxcatsix, alors propriété de la famille Pellegrin, passe en début d’année de huit ans sous la selle de Benoit Cernin, chargé de poursuivre son apprentissage vers le haut niveau.

Ronan Lerat sera le premier à mettre l’étalon sur la route de Marie Pellegrin. “Ronan et moi collaborons depuis longtemps. Je le sollicite à chaque fois dans l’organisation de mes tournées de détection de jeunes chevaux en Bretagne et en Normandie. C’est lui qui m’a parlé en premier de Deuxcatsix”, débute l’amazone. Cependant, à ce moment, l’affaire n’est pas encore conclue. “En effet, Claudine Digard, sa naisseuse, était pleinement consciente d’avoir fait naître un crack et ne souhaitait pas le vendre au départ”, précise-t-elle.

Benoit Cernin et Deuxcatsix prennent la pose. © Thomas Danet

Et Claudine de raconter : “Deuxcatsix a une place spéciale pour moi. Je ne saurais pas expliquer pourquoi, mais, d’emblée, j’ai ressenti que ce poulain avait quelque chose de plus. Il a toujours été au-dessus du lot. Julien, notre apprenti, en formation à la Maison Familiale et Rural (MFR) de Balleroy, l’a fait débuter en concours à quatre ans. Il a effectué un bon travail avec lui, jusqu’en début d’année suivante. Jérémie Rolland a ensuite pris le relais. C’est d’ailleurs lui qui est venu me demander le cheval pour Marie. Je suis éleveuse et ce n’est pas dans ma nature de faire du sentimentalisme, mais lui, j’avais vraiment à cœur qu’il tombe dans une bonne maison, chez des professionnels qui lui donnent sa chance. Je savais au fond de moi qu’en le cédant à la famille Pellegrin, il serait dans une maison cinq étoiles. Il m’a juste fallu un peu de temps avant d’accepter l’idée de le vendre. C’est un vrai gentil. Il voyageait aussi bien avec un autre entier ou une jument à côté. Sur le concours, je ne lui mettais jamais de chifney, juste un simple licol.” Né au cœur des vertes prairies normandes, le beau bai sera prénommé, non sans un brin d’humour, Deuxcatsix. “Je cherche toujours des noms rigolos. Chez nous, pour dire que l’on fait quelque chose rapidement, on dit qu’on le fait à la six-quatre-deux. J’ai inversé les chiffres et le nom de Deuxcatsix m’est apparu”, s’en amuse encore aujourd’hui l’éleveuse.

Deuxcatsix, la force tranquille, attendant patiemment son tour lors d'une visite vétérinaire, aux côtés de sa groom. © Sportfot

“Deuxcatsix avait déjà quelque chose en plus, une présence incroyable”, Marie Pellegrin

Après discussions entre les différentes parties, un essai à huis clos est organisé. “En montant sur Deuxcatsix, j’ai ressenti quelque chose de fou”, se souvient Marie. “Les achats raisonnés et raisonnables, bien pensés, ne me réussissent pas. Je suis quelqu’un qui fonctionne au cœur, au sentiment. Mes meilleurs chevaux, je les ai tous choisis en me fiant à mon instinct. Bien sûr, quand on essaye un jeune cheval, il faut imaginer, se projeter. Cependant, Deuxcatsix avait déjà quelque chose en plus, une présence incroyable. J’ai senti tout de suite sa puissance mêlée à une telle certitude dans ses moyens que le tout me paraissait presque indécent. Après quelques petits sauts, j’étais définitivement convaincue. Pour moi, quand on essaye un cheval, si l’essai s’éternise, c’est que l’on a besoin de se rassurer sur quelque chose qui nous gêne et ce n’est pas bon signe. De plus, il faut tenter de savoir si on peut s’entendre avec le cheval, sur de petits sauts. À mon sens, il n’y a aucune utilité à chercher à lui faire commettre une faute. Cela ne sert à rien dans un essai et de toute façon, nous parvenons toujours à faire cette fameuse faute au moins une fois : en piste (rires).”

Durant cet essai, Marie pouvait compter sur le regard aiguisé de ses parents, venus spécialement pour l’occasion. “Mon papa recherchait un étalon”, explique-t-elle. Il faut dire que cette cavalière de quarante et un ans, originaire de Marseille, est issue d’une famille de cavaliers. Son grand-père était maître de manège au cadre noir de Saumur, sa mère équitante et son père, Jean-François, le propriétaire du chef de race Galoubet (SF, Almé x Viti), qui a donné son nom à la structure familiale. Avec le célèbre étalon, ce dernier fut notamment précurseur dans le développement de l’insémination artificielle. Marie et Jean-François Pellegrin ont ainsi fondé ensemble l’écurie Galoubet, pour investir dans des chevaux de qualité, à valoriser. “Mon père est une véritable bible de l’élevage et des origines. Fort de cette grande connaissance des courants de sangs, il m’a toujours conseillé de prêter beaucoup d’attention à la souche basse et de favoriser des bonnes lignées anglo arabes. Aujourd’hui encore, quand j’achète un cheval, je lui envoie toujours les papiers”, révèle Marie.

Benoit Cernin et le puissant bai lors du Master Pro de Fontainebleau. © Mélina Massias

Certains jugeront peut-être que le courant de sang anglo-arabe semble assez lointain dans les origines de Deuxcatsix. Mais il peut se targuer de regrouper dans sa génétique les noms de Ballerine III (AAC, Rantzau x Labrador) et d’Ifrane (AAC, Château du Diable x Cidre Mousseux), deux grandes matrones de l’élevage du cheval de sport. On retrouve également l’anglo-arabie via Vidoc (AA, Unicol’or x Nithard), père de sa grand-mère maternelle, La Pironnière (ISO 164, SF, mère par Arquebusier), grande gagnante internationale sous la selle de Jean-Maurice Bonneau et à l’origine d’une lignée prolifique, d’où découlent Urleven Pironnière (ISO 181), Quincy Pironnière (ISO 164), …

“Sur le papier, avant même de l’avoir vu, Deuxcatsix présentait de sérieux atouts”, continue Marie. “Lors de nos essais, mon père et moi n’avons pas besoin de mots. Nous avons nos codes. Avec Deuxcatsix, j’ai sauté la première croix puis je l’ai regardé. J’ai su directement que l’on partageait le même sentiment à propos de ce cheval. Nous l’avons donc acheté en 2019. Deuxcatsix est resté sous la selle de Jérémie jusqu’à la fin de son année de six ans, puis je l’ai récupéré au travail la saison suivante, après qu’il a fait la monte chez Marc Spalart (à la tête de la société Equitechnic, ndlr).” Cependant, après quelques parcours, Marie s’avoue dépassée par sa nouvelle recrue.

La deuxième partie de cet article est disponible ici.

Photo à la Une : Benoit Cernin et Deuxcatsix, chez eux, près de Génelard. © Thomas Danet

Thomas Danet