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Avant d’entamer sa carrière Sénior, Ramatou Ouedraogo s’offre une parenthèse américaine (1/2)

Ramatou
Interviews mardi 30 janvier 2024 Mélina Massias

L’année 2024 s’est ouverte loin de l’Hexagone pour Ramatou Ouedraogo. Juste avant le Nouvel An, la jeune femme a posé ses valises à Naples, en Floride, au cœur des écuries Shore Acres Farm, avec l’ambition de découvrir le système américain et d’apprendre, toujours plus. À l’aube de sa première saison en Sénior, la talentueuse et travailleuse cavalière de vingt et un printemps, qui a disputé deux championnats d’Europe Jeune Cavalier, revient sur son aventure floridienne, sur sa découverte du gigantesque site de Wellington, mais aussi sur sa relation avec le jeune retraité Excalibur de la Tour Vidal*GFE, la naissance de l’élevage familial, initié par sa maman, et son organisation, entre le Sud et la Normandie.

Depuis quelques semaines, vous êtes temporairement installée outre-Atlantique. Quand et comment êtes-vous arrivée en Amérique ?

Je suis arrivée aux Etats-Unis fin décembre, juste avant le Nouvel An, que j’ai fêté ici. C’est Tony Cadet (qui a décidé l’an dernier de prendre ses quartiers aux Etats-Unis une partie de l’année, ndlr), l’ancien cavalier de Consul dl Vie*GFE, qui m’a conseillé de rejoindre l’écurie (Shore Acres Farm, ndlr) où je suis actuellement basée, chez Janie et Mike Yag, à Naples. Nous avions déjà évoqué la possibilité que je vienne l’année dernière, mais je venais de me faire opérer de l’épaule et n’avait donc pas pu saisir cette opportunité. Nous avons donc décalé mon séjour, Janie et Mike étant absolument partant pour que je vienne !

Quelles raisons, quels éléments vous ont donné envie de tenter cette nouvelle aventure, loin de la France ?

J’avais avant tout envie de découvrir l’organisation et le fonctionnement à l’américaine. L’avantage est de pouvoir monter aux côtés de cavaliers de niveau 5* et de découvrir également d’autres têtes. Le fait qu’il y ait une grande tournée (le Winter Equestrian Festival de Wellington, qui s’étend de janvier à mars, ndlr), m’offre aussi l’occasion d’observer de nombreux chevaux, des jeunes et d’autres plus expérimentés. Cela me permet de voir comment fonctionne ce genre de concours, et également de découvrir le site de compétition. Tout est gigantesque ici ! On se perd un peu ! (rires) C’est vraiment une chouette expérience.

Ramatou Ouedraogo a participé à deux semaines de compétition à Wellington et sera aussi de la partie le week-end prochain, notamment avec Gysel, ici en photo. © Sportfot



Quel est votre rôle au sein des écuries Shore Acres Farm ?

Je suis cavalière. Je monte entre cinq et six chevaux par jour aux écuries, et je fais aussi des concours. Mon piquet comporte à la fois des jeunes chevaux et d’autres un plus aguerris. L’idée est avant tout de me permettre d’accumuler de nouvelles expériences, de découvrir un autre système. Janie et Mike sont vraiment super. Ils nous suivent en concours tout le temps et nous laissent beaucoup de liberté. Nous nous organisons avec la cavalière avec qui je travaille à la maison et qui sort également en concours. Janie et Mike établissent un programme, mais nous avons le choix de décider ce que nous souhaitons faire ou non, ils nous laissent le choix. Ils possèdent une écurie à Wellington, ce qui a l’avantage de nous permettre, de temps en temps, d’avoir les chevaux juste à côté du concours. La première compétition à laquelle j’ai pris part en arrivant ici avait lieu à Terra Nova. C’est un chouette concours, très américain. Il y avait peut-être un peu moins de monde qu’ici, à Wellington, mais c’était très sympa. J’ai ensuite passé deux semaines à Wellington et je rentre normalement en France le 12 février. D’ici là, nous verrons si nous participons à un concours principal ou non.

Toujours prête à engranger de l'expérience, la jeune Française découvre le fonctionnement américain grâce à l'écurie Shore Acres Farm. © Collection privée

Avez-vous noté des différences entre les cultures françaises et américaines, que ce soit dans le travail des chevaux ou dans la vie de tous les jours ?

C’est assez différent, notamment parce que l’organisation n’est pas la même. Par exemple, les détentes se déroulent différemment au paddock. On a le droit de sauter les obstacles dans les deux sens, ce qui n’est pas le cas en France. On doit également réserver son obstacle à la détente ; la personne précédente doit terminer de faire sauter son cheval avant que l’on puisse à son tour s’échauffer sur les barres. Les gens ont la possibilité d’installer des bidets ou des couvertures sur leur obstacle, notamment pour les épreuves de Hunter. Ils font leur séance, puis lorsqu’ils ont terminé, le suivant prend son tour. Tout est assez carré et fait dans les règles, et c’est assez compréhensible. En France, cela est différent. Ici, il faut bien anticiper sa détente, la préparation de son cheval, etc. Il faut avoir une bonne organisation, mais cela se fait très bien. En arrivant à Wellington, je me suis aussi dit que j’allais me perdre et que je ne trouverais jamais la piste sur laquelle mes épreuves avaient lieu ! (rires) Il y a douze carrières, avec des noms différents. On a rapidement fait plusieurs kilomètres ici. C’est immense. Tout est très grand, mais c’est une belle opportunité de découvrir le concours de plus près. Le complexe de Wellington est un peu construit comme un parc. Il y a le lieu du concours, les boxes FEI d’un côté, les boxes nationaux de l’autre, puis la piste internationale en sable. Sur une autre partie, de l’autre côté de la route, se trouve la piste internationale en herbe. Tout autour, il y a des résidences, où les cavaliers possèdent leurs propres écuries et maisons. C’est assez dingue ! Entre les différentes semaines de compétition, les cavaliers ont la possibilité d’avoir leurs chevaux plus au calme, chez eux, en les ramenant dans leurs écuries, qui sont à moins de cinq minutes des boxes du concours. D’ailleurs, on fait tous nos trajets en golfette ici. (rires) Certains cavaliers viennent même à cheval depuis leurs écuries personnelles jusqu’au concours. C’est un autre monde. L’écurie des propriétaires pour qui je monte n’est, par exemple, pas très loin de celle de la famille Paillot ou encore de celle de Cian O’Connor et des frères Wachmann, et on voit tout ouvertement. C’est immense !

Le démonstratif Gigolo des Forêts fait partie des montures confiées à Ramatou Ouedraogo en Floride. © Sportfot



Qui sont les chevaux qui vous sont actuellement confiés, notamment les trois qui vous accompagnent à Wellington ?

J’ai trois chevaux avec moi en concours. J’ai un jeune cheval (Gigolo des Forêts, Vagabond de la Pomme x Diamant de Semilly, ndlr), qui reste encore un peu vert et prend part à de petites épreuves, à 1,15 et 1,20m. Ce sont des épreuves dites schooling, qui sont l’équivalent des Préparatoires chez nous. Ensuite, j’ai également une jument (Gysel, née Crème Allemande, LB Crumble 5 x Corrado I, ndlr), avec qui j’évolue entre 1,20 et 1,30m. Enfin, j’ai All Star (Del Cabalero, Kannan x Le Tôt de Semilly, ndlr), qui a plus d’expérience. Tony le monte aussi lorsqu’il est aux Etats-Unis. Avec All Star, je fais des épreuves jusqu’à 1,40m. Je participe donc à des parcours de tout niveau !

"Encore un peu vert", selon sa cavalière, Gigolo des Forêts progresse sur des épreuves adaptées. © Sportfot

Avez-vous déjà une idée de ce à quoi ressemblera votre programme de compétition lors de votre retour en France ? 

Je jongle encore entre le Sud et la Normandie. Mon coach (Manuel Henry, ndlr) est installé dans le Sud et cela est plus simple pour lui de faire travailler les chevaux chez lui, même s’il se déplace quand même pour venir en Normandie, notamment pour faire travailler nos jeunes chevaux. Une partie de mon piquet est retournée dans le Sud en compagnie de ma groom (Laetitia Le Sommer, ndlr) en mon absence, afin d’assurer un suivi du travail plus poussé pour ceux qui en ont besoin. Je reviens en France le 12 février ; Laetitia va donc revenir en Normandie avec les chevaux, afin qu’ils soient tous au même endroit. À terme, le but est que je m’installe totalement en Normandie. Lorsque je rentrerai en France, il y aura d’abord le salon des étalons (qui aura lieu du 23 au 25 février à Saint-Lô, ndlr), où je serai présente pour présenter certains étalons du Groupe France Elevage. Ensuite, il est prévu que je reprenne les concours début mars. Je pense reprendre par un événement en Normandie, afin de remettre tout le monde en route. Ensuite, je n’ai pas encore tranché. Avec Manuel, nous avions évoqué deux possibilités : soit débuter la saison par une série de concours en Italie, à Gorla Minore, San Giovanni ou Busto Arsizio, comme nous le faisons généralement, soit rester sur place et faire quelques concours en Normandie avant de prendre part au CSI organisé à Gassin par Philippe Rozier. Nous n’avons pas encore planifié exactement les prochaines semaines, mais nous devrions choisir une de ces deux options. 

Avant de reprendre les concours en Europe, Ramatou Ouedraogo retrouvera certains de ses anciens complices à Saint-Lô, à l'occasion du salon des étalons. © Mélina Massias

Photo à la Une : Ramatou Ouedraogo et l’expérimenté All Star Del Cabalero, un Selle Français né dans les Côtes-d’Armor. © Sportfot

La seconde partie de cette interview sera publiée demain sur Studforlife.com…