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Yannick Jorand poursuit son ascension en toute discrétion

Reportages mercredi 18 septembre 2019 Oriane Grandjean

Depuis deux saisons, vous vivez une véritable explosion au haut niveau. Que s’est-il passé entre les Jeunes cavaliers et la saison 2018 ? 

J’ai traversé un creux. Après Kiss Me, je n’avais plus de chevaux pour disputer de grosses épreuves et il a fallu reconstruire. J’ai eu de la chance, car grâce à Niall Talbot je suis tombé sur Luftikus, qui faisait des 140 cm. On l’a tout de suite adoré et on a pu l’acheter. Dès les premiers parcours, j’ai senti que c’était le meilleur cheval que j’aie jamais monté. Il faisait toujours tout pour moi. Il était facile, parfait. Il m’a permis de faire mes armes dans les 3* et j’ai participé à un 4 * à la Corogne. Le cheval a vraiment prouvé tout son potentiel et les offres ont commencé à arriver. On a longtemps hésité, jusqu’à ce qu’une offre soit trop élevée pour la refuser. Il est parti chez Jennifer Gates. J’étais heureux, car c’est une très bonne cavalière et je savais qu’on allait très bien s’occuper de lui. Après, il y a eu de nouveau un petit passage à vide, le temps de retrouver des chevaux. 

Vous avez donc toujours un cheval pour faire les grosses, mais pas plus ? 

C’est le problème. J’ai toujours eu la chance d’avoir un très bon cheval, qui a fait plus que ce que l’on attendait de lui, mais on n’avait pas les moyens d’acheter d’autres chevaux pour faire pareil ou pour prendre le relais une fois le cheval vendu. Ce qui explique ces creux dans ma carrière sportive. La vente de Luftikus nous a permis d’acheter Cipetto et de faire quelques investissements pour notre écurie, mais nous n’avons pas pu nous permettre d’acquérir un autre cheval de cette qualité. Pour cela, il faudra changer notre fonctionnement. L’idéal serait d’avoir des propriétaires ou des sponsors, mais aussi de développer nos activités dans la formation de quelques jeunes chevaux. C’est d’ailleurs sur ce point que l’on va se diriger maintenant. Dès l’an prochain, plusieurs jeunes montures vont arriver à l’écurie.

Parlez-nous de Cipetto… 

Je l’ai trouvé chez le cavalier allemand Holger Wenz. Au début, je n’étais pas convaincu, on avait de la peine à s’entendre. Mais dès les premiers concours on a rapidement trouvé nos marques. On a pris notre temps, car il n’avait que 8 ans. Il n’a jamais cessé de nous impressionner par sa qualité et ses moyens, il a toujours continué à progresser. 

Yannick Jorand et Cipetto à Rabat lors du Morocco Royal Tour

C’est grâce à lui que vous venez de vivre deux saisons formidables…

Effectivement ! J’ai d’abord fait une saison au niveau national pour me préparer, puis une en 3*. La tournée du Maroc l’an dernier reste un de mes meilleurs souvenirs. Pouvoir monter en équipe, c’est un sentiment merveilleux… Et d’autant plus quand tu gagnes (ndlr : la Suisse avait remporté la Coupe des Nations grâce à Pius Schwizer, Elian Baumann, Pauline Zoller et Yannick Jorand). Représenter son pays, c’est vraiment incroyable. J’ai aussi pu monter sur de magnifiques places, comme le CHI de Genève. J’y avais déjà gagné ma place par le passé grâce à l’une des wild-card réservées aux cavaliers romands, mais en 2018 j’étais dans la sélection et c’est encore autre chose, même si cela ne s’est pas déroulé comme je l’espérais. J’étais sans-faute jusqu’à la dernière ligne et on a fait tomber 3 des 4 derniers dans la grosse épreuve du samedi… J’espère faire mieux cette année si je peux y retourner. 

Yannick et Cipetto à Rabat

Il y a aussi eu Calgary…

Oui, avant le Maroc, j’ai eu la chance d’aller à Calgary, mais je n’étais pas prêt pour de tels parcours. Je pense que cela a été une bonne expérience, notamment en tant que préparation pour la tournée marocaine, mais c’était un peu dur. On était dans le milieu du classement les deux premiers jours, puis dans la Coupe on a eu un score très lourd. On est rentrés en Suisse avec des choses à travailler et cela nous a permis d’évoluer. 

Et cette saison, vous étiez à Rome et à Saint-Gall.

Rome a vraiment été une expérience fantastique. J’ai décidé de ne pas sauter le Grand Prix pour préserver Cipetto, car nous avions déjà été 2de la grosse épreuve du samedi et que nous enchaînions avec Saint-Gall la semaine suivante. Ensuite, il y a eu Saint-Gall, où j’avais déjà monté en 2018. C’est génial de pouvoir monter devant son public. Il y a aussi eu Lausanne, dans un cadre magnifique. J’ai eu beaucoup de chance de prendre part à ces concours. 

Best of Opus Dei Z (ici à Rabat en 2018) se consacre désormais à l'élevage au Haras des Capitelles 

Vous parliez de mettre l’accent sur les jeunes chevaux dans l’avenir…

C’est effectivement un aspect que nous souhaitons développer, et qui va aussi entraîner des ajustements. Nous aimerions prendre des jeunes au travail tandis que quelques jeunes qui nous appartiennent vont arriver l’an prochain. On aura deux 5ans, le premier issu de l’une de mes anciennes juments, le second né au Haras des Capitelles, qui a récupéré mon étalon Best Of Opus Dei Z (Balou du Rouet) et avec lequel nous allons collaborer. L’idée est que Jean-Gabriel Bouvard, qui est mon groom depuis une année et nous accompagne en concours avec un cheval qu’un propriétaire lui a confié, s’en occupe en partie avec moi. Je me réjouis de découvrir ces aspects-là, de pouvoir suivre l’évolution d’un cheval depuis ses débuts, ce sera assurément une belle expérience. D’autant que nous pourrons bénéficier de l’expérience en dressage de ma sœur, qui nous permettra d’atteindre un bon équilibre.

Jean-Gabriel Bouvard, le groom de Yannick Jorand, avec Dominka (ci-dessus) 

La suite demain...