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Yves Vanderhasselt : le rêve de l'amateur

Reportages jeudi 25 avril 2019 Julien Counet

Troisième et avant dernière partie de notre reportage sur le belge Yves Vanderhasselt.

Parce que tout le monde sait que vous cherchez ce genre de chevaux, vous allez en essayer beaucoup ? 

Y. V. : « Non, non, je n’en ai jamais essayé beaucoup. Si j’avais plus de temps, j’irais plus essayer des chevaux mais ok bon je n’en veux pas trop à la maison donc j’ai ce qu’il faut. »   

Dans tous les chevaux que vous avez formés, est-ce que vous avez souvent fait le cycle ? Le cycle avec une envie de résultat ? C’est pour vous un bon circuit ? 

Y. V. : « Jeunesse, elle a fait le cycle aussi, cinq-six ans pas sept ans. Ok en général, il y a de belles pistes et de beaux parcours. Jeunesse aussi, elle n’a pas fait de parcours en-dehors du cycle, elle faisait un parcours tous les quinze jours.  Elle n’a pas été forcée parce qu’à six ans, elle n’a pas fait un seul parcours international. Elle a été à Gesves et à Lanaken.  Après Lanaken, elle est allée en prairie jusque fin novembre.  Avant ses sept ans, elle n’a pas fait de parcours à l’intérieur. À chaque fois, après Lanaken, elle était en prairie. Elle a commencé à sauter en février,  quelques parcours et en mars, il y a les concours d’entraînement partout. Le cycle oui, c’est bien. Si on ne fait que ça c’est bien, ils n’ont jamais trop fait. Si on commence à faire les concours internationaux ou des concours régionaux, on fait les nonante et si pas bien, on fait encore une fois le mètre après on fait encore deux parcours et ça ne s’arrête pas quoi. Si on dit : j’inscris le cycle, je ne fais que le cycle, ils font un parcours tous les quinze jours, huit ou neuf parcours à Gesves et Lanaken et basta. Elle n’a pas trop fait quand elle était jeune, ça c’est sûr mais elle était toujours bien sur son niveau. Probablement aussi parce qu’elle était si bonne. Il y en a d’autres qui ont besoin de plus de concours – j’ai toujours fait comme ça. »

 

Yves à son bureau ... même si le cheval n'est jamais loin puisque son voisin n'est autre que Jurgen Zelderloo, l'éleveur de El Cassina van Kojakhoeve qui a évolué en CSI durant plusieurs années sous la selle du cavalier tout comme sa mère Aruba van Essene. 

Avec tous les chevaux, vous avez…

Y. V. : « Oui les cinq ans, ils n’ont pas besoin de plus que ça et à sept ans, elle n’a pas fait de cycle, elle a fait un peu de concours internationaux, je ne sais pas trois ou quatre et c’est tout. »

 

Ici, quand on voit 2018 où tout d’un coup, les portes s’ouvrent en coupe des Nations, puis il y a directement le passage aux cinq étoiles. Vous vous dites d’un côté il faut s’organiser ici au travail ou tout de suite, on fonce ?

Y. V. : « Non, on a du bon personnel. Ça peut s’organiser assez facilement. Pour préparer la saison, j’étais parti trois semaines à Oliva et à Lanaken c’était bien, j’ai pu aller à Linz puis je peux aller à Saint Gall comme cinquième mais on s’est retrouvé avec un cheval boiteux... et j’ai intégré l’équipe. Elle fait encore double sans faute… comme à chaque fois que l’on m’a donné une chance, j’étais là quoi. Sans forcer, sans pression, assez facilement jusqu’à Aix. » 

Quand on voit juste avant Aix, on se dit que l’on achète un quatre ans et on se retrouve cinq ans plus tard à Aix-la-Chapelle. Ça c’est quoi ? C’est un rêve ?

Y. V. : « Aix-la-Chapelle, c’est un lieu mythique. Je pense qu’on a tous été voir à Aix-la-Chapelle ou on a suivi à la TV. Aix-la-Chapelle ça semble quelque chose dont on rêve mais jamais on ne pense pouvoir y aller un jour. Oui c’est un rêve oui. Je suis sûr oui, pour beaucoup de gens. Je pense qu’il y a beaucoup de professionnels qui, dans leur vie, rêvent d’aller à Aix-la-Chapelle. »

 Et quand on arrive là et qu’en plus on arrive dans la coupe, ça fait un bon résultat ?

Y. V. : « Oui ! Là on est assez concentré sur ce que l’on fait… »

Vous ne réalisez pas à ce moment-là ?  

Y. V. : « Non pas vraiment, c’est plutôt après que l’on réalise ce que l’on a fait. À ce moment-là, on est assez concentré.   Et puis le Grand Prix pareil. Et puis Aix-la-Chapelle, c’est tout le monde qui suit ce concours. Il y a plein de gens qui m’ont dit « j’ai été en vacances, on s’est installé dans un café, on a regardé la coupe ou le grand prix » sur le téléphone, des messages, des coups de téléphone. C’est comme si tout le monde regardait. Je ne pense pas qu’il y a un autre concours comme celui-là.»

 
Michel  Vanderhasselt compte depuis plusieurs années sur ses fils, Yves et  Philippe, pour le developpement de ses sociétés de transport. 

Par contre, vous rentrez le lundi avec le cheval blessé, c’est le coup de massue ou vous gardez quand même un souvenir fantastique de ce concours ?

Y. V. : « Oui bien sûr, oui. Ça arrive, elle s’est fait une petite entorse, rien de grave heureusement. On a directement fait une IRM et on en a profité pour lui donner un peu de vacances et c’est peut-être mieux comme ça, elle a eu deux mois de congé. Entretemps, elle a recommencé à travailler, elle travaille bien. Elle est en pleine forme comme si rien ne s’était passé. »

C’est difficile ça pour vous, quand on a en plus si peu de chevaux, d’aménager des périodes de repos pour la jument quand tout va si bien ? C’est difficile de dire « maintenant on fait un break » ?

Y. V. : « Ok là on était un peu obligé de faire un break et j’en ai profité pour lui donner un peu de repos supplémentaire pour être sûr que la blessure soit guérie. Elle a fait assez cette saison, elle n’a que neuf ans. Si on continue… Elle avait quand même besoin d’un break donc… »

Le fait d’accéder maintenant au haut niveau c’est un rêve qui se réalise ? Et vous vous dites par rapport à ces années poneys, ces médailles c’est de dire « finalement j’y arrive toujours » ?  

Y. V. : « Non c’est plutôt un trajet logique, c’est parce que Jeunesse est aussi bonne que ça se suit, ce n’est pas qu’on a rêvé de ça mais c’est que jusque-là tout ce qu’elle a fait, elle l’a bien fait. Elle a commencé par le cinq ans, six ans, sept ans, huit ans et à neuf ans, on continue et ça semble assez normal. »

Ça donne vraiment envie de continuer ou pour vous, si dans quelques années, soit parce qu’elle est vendue soit parce qu’elle prend sa retraite, vous n’avez plus vraiment de chevaux de ce niveau-là, ça ne vous tracassera pas ? 

Y. V. : « Je suis déjà très content que j’ai Jeunesse en ce moment et probablement, je n’aurai plus un tel cheval - c’est comme ça, je le sais d’avance, probablement que je n’aurai plus jamais un cheval comme Jeunesse.  Ce n’est pas mon métier donc… »

Donc pour vous, vous restez dans votre tête un amateur qui est arrivé à ce niveau-là ? 

Y. V. : « Ah oui, ça oui. »

 

Parce que quand on voit pour le moment, on a quand même une équipe belge avec des cavaliers qui sont très bien placés dans le Ranking,  mais sportivement vous n’avez rien à leur envier ?

Y. V. : « Non »

Ça c’est un regret ou il n’y a pas de regret là-dedans ? C’est un choix de vie ? 

Y. V. : « Oui c’est un choix, non il n’y a pas de regret. »

 Pourquoi ? Parce que le fait de partir toutes les semaines au concours c’est une chose qui ne vous intéresse pas ? Vous préférez rester chez vous où ? 

Y. V. : « Non ce n’est pas que ça ne m’intéresse pas mais je ne sais pas, non je n’ai jamais eu cette ambition. Je le fais maintenant parce que j’ai un bon cheval mais ça n’a jamais été une ambition. »

Vous êtes victime de votre talent ?

Y. V. : « Non non pas victime c’est plutôt un cadeau sinon je ne pourrais pas faire ce que je fais maintenant. Je suis très content de ce que j’ai déjà fait et de ce que je peux encore faire dans le futur, avec Jeunesse ou avec d’autres.  Mais bien sûr, je vais essayer de rester un peu à ce niveau mais ce n’est pas évident.  Ce n’est pas évident parce que pour faire les bons concours, il faut avoir un bon ranking et pour avoir un bon ranking, il faut beaucoup de chevaux, il faut aller faire beaucoup aux concours : ce n’est pas mon métier donc ça va toujours être difficile. Aujourd’hui, je peux le faire parce que j’ai un cheval exceptionnel. »

Suite et fin demain !