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Yves Vanderhasselt : le rêve de l'amateur

Reportages mardi 23 avril 2019 Julien Counet

Qu’est-ce que l’amateurisme ? On peut vraiment se poser la question lorsqu’on voit un pilote comme Yves Vanderhasselt répéter qu’il est cavalier amateur. Pourtant, c’est vrai, l’homme est avant tout à la tête d’une société de transport avec son frère Philippe. Néanmoins, il s’agit de l’un des cavaliers les plus talentueux de sa génération qui a prouvé l’an dernier qu’avec Jeunesse, il était tout à fait capable d’évoluer au plus haut niveau. 

Cette année sera certainement l’année charnière, à 40 ans, ce sera celle de la confirmation ou du jamais. Jeunesse a 10 ans et ils ont prouvé ce dont ils étaient capables mais la Belgique possède de nombreux cavaliers très bien classés au ranking, mais dont certains ont déjà montré qu’ils n’avaient pas les nerfs pour les championnats. La clé de l’énigme, c’est Peter Weinberg qui la détient… mais en attendant, nous vous proposons de découvrir un homme discret qui n’aime pas parler pour ne rien dire. 

Yves et sa crack Jeunesse (Eldorado vh Zeshoek x Quasimodo vd Molendreef x Major dl Cour) dont la mère est une sœur de Prima Donna van't Paradijs, mère de Subliem et Ultra Top van't Paradijs ainsi que plus récemment Agatha et Venezia d'Ecaussinnes. 

Quel était votre premier contact avec les chevaux ? 

Yves Vanderhasselt : « Mon père. Il montait un peu à cheval, il faisait un peu l’élevage mais à très petite échelle. On avait un ou deux Shetland à la maison, très jeune. Quand j’avais six ans, on allait aux concours du LRV avec les poneys et là, ça a commencé. Puis on a eu de meilleurs poneys et un jour, on a eu Identity et là, tout a changé pour tout le monde. »

Au début, c’était juste du poney club ?

Y. V. : « Oui, oui on gagnait déjà beaucoup avec les poneys mais là, on a acheté Identity. Mon frère a commencé à monter Identity, il a été au championnat d’Europe et moi l’année d’après, j’ai été au championnat d’Europe avec elle. J’étais vice-champion d’Europe en individuel poney et champion d’Europe par équipe. Puis une fois qu’on est à ce niveau, on ne veut plus descendre et mes parents ont acheté des chevaux un peu plus âgés pour continuer en junior et puis, entretemps, on a eu des jeunes chevaux qu’on a formés nous-mêmes et on est toujours un peu resté dans le sport. »

 

Identity c’est une ponette qui a changé tout le destin d’une famille ? 

Y. V. : « Oui sûrement, oui. Je ne sais pas. Probablement, on monterait toujours mais sur un autre niveau. Je pense bien quand même parce qu’avant Identity, on montait aussi en poney et on gagnait aussi beaucoup mais c’était à un autre niveau.  Une fois que l’on est habitué à un niveau, on veut y rester. »

Et ces médailles au championnat d’Europe poneys, qu’est-ce que ça a changé pour vous ?

Y. V. : « On se fait un nom, on se fait connaître et si on est connu, on nous apporte plus vite un cheval. Oui c’est plutôt ça, sinon ça ne rapporte pas grand-chose. Tout le monde te connait, c’est juste ça. »

C’est un sentiment agréable que tout le monde vous connaisse ? C’est plus facile pour les filles ? (rire)

Y. V. : « Non, mais évidemment c’est plus facile quand on est connu. »

Yves en 2007 avec l'étalon Jah's Diamant (Galoubet A x Garitchou x)

Après les poneys, vous avez fait aussi les juniors et les young-riders ou bien justement, il a fallu former de jeunes chevaux ?

Y. V. : « La dernière année où j’ai été au championnat d’Europe ; toutes les autres années en junior je n’étais jamais allé au championnat d’Europe. »

C’était difficile ça de passer justement de ces deux médailles de champion de poneys à de la formation ?

Y. V. : « Oui, c’était différent. Moi je suis assez réaliste. Je sais passer ça. Si on n’a pas les bons chevaux au bon moment, j’ai toujours monté en junior et en young-riders mais je n’ai jamais été au championnat d’Europe, simplement. »

Mais c’est ça qui vous a appris à être réaliste ou vous étiez déjà réaliste avant ?

Y. V. : « Non, je pense que je suis né comme ça. Et puis après, en 2003, j’ai commencé à monter pour Marc Van Dijck alors que j’avais 24 ans et j’y suis resté presque 10 ans. »

Les années jeunes cavaliers étaient déjà terminées à ce moment-là…

Y. V. : « J’ai d’abord monté un an pour Stephex parce que j’allais encore à l’école, j’étais à l’école supérieure. Et Gilbert De Roock me téléphone et me dit « Nina Fagertsrom s’est cassé la clavicule et ne sait pas monter pendant six semaines. » C’était pendant les vacances même. « Est-ce que toi, tu ne sais pas venir monter pendant six semaines ses chevaux parce que ces chevaux sont là, ils doivent sortir, ils doivent aller aux concours. » Et je suis allé monter chez Stephex… et j’y suis resté un an. Et puis un jour, mon père a eu des problèmes de cœur et il devait être opéré d’urgence. Ils ont mis des stents, c’était même critique je dirais et j’ai dit à Stephex que j’étais désolé mais je devais aller à la maison parce que mon père était à la clinique et je devais revenir ici pour m’occuper de la société de transport. J’ai commencé à travailler ici. Puis un jour, Marc Van Dijck m’a fait une proposition pour venir monter ses chevaux. C’était un après-midi par semaine aller monter des chevaux chez lui et juste les monter aux concours. Ça c’était intéressant pour moi et je l’ai fait presque dix ans. »

Du coup, lorsque vous montiez chez Stephex, vous faisiez vos études en parallèle ?

Y. V. : « Non j’avais arrêté, je n’ai pas continué les études. »

Yves en 2006 lors du Grand Prix CSIO**** de Lummen avec Vici van het Plutoniahof (Nabab de Rêve) 

Qu’est-ce que vous avez fait alors comme études ?

Y. V. : « Bedrijfsmanagement, une école de commerce avec option expédition, distribution et transport. J’ai arrêté en deuxième année. »

Mais donc vous aviez toujours en vue de travailler dans la société familiale ?

Y. V. : « Oui c’était le but oui. Et puis par hasard, j’ai commencé à monter chez Stéphane jusqu’à ce que mon père ait un infarctus et voilà, là je me suis dit qu’il était temps de rentrer dans l’affaire. Et puis, après un an, Marc a fait une proposition intéressante à ce moment-là, je pouvais monter tout en continuant à gérer la société. »

Mais par rapport à votre frère, vous n’avez jamais pensé à un moment donné ne faire que les chevaux ? 

Y. V. : « Non jamais. »

Pourquoi ?

Y. V. : « Je n’aimais pas. Je ne sais pas. Ce n’est pas que ça m’intéresse moi. Non je ne sais pas. » 

Yves  & Christophe sont aujourd'hui les cavaliers les plus connus de la  famille, mais Philippe et Olivier évolue aussi sur le circuit  international à l'occasion pour le plaisir. 

Vous vous êtes toujours autant intéressé à la société familiale ?

Y. V. : « C’est ce qu’on attendait de moi, c’est tout. (rire) Non, c’est comme ça, c’est ce qu’on attendait. »

Vous auriez aimé un moment donné faire autre chose ? 

Y. V. : « À ce moment-là, je n’ai pas pensé à autre chose, non. Peut-être, maintenant que je suis un peu plus âgé, je commence à réfléchir et je ferais peut-être différemment, oui. »

Vous referiez ce que vous avez fait différemment ou vous feriez le futur différemment ? 

Y. V. :  « Bonne question. (rire) Je ne sais pas. Dans le futur, peut-être oui. Je ne sais pas comment ou quoi mais je voudrais peut-être aussi faire avec les chevaux à côté de ce que je fais maintenant. Peut-être avoir une société avec ma femme, de type ‘élevage/écurie’. »

La suite, c'est ici... et demain !