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« Toute ma vie se résume à des histoires d’amitié, de longévité et de partage des valeurs du cheval » Alexandra Ledermann

Interviews vendredi 27 mars 2020 Theo Caviezel

En 1992, à vingt-deux ans seulement, Alexandra Ledermann remportait son premier Grand Prix Coupe du monde, celui de Paris-Bercy avec sa toute bonne Punition. Mais, c’est avec le célèbre Rochet M qu’elle a brillé au plus haut niveau en 1996. Ils se sont tout deux octroyés le bronze individuel aux Jeux olympiques d’Atlanta et le titre de Champions d’Europe à Hickstead en 1999. Replongeons-nous dans toute une génération de l’histoire du jumping !

VOTRE PALMARÈS EST IMPRESSIONNANT. QUEL SOUVENIR SPORTIF CHÉRISSEZ-VOUS LE PLUS ?

« Ma médaille d’or aux Championnats d’Europe, sans hésiter ! Ce n’était certes pas un événement mondial, mais je suis une compétitrice, alors une première place vaudra toujours plus qu’une troisième place, fut-elle olympique. À l’époque en tout cas, les grandes échéances européennes n’avaient rien à envier aux échéances mondiales en terme de niveau. L’essentiel des cavaliers performants étaient européens. L’équitation américaine n’était alors pas aussi forte qu’aujourd’hui. Pour preuve, aucun Américain n’était présent sur le podium à Atlanta. Je n’ai donc pas remporté un championnat au rabais. »

COMMENT AVEZ-VOUS VÉCU L’APRÈS SACRE ?

« Rochet M s’est accidenté peu de temps après, lors de la finale de la Coupe des nations de Gijón, en Espagne. Heureusement, j’avais deux autres très bons chevaux dans mon piquet qui ont pu prendre la relève le temps de sa convalescence : Cook du Midour et Cigale du Taillis. D’ailleurs, j’étais présélectionnée avec mes trois chevaux pour les Jeux Olympiques de Sydney, en 2000. Mais malgré cela, mon propriétaire a décidé que je devais partir en Australie avec Rochet M. J’aurais préféré y aller avec un des deux autres, car j’aurais souhaité que Rochet puisse sortir par la grande porte après son sacre, sans arrêter de suite la compétition. Il était encore très en forme, mais je voulais le réserver pour des concours plus classiques, sur des terrains choisis selon sa convenance. Mais on ne dispose pas toujours de son libre-arbitre, c’est comme ça. Je suis tout de même heureuse que nous ayons réussi cet exploit, lui et moi : participer à une nouvelle olympiade, au meilleur de nos capacités, malgré ses dix-sept ans et la sérieuse blessure dont il s’était remis à peine six mois auparavant. Malheureusement, nous n’en avons pas été récompensés du point de vue des résultats. »

POURQUOI VOIT-ON ENCORE AUJOURD’HUI ROGER-YVES BOST, VOTRE ANCIEN CAMARADE D’ATLANTA, CONCOURIR À HAUT NIVEAU ET PAS VOUS ? LE HAUT NIVEAU VOUS MANQUE-T-IL ?

« C’est une question d’opportunités et de choix. Il faut non seulement trouver les bons chevaux, soit les acheter, soit se les faire confier – ce qui est devenu encore plus compliqué aujourd’hui qu’à l’époque – tout en respectant ses propres valeurs et convictions. Chacun détermine selon sa nature les partenariats qu’il a envie d’accepter ou non. Je ne peux bien évidemment pas dire que je n’ai jamais repensé au haut niveau. Requiem de Talma, le meilleur cheval dont je dispose actuellement, pour ne pas dire le seul, aurait peut-être pu m’y reconduire. Mais il est illusoire d’oser imaginer concourir au niveau 5* avec un unique cheval. Requiem n’est pas une machine, il est très talentueux, mais je n’ai aucun cheval capable de l’épauler ne serait-ce que sur des épreuves intermédiaires à 1,45m.

Cela me pose déjà problème en CSI 3* et 4* alors je n’envisage même pas de tenter de m’engager sur des CSI 5* moins convoités à l’étranger. Il n’y aurait aucune intelligence à faire trois jours de camion à l’aller, pareil au retour, pour participer à un concours de six jours avec un seul cheval. Si je ne me qualifie pas dès le premier jour pour le Grand Prix, je dois le faire ressauter le deuxième voire le troisième et ainsi de suite. Ce n’est absolument pas viable. Mais, je suis dans l’acceptation et je ne me plains pas. Je pourrais tout aussi bien ne pas avoir Requiem non plus ! Et puis, je pourrais essayer de sortir de cette situation en faisant ce que je n’ai pas envie de faire : c’est-à-dire démarcher de gros propriétaires et les supplier de me confier des chevaux, qui ne me conviendrait pas forcément. Je préfère monter moins, à moins haut niveau, mais rester droite dans mes bottes. »

VOUS AVEZ TOUT DE MÊME PU PRENDRE PART AU GLOBAL CHAMPIONS TOUR DE SAINT-TROPEZ EN 2018…

« Oui, cette opportunité s’est présentée, les conditions pour pouvoir y participer avec Requiem de Talma était réunies, alors je l’ai saisie. J’étais très heureuse de m’y rendre, de retrouver d’anciens camarades et adversaires de concours. De plus, mon cheval s’est extrêmement bien comporté durant ce week-end et a fait de jolis parcours. Évidemment, non n’avons pas pu gagner en nous hasardant une fois, comme ça, à ce niveau, mais c’était une belle expérience. Je ne me suis jamais battue pour aller aux Jeux Olympiques et j’y suis allée deux fois. De la même façon, je ne vais pas me battre pour participer à plus de CSI 5*. Je prends les choses comme elle viennent en restant sérieuse et consciencieuse dans mon travail, c’est ce qui m’a amené à obtenir le palmarès qui est le mien. Je fonctionne comme ça. J’ai une grande conscience professionnelle et je refuse de devoir tout écraser sur mon passage pour avoir ce que je veux. Je fais les choses bien, dans l’ordre, en fonction de mes chevaux et de leur vitesse de progression et puis si ça peut m’amener à retourner sur de plus beaux concours, tant mieux. Encore une fois, je n’ai pas trois chevaux de chaque génération qui entrent dans mes écuries tous les ans. Lorsqu’on n’a pas beaucoup de volume au départ, on a forcément moins de qualité à l’arrivée. Ou alors il faut de la chance. Pour gagner à la loterie, on n’a pas besoin d’acheter cent tickets par jour, mais il faut tomber sur le bon ticket. Je préfère donc rester raisonnable en emmenant chaque cheval qui passe entre mes mains à son meilleur niveau. »

QUELS SONT VOS PROJETS AVEC VOTRE ALEZAN REQUIEM DE TALMA ?

« Il aborde son année de quinze ans. Il est donc plus mature et plus stable qu’il ne l’a été. C’est un cheval de nature délicate, difficile à gérer d’un point de vue mental. Il a énormément de talent mais est assez imprévisible, il m’a donné du fil à retordre par le passé. Mais, il est devenu plus régulier, en témoigne sa fin de saison dernière : sur ses dix derniers CSI 3*, 4* et Grand National confondus, il s’est classé sept ou huit fois, ce qui est énorme à ce niveau. Je suis très contente de lui. Maintenant je vais essayer de gérer sa fin de carrière comme j’avais géré celle de Rochet M, pour le prolonger au maximum dans les meilleures conditions possibles et pouvoir continuer à exploiter son immense talent un moment. À cause de la crise sanitaire actuelle, je suis bloquée comme tout le monde. J’avais mis en place un petit programme, malgré son caractère fantasque, afin de profiter de cette période de jonction entre sa meilleure écoute, sa solide expérience et sa bonne forme physique, mais celui-ci est pour l’instant tombé à l’eau. Cela m’attriste car je perds de précieux mois avec lui. »

DEPUIS LE DÉBUT DE VOTRE CARRIÈRE, VOUS AVEZ PU ASSISTER À L’ÉVOLUTION LA PLUS RÉCENTE DE VOTRE SPORT. QUEL REGARD PORTEZ-VOUS SUR CELLE-CI ?

« L’afflux de sponsors, d’argent et de nouveaux circuits a amené énormément de choses positives dans notre sport : un meilleur niveau de rémunération, se rapprochant de celui des joueurs de tennis par exemple. Mais les dépenses ont augmenté de manière proportionnelle. Il n’est plus possible d’aborder la compétition comme avant. La concurrence, en partie attirée par le gain, est devenue plus rude. Elle s’est aussi élargie avec l’arrivée de ce que j’appelle un amateurisme éclairé. Il y a encore vingt ou trente ans, à un certain niveau les cavaliers n’étaient que des professionnels dont c’était le métier depuis toujours, qui n’avaient pas de budget et concourraient seulement avec leur talent. On rencontre maintenant de très bons amateurs qui disposent en plus de moyens leur permettant de trouver les bons chevaux et de se déplacer sur les différents événements se déroulant aux quatre coins du monde. Je ne critique pas le système actuel, les choses sont devenues ce qu’elles sont et c’est comme ça. Je suis heureuse là où je suis. J’arrive à me faire plaisir, à faire plaisir à mes propriétaires et partenaires qui me font confiance depuis des années, à mes élèves, c’est parfait. »

VOUS PARLEZ DE VOS ÉLÈVES, VOUS AVEZ-DONC ENDOSSÉ LE RÔLE DE COACH ?

« Oui, je fais pas mal de coaching depuis trois ans. Je propose des stages dans mes écuries et je me déplace partout en France à la demande. C’est une activité très agréable car elle me permet de rencontrer régulièrement de nouvelles personnes qui partagent ma philosophie, qui ont encore la passion du cheval et du sport, qui ne sont pas incompatibles comme certains pourraient le laisser penser. À mon niveau, j’aime transmettre à des amateurs mon équitation, plutôt naturelle et toujours dans le respect de l’animal, ma manière d’aborder le saut d’obstacles. J’aime les voir me faire confiance, progresser, s’amuser, parce qu’il est important de s’amuser. Ceci dit, je suis avant tout cavalière, je ne compte pas faire du coaching mon activité principale. »

À L’ÉPOQUE OÙ VOUS MONTIEZ AU PLUS HAUT NIVEAU, LES FEMMES SE FAISAIENT BIEN PLUS RARES SUR LE TERRAIN DE CONCOURS QU’AUJOURD’HUI. QUEL REGARD PORTEZ-VOUS SUR L’ÉVOLUTION DE VOTRE SPORT DE CE POINT DE VUE ?

« Nous n’étions effectivement pas nombreuses, que ce soit en France ou au niveau mondial, sauf peut-être aux États-Unis et en Suède. Sous les couleurs tricolores, d’après mes souvenirs il y avait aussi Adeline Wirth quelques temps avant, Eugénie Angot, Annick Chenu, et quelques autres que j’oublie peut-être, je m’en excuse, qui étaient de redoutables adversaires. Je suis à la fois étonnée et ravie de voir autant d’amazones exceller aujourd’hui. Les mentalités d’Europe de l’ouest ont mis du temps à évoluer. C’était aussi très compliqué en Grande-Bretagne pour les femmes d’accéder aux plus grandes compétitions. D’ailleurs en 1999, quelques temps avant les Championnats d’Europe qui allaient s’y dérouler, nous devions aller nous entraîner sur le terrain d’Hickstead à l’occasion de la Coupe des nations. Mais l’organisateur avait prévu deux Grands Prix : un coté à 1,60m pour les hommes et un à 1,45m pour les femmes. Il était pour moi impensable d’imposer ce déplacement à Rochet M, qui avait alors dix-sept ans, pour aller sauter l’équivalent d’une épreuve intermédiaire. Avec Marcel Rozier, notre sélectionneur de l’époque, et Lesley Mcnaught, qui montait pour l’équipe suisse, nous avons fait des pieds et des mains pour pouvoir prendre part au Grand Prix des hommes. L’organisateur n’a rien voulu savoir. Lesley et moi avons donc boycotté le concours et avons fini par lui adresser la meilleure réponse, celle du sport, en montant toutes les deux sur le podium individuel des Championnats d’Europe au même endroit. J’ai remporté l’or et elle le bronze. L’organisateur des deux événements n’est pas venu en salle de presse après la remise des prix, il n’a pas eu le cran d’affronter des femmes (rires). Quoiqu’il en soit, peut-être que grâce à mes performances j’ai donné à davantage de jeunes femmes l’envie de croire en elles, mais je n’en sais rien. En tout cas, si c’était vrai j’en serais ravie. »

EN 1998 EST SORTI LE PREMIER OPUS D’UNE LONGUE SÉRIE DE JEUX-VIDÉOS À SUCCÈS À LAQUELLE VOUS AVEZ PRÊTÉ VOTRE NOM. COMMENT EST NÉ CE PROJET ?

« À l’époque, compte tenu de mes résultats sportifs, j’étais très sollicitée. Je n’ai rien déclenché, c’est l’éditeur de jeux-vidéos Ubisoft qui m’a démarchée. J’ai étudié leur proposition et j’ai accepté. J’ai été très heureuse de collaborer avec eux. J’ai pu découvrir un univers complètement différent du mien, de nouvelles manières de travailler, ce qui a contribué à élargir mon ouverture d’esprit. Je me suis beaucoup amusée aussi, autant que les jeunes dont l’enfance a été rythmée par la sortie des jeux. Ils ont toujours été bien reçus par le public. Aujourd’hui encore, beaucoup de gens me disent qu’ils ont commencé à monter grâce aux jeux. Depuis peu, une nouvelle groom travaille dans mes écuries, et elle fait partie de ceux-ci : elle n’a pas d’abord rencontré le cheval physiquement mais virtuellement, puis elle est allée voir ce que ça donnait en vrai, ça lui a plu et elle est désormais embauchée chez moi. Je trouve que c’est une belle histoire. »

ET ALEXANDRA LEDERMANN SPORTSWEAR, VOTRE MARQUE DE PRÊT-À-PORTER ÉQUESTRE ?

« Durant l’été 2007, une jeune femme qui avait quelques difficultés avec sa jument, Cynthia Luck, est venue en stage chez moi. Nous nous sommes très bien entendues. Je me souviens qu’un jour nous nous étions fait la réflexion qu’il était difficile de trouver des vêtements d’équitation à la fois féminins et techniques. Nous en avions marre de devoir nous contenter des parkas mixtes souvent informes venues d’Allemagne (rires). Se vêtir correctement pour monter à cheval était bien plus compliqué il y a une dizaine d’années qu’aujourd’hui. Mais je ne me doutais pas que quelques temps plus tard elle reviendrait me voir avec un projet de marque très sérieux. Elle n’avait pas fait d’études de stylisme mais avait d’excellentes idées. Je n’ai pas hésité et je me suis lancée avec elle dans cette belle aventure, alors même que par le passé j’avais déjà refusé deux fois ce type de propositions. Je n’ai aucun regret, j’ai bien fait d’attendre que la bonne partenaire se montre. Nous sommes devenues amies, je fais presque partie de sa famille. D’ailleurs, son compagnon est mon partenaire actuel sur le Grand National. »

POUR RÉSUMER, PEUT-ON DIRE QUE VOTRE CARRIÈRE ET PLUS LARGEMENT VOTRE VIE, RÉSULTENT DES RENCONTRES ET OPPORTUNITÉS QUE LE DESTIN A MIS SUR VOTRE CHEMIN ?

« C’est ça ! Toute ma vie se résume à des histoires d’amitié, de fidélité, de longévité, du partage des valeurs du cheval et du sport. Dans ma certaine passivité à ne jamais vouloir provoquer les choses, à part les résultats sportifs bien sûr, je passe sans doute à côté de certaines choses, mais pas de celles-ci. Et ça me va comme ça. Le fait de m’en tenir à mes valeurs et refuser de faire des concessions me privent parfois d’opportunités et me jouent des tours. Je sais d’ailleurs que c’est pour ça que je ne monte plus à haut niveau mais je l’accepte et je l’assume. »

EN PARCOURANT DES ARCHIVES, NOUS AVONS DÉCOUVERT DES PHOTOS DE VOUS ARBORANT FIÈREMENT LE MAILLOT DE L’ÉQUIPE DE FRANCE DE FOOTBALL À SYDNEY…

« (Rires.) Comme tout le monde, j’aime beaucoup suivre d’autres sports à la télévision, le football lors des grandes compétitions y compris ! Je regarde le tennis, le ski et les sports automobiles comme la Moto Grand Prix et la Formule 1. Petite anecdote à ce sujet : dans le petit village de sept cent habitants où se trouvent mes écuries, réside avec sa famille le jeune pilote français de Formule 1 Esteban Ocon. Bien que nous soyons tous deux des champions de générations très différentes (il est âgé de vingt-trois ans, ndlr), nous sommes en contact régulier. Je lui souhaite le meilleur pour l’avenir et pour cette saison au sein de sa nouvelle écurie Renault F1 Team, même si elle n’a pas encore pu débuter. »

RÉCEMMENT BEAUCOUP DE CAVALIERS AYANT DÉCOUVERT LA FORMULE 1 GRÂCE À LA SÉRIE NETFLIX « DRIVE TO SURVIVE » NOUS PARLENT DE SIMILITUDES ENTRE CE SPORT ET L’ÉQUITATION…

« Et ils ont raison ! Même si cela peut paraître incongru au premier abord, l’équitation et la Formule 1, et plus largement les sports automobiles, ont beaucoup en commun. Les pilotes dépendent de leurs voitures comme les cavaliers des chevaux. Ils peuvent être au meilleur de leur niveau et de leur talent mais perdre une compétition à cause d’une défaillance matérielle tout comme cela peut nous arriver si notre cheval se blesse ou ne se sent pas dans son assiette. De la même manière, nous sommes dépendants de nos propriétaires, les pilotes sont dépendants du patron de leur écurie. Mon voisin Esteban a perdu son volant l’an dernier car son ancienne écurie a été rachetée par un homme d’affaires qui a préféré placer son fils, pilote lui aussi, à sa place. On peut être le meilleur cavalier du monde mais si on se retrouve sans chevaux talentueux ou à pieds, on ne pourra pas faire grand chose. Si l’on fait courir Fernando Alonso (pilote de Formule 1 espagnol, Champion du monde 2005, ndlr) en Twingo, il sera toujours moins bon qu’un pilote médiocre dans une Formule 1. Contrairement aux athlètes de stades, qui ne dépendent que d’eux-mêmes, nous dépendons de nos montures ou de nos machines. Et puis la Moto Grand Prix, comme l’équitation, est un sport d’équilibre. Le pilote chevauche sa machine, doit trouver le bon équilibre dans les courbes, etc. J’utilise très régulièrement ces comparaisons dans mes stages. »

Propos recueillis par Pauline Arnal. Photo à la Une : © Agence Ecary