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Sous des airs de répétition générale, la Suisse frappe un grand coup dans la Coupe de Dublin

L'équipe suisse victorieuse dans la Coupe de Dublin.
Sport vendredi 11 août 2023 Mélina Massias

Quelle démonstration, quelle suprématie pour la Suisse ! À Dublin, Steve Guerdat, Bryan Balsiger, Martin Fuchs et Edouard Schmitz étaient dans leur jardin. Les quatre soldats de Michel Sorg et leurs montures respectives, Venard de Cerisy, Chelsea, Leone Jei et Gamin van’t Naasveldhof, ont écrit l’histoire, puisque le trophée de l’Aga Khan échappait aux Helvètes depuis… quarante ans. Loin devant l’Irlande et le Mexique, cette équipe soudée a donné le ton, à quelques jours des championnats d’Europe de Milan.

Dans moins de trois semaines, chevaux et cavaliers prendront leurs quartiers à Milan, pour les championnats d’Europe de saut d’obstacles. Alors que leurs homologues du concours complet ont déjà entamé leur championnat, les troupes du saut d’obstacles avaient l’occasion de s’offrir une répétition générale, dans des conditions parfaites, au somptueux CSIO 5* de Dublin, vendredi 11 août, à l’occasion de la Coupe des nations. Malin, Michel Sorg a choisi d’aligner quatre des cinq pilotes qui arpenteront les allées de l’hippodrome San Sire, rebaptisé Marco Fusté Arena, à la fin du mois, et une monture sélectionnée pour l’échéance continentale : Gamin van’t Naastveldhof. Placé stratégiquement en numéro quatre, le hongre de tous les superlatifs n’a disputé qu’un tour, qui s’est soldé par un convaincant sans-faute malgré une franche touchette sur le vertical numéro quatre. 

Le spectaculaire Gamin van't Naastveldhof avait déjà brillé à Dublin, en remportant son premier Grand Prix 5* sur cette piste, l'été dernier. © Sportfot

Bryan Balsiger et Chelsea. © FEI/Martin Dokoupil

Ouvreur pour son clan, Steve Guerdat a fait du Steve Guerdat, aux rênes d’un Venard de Cerisy frais comme un gardon et à qui l’on ne donnerait pas franchement quatorze printemps ! Avec un parcours à quatre points en première manche puis une prestation parfaite en seconde, Bryan Balsiger a fait le plein de confiance et peut se réjouir de l’évolution de son prometteur Chelsea. Enfin, Martin Fuchs a aligné deux prestations de très haut vol avec son génial Leone Jei, né Hay El Desta Ali. L’air irlandais, dont il profite depuis plusieurs jours puisqu’il a séjourné dans les écuries de son groom, Sean Vard, en amont de la compétition, couplée à une petite virée au sein de l’élevage du Thot consécutive au CSI 5* de Dinard, ont visiblement réussi au gris, qui a offert un tour d’honneur anticipé à son crack cavalier. Cela en valait bien la peine, après quarante ans d’attente ! 

Steve Guerdat et son bondissant Venard de Cerisy, plus en forme que jamais ! © Sportfot



“Je n’ai pas de mots. Je suis tellement fier de cette équipe, des cavaliers, des chevaux, des grooms, de tout le staff, des propriétaires ; c’est une vraie victoire collective pour la Suisse. C’était un rêve pour nous de remporter le trophée Aga Khan ici. Nous l’avons réalisé aujourd’hui. C’est fabuleux. L’ambiance était incroyable, c’était fantastique de vivre cela ici, avec cette formidable équipe. Nous avons vécu une saison de rêve cette année”, a savouré le chef d’équipe des Helvètes, tout sourire après ce nouveau succès, qui fait suite à ceux acquis à Saint Gall, Aix-la-Chapelle et Falsterbo.

Les tribunes et abords pleins à craquer du plus mythique concours de l’île d'Émeraude ne pouvaient à peine rêver meilleur dénouement, pour cette dernière sur le circuit historique de la Fédération équestre internationale des Coupes des nations, qui fera peau neuve l’an prochain. À n’en pas douter, le sport, le vrai, comme celui qui s’est joué aujourd’hui à Dublin, n’a, lui, pas fini d’écrire son histoire.

Un petit bonbon pour Leone Jei en sortie de piste. Ces dernières semaines, Martin Fuchs a parfaitement géré le programme de voyage de ses cracks. © Sportfot

Le haras d’Ouilly à l’honneur 

Les locaux auraient sans doute adoré voir, comme en 2022, leur nation triompher. Et l’Irlande n’a pas démérité, loin de là. Toutefois, la suprématie des Suisses, qui ont rendu une copie collective parfaite, était telle que l’escouade de Michael Blake n’a tout simplement pas eu sa chance. Au total des huit rotations, ses quatre couples ont totalisé douze points, Shane Sweetnam, que l’on aurait aisément imaginé reproduire son score vierge du premier tour, ayant préféré épargner un tour supplémentaire à son extraterrestre CSF James Kann Cruz, l’un des meilleurs chevaux de la planète. Malchanceuse lors de l’acte initial, avec les parcours à quatre points de Michael Duffy, Michael Pender et Cian O’Connor, l’Irlande a finalement accédé au deuxième rang. Si HHS Calais, visiblement très, voire trop, motivé par l’enjeu a de nouveau concédé une faute sur le vertical numéro quatre, Cinca 3 et Eve d’Ouilly, excellentes montures de Michael Duffy et Cian O’Connor, ont déroulé deux très, très belles prestations lors de leur seconde tentative. 

La satisfaction de Cian O'Connor avec sa jeune fille de Qlassic Bois Margot. © Sportfot

À neuf ans, Eve d’Ouilly, fille de Qlassic Bois Margot et Tefnout d’Ouilly, par Poor Boy, a confirmé tous les espoirs fondés en elle. Depuis son arrivée dans les écuries O’Connor, la Selle Français ne cesse de progresser, à vitesse grand V. Presque trop démonstrative en première manche, la belle a donné une impression bien meilleure en seconde, quittant la piste sous des applaudissements sacrément nourris. Cette géniale baie brune n’a d’ailleurs pas été la seule à mettre en avant le haras d’Ouilly d’Alexandra Lebon Noël de Burlin et François Xavier Lebon. S’il ne porte malheureusement plus son nom de naissance, le très plaisant et charismatique Romeo, né Barachiel d’Ouilly, du croisement entre Lando et Sothis d’Ouilly, une descendante de Cheers Cassini, a donné à son cavalier, le rescapé Federico Fernandez, un magnifique présent, en signant un deuxième parcours sans fausse note. Solide en seconde période, le Mexique, victorieux sur ces mêmes terres en 2018, s’est hissé au troisième rang, doublant par la même occasion quelques favoris. Bien que Fernando Martinez Sommer n’ait pu éviter deux fois deux fautes sur son vaillant Cor Bakker, caressé à souhait et avec délicatesse en sortie de piste, Nicolas Pizarro et José Antonio Chedraui Eguia ont imité Federico Fernandez pour un beau zéro en seconde manche, grâce à la complicité de leurs respectives Pia Contra et H-Lucky Retto.

La jument Eve d'Ouilly et l'étalon Barachiel d'Ouilly, alias Romeo, sont tous les deux issus de la souche d'Isis d'Ouilly, développé par Alexandra Lebon Noël de Burlin et Alexandre Lebon. © Sportfot



Un parcours exigeant 

Pour cette ultime apparition sous l’égide de la Fédération équestre internationale, Alan Wade, chef de piste tout désigné de l’événement, n’avait pas construit une Coupe des nations au rabais. Bien au contraire. Technique et subtile, son parcours a donné du fil à retordre à bon nombre de candidats. Rivière regardante, lignes délicates, tracé audacieux, il y avait de quoi faire sur l’île d'Émeraude. Outre Steve Guerdat et Martin Fuchs, Eduardo Alvarez Aznar a signé un double zéro pour l’Espagne, septième, grâce à Bentley de Sury. Pour le reste, les Hispaniques ont peiné, notamment en raison de l’élimination de Carolina Aresu Garcia Obregon et Domperignon, qui a catégoriquement refusé de franchir la rivière en deuxième manche. Le quatrième et dernier double clear round de la journée est à mettre au crédit d’Abdel Saïd, qui persiste dans son arrivée fracassante dans la veste des Diables Rouges. Associée à la géante Bonne Amie, visiblement un poil contrariée à la fin de son dernier passage, l’ancien Egyptien a montré toute l’étendue de son talent en guidant parfaitement sa fille de A Big Boy. Le sympathique trentenaire, cinquième par équipe, aurait pu être copié par Jérôme Guéry (4+0), auteur de deux bonnes copies avec le pétillante Joris TN, mais surtout par son bras droit, Samuel Hutton (0+El), retenu par Di Lampard pour aller à Milan. Malheureusement, une incompréhension à l’abord du triple a éjecté le Britannique… au sol ! Plus de peur que de mal pour lui, et tout de même du positif pour son génial Oak Grove’s Laith, né Bentley de Riverland. En revanche, pour la Grande-Bretagne, brillante lauréate de la Coupe d’Hickstead il y a quinze jours, ce fut la douche froide. L’Union jack était en berne, bon dernier avec un total cumulé de… cinquante-sept points, bien alourdi par les inhabituels vingt-neuf unités enregistrées - et comptabilisées ! - pour Harry Charles et Romeo 88, né Champion Of Picobello, en deuxième manche. L’excellent bai a d’abord regardé l’oxer sur bidet, pédalant en l’air et éjectant le premier plan au passage, avant que son cavalier ne commette une belle georgette sur l’avant dernier. Un cercle plus tard et le duo emportait avec lui le premier plan du dernier oxer. Comme quoi, même les plus grands ont des jours sans. 

L'immense Bonne Amie à quelques minutes de la visite vétérinaire. © Sportfot

Sixièmes, les Pays-Bas ont engrangé deux sans-faute en deuxième manche, œuvre d’Ipsthar et La Costa, complices de Bas Moerings et Kevin Jochems. Côté tricolore, seul Roger-Yves Bost a quitté la piste sans erreur, en première manche, avant de passer à un cheveu du double zéro. Battu sur le second plan de l’ultime oxer, Delph de Denat*HDC s’est toutefois montré parfaitement à la hauteur et a bien aidé ses coéquipiers à décrocher la quatrième place finale, après… six parcours à quatre points ! 

Les résultats complets ici.
Le classement complet et final du circuit des Coupes des nations Longines ici.

Photo à la Une : Le clan suisse sur le podium à Dublin. © FEI/Martin Dokoupil

Toutes les épreuves du CSIO 5* de Dublin sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.