Sligo de Mormal (Don Juan), c’est un peu le rêve que chaque passionné souhaite vivre. Celui d’une éleveuse de poneys qui aura dédié toute sa vie à sa passion en permettant d’abord à son fils de faire du haut niveau avec les poneys de son élevage, puis de produire un crack avec un timing parfait pour permettre à ses deux petits-enfants de le monter au plus haut niveau ! Aujourd’hui, la limite d’âge arrivant, il était temps pour Sligo d’offrir à ses éleveurs la juste récompense de leur travail en partant vers la Grande-Bretagne où l’on espère le voir participer encore à l’un ou l’autre championnat d’Europe car, à 14 ans, sa carrière est encore loin d’être terminée. À 7 ans, pour ses débuts sous la selle du très jeune mais très fin Thomas Scalabre, le Connemara plein de sang ne fait pas dans la dentelle en remportant le Championnat de France AS Poney 1 et le titre de Champion de France des 7 ans ! L’année suivante, le couple revient et remporte un nouveau titre de Champion de France, mais en Elite cette fois ; la locomotive est lancée ! Le couple participe dans la foulée à ses premiers championnats d’Europe à Milstreet avec directement une médaille d’or par équipe et une 6e place individuelle ! Nouveau Championnat d’Europe l’année suivante avec une médaille de bronze par équipe et une 4e place individuelle. Mais Thomas grandit (fort) et cède désormais la place à sa sœur Pauline ; là encore, Eric Scalabre, épaulé par l’ancien sélectionneur national Pascal Henry, calme le jeu et laisse au couple le temps de se construire. Cela prendra un peu de temps car, même quand on vit un rêve, la pression s’installe aussi d’elle-même. En 2018, Pauline remporte, elle aussi, le Championnat de France Elite. Cinquième l’année suivante, le couple décroche lui aussi son ticket pour les Championnats d’Europe avec, une fois encore, une médaille de bronze à la clé. Malheureusement, la crise sanitaire n’aura pas permis au couple de profiter d’une dernière expérience européenne, même s’il a continué sa moisson sur le circuit national !
« C’était une décision difficile dont nous avons discuté en famille. Le départ de Sligo est très difficile à vivre pour nous tous. Nous sommes tous conscients que nous ne retrouverons pas un autre poney comme lui. Je suis évidemment déçu pour Pauline qui, avec cette crise sanitaire, n’aura pas pu briguer un nouveau Championnat d’Europe alors que le couple était désormais vraiment au point. Dans leurs dernières sorties, je les ai vu réaliser des parcours où le coach que je suis ne pouvais que leur dire que tout était parfait ! Samedi, j’ai trouvé Thomas dans le boxe de Sligo avec la tête de son poney dans les bras. Le lendemain, Pauline l’a monté et lui a aussi fait ses adieux. C’est évidemment pour elle que c’est le plus difficile, je le conçois très bien. Ce matin, je me suis dit que je ne pouvais pas laisser partir Sligo comme cela. Je l’ai sellé et nous sommes allés faire une dernière promenade ensemble, un peu comme pour boucler la boucle alors que j’avais été le premier à le monter lorsqu’il avait trois ans. Sligo restera toujours parmi nous car nous n’aurons jamais un deuxième comme lui. Son boxe aujourd’hui est très vide et je ne le remercierai jamais assez pour tout ce qu’il a fait pour nous », réagira Eric Scalabre.