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Romain Duguet en toute humilité.

Interviews lundi 23 novembre 2015
Romain Duguet en toute humilité. 2015 aura été l'année de l'explosion au plus haut niveau pour Romain Duguet. Après avoir opté pour la Suisse, pays de son épouse et de ses filles, l'homme remporte son premier Grand Prix cinq étoiles sous la somptueuse verrière du Saut Hermes. L'homme semble presque soulagé d'avoir pu permettre à sa jument d'atteindre ce niveau d'autant que le couple démontrera que cette victoire n'est pas le fruit du hasard en remportant également le Grand Prix du CSIO***** de Saint Gall avant de remporter l'étape de coupe du monde d'Helsinki. Entre les deux, le couple prendra également la médaille de bronze par équipe lors des championnats d'Europe qualifiant ainsi la Suisse pour les Jeux Olympiques. Une belle histoire de famille puisque son épouse, Christiana Duguet n'est autre que la propriétaire de Quorida de Treho, la jument de tous les succès.

Studforlife : Quels ont été vos premiers contacts dans les chevaux ?

Romain Duguet : « J'ai commencé à poney dans le club de la ville à Reims. Ma s?ur ainée, qui a 4 ans de plus que moi, y montait déjà et j'ai commencé comme ça, à shetland. Mes parents ne sont pas du tout du monde de l'équitation, c'est vraiment par rapport à ma s?ur que j'accompagnais lorsque j'étais plus petit, je la regardais monter et j'ai toujours voulu essayer. Je devais avoir 7 ans mais j'ai tout de suite eu envie de compétition. Ma s?ur aussi a fait de la compétition. Par la suite, elle a d'ailleurs été monitrice et possède le monitorat en France. Elle s'est beaucoup occupée des enfants en les emmenant notamment en compétition poney. Elle aimait ça aussi. »

SFL : A un moment, vous décidez de quitter le poney club pour continuer à évoluer ?

R.D. : « Je suis resté au club à Reims presque jusqu'à mes 15 ans. Après nous avons déménagé à Nancy et c'est là que je suis passé à cheval. J'avais un cheval et un poney. Durant 6 mois, j'ai fait les concours avec les deux puis lorsque j'ai eu 16 ans, j'étais apprenti et j'ai donc commencé à travailler. Pendant longtemps, j'ai monté uniquement des poneys de club puis vers 12-13 ans, mon père m'avait acheté un poney et vers 15 ans, j'ai récupéré un cheval de ma s?ur. Malheureusement, il est mort en balade d'une crise cardiaque. A la suite, mon père a racheté une jument de trois ans pour moi que j'ai pu emmener jusqu'à 1m40-45 avant de la vendre. »

Depuis le début, il y a cette idée de commencer avec des jeunes chevaux pour les amener le plus loin possible ?

R.D. : « C'est surtout que c'est la seule solution que j'ai souvent eue. Je n'ai jamais vraiment eu les moyens d'acheter un cheval tout fait et quand on voit la manière dont le commerce évolue maintenant, je préfère acheter des tout-bons jeunes chevaux que de prendre le risque d'acheter un cheval qui est déjà fait et que ça n'aille pas. Bien souvent, ceux qui nous font rêver : on ne peut pas les acheter. Après j'ai eu la chance de pouvoir apprendre le métier avec les jeunes chevaux alors j'essaie que ça me serve aussi à quelque chose. Je trouve que c'est quand même ça la vérité : acheter des chevaux et les former ! »

Quand vous essayez des jeunes chevaux, qu'est-ce qui vous attire chez un cheval ?

R.D. : « Déjà un peu le look … même si on ne va pas dire qu'avec Quorida, ce n'est pas la première chose que l'?il retient. Ensuite, il y a la locomotion et la qualité de galop puis voir si le cheval a des moyens. Après souvent, je me mets dessus et là, c'est le feeling : j'aime ou je n'aime pas. Si je me sens bien dessus, si je sens qu'il se passe quelque chose entre nous, cela m'intéresse . Il y a parfois des chevaux qui peuvent très bien sauter et qui gagnent de belles épreuves mais que je n'ai même pas envie de monter ou dont je me dis qu'il ne sera pas pour moi. Chacun a son équitation et il faut savoir ce que tu sais faire et ce que tu ne sais pas faire. »

Quand on arrive avec des jeunes chevaux, c'est aussi le choix de prendre des voies beaucoup plus lentes pour y arriver. Il faut être patient et c'est parfois difficile d'espérer que cela va aller sans véritablement en être sûr ?

R.D. : « De toute façon, il faut être conscient qu'avec les chevaux, ce ne sont pas que des belles journées comme les semaines que je viens d'enchaîner à Helsinki et Lyon. A la fin, il y a plus de jours qui sont durs que de jours où on passe à la télé et où tout est beau et tout est facile. Avec les chevaux, c'est avant tout beaucoup de jours de travail … même si cela peut être de très belles journées, avec des bons 5-6 ans. Les sentir évoluer lorsqu'il y a du soleil et qu'il fait 20°, on n'a même pas l'impression de travailler ! Avec les chevaux, il faut avoir de la patience. Le plus dur, c'est si on ne croit plus dans un cheval. Tant qu'on y croit et qu'on a encore un peu des rêves dans un cheval, on se dit qu'on peut encore attendre un petit peu. La satisfaction n'en est que plus belle après si cela se passe bien. Avec certains chevaux, c'est dur et il y a des moments où l'on pense qu'on ne va jamais y arriver, on réfléchit puis c'est là qu'on trouve une nouvelle solution. Le pire, c'est si on n'essaie pas de s'adapter à un cheval. Certes il faut avoir un système mais il faut pouvoir l'adapter à chaque cheval. »

A partir du moment où vous devenez apprenti, vous vous mettez à voyager pour apprendre votre métier ?

R.D. : « Non, j'ai fait deux ans dans la même écurie. Je travaillais trois semaines puis j'avais une semaine d'école. J'ai ensuite commencé chez Jean-Michel Gaspard qui m'avait proposé de venir chez lui un ou deux mois avant la fin de mon apprentissage. Nous avons travaillé trois ans et demi ensemble. C'est quelqu'un que j'aime beaucoup et nous sommes très amis aujourd'hui. Nous avons d'ailleurs des poulains et des poulinières chez lui. C'est comme une famille pour moi, ce sont des gens formidables. Néanmoins, même si tout se passait bien, un jour j'ai dit que je voulais voir autre chose car je n'avais pas envie de rester là toute ma vie. Il m'a dit que j'avais raison et que c'était intelligent, qu'il fallait bouger tant qu'on est jeune. Je suis parti en Normandie travailler pour des privés mais cela n'a pas été une très bonne expérience. Le courant n'est pas passé avec les gens et avec le recul, je pense que j'étais aussi trop jeune que pour me retrouver seul dans une structure. Je suis ensuite parti pour le haras de Reverdy qui est un gros haras en Normandie. Cela s'est passé moyennement. J'avais deux patrons. L'un avec qui cela allait très bien et l'autre avec qui c'était beaucoup plus compliqué. Un beau jour, je me suis retrouvé sans copine et sans boulot : le même week-end ! Je me suis dit « Ok, c'est peut-être pas ici mon futur ! ». Je suis très ami en Normandie avec la famille Bellet de l'élevage Mouche. Ils m'ont dit que Max Hauri allait chercher un cavalier et ils m'ont mis en contact. J'ai donc pris mes affaires et je suis venu en Suisse me présenter près de Zurich. Au bout de 3-4h, Max Hauri m'a dit « ok, je vous prends » mais comme j'avais eu quelques autres opportunités dont une en Italie, j'ai demandé à réfléchir un peu plus mais deux heures après, je l'ai rappelé pour lui dire que c'était bon pour moi. Max Hauri est quelqu'un qui a monté les Jeux Olympiques et possède une grosse écurie de commerce alors je me suis dit qu'il ne fallait pas que je réfléchisse trop longtemps. Je me suis dit qu'il fallait saisir ma chance. » La suite, c'est ici et demain !