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Rik Hemeryck : le rêve d'un travailleur

Reportages mercredi 11 avril 2012 Julien Counet

Deuxième partie de notre rencontre avec le cavalier Belge Rik Hemeryck.

Quand on observe votre jeune carrière: dans un premier temps, tout vous a réussi rapidement, vous aviez trouvé de très bons chevaux pour intégrer l'équipe première pour finir réserviste aux championnats d'Europe … puis après, il y a un trou. 

« En fait, lors de cette belle période, je travaillais pour le haras de Laubry. J'ai travaillé durant 3 ans comme indépendant puis j'ai eu une proposition au haras de Laubry que j'ai acceptée. J'avais vraiment de très bons chevaux et j'ai été aux championnats d'Europe de Saint Gall après une saison où j'ai fait tous les plus beaux concours comme Rome, La Baule, Saint Gall … mais le problème, c'est que tous les chevaux ont été vendus. La dernière, c'était Nikita de Laubry qui a été vendue en Espagne. J'ai alors décidé de me remettre en tant qu'indépendant … mais à cette période là, je ne recevais pas de chevaux ! 

 J'ai donc travaillé durant deux ans pour Stephan Conter où je m'occupais de chercher des chevaux pour lui et je me suis vraiment retiré de la compétition durant 2-3 ans où je n'avais plus que quelques chevaux à moi. Puis j'ai repris et je pensais que cela repartirait facilement, mais ça a été très dur. Les tout bons chevaux ne viennent pas comme ça et j'ai commencé avec de très jeunes chevaux dont Quarco qui prenait 4 ans. »

Quand on voit que Narcotique IV de Muze, Tekila D … sont également passés par chez vous, leur départ était-il nécessaire pour le commerce ?

« Le cas de Narcotique IV, oui, c'était nécessaire pour le commerce. Je dois vivre, je dois gagner ma vie d'autant que j'ai emprunté lorsque j'ai racheté le domaine à mon père etc… Ensuite, il y a des chevaux comme Tekila où c'est une histoire différente. Elle était blessée, nous ne savions pas vraiment si elle pourrait revenir dans le sport. Le propriétaire pensait la remettre à l'élevage … puis finalement, après qu'elle soit rentrée chez son propriétaire, Pieter Devos a proposé de l'emmener chez son vétérinaire, ils ont trouvé que ce n'était pas si grave que ça et ils ont pu proposer un arrangement financier au propriétaire, chose que je n'aurais pas pu faire… c'est donc un ensemble de choses qui prévaut pour chaque cheval.  Narcotique IV de Muze a ensuite évolué en Grand Prix avec Ludo Philippaerts  Avec le recul, c'est avant tout un plaisir pour moi d'avoir pu monter ces chevaux là. C'est gai d'avoir pu monter Tekila puis de voir ce qu'elle a fait aujourd'hui. Il ne faut pas non plus oublier qu'à cette époque, c'était plus difficile pour moi d'obtenir des sélections. J'ai monté le Grand Prix de Liège où je fais 4 points … puis lorsque j'ai demandé à monter Malines, on m'a dit « Ah, non, tu ne peux pas ». Je n'étais pas trop reconnu. Je voulais monter et faire des autres concours mais je ne pouvais pas. Après la jument est partie et s'est quand même classée 3 ème dans la Coupe du monde de Malines… alors oui, c'était agréable de les voir sauter au haut niveau avec quelqu'un d'autre. »

Pour vous, le retour au haut niveau, c'était quand même une nécessité à un moment donné ?

« Non, non, pas du tout ! J'avais fait du haut niveau et je savais que c'était vraiment difficile car il fallait avoir de très bons chevaux vraiment compétitifs. Puis ça s'est fait petit à petit, j'ai refait des deux étoiles, ça s'est très bien passé et j'ai gagné plusieurs Grands Prix comme Strazeele, Verquigneul, puis quelqu'un m'a demandé pourquoi je ne monterais pas à Bruxelles et lorsque j'ai dit que je ne pouvais pas y monter, les gens m'ont répondu qu'ils me paieraient une table, qu'il n'y avait pas de soucis … puis j'y ai gagné la voiture, le deux étoiles et cela a représenté un nouveau départ. J'ai pu monter le trois étoiles à Malines mais je me suis qualifié pour monter le Grand Prix du cinq étoiles et là, ça a vraiment été le déclic. Petit à petit, j'ai fait Lummen le quatre étoiles, je suis sans faute dans le Grand Prix, je peux aller à Rome … puis évidemment, c'est toujours un rêve pour tout cavalier de pouvoir monter une Super League alors j'ai dit oui volontiers … mais je pense que tout cela a été une année trop tôt pour Quarco. A ce moment là, il avait peut-être encore besoin de tourner une année dans les trois et quatre étoiles et ça a peut-être été l'année un poil trop tôt. »

Avec le recul, n'est-ce pas frustrant de constater qu'après avoir vu de nombreuses barrières se dresser sur votre chemin, il faut parfois savoir dire non quand elles s'ouvrent enfin ?

« Oui, mais c'est le sport aussi. Quand tout d'un coup, il y a une bonne paire qui se met en route : tout le monde veut les voir au haut niveau. Avec le recul, oui, c'est une expérience que j'ai faite et que je ne rééditerai pas avec un jeune cheval comme Erco van't Roosakker que j'ai actuellement. C'est une expérience et maintenant, je vais peut-être le vivre différemment. »

Fin du deuxième épisode !