Notre site web utilise la publicite pour se financer. Soutenez nous en desactivant votre bloqueur de publicite. Merci !

Reportage à l'élevage de la Falize

Reportages vendredi 28 octobre 2005 Julien Counet

C'est à quelques kilomètres de Remouchamps, le long de l'Emblêve, que l'on retrouve la famille Gilson. Bien connus sur les terrains de concours régionaux en province de Liège, ils sont également devenu des éleveurs reconnus depuis quelques mois. 

La cause : Wariska de la Falize  ! Championne de Belgique, vice Championne du Monde, le tout dans la catégorie des 6 ans : remarquable !

Les chevaux ne sont pourtant pas chose nouvelle dans la famille. Rémi Gilson a toujours eu la passion des chevaux, mais c'est contre l'avis maternel qu'il pu débuter l'équitation dans un club voisin de la ferme familiale.

Quelques années plus tard, il pu enfin s'acheter son premier cheval qui l'accompagnera durant de nombreuses balades. Le virus ne le quitta pas … mais se propagea à la génération suivante. En effet, ses 3 fils se consacreront aux chevaux, même si un seul poursuivra au delà de ses études ! Tous 3 sortiront jusqu'en épreuves nationales sur 1m30, mais c'est finalement le cadet, Alain, qui continuera et développera l'élevage familial avec son père.

L'histoire de Wariska débute lorsque la famille Gilson décida d'acheter Weriska à la Baronne Franchimont. La jument était alors âgée de 20 ans et pleine de Papillon Rouge. Le risque était considérable, mais le palmarès de celle-ci les poussèrent à passer à l'acte ! Quel éleveur ne rêverait pas d'une jument qui connu les joutes internationales. Tout d'abord avec François Mathy Jr puis Michel Deperez, avec qui elle sauta 2m20 lors de la puissance du défunt CSI-A de Chaudfontaine. La jument fut ensuite vendu aux USA où l'on sait qu'elle tourna en Coupe des Nations. Malheureusement, les bases de données n'étant pas ce qu'elles sont à l'époque, il est difficile de pouvoir connaître les résultats exact de la jument … au grand regret de nos éleveurs.

Vipreska de la Falize ( President x Siska Rouge de la Falize )

Ils furent récompensés de leur audaces puisque Siska Rouge de la Falize verra le jour l'année suivante. Etretat leur donnera encore deux autres produits qui seront tout deux exportés vers la Hollande.

A 3 ans, Siska Rouge de la Falize sera inséminée de Darco : « Nous n'avions pas encore eu l'occasion d'utiliser cet étalon dans notre élevage car pour utiliser un étalon de cette trempe, il faut vraiment un jument qui le mérite. Nous pensions qu'il convenait bien à Siska,qu'il pourrait nous donner un cheval un peu plus éclaté, plus castard, c'était l'occasion ! » Wariska naîtra de cette union.

Siska débutera sa carrière sportive l'année suivante avec notre interlocuteur, Alain Gilson. « C'était une jument fantastique, je n'ai jamais monté un autre cheval comme elle jusqu'à présent. Elle a une telle envie d'aller sur la barre, c'était fantastique. Malheureusement, cette jument n'aura jamais eu la carrière qu'elle méritait. Je débutais mes études à l'université et je ne pouvais poursuivre les chevaux en parallèle. La seule solution que j'avais trouvé, c'était de la monter 3 mois, puis je préparais mes examens, une fois la session terminée, je me réoccupais de ma jument … .et ainsi de suite. Pendant ce temps, François Mathy me prêtait également quelques chevaux lors des périodes où j'avais un peu de temps pour que je puisse avoir un petit piquet pour sortir en concours, je les lui rendais dès que mes cahiers me rappelaient.

Avec Siska, je suis sorti en régional jusqu'en épreuve sur 1m25. Ensuite, je m'étais organisé pour partir une année en Allemagne après mes études dans de grandes écuries. L'expérience à finalement tourné court, mais nous avions pris la décision de faire ré-inséminer Siska. Malheureusement, le poulain s'est mal présenté et est mort à la naissance. Nous avons récidivé l'année suivante et nous avons une pouliche de Président cette année. »

Studforlife : Est-ce que Siska est à nouveau gestante cette année ?

Alain Gilson : « Oui, nous avons choisit cette année un jeune étalon : Contact van de Heffinck (ndlr : Concept x propre s?ur de Clinton). Nous espérons qu'il va ramener un peu de taille car finalement, c'est le petit point faible de Wariska. »

SFL : Wariska est finalement la seule jument que vous n'avez pas fait saillir à 3 ans, n'avez-vous pas de regret à ce sujet ?

A.G. : « Non car la voir évoluer à ce niveau, c'est vraiment quelque chose de magnifique ! Mais bon, c'est vrai que maintenant, même si nous avons déjà de grosses offres pour Vipreska, j'aimerais vraiment lui faire avoir un poulain à 3 ans et garder cette souche à la maison. »

SFL : Votre papa est ingénieur agronome, cela a-t-il influencé de votre façon d'élever ?

A.G. : « Je pense ! Je pense que ça nous aide dans la diversité des étalons que l'on utilise. Il étudie beaucoup plus la génétique des étalons, sans spécialement se baser sur leurs résultats. Ensuite, il me propose les étalons auxquels il a pensé et nous en discutons. Le meilleur exemple est probablement Contact van de Heffinck. Nous n'osions pas utiliser Clinton directement, en tout cas à l'heure actuelle, car Siska est quand même une Papillon Rouge et nous craignons d'avoir trop de caractère et nous avons ainsi choisit Contact qui nous amène également la génétique de Clinton ! »

Crolika de la Falize Z ( Crown Z x Balika du Ravel ( Adieu Z x Elberton) )

SFL :  Le but de l'élevage de la Falize , c'est de produire du haut niveau ou un cheval facile pour des amateurs ?

A.G. : « Le but, c'est le haut niveau ! Lorsque l'on voit le coût d'un poulain pour le garder jusqu'à 3 ans, nous voulons élever avec les meilleurs mères possibles avec des pères de bonne qualité. Maintenant, l'élevage a également sa part de loterie et on ne peut jamais rien prévoir à l'avance. »

SFL : « Les performances de Wariska cette année, c'est pour vous : un rêve,  un but ou le début d'un longue histoire ? »

A.G. : « D'un côté, je ne vous cacherai pas que nous n'espérions pas la voir à ce niveau. Nous pensions qu'elle en avait des moyens, mais lorsque l'on voit la technicité des parcours à Lanaken, c'était vraiment très dur ! En plus, Wariska n'est pas très grande, c'est une des raisons pour laquelle nous avions finalement accepter de la vendre, et Christophe (ndlr : Vanderhasselt) est très grand, la jument n'en a finalement que plus de mérite.

D'un autre côté, l'année dernière Wariska est un peu passée inaperçue avec 7 parcours correct sur 8 et en ne fautant que sur la rivière lors des Championnats de Belgique des 5 ans à Gesves. Alors finalement, ce n'est que justice pour elle. Son parcours à 5 ans était d'autant plus gratifiant qu'elle n'avait quasiment rien fait à 4 ans, j'ai juste fait 3-4 concours avec elle avant d'aller à Liège. Ceci me conforte d'ailleurs dans mon idée de dire que le cycle des 4 ans n'est pas la meilleure chose qu'il soit surtout lorsque l'on pense qu'une bonne partie des chevaux n'ont pas encore atteint leur taille adulte ! »

SFL :   Comment s'est déroulé la vente justement ?

A.G. :  «  Un peu par hasard, nous avons inscrit Wariska lors des épreuves jeunes chevaux de 4 ans lors du CSI*** de Liège (ndlr organisé par le comité du BWP de la province de Liège) . Nous pensions que c'était une bonne chose pour promouvoir notre élevage et pour également me mettre un peu en évidence comme cavalier. Nous n'avons pas comme habitude d'aller faire sauter nos jeunes chevaux à 2 et 3 ans comme d'autres éleveurs car bien souvent les pistes sont dans un état lamentable. Il y a plus de risque d'abîmer les chevaux que de les mettre en valeur.

 

Les poneys miniatures font également partie du programme d'élevage  L'épreuve des 4 ans se déroulait sur la piste B, un petit parcours de 4-5 obstacles était monté. C'était assez dur car la jument n'avait fait que 2-3 concours avant, la piste n'est pas grande et ma jument regardait beaucoup autour. A la sortie de piste, c'était vraiment la cohue, je ne m'attendais pas du tout à cela ! La jument avait été classée 2 ème ou 3 ème ,je ne me souviens même plus, mais plusieurs personnes ont demandé pour essayer la jument sur le petit paddock. J'étais tellement surpris que j'ai laissé faire, mais je trouvais ça ridicule, car ce n'est pas comme ça que l'on peut voir les qualités de la jument. Pendant ce temps, Michel Vanderhasselt qui était un des juges de l'épreuves nous fît parvenir un mot comme de quoi il était intéressé par la jument et demandait une option.

Nous n'avions pas du tout penser à la vendre, alors nous avons demandé aux acheteurs potentiels un peu de réflexion. Les Vanderhasselt sont venus l'essayer un peu plus tard, au calme, à la maison. Nous avons assez longuement discuté avec eux et ce qui nous a séduit, c'est le fait que la jument reste en Belgique. Ils nous ont garanti qu'ils ne l'achetaient pas dans un but commercial, mais pour eux. Maintenant, avec ce qu'elle vient de réaliser, je suis persuadé qu'ils ont reçu des offres très intéressantes, alors si dans quelques mois, elle est toujours dans leurs écuries, c'est qu'ils auront vraiment décidé de la garder. »

SFL :   Quelles sont vos relations avec les Vanderhasselt depuis la vente de Wariska ? 

A.G. : «  Excellente, nous nous téléphonons de temps en temps, mais par manque de temps, ils se réduisent souvent à quelques discussions sur un terrains de concours lorsque nous allons voir évoluer Wariska sur le cycle. »

SFL : « Quel est votre but à long terme ? »

A.G. : « Personnellement, je me suis fixé comme objectif de réussir à combiner mon boulot et la gestion de 4-5 chevaux de concours. Je sais que ce sera difficile, mais je veux vraiment tout mettre en ?uvre pour y arriver.

Point de vue élevage, je pense que nous allons continuer à développer cette activité. Jusqu'à présent, nous n'avions pas eu tellement de produits. Entre la génération de Siska et celle de Wariska, nous avons juste élevé un Kannan, qui est toujours dans nos écuries, avec une jument que mes frères et moi-même avions monté en concours. C'est certains que nous ne pourrons pas tout garder, nous serons obliger d'en commercialiser à 6 mois et nous en garderons d'autres jusqu'à 3-4 ans voir plus.

Mais l'objectif suprême, ce serait de pouvoir amener un de nos produits le plus haut que nous pourrions. C'est sûr qu'avec mon boulot, je ne pourrai jamais rivaliser avec les professionnels, mais si nous pouvions faire notre maximum sans avoir à nous soucier des offres, aussi alléchantes soit-elles, ce serait vraiment fantastique. »