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Qui d'autre que l'Allemagne pour un quatorzième sacre olympique ?

Tokyo 2020 mardi 27 juillet 2021 Eléonore Magnien

Le premier hymne national a retenti dans le stade de Baji Koen et sans surprise, ce fut celui de l'Allemagne. Impériales de bout en bout, Dorothee Schneider, Isabell Werth et Jessica von Bredow-Werndl n'ont laissé aucune chance à la concurrence. Les Etats-Unis et la Grande Bretagne se sont partagés le reste du podium.

Ce troisième jour de compétition sonnait la fin du Grand Prix Spécial et du championnat par équipes. Bien que l'approche du typhon Nepartak ait ravivé les souvenirs des JEM de Tryon où les cavaliers étaient repartis après le Grand Prix Spécial sans avoir couru la Libre en Musique, l'épreuve s'est courue sans aucun problème. La pluie de la nuit dernière a de nouveau laissé place à la chaleur étouffante. 

Huit équipes étaient encore en lice pour une médaille collective. Toutefois, le fossé s'est rapidement creusé entre le Portugal, l'Espagne (qui a été la seule à utiliser la règle de substitution pour faire rentrer la deuxième monture de Jose Antonio Garcia Mena), la Suède, dont l'absence de son leader Patrik Kittel s'est fait ressentir dans le classement final, et les autres. Ces trois équipes ont terminé en queue de peloton. 

La lutte s'est ensuite un peu resserrée mais pas assez pour que les Pays-Bas se prennent à rêver d'un podium malgré les bonnes reprises de Hans Peter Minderhoud et de son compagnon, Edward Gal. En selle sur Glock's Total US, ce dernier a toutefois frôlé la barre des 80%. Expressif , souple mais puissant à la fois, Total Us montre beaucoup de qualités alors qu'il n'est âgé que de neuf ans. Ses progrès fulgurants ces derniers mois laissant à penser qu'il pourrait un jour égaler son crack de père, Totilas, mais le temps n'est pas encore venu. 

Au pied du podium, on retrouve le Danemark avec une performance un peu moins bonne que celle espérée, notamment par sa leader Cathrine Dufour qui a récolté 77.720% avec Bohemian (Bordeaux 28). "Bien-sûr que je suis déçue aujourd'hui. La pirouette de la fin a vraiment coûté cher (notée à 4 coefficient deux, ndlr), à part ça il était vraiment bien. Je suis contente de lui mais à la fois déçue de cette faute. Je pense que nous avons perdu l'équilibre pour un dixième de seconde, et cela a entraîné une erreur."

 Avec Glock's Total US, Edward Gal a trouvé la formidable relève de Totilas © FEI/Christophe Taniere 

Parée d'or à Londres et d'argent à Rio, la Grande Bretagne s'est contentée du bronze cette fois-ci. Ouvreur de son équipe, Carl Hester a déroulé une reprise tout en finesse avec En Vogue créditée de 78.344%. Le hongre manque encore cruellement d'expérience malgré ses douze ans puisqu'il a couru en tout et pour tout trois Grands Prix internationaux avant de venir à Tokyo, toutefois  Carl et Charlotte le reconnaissent unanimement comme "l'un des meilleurs chevaux qu'ils aient jamais monté". C'est d'ailleurs Charlotte qui le montait jusqu'à l'an dernier et qui en est propriétaire à moitié. Lorsque Carl s'est retrouvé en pénurie de monture, elle lui a proposé de prendre le relai, en remerciement pour lui avoir confié son crack Valegro (Negro) quelques années plus tôt. Comme tous les fils de Jazz, En Vogue n'est pas des plus simples : "il est très nerveux, si je le pousse trop il se tend et si je ne lui demande pas assez il fait des erreurs", expliquait Carl. Pour un championnat, il s'est toutefois bien comporté. "C'était un garçon en arrivant ici, il repart comme un homme. Il a fait tout ce que je lui ai demandé", assurait Carl. 

Charlotte Dujardin s'estimait tout aussi heureuse de la performance de son jeune Gio (Apache) et de ses 79.544%. Sans sa faute dans les changements de pieds au temps, elle aurait peut-être pu grapiller quelques points qui auraient permis à la Grande-Bretagne de gagner une place supplémentaire mais compte tenu de la jeunesse de sa monture, c'est déjà une belle réussite. 

Ces Jeux auront aussi été une formidable prise d'expérience pour la jeune Charlotte Fry dont la mère, Laura, participait aux JO de Barcelone en 1992 aux côtés de Carl. En signant aujourd'hui une reprise notée à 76.854% avec Everdale (Lord Leatherdale), Charlotte n'aura pas démérité, le flambeau est bien transmis. 

Les deux Charlotte entourant Carl Hester sur la troisième marche du podium © FEI/Shannon Brinkman

Sur le papier, les Etats-Unis étaient un sérieux concurrent. Steffen Peters et Suppenkasper (Spielberg) étaient invaincus sur leur continent depuis deux ans et comptaient pas moins de vingt-deux victoires consécutives. Aux côtés de Adrienne Lyle et Salvino (Sandro Hit), ils avaient déjà été sacrés vice-champions du Monde en 2018 à Tryon. Rien d'étonnant à ce que ces deux couples passent la barre des 76% aujourd'hui mais peut-être ne s'attendait-on pas à une si belle performance de leur compatriote Sabine Schut-Kery. Déjà surprenante d'aisance dans le Grand Prix aux commandes du sublime Sanceo (San Remo), l'amazone a prouvé dans le GPS que ce coup d'éclat n'avait rien d'un hasard. Elle a signé la troisième meilleure performance de la journée ( 81.596%) et offert la médaille d'argent à son équipe. Emue aux larmes en sortant de piste, la cavalière de cinquante-deux ans avait encore un peu de mal à réaliser : "Ce sont mes premiers Jeux Olympiques et c'était plutôt intense d'avoir à attendre jusqu'à la fin de l'épreuve (...) C'était une formidable expérience et à vrai dire, je reste un peu sans voix. Je suis surtout pleine de joie et de fierté."Médaillée d'argent par équipe, Sabine Schut-Kery a assurément signé la plus belle performance de sa carrière © FEI/Shannon Brinkman

Sur les neuf dernières éditions, la Mannschaft avait remporté huit fois le titre olympique. Cinq ans après Rio, elle a encore ajouté une nouvelle ligne à son tableau de chasse. Était-ce une évidence ? "Nous avons suffisamment d'expérience dans ce sport pour savoir qu'un cheval peut faire la différence, surtout quand on est que trois par équipe et qu'il n'y a pas de réserve", confiait Isabell Werth à la presse après coup. "Nous sommes venues ici avec beaucoup d'assurance parce que nous savions que si nous réalisions de bonnes performances, il serait très difficile de nous battre mais on ne sait jamais. Un mauvais jour ou un cheval malade... Après un si long voyage tout est possible." Pourtant tout s'est déroulé sans la moindre anicroche. Après les passages de Dorothee Schneider avec Showtime FRH (Sandro Hit) puis d'Isabell sur Bella Rose 2 (Belissimo 2), notées respectivement à 80.608% et 83.298%, l'Allemagne avait déjà pris le large, si bien qu'en entrant en piste, Jessica von Bredow-Werndl n'avait plus de pression. Elle n'avait besoin "que" d'obtenir 75% pour décrocher l'or. Toutefois l'amazone ne s'est pas contentée de si peu, elle a de nouveau battu son record personnel avec Dalera BB (Easy Game) malgré une faute dans la ligne des changements de pied aux temps qui lui a coûté pas mal de points. Avec la moyenne de 84.666%, elle signe encore la meilleure performance de la journée. 

 Jessica von Bredow-Werndl n'a pu s'empêcher de sauter dans les bras de son mari après sa victoire, un beau moment d'émotion © FEI/Christophe Taniere 

Demain, les dix-huit meilleurs couples du Grand Prix se retrouveront pour dérouler leur Reprise Libre en Musique, l'ultime étape avant le remise des médailles individuelles. Jessica et Dalera arriveront-elles à réaliser le doublé ? La bataille promet d'être rude. 

Les résultats complets

Avec communiqué. Photo à la Une : FEI/Shannon Brinkman