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Pierre Leconte, l'art de la réussite construite avec patience.

Interviews jeudi 1 novembre 2007
Pierre Leconte, l'art de la réussite construite avec patience. Aiglon, Duc, Dollar, Dester de la Lande étaient jusqu'à présent les plus beaux ambassadeurs de l'élevage de Pierre Leconte, mais à 81 ans ce Normand vient de connaître la consécration lors de la Grande Semaine 2007 avec 3 chevaux sur 3 en finale des 6 et 7 ans et tous dans les 10 premiers avec une magnifique seconde place de Norway de la Lande (Narcos II) pour lequel notre éleveur ne cache pas son petit faible. Père de quatre garçons et six filles, grand-père de vingt trois petits-enfants, les successeurs ne manqueront pas pour continuer l'?uvre du patriarche mais ce n'est pas encore pour tout de suite. « Ca leur reviendra bien assez tôt, en attendant c'est mon élevage. Là où je suis arrivé, je ne dois rien à personne : c'est mon travail. Je veux qu'ils fassent leurs premiers croisements eux-mêmes plutôt que de leur livrer l'élevage sur un plateau d'argent.» glisse t'il avec un large sourire. Eleveur passionné, notre homme reste très terre à terre. Très observateurs, ses remarques sont plus pertinentes que les autres sans jamais prétendre avoir de leçons à donner à quiconque. « J'ai commencé à travailler avec des chevaux de traits, mais rapidement la seule débouchée pour l'élevage de Cob Normand s'est révélé être la boucherie et cette issue ne m'intéressait pas. » Son beau-père, éleveur de chevaux de sport, leur fait alors cadeau d'une de ses juments d'élevage. « Ce n'était certes pas la meilleure… , intervient Angeline, son épouse,  mais elle nous a lancé . » «  Nous l'avons croisé tout d'abord avec Mikado, un fils de Fra Diavolo, et elle nous a donné une grande jument alezane que nous avons baptisé Urne. Lorsque je l'ai emmené au concours de pouliche et le directeur du haras de St Lô m'a félicité alors que ce n'était que mon premier croisement. Je l'ai mise à l'élevage en la croisant tout d'abord avec le pur-sang Un Prince, c'est cette lignée qui m'a donné les internationaux Dester, Gray ou encore Marquis de la Lande. Dans le même temps, j'ai acheté une jument à un voisin. Au départ, il ne voulait pas me la vendre car la jument était méchante et il ne voulait pas risquer d'accidents, il préférait la faire tuer. En fait, avec les femmes, la jument ne posait pas de problème mais elle avait peur des hommes et devenait méchante. Finalement, j'ai réussi à avoir la jument en toute connaissance de cause, c'était aussi une fille de Mikado et je l'ai également mise à Un Prince et elle m'a donné une pouliche qui est la jument de base de ma seconde souche qui a donné les étalons Aiglon, Duc, Cyrius et Norway de la Lande. De fil en aiguille, nous avons continué, nous nous sommes pris au jeu, la ferme s'est motorisée, les chevaux de trait ont disparu de la ferme pour laisser place aux chevaux de sports.  » Les chevaux resteront néanmoins le hobby de cette famille qui compte encore aujourd'hui une centaine de vache à la traite chaque jour car si le patriarche profite d'une retraite bien méritée deux de ses fils ont repris l'activité agricole qui s'étend sur presque 150 hectares. Sans faire de bruit, Pierre s'est rapidement rendu compte de l'importance de la compétition pour son élevage. «  Nos premières juments n'ont pas fait de concours hippiques, mais j'ai toujours voulu utiliser des étalons qui avaient eux-mêmes un certain potentiel . » Très amateur de chevaux dans le sang, la Lande a toujours affectionné les étalons pur-sang, «  Je pense que Un Prince comme père de mère, c'est vraiment quelque chose de fantastique même si peut-être que Rantzau était un cran au dessus mais je ne me suis pas servi de Laudanum, ni de Rantzau mais par contre j'ai utilisé son fils Starter qui était à 15 kilomètres de la maison et ça, c'était la chance de ma vie car Starter en père de mère, c'est fantastique. J'ai débuté avec des juments qui avaient assez d'os et je pense que c'était important de ramener du sang pour faire des chevaux de sport. Ensuite, ma philosophie a toujours été : d'accord de vendre les mauvaises juments, mais essayons de garder les bonnes même si l'inverse serait plus facile car il y a toujours des acheteurs pour les bonnes même si le commerce est moins facile qu'il y a 20 ans ! En 1970, nous avons commencé à faire exploiter nos chevaux avec Bel Oiseau que nous avions acheté à nos voisins les Leforestier de l'élevage Platière. Il avait un tempérament fantastique, c'était un génie. Ca m'a vacciné et je me suis dit pourquoi ne pas continuer. Le risque évidement en faisant cela, c'est que parfois, on reçoit de telles offres pour des juments qu'il est difficile de refuser. Maintenant, exploiter des chevaux a aussi un coût et il faut savoir en vendre de temps en temps, mais il faut aussi savoir dire non pour continuer l'élevage.  » Néanmoins, durant toutes ces années, Pierre Leconte a aussi fait l'expérience de l'éleveur ? propriétaire dépendant de son cavalier et sait que son succès est très étroitement lié au sérieux de Franck Schillewaert. «  Je suis très reconnaissant vis-à-vis de Franck car depuis que nous exploitons des chevaux en compétition, nous avons connu bien des déboires. Nous nous sommes retrouvés plusieurs fois avec des gens, et de grands noms de la scène hippique française, qui ne travaillaient pas nos chevaux, qui n'aimaient pas les entiers ou que sais, mais chez qui ont payaient toujours plein pot sans trop de résultats derrière. En six mois, Franck a transformé nos chevaux. C'est vraiment quelqu'un en qui nous avons confiance et je suis content de lui avoir demandé de monter mes chevaux. C'est un travailleur qui ne mène pas ses propriétaires en bateau, lorsqu'il pense qu'un cheval est moins prometteur : il nous dit tout de suite que cela ne vaut peut-être pas la peine d'investir avec lui.  » Aujourd'hui, après 35 ans d'élevage, l'élevage de la Lande montre qu'une bonne gestion est parfois bien plus utile qu'un portefeuille flamboyant que certains « nouveaux éleveurs » essaient de nous faire croire. C'est avec autant de convictions que Pierre Leconte choisit ses étalons, la sagesse des années ne le laisse pas s'emporter sur une publicité glacée bien au contraire. « Peut-être suis-je resté un peu vieux jeu mais j'attache avant tout une grande expérience au modèle car si l'on élève un poulain et qu'il ne répond pas à vos attentes, si il est beau, vous arriverez toujours à le vendre, mais autrement … Actuellement, on est parti dans un système où l'on accorde énormément d'importance au saut en liberté et dans les rappels de concours, on y voit des chevaux où l'on peut se demander où est la tête et où est la queue. Ensuite, je vois quand même que jusqu'à présent les chevaux français qui arrivent au plus haut niveau sont des purs Selle Français. Je dis cela sans même si je n'ai rien contre les étrangers, j'ai d'ailleurs utilisé des étalons comme Kannan et Chef Rouge mais la plupart du temps, on ne connaît pas trop leurs origines et encore moins leurs souches. De plus, aujourd'hui, il n'y a pas que des cavaliers professionnels qui monte à cheval et c'est donc très important de penser au mental et pour ça, nous avons en France de très bons pères comme Rosire qui nous a donné tous des chevaux très faciles.

Maintenant, il faut bien reconnaître que l'élevage est dans les mains de grosses maisons qui ne lésinent pas sur la publicité. Lorsque Qredo de Paulstra et Rosire auront disparu des Haras Nationaux, que va-t-il leur rester ? Je regrette d'ailleurs l'époque des Haras Nationaux d'il y a vingt ans où l'on trouvait de véritables gens de chevaux à leur tête, aujourd'hui nous sommes bien obligé de nous tourner vers le privé. »

Même si l'élevage équin a pris bien plus d'ampleur qu'il avait pu l'imaginer lorsqu'il utilisa Mikado sur sa première jument, Pierre Leconte tient à garder ce statut d'éleveur amateur. Son statut de retraité lui permet d'analyser l'avenir du statut d'éleveur en toute sérénité avec une bonne humeur inachevable. « Je ne suis pas vraiment convaincu qu'il soit encore possible de ne vivre que de cela car dans les chevaux tout est très aléatoire, je suis assez septique. Vous restez parfois longtemps sans vendre un cheval !

Avec les vaches, vous avez des rentrées bien plus régulière et moins variable. Mais tout évolue, durant des années la Normandie a représenté le berceau de la race Française mais aujourd'hui, il va falloir s'accrocher pour garder ce statut et surtout tenter d'y garder les bons chevaux. » Pour apporter sa pierre à l'édifice, Norway et Marquis de la Lande ne devraient pas quitter leur pays natale de si tôt mais emmener l'élevage de la Lande vers les pistes internationales très rapidement.

Marquis & Norway de la Lande , deux étalons si différent promis à un bel avenir.

Cinquième du championnat de France des 7 ans, Marquis de la Lande (Quito de Baussy x Starter) n'a reçu son agrément que l'an dernier mais Pierre Leconte n'a reçu que très peu de demande pour son entier qui attend seulement la naissance de 10 produits pour sa première génération. « Lorsque nous l'avions fait sauté pour la première fois en liberté, nous avons tout de suite vu qu'il avait quelque chose. » Ce que confirme son cavalier, « Marquis possède de la force et sous ses airs de nounours, il possède énormément de sang et une grande sensibilité en plus d'être respectueux. » Mais si la carrière de Marquis semble très prometteuse, c'est vers Norway que se tourne tous les regards. Ce magnifique fils de Narcos II également issus d'une mère par starter a montré en décrochant le titre de Vice champion de France des 6 ans que le Selle Français pouvait allier le chic avec le sang et les moyens alliant ainsi toutes les qualités du cheval de sport moderne. « Je crois beaucoup dans sa carrière d'étalon et j'espère que j'aurais l'occasion de le voir évoluer au plus haut niveau » explique son éleveur les yeux pétillant de bonheur. Devant la difficulté de commercialiser Marquis en 2007, notre éleveur vient cependant de passer un accord avec les Haras Nationaux qui s'occuperont de la commercialisation de ses deux grandes promesses en 2008.

Les juments de l'élevage  :

L'année 2007 n'a pas été la plus grande réussite de l'élevage de la Lande en matière d'insémination. Plusieurs juments sont restées désespérément vides. «Depuis plusieurs années, nous avons eu la fâcheuse  habitude de retarder nos poulinages. Nous savions bien qu'une année, nous devrions faire l'impasse pour remettre les juments plus tôt dans la saison et c'est ce que nous avons fait cette année lorsque nous avons vu que nos juments ne remplissait pas. »

athena de la Lande II (Starter x Fend L'air), mère de Norway et Manon - inseminée de Marquis de la lande
cybèle de la lande (Starter x Le Plantero), mère de Marquis - inséminée de Made in semilly
judee de la lande (Aiglon de la lande x Le Plantero) suitée de Easy Boy ? inséminée de Marquis de la lande -
uriele IV (Matador du Bois x Arabel) ? inséminée de Marquis de la lande -
haltea de la lande (Tu viens Dorval x Matador du Bois) - inséminée de Marquis de la lande -
jolie de la lande (Rosire x Fend l'air) suitée de Narcos II - inséminée de Made in semilly