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Philippe Le Jeune jr, l'art de savoir prendre la balle au bond

Reportages mardi 7 juillet 2020 Julien Counet

Ils sont speakers, photographes, ils s’occupent des sonos, des lumières, des parcs d’obstacles, des pistes... et du jour au lendemain, ils se sont retrouvés sans boulot ! Aujourd’hui, le circuit reprend mais de manière très progressive, avec un calendrier amputé de nombreux concours.

Grand impatient, éternel insatisfait, toujours en manque d’occupation, Philippe Le Jeune jr aura rebondi très vite. La communauté équestre sait aussi se serrer les coudes en dehors des écuries. L’ancienne cavalière internationale Christine Vanderschelden, reconvertie dans le transport de fret sur le site de l’aéroport de Bierset, sur les hauteurs de Liège, a rapidement tendu la main au speaker en manque d’occupation pour lui proposer de venir compléter l’équipe de l’entreprise familiale sous-traitant pour la société de transport Liège Cargo Agency.

Pilou Le Jeune & Christine Vanderschelden

« Il y a seize ans, lors de notre dernière année à l’école d’équitation de Bilzen, nous devions organiser un petit concours comme travail de fin d’étude... et quelqu’un m’a demandé de faire le speaker. Ce petit événement avait lieu un peu après le jumping de Liège, je suis donc allé trouver André Jacques Le Goupil qui ne me connaissait que comme le fils de Philippe Le Jeune et était fort occupé avec le concours, mais qui a gentiment accepté de me filer un cd avec mes premiers jingles. À l’époque, André Jacques était la star des speakers. Le seul francophone à pouvoir en vivre. Il avait réinventé l’animation des concours. Au final, j’ai fait l’animation de ce minuscule concours et un de mes professeurs est venu me voir en me disant que j’avais trouvé ma voie et que je devrais continuer dans ce sens-là. J’ai rigolé en disant que faire le clown n’était pas ce que je voulais faire de ma vie. À l’époque, je montais comme cavalier maison pour mon papa en même temps que Damien Plume, et je donnais également beaucoup de leçons... mais j’ai quand même été animer quelques concours chez Sandra Buytaert au Country pour faire plaisir, parce que c’étaient des amis... mais en fait, cela ne s’est plus jamais arrêté. À un moment donné, papa m’a demandé de choisir car j’étais de plus en plus souvent absent », explique celui qui est beaucoup plus connu sous le nom de Pilou Le Jeune.

Mais alors que ces dernières années, il pouvait compter sur un calendrier rempli d’au moins 45 semaines sur l’année, la crise du covid frappe sans prévenir et de nombreuses personnes se rendent alors compte qu’ils exercent des métiers qui peuvent se révéler très précaires.

« Le premier mois de confinement, j’étais assez serein mais arrivé au troisième mois, j’ai commencé à paniquer. Lorsque votre calendrier passe de 40-45 dates... à 5, tout s’écroule autour de vous. J’ai pu bénéficier du droit passerelle mais c’était une grande première pour moi car depuis que j’ai commencé à travailler, je n’ai jamais arrêté et j’avais toujours eu la chance, jusqu’à présent, de ne pas avoir dû recourir au chômage. Je viens d’une famille modeste où j’ai reçu une éducation classique et c’est vrai qu’à force d’évoluer dans les sphères du cinq étoiles, on rencontre des gens de tout milieu mais ici, je suis vite redescendu sur terre. J’avais la chance d’avoir tous les permis pour pouvoir conduire des camions. Il m’est arrivé plusieurs fois d’aider plusieurs amis cavaliers pour descendre des camions lors des tournées ibériques. Christine m’a permis de retrouver du travail rapidement et en plus dans une bonne équipe, avec son compagnon Geoffrey Berger au sein de Berger transports. Je leur en suis très reconnaissant. Ce n’est pas un métier glamour. J’ai changé mon veston contre un sweat, je me suis sali les mains et j’ai parfois galéré pour fermer mes remorques, mais je m’y plais à tel point que j’espère pouvoir combiner ce métier avec celui de speaker une fois que les activités auront repris. Je trouve que l’organisation de LCA est très professionnelle et digne des meilleurs événements équestres. Évidemment, j’espère pouvoir repartir vivre ma ‘vie d’avant’ car c’est ma passion et j’aime voyager. Pouvoir vivre de sa passion est un luxe. On n’en prend encore plus conscience dans des moments comme ceux-ci... même si l’on se rend aussi compte qu’il y a d’autres choses dans la vie et que c’est aussi agréable de pouvoir passer un week-end en famille. Ma crainte aujourd’hui, comme celle de nombreuses personnes, c’est l’arrivée d’une seconde vague. Cette épidémie nous a aussi montré que l’on était tous égaux face à la maladie.

Pilou Le Jeune, Christine Vanderschelden & Geoffrey Berger. 

 

Ma nature me permet de prendre les choses de manière toujours positive. Ici, ce travail de chauffeur est près de la maison puisque je suis désormais installé sur les hauteurs de Liège, et cela me permettra désormais de ne pas tout accepter. C’est très agréable ici de travailler, d’envoyer sa facture et d’être payé dans la foulée. C’est malheureusement quelque chose qui n’arrive que trop rarement dans les concours. Cela instaure une véritable relation de confiance et c’est très agréable », conclura Pilou Le Jeune.

Pilou Le Jeune et sa compagne, la cavalière amateure Sylvie Morrier