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Philippe Le Jeune, 30 ans au plus haut niveau !

Reportages jeudi 20 janvier 2011 Julien Counet

Quatrième volet de l'exceptionnel reportage dédié au Champion du monde, Philippe Le Jeune !

Actuellement, en Belgique, nous avons la chance d'avoir des étalons qui sont conservés pour l'élevage et peuvent évoluer au plus haut niveau. Ces dernières années, on a vu naître un circuit hivernal de promotion pour les jeunes étalons comme cela se fait en Hollande, est ce que vous pensez que c'est une bonne chose ? Ne risque-t-on pas de perdre cet avantage en risquant de casser les étalons avant qu'ils n'arrivent au haut niveau ?

Je pense que c'est bien pour les éleveurs et les étalonniers qui peuvent voir les chevaux et vendre des saillies … mais j'ai peur que l'on casse les chevaux avec cela. Néanmoins, avant on faisait des shows d'étalons en faisant sauter 1m50-1m60 à des jeunes étalons pour faire le show sur des sols dur comme du béton. Ca, ce n'est pas bon. Aujourd'hui, les sols sont de meilleure qualité et si on arrive à construire en hiver un circuit d'étalon avec des parcours très corrects et plus basés sur la manière dont ils doivent galoper et se comporter, ça je suis pour. Ce qui pourrait permettre de moins les faire sauter en saison de monte pour les 4, 5 et même 6 ans, je pense que ce serait pas mal.

Au niveau de l'équipe belge, Philippe Guerdat a donné un souffle nouveau à l'équipe. A quel point était-ce nécessaire ? A titre personnel, que vous a-t-il apporté ?

C'était nécessaire ! Je suis d'ailleurs à la base de tout ce changement lorsqu'après les championnats d'Europe de Windsor, j'ai eu de vraies disputes là-bas et j'ai dit que ce n'était plus possible car personne ne jouait le jeu de faire tout pour l'équipe pour la Super Ligue. Il y a des cavaliers qui sont venus avec leurs deuxièmes chevaux… etc. A la fin, comme il y avait une très mauvaise organisation, le planning, pour moi, n'était pas bon … il était nul. On peut dire ce qu'on veut, je peux prouver que j'avais raison car tout le monde a commencé à dire : « on n'a pas de chevaux ! » Moi, j'ai dit que ça n'avait rien avoir et que c'était une question d'esprit et de mentalité où tout le monde devait bosser pour arriver à faire la même chose et j'ai ajouté que si l'on continuait comme on faisait, je retirais Vigo car je ne voyais pas pourquoi mon cheval devait se taper les qualifs du Grand Prix, les deux manches de Coupe des Nations parce qu'en plus, je partais premier et donc je devais toujours faire la deuxième manche alors que celui qui part dernier lorsque rien ne va plus, il ne ressort pas. Je trouvais donc qu'à la fin, ça me coûtait de l'argent et des efforts de mon cheval pour rien du tout. Pourtant cette année, on avait les mêmes chevaux : exactement les mêmes et cette année, on a tout gagné. C'est juste l'esprit et la mentalité qui a changé.

Philippe Guerdat, je le connais depuis vingt ans. Déjà, c'est un très grand cavalier qui est passionné par le concours hippique. C'est un grand homme de cheval qui connaît très bien les chevaux, les cavaliers et qui a appris très vite à connaitre les cavaliers belges. Aujourd'hui, il connaît chaque cavalier ainsi que la manière dont chacun fonctionne… etc. Il a su imposer du respect, il a fait un planning avec chaque cavalier. Au départ, il était un peu dans le stress de devoir connaître tous les couples mais après deux mois, tout était déjà mis en route et il a donné des responsabilités un peu à tout le monde. Sa première décision, qui était super pour les cavaliers, c'était lors de la première Coupe des Nations à Lummen. Vigo venait de se blesser le week-end d'avant, Boyante sautait bien et aurait pu remplacer Vigo, je pense que j'aurais pu apporter quelque chose à l'équipe avec mon expérience mais Philippe Guerdat m'a dit : « Comme ce n'est pas ton premier cheval, je ne peux pas te prendre, je dois prendre quelqu'un avec son premier cheval ». J'ai tout de suite accepté cela car c'est également dans ma manière de faire mais en faisant ça, il avait déjà montré sa ligne de conduite et tous les cavaliers ont vu ça et ont vite compris qu'avec lui, ils ne pourraient pas faire ce qu'ils veulent, ni raconter des bobards. En plus, il y avait pas mal de cavaliers qui trouvaient toujours de fausses excuses vis-à-vis de leur propriétaire ou autres… avec lui, ça ne marche pas ! Il sait quand on a bien monté ou pas, quand le cheval a bien sauté ou pas, quand on a triché … Ca ne sert à rien de lui raconter des histoires, ça ne marche pas avec lui. Ensuite, il m'a confié beaucoup de responsabilités en m'envoyant en Finlande à Ypaja avec ma compagne (Gudrun Patteet, ndlr), Evelyne Blaton et Cindy van der Straeten en me disant, voilà, tu pars en numéro un et ensuite, tu t'occupes des autres.  Et ça, ce sont des moments fantastiques. J'ai beaucoup aimé le fait qu'on me mette des responsabilités sur les épaules, d'autant que c'est pour le sport et j'adore cela, cela fait plaisir d'apporter sa petite pierre à l'édifice en donnant l'un ou l'autre conseil. Ensuite, il nous a envoyé à Bratislava avec 3 autres super pilotes puisqu'il y avait Ludo Philippaerts, Gregory Wathelet et Dirk Demeersman où on a gagné la Coupe des Nations avant de nous envoyer à Gijon. A ce moment-là, tout le monde était déjà très motivé. 25 cavaliers avaient déjà participé à des CSIO, il avait déjà gueulé sur 2-3 cavaliers en les mettant au pas… Puis moi, ce qui m'a fait beaucoup de bien avec lui, c'est qu'il me fasse confiance, cela m'a permis d'être plus sûr de moi.

Que pensez-vous que l'on pourrait encore améliorer à la fédération belge ?

On peut toujours améliorer. On peut améliorer beaucoup de choses … Déjà par le biais de Philippe Guerdat, il y a beaucoup plus d'intérêt de la part de la fédération vis-à-vis des concours et des cavaliers, il y a un meilleur dialogue, tout est beaucoup plus calme et serein, ainsi qu'un respect mutuel, ce qui n'était plus le cas. Ces dernières années, la commission critiquait les cavaliers et vice versa alors que maintenant, tout le monde tire à la même corde. Maintenant, je trouve qu'avec ce qu'on a fait au championnat du monde, et je pense que c'est le rôle de la fédération, il faudrait que l'on obtienne des subventions pour l'élevage et les concours nationaux car le cheval belge est l'un des meilleurs produits que l'on vend. Le cheval belge est mondialement connu, mondialement apprécié, tout le monde le recherche. J'aimerais que cet argent soit investi dans les concours de jeunes chevaux car ce n'est pas normal que lorsqu'on fasse un parcours sans faute avec un 4 ans, on ne touche pas un bal. En France, les éleveurs en vivent. Lorsqu'ils ont des bons chevaux, faire les 4, 5, 6 ans, cela rapporte de l'argent. Chez nous, il faut qu'il y ait plus d'argent car notre métier coûte beaucoup trop cher et ce à tout niveau. Un éleveur qui a 10 juments et qui doit payer les 10 saillies pour ses juments : c'est un capital énorme ! Il faut gagner cet argent, puis il faut nourrir ces chevaux et les poulains… Admettons que, sur ces 10 juments, il ait 5-6 poulains.

Ensuite, il faut les garder jusqu'à 3, 4 ans. Après il faut les débourrer, les immatriculer puis les emmener au concours… donc je ne vois pas pourquoi des 4 ans ne pourraient pas gagner d'argent lorsqu'ils vont au concours et toucher par exemple cent euros par sans faute ou alors, on dit qu'on fait des parcours d'entraînement mais alors je ne vois pas pourquoi on devrait payer une inscription. Qu'on dise que c'est gratuit pour les quatre ans. En Belgique, nous avons des pistes formidables mais les propriétaires de ces terrains ne sont pas aidés car à part Gesves qui fait partie de la région wallonne, Wisbecq, Hulsterlo, Neeroeteren, Moorsele sont tous détenus par des privés et je pense que ces propriétaires devraient être aidés financièrement pour qu'ils puissent organiser de beaux concours car il y a tout pour faire.

La suite demain !