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Olivier Bossard, la passion du service.

Interviews vendredi 23 janvier 2015
Olivier Bossard, la passion du service. (5) Le fait d'être aujourd'hui à la tête de cette société de transport vous a-t-il permis de rencontrer d'autres personnes et de faire évoluer votre carrière de cavalier amateur ? O.B. : «Complètement . Depuis qu'Edouard Couperie m'avait pris en stage chez lui et quelque part m'avait aidé à débuter cette société. Il a toujours continué de m'aider dans mon équitation, dans une démarche vraiment amicale. J'ai toujours conservé dans mon équitation une démarche plus professionnelle qu'amateur. J'ai toujours voulu également, lorsque je monte au concours, ne pas donner l'image de quelqu'un de trop mauvais parce que je trouve que ça aurait nuit à mon activité de transport. J'essaie donc, autant que possible, de ne pas avoir l'air ridicule au concours … mais ce n'est pas systématique … je tombe de temps en temps ! J'ai néanmoins gardé à l'esprit une démarche que j'espère professionnelle. Maintenant, ma société a été très bénéfique pour mon équitation. J'avais fait un peu de circuit jeunes chevaux avant de débuter mon activité de transport et j'avais rencontré le monde professionnel français à l'époque. Depuis, l'activité de transport étant dans le bon niveau du concours hippique, cela m'a permis de rencontrer tous les cavaliers de l'équipe de France et beaucoup de cavaliers étrangers de très haut niveau avec lesquels, parfois, on a sympathisé. C'est le cas avec Hubert Bourdy : à mes débuts, un peu après avoir lancé mes activités, j'avais acquis un assez bon jeune cheval avec des gros moyens et Hubert m'avait pris deux fois en stage chez lui, gratuitement, pour m'aider. J'espérais que je lui rendais de bons services avec mes transports et il s'appliquait à me faire travailler dès qu'il le pouvait. Nous avions passé des moments formidables.

Côtoyer des professionnels de bon niveau m'a pas mal aidé au niveau de beaucoup de détails et dans mon équitation. Il était fréquent qu'au concours, je bénéficie d'un conseil ou d'une offre plus particulière et plus sympathique de gens dont j'ai transporté les chevaux. Maintenant, la réalité de mon équitation, c'est que je suis ce qu'on appelait avant  « un cavalier de seconde catégorie en France », c'est-à-dire de pouvoir monter correctement des épreuves à 1m40 et je n'ai pas de prétention qui soit supérieur à celle-là. J'essaie de le faire d'une manière assidue mais certainement pas prétentieuse. »

Est-ce que vous pensez qu'il existe un lien de cause à effet entre l'évolution de votre société et celle des concours ?

O.B. : « Oui, un lien très fort ! J'imagine parfois que si j'avais créé ma société en Allemagne ou en Hollande, l'expansion aurait pu être encore plus forte car les Allemands, les Hollandais ou les Belges sont vraiment encore bien meilleurs que les Français pour attirer des clients étrangers notamment des américains qui s'installent durant plusieurs mois pour des tournées de concours en Europe pour être coachés, acheter des chevaux et avoir une base en Europe pendant ces tournées-là.

Les français ont beaucoup plus de difficultés à attirer ces clients-là dans leurs écuries. Par contre, le circuit de concours français est très apprécié et très dynamique. Il attire beaucoup de clients étrangers pour cela. Il est vrai que de nombreux clients étrangers utilisent nos services lorsqu'ils viennent sur le continent Européen pour transporter leurs chevaux de leur base à un concours ou d'un concours à un autre. Récemment, des circuits come le Global Champions Tour ou les Masters organisés par Christophe Ameeuw ont fait venir énormément de clients étrangers et ont complètement dynamisé la filière. Pour nous qui sommes vraiment orientés vers le concours hippique, la venue de clients d'autres continents génère un volume de travail bien supérieur. »

Quels sont vos espoirs dans le futur ?

O.B. : « Je pense que l'on va nécessairement devoir se développer un petit peu plus dans les deux-trois années à venir sans pour autant espérer doubler de dimension. J'imagine que l'on va devoir avoir une structure un peu plus importante avec une personne de plus au bureau ainsi que quelques véhicules supplémentaires. Ça ne changera pas le métier que l'on pratique actuellement. Nous avons atteint aujourd'hui, avec ma femme, la quantité de travail maximale que l'on peut effectuer seuls. L'avenir, c'est que l'on trouve des solutions pour nous développer un peu plus, tout en gardant la qualité de service que l'on espère avoir.

Après, l'idée du développement est peu importante. Le plus important c'est de durer de la bonne manière. J'avoue que mon rêve reste de pouvoir ensuite trouver et garder un nombre de chevaux qui me permettent de monter à un meilleur niveau que je ne le fais actuellement. J'ai toujours vendu jusqu'à présent les chevaux que je montais pour en fabriquer des nouveaux avec les moyens qu'on avait. Ça nous a beaucoup aidés au début, notamment avec la vente de Quinette du Quesnoy qui saute aujourd'hui dans des épreuves 1m50 et qui s'est classée dans plusieurs Grand Prix du grand national. C'est une jument que j'aimais beaucoup mais aujourd'hui, je n'ai plus du tout cette idée de commerce, j'ai vraiment décidé que le concours hippique devait juste être ma passion et si j'ai la chance d'avoir un bon cheval, de pouvoir le conserver le plus possible. Je pense que c'est mon rêve personnel, un rêve de concours hippique qui reste entier. »

Est-ce que l'évolution d'Equi-service correspond à vos ambitions ? Etes-vous heureux aujourd'hui dans votre travail ?

O.B. : « Je suis très heureux et très passionné par ce que je fais. J'aime beaucoup le fait que l'on peut amener une cinquantaine de chevaux aux ventes Fences : aller chaque soir aux ventes après avoir bougé beaucoup de chevaux d'élevage, c'est quelque chose d'intéressant à faire. Maintenant, je dois bien reconnaître que je ne m'étais pas fixé d'objectif. Ce sport fait rêver beaucoup de gens, il y a très peu d'élus à la fin : seuls quelques cavaliers d'exceptions. Alors que beaucoup de jeunes débutent ce métier avec des espoirs rapidement déçus, un certain nombre évolue dans ce métier avec parfois peu de réussite et en étant souvent à la fin du compte un peu médiocre. On côtoie des gens qui finissent par être aigris par le métier qu'ils font ou qu'ils pratiquent. Lorsque j'ai démarré dans le transport, j'ai vraiment eu cette image à l'esprit qu'il était assez difficile de gagner sa vie en tant que professionnel dans les chevaux. Aujourd'hui, plus que jamais, c'est encore bel et bien le cas. Mon seul objectif à l'époque était de ne pas être médiocre, ce qui n'est pas un objectif très élevé. Aujourd'hui, je n'ai pas du tout le sentiment d'être important … mais j'ai le sentiment que des gens importants nous font confiance et ça, c'est gratifiant. L'autre sentiment que j'ai, c'est qu'une équipe vit autour de cela de façon correcte et cela aussi c'est gratifiant. Après, je n'ai pas d'objectif de grandeur, je ne veux en aucun cas être l'entreprise la plus importante d'Europe. C'est prétentieux de le dire mais j'imagine avoir le potentiel pour pouvoir gérer une société relativement plus importante. En contrepartie, cela m'obligerait à faire une croix sur mon équitation. Déjà en ce moment, ma vie professionnelle empiète énormément sur mes heures de loisirs. Je tiens à garder une qualité de vie par rapport à notre passion et j'imagine que me mettre dans une situation de beaucoup plus grande responsabilité me ferait abandonner cette partie-là et je ne le veux pas. C'est probablement ce côté-là de ma personnalité qui fait que je m'adapte à la demande de clients exigeants car je sais par quoi ils sont passionnés. Je ne suis pas sûr que si je perdais le goût de la compétition, j'arriverais à avoir le goût de faire un service aussi adapté à ce qu'on me demande. » FIN.