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Les Rozier en force à Lausanne

Reportages samedi 22 juin 2019

La météo n'aura pas été très sympathique avec les cavaliers du cinq étoiles. Après une belle journée, la pluie s'est mise à tomber lors de l'entrée en piste du premier cavalier et n'aura fait que s'intensifier au fil des passages pour se terminer, malgré ce plus long jour de l'année, dans la pénombre. Heureusement, l'accalmie est arrivée juste pour le barrage, de quoi remotiver les cavaliers à repartir au combat. 

Parmi eux, on notera la très belle prestation du jeune étalon prometteur de la famille Levallois, Andiamo Sémilly (Diamant de Sémilly x Muguet du Manoir) sous la selle de Pénélope Leprévost depuis le début de la saison qui continue sa progression de manière très encourageante malgré une faute lors du barrage. 

Des fautes, il y en aura eu d'ailleurs dans ce barrage. Ramzi al Duhami aura signé le meilleur temps de l'épreuve avec High Quality (Quadrillo) alors qu'Alexandra Paillot, qui s'était offert une belle frayeur en chutant lors du lancement du jingle lors du premier tour, avait, elle aussi, réalisé un tour très rapide avec son expérimenté Polias de Blondel (Desir du Chateau) mais une faute les aura relégués plus loin dans le classement. 

Il faut dire qu'avant eux, un homme avait frappé fort : Philippe Rozier ressortait pour la première fois Rahotep de Toscane sur un CSI cinq étoiles depuis près de deux ans et son étalon gris lui aura donné entière satisfaction avec un barrage magnifique en 40''94. 

Derrière, c'est son petit frère Thierry Rozier qui a soigneusement laissé jouer le droit d'aînesse avec 30 centièmes de plus avec sa fantastique Venezia d'Ecaussinnes (Kashmir van't Schuttershof) pour signer un premier doublé familial à ce niveau ! 

Derrière la famille Rozier, on retrouve les deux suisses Alain Juffer sur Cornet MM (Cornet Obolensky) et la jeune promesse suisse Bryan Balsiger, cette fois sur AK's Courage (Chepetto C). 

Pour un propriétaire, le retour de son protégé est évidemment un soulagement et une joie immense, mais Christian Baillet préférait rester très sobre : " Sincèrement, je ne pensais pas qu'il pourrait encore gagner une telle épreuve. Peut-être avec un ou deux mois de plus, mais là... Par contre, ce qui est important pour moi, ce n'est pas la victoire, c'est la manière dont il a sauté. Aujourd'hui, il a sauté comme un grand cheval, un vrai cheval ! On le retrouve comme il y a deux ans. On savait que les soucis physiques étaient réglés, mais ce n'est pas pour ça que le cheval redevient celui qu'il était ! Là, ce n'est pas encore fait mais c'est un bon feu vert. Aujourd'hui, retrouver le cheval qu'on a connu, c'est magnifique mais on est resté très prudent, on lui a laissé le temps tant qu'on n'était pas sûr à 100 % ! On est un peu récompensé pour cela aujourd'hui."

"C'est une victoire avec énormément d'émotion pour commencer. C'est la fin d'un an et demi de galère. Le cheval avait une tendinite postérieure, il a fallu attendre et c'est très long. On a essayé puis on a à nouveau arrêté, on a pris beaucoup de temps. Je devais aller à Sopot mais j'ai dit à Thierry Pommel que je ne le sentais pas encore suffisamment prêt et je pense que c'était la bonne décision ; le cheval me le rend bien. À Saint Tropez, le cheval sautait déjà bien et je pense qu'il prend un cran en plus à chaque parcours. J'ai vraiment senti des bonnes choses et il est certain que je prendrai aucun risque avec ce cheval-là. C'est drôle car en sortant du premier tour, ma groom m'a dit " on ne fait pas le barrage ? " et je lui ai répondu que si, car je sentais qu'il avait envie. Je le connais par cœur. On s'est posé la question deux minutes de savoir si on le conservait uniquement pour le Grand Prix dimanche puis c'est difficile d'expliquer car ce sont des sentiments avec le cheval mais il était guerrier et il faut y aller... même si de là à gagner, c'est encore autre chose. Il y avait du beau monde mais ce n'est clairement pas une victoire comme une autre aujourd'hui. C'est une victoire sur le temps car j'ai donné le temps à mon cheval de guérir et aujourd'hui, il me le rend bien. Évidemment, que durant cette longue absence, on doute. C'est un cheval de 14 ans, qui a beaucoup donné et c'est comme les gens, l'envie ça ne se contrôle pas. Moi, le jour où je n'aurai plus envie, j'arrêterai ! Mais avec lui, c'est d'autant plus difficile qu'à la maison et même au paddock, il ne monte rien. Il n'y a qu'en piste qu'on peut savoir où il en est. Si je l'écoutais à la maison, il ne serait pas là aujourd'hui car c'est le roi fainéant. Tout ce qu'il veut, c'est aller faire des bons galops en forêt de Fontainebleau et de choper les branches au passage. Ça, c'est son truc et ça, je le sais ! Il adore juste faire l'idiot tout le temps. Depuis que je le monte lorsqu'il avait 5 ans, il est comme ça. Une fois qu'il est en piste, c'est là que ça se passe. C'est vraiment un cheval qu'il faut connaître par cœur. Il a des codes, il est atypique et c'est ça qui fait son charme. Il est très à l'écoute de ce que je lui demande et je dois être très concentré car lui ne l'est pas, puis c'est comme un enfant gâté à qui il faut toujours dire ça tu peux, ça tu ne peux pas... tout en sachant qu'il va toujours essayer de déborder d'un côté ou de l'autre. Il faut vraiment l'interpréter et quand les feux sont tous au vert comme aujourd'hui, je peux lui demander ce que je veux. Aujourd'hui, mon idée avec lui était juste de voir s'il était suffisamment bien pour faire le Grand Prix dimanche sinon, c'était Cristallo A qui sautait... mais je pense qu'après aujourd'hui, la réponse est claire. C'est le gros avantage de pouvoir compter sur deux chevaux de Grand Prix. J'ai vraiment beaucoup de chance de pouvoir compter sur Cristallo que la laiterie de Montaigu m'a confié et qui est là pour protéger Rahotep. Je vais donc courir le Speed Challenge demain avec Cristallo qui a de vrais atouts pour bien faire. Hier, j'avais même un meilleur sentiment avec Cristallo qu'avec Rahotep pour tout dire. La cerise sur le gâteau, c'est évidemment la seconde place de mon frère. C'est une belle histoire dans tous les sens du terme." réagira Philippe Rozier. 

" J'ai fortement hésité à repartir dans ce barrage car cela commençait à devenir vraiment sombre, puis il y a eu une éclaircie pour le barrage. C'était plus agréable à monter, il ne pleuvait pas alors je me suis dit " ok, on y va " ! Je suis vraiment content car elle a sauté magnifiquement. C'est d'autant plus chouette que c'est particulier ici car j'ai évolué ces dernières semaines sur des grandes pistes et on vient ici dans un concept de piste indoor. Mais ma jument est fantastique car elle a cette capacité de s'adapter directement à cela puis à un moment, quand on a des prétentions, il faut aussi aller dans le dur et ne pas se cacher, et les contraintes de la météo, il faut faire avec ! Je suis très content d'être parti et je suis ravi pour mon frère car pour lui, cela a été la galère depuis un bout de temps et le cheval a sauté magnifique. J'ai regardé son parcours à l'écran en m'échauffant. Je suis un compétiteur dans l'âme et j'aurais néanmoins préféré le battre, mais c'est un beau podium. C'est vrai qu'on a toujours dit que je n'étais pas assez égoïste et ce genre de choses pour justifier que je n'étais pas suffisamment compétiteur mais à la fin, même si je suis déçu, il faut relativiser. C'est mon frère, je suis content et c'est Rahotep, je suis ravi ! Le scénario est magnifique et si on peut le redécrire demain ou dimanche, on le réécrira. Maintenant, je suis néanmoins plus compétiteur que je ne l'ai été. Aujourd'hui, la difficulté de la lumière du jour et de la piste fait que cette victoire est vraiment méritée pour Philippe. Il fallait un bon cheval pour sortir aujourd'hui et je pense que Rahotep comme la mienne méritaient leur place. C'est comique car avec cette pluie, je n'ai pas vraiment suivi l'épreuve. Je suis allé me réfugier aux boxes. Pénélope Leprévost m'a donné quelques informations, je savais qu'il y avait 10 barragistes mais je ne savais pas qui... et j'ai découvert Philippe en arrivant au paddock ! Je viens d'avoir mon père à l'instant au téléphone et je lui ai appris la nouvelle, il était évidemment ravi ! Je suis content de voir Venezia car elle est dans une forme incroyable. Après La Baule, j'avais décidé de lui donner trois semaines de congé mais trois semaines pour des chevaux comme ça, c'est long... mais c'était mon choix. Ici, malgré les deux fautes dans l'épreuve d'hier, je suis sorti de piste avec la banane et j'ai tout de suite dit à ma groom " Je l'aime, elle est formidable ". La cerise sur le gâteau, c'est qu'aujourd'hui, c'était quand même les 125 ans du Comité Olympique et ils étaient présents sur le concours ! Avoir serré la main au président du CIO, Thomas Bach, c'est un honneur. Je lui ai dit d'ailleurs, car voir ces gens-là venir voir notre sport, c'est génial et je pense qu'ils étaient contents du spectacle qu'on leur a offert et ça, c'est encore un petit quelque chose en plus ! On doit aussi défendre notre produit et c'est vraiment un honneur de voir le président du CIO aussi."