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“Les Jeux olympiques de Paris sont un rêve”, Lucy Davis (1/2)

Lucy Davis
Interviews jeudi 25 janvier 2024 Mélina Massias

Lucy Davis est de retour ! Après avoir brillé au milieu des années 2010 sous le drapeau américain, aidant notamment son équipe à décrocher une médaille de bronze aux Jeux équestres mondiaux de Caen en 2014, puis l’argent collectif aux Jeux olympiques de Rio deux ans plus tard, la jeune femme entend bien se (re)frayer un chemin vers les sommets. Toujours aussi ambitieuse et motivée, la Californienne a posé les bases d’un tout nouveau système qui, elle l’espère, lui redonneront sa place parmi l’élite. Désormais entourée de Laura Kraut et Nick Skelton, et d’un groupe de généreux propriétaires, Lucy Davis a posé la première pierre de son édifice en s’offrant en fin d’année le génial Ben 431, lauréat de deux Grands Prix 5* avec l’Allemand Gerrit Nieberg. Également à la tête du site internet Prixview, l’amazone de trente et un ans évoque sa pause salvatrice, l’arrivée de sa nouvelle recrue, les Jeux olympiques de Paris 2024, mais aussi son intérêt pour l’élevage et la retraite dorée de son fidèle Barron. Un entretien en deux épisodes.

Ces dernières semaines ont été marquées par l’officialisation de la vente de Ben 431 (Sylvain x Quincy Jones), que montait jusqu’à présent l’Allemand Gerrit Nieberg. Comment avez-vous pris la décision d’acheter ce cheval ? 

J’ai toujours admiré ce cheval, je l’ai toujours aimé. Ben est un sauteur fantastique et il est très compétitif. Il est très rapide et a beaucoup de sang, une caractéristique que j’apprécie. J’aime ce style de chevaux. Je trouve que la famille Nieberg a aussi un système très respectable et il est agréable de savoir que Ben a été bien formé. J’ai eu la chance d’être à la recherche d’un cheval à acheter au moment où ils envisageaient de le vendre. Tout est bien tombé.

Lucy Davis et Ben 431 ont fait leurs premiers pas sur le terrain de Wellington il y a quelques jours. © Sportfot

Quelle a été votre ressenti lorsque vous avez rencontré et monté Ben pour la première fois ? C’est un cheval très spécial, avec beaucoup de sang, comme vous le souligniez…

Oui ! Je pense qu’il est très sensible. Lorsqu’il fait confiance à son cavalier, comme c’était le cas avec Gerrit, il me semble capable de tout sauter. Il l’a déjà prouvé ; j’ai donc simplement essayé de prendre mon temps et de voir s’il était enclin à m’accepter, comme on dit. Cela a matché et j’espère qu’il aimera ma façon de monter et qu’il sera partant pour s’essayer à un nouveau fonctionnement avec une cavalière ! (rires)

“J'ai toujours de grands objectifs”

Personne n’ignore que Ben 431 s’est déjà imposé dans les prestigieux Grands Prix 5* d’Aix-la-Chapelle et Hambourg. Nourrissez-vous des objectifs sportifs précis avec lui ou souhaitez-vous avant tout le présenter en compétition pour le plaisir ?

J’ai toujours de grands objectifs, et c’est pour cette raison que j’ai tout mis en œuvre pour trouver le meilleur cheval possible. J’aimerais revenir à haut niveau, celui auquel j’ai pu concourir par le passé avec Barron. Ben en est capable. Nous n’avons plus qu’à construire une relation ensemble et tenter notre chance.

En 2022, Ben 431 et son ancien cavalier, Gerrit Nieberg, sont entrés dans la légende en remportant le Grand Prix du CHIO 5* d'Aix-la-Chapelle. © Mélina Massias

Votre ambition est donc de retrouver l’équipe américaine ?

Oui !



Que pensez-vous de l’état de forme actuel de votre escouade nationale ?

Je pense que les Etats-Unis ont certains des cavaliers les plus forts du monde avec Laura (Kraut, ndlr), qui est une grande mentor pour moi, McLain (Ward, ndlr) et Kent (Farrington, ndlr). Peu importe le jour, ils sont pratiquement imbattables. Notre équipe Sénior me semble donc très solide. Je trouve qu’il y a également de nombreux jeunes et bons talents qui émergent. Tout se résume à savoir si nous sommes capables de suivre le niveau de nos cavaliers chevronnés. Je me sens simplement chanceuse d’avoir la possibilité d’essayer avec un cheval comme Ben.

L'équipe américaine, composée de Lucy Davis, Kent Farrington, McLain Ward et Beezie Madden, a été médaillée d'argent aux Jeux olympiques de Rio, en 2016. © Scoopdyga

Cette année sera marquée par les Jeux olympiques de Paris. Est-ce une échéance à laquelle vous pensez ou cela vous semble-t-il, pour l’heure, prématuré ?

Paris est un rêve. Les Jeux olympiques sont le plus grand événement de notre sport. C’est une chance pour l’équitation d’exister aux côtés de plein d’autres disciplines. C’est quelque chose pour laquelle je serai toujours motivée. Nous verrons à quelle vitesse notre couple se forme avec Ben. J’en saurais plus d’ici quelques temps. Mais bien sûr, je suis ravie et je me sens chanceuse d’avoir ce cheval et le soutien d’un généreux groupe de personnes qui m'offrent l’opportunité d’essayer. Alors, évidemment, je vais essayer !

"Les Jeux olympiques sont le plus grand événement de notre sport", estime Lucy Davis. © Dirk Caremans / Hippo Foto

“J’avais besoin de trouver une nouvelle forme de soutien pour moi dans le sport”

En parallèle de Ben, pouvez-vous compter sur d’autres chevaux ? Caracho 15, que vous montiez ces dernières saisons, pourra-t-il l’épauler ?

Malheureusement, Caracho, qui a désormais quinze ans, évolue à un niveau inférieur. Donc non, je n’ai pas d’autres chevaux, mais je suis encore en reconstruction. J’adorais composer une équipe de montures. Jusqu’à maintenant, mon attention était surtout portée sur le fait de réunir un groupe de personnes afin d’avancer avec Ben. Avec un peu de chance, avec le soutien de généreux propriétaires, nous pourrons continuer à faire grandir mon système.

Le styliste Caracho 14, dernière monture présentée en compétition internationale par Lucy Davis en 2020, n'évoluera plus à haut niveau. © Sportfot

Avez-vous déjà établi un programme pour les prochains mois avec Ben ?

Je serais basée à Wellington et nous prendrons nos marques en compétition à la fin du mois (interview réalisée 11 janvier, depuis, Lucy Davis a fait ses débuts en compétition avec Ben, ndlr). Ma position dans le classement mondial n’est pas très bonne en raison de ma pause sportive. Je vais voir quels concours s’ouvrent à moi, mais l’idée est de se lancer à Wellington.



Vous n’avez plus évolué sur la scène internationale depuis mars 2020, mais avez continué à monter en compétitions nationales. Quelles raisons vous ont poussée à prendre du recul avec le très haut niveau ?

Je pense qu’il est très difficile de se maintenir dans le sport, en particulier aux Etats-Unis. J’ai eu la chance de pouvoir le faire lorsque j’étais jeune, avec le soutien de ma famille. J’avais besoin de trouver une nouvelle forme de soutien pour moi dans le sport. J’ai pris mon temps. En parallèle, j’ai lancé une entreprise nommée Prixview, où nous rassemblons des données sur les chevaux et construisons une base de données plus large. Je voulais me concentrer sur cela pendant un moment. J’en ai ensuite profité pour vivre quelque temps à New York, puis je suis arrivée au moment où j’avais envie de reprendre l’équitation de façon plus sérieuse. J’ai pu regrouper un syndicat de propriétaires afin de vivre le sport d’une autre manière. Je suis très excitée par ce nouveau projet et je suis surtout reconnaissante envers ces propriétaires qui m’offrent cette chance, cette opportunité, notamment de commencer cette aventure avec un tel cheval.

Avec son cher Barron, Lucy Davis a parcouru les plus beaux terrains de la planète équestre, comme ici à La Baule. © Scoopdyga

“J’aime tout ce que je fais professionnellement autour d’eux, mais je pense qu’il est important d’avoir un équilibre”

Êtes-vous toujours impliquée dans la gestion de Prixview ?

Oui, nous avons toujours Prixview. Pour l’instant, je n’ai qu’un cheval. Avec un peu de chance, cela va me relancer, mais je continue à travailler sur Prixview. En parallèle, j’ai une super équipe, qui est très compétente et n’a plus autant besoin de moi. De fait, je peux me concentrer davantage sur mon équitation.

À quel point est-ce important à vos yeux de savoir prendre du recul par rapport au sport et de profiter de la “vraie vie” ?

Les chevaux sont ma passion et mon métier. J’aime tout ce que je fais professionnellement autour d’eux, mais je pense qu’il est important d’avoir un équilibre. Si l’on est chanceux, on peut pratiquer ce sport pendant de longues années. J’ai eu la chance d’aller à l’Université de Stanford, où je me suis fait de très bons amis. J’y ai rencontré mon fiancé. Il n’est pas un amoureux des chevaux ; il est programmeur dans le domaine informatique. J’estime donc qu’il est intéressant de prendre un peu de temps, mais tout n’est qu’équilibre. Lors d’une année olympique, il est peut-être préférable de se concentrer pleinement sur cet objectif. Aller à l’école, avoir des enfants et d’autres personnes dans sa vie avec qui passer du temps est toujours bénéfique. Tout le monde est différent, mais être dans un bon état d’esprit et entourée de mes proches fait de moi une meilleure cavalière. J’ai réalisé que si je voulais pratiquer ce sport sur le long terme, ce qui est le cas, sa beauté fait que l’on peut prendre une pause et revenir. Les femmes deviennent mamans, les gens font des études, se blessent, mais nous avons le luxe de pouvoir revenir. Personnellement, j’ai besoin d’un certain équilibre dans ma vie pour pouvoir continuer à monter sur le long terme. Dans tous les cas, je ne pense pas que cela fasse de nous un compétiteur moins redoutable ! (rires)

Grâce à Ben 431, l'Américaine Lucy Davis espère retrouver le meilleur niveau et pourquoi pas prendre part aux prochains Jeux olympiques, à Versailles. © Sportfot

Photo à la Une : Lucy Davis et sa nouvelle star, Ben 431, en action à Wellington. © Sportfot



La seconde partie de cette interview sera disponible demain sur Studforlife.com...