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Le CSIO 5* d’Hickstead dans les yeux d’Alexandra Fauchet, groom d’Olivier Robert

Sourire pour la team France en sortie de piste.
Reportages samedi 5 août 2023 Charlotte Denquin

La semaine dernière, Olivier Robert et son équipe ont vécu un week-end de rêve à l’occasion du CSIO 5* d’Hickstead. Double sans-faute et troisième aux côtés de l’équipe de France dans la Coupe des nations puis huitième du Grand Prix avec Iglesias D.V., l’Aquitain n’a connu aucune fausse note. Élément majeur à sa réussite, Alexandra Fauchet, sa groom, a vécu cette expérience à ses côtés. À travers ses yeux et son récit, revivez le mythique concours britannique entre périple, manque de sommeil, enjeux, joie, pression et soulagement.     

“S’il fallait retenir une phrase de ce CSIO d’Hickstead ce serait ‘ça y est, le travail paie enfin’”, annonce Alexandra Fauchet. Sur la route pour un concours national à Barbaste, celle qui épaule depuis deux ans Olivier Robert en tant que fidèle et indispensable groom est revenue sur son week-end britannique, un air enjoué dans la voix, non sans une pointe de fierté.     

Le périple d’Alexandra Fauchet pour Hickstead a débuté lundi 24 juillet. Avec trois chevaux à son bord, Iglesias D.V., Careca LS Elite et Heltic, la jeune femme a quitté Pompignac, où est installé Olivier Robert, pour Deauville, sa première étape. “Depuis le Brexit, se rendre en Angleterre est difficile. Cela nécessite des carnets ATA pour les chevaux, considérés comme de la marchandise exportée. Le passage à la douane et les contrôles vétérinaires rallongent le trajet. J’ai donc effectué une halte au haras du Barquet, chez Benjamin Ghelfi, pour y rejoindre un transporteur. Nous avons ensuite fait camion commun pour faciliter le passage des douanes ce qui m’a, au passage, permis de me reposer un peu.” raconte-elle. Arrivée lundi soir en Normandie, la Française a repris la route mardi matin, direction outre-Manche. Pour cette première étape, le train a été préféré au bateau, plus sûr en termes de météo et moins sujet aux imprévus que le passage par la mer. C’est à 15h le mardi 25 juillet que les troupes ont posé le camp au CSIO 5* d’Hickstead pour cinq jours de compétition. “L’installation a été assez simple et rapide puisque, avec le transporteur, nous avions deux mains supplémentaires! À Hickstead, tout est assez fonctionnel. Nous avons passé le contrôle vétérinaire, obligatoire depuis l’épizootie de Rhinopneumonie équine, puis avions 24h avant la visite. C’était important d’arriver assez en amont pour que les chevaux puissent se reposer, et nous aussi! Les CSIO sont des week-ends longs et intenses alors mieux vaut être en forme” ajoute-elle.      

Et si les CSIO sont des week-ends longs et intenses, ils sont également source de convivialité et d’entraide au sein d’une même équipe. Alexandra a, en l’occurrence, été plongée au cœur de la “team France”. “L’ambiance est différente. À Hickstead, le conjoint d’une des grooms de l’équipe nous a préparé le repas chaque soir. Dès que l’une de nous avait un problème, les autres étaient là et, dès la veille du départ, nous étions réunies au sein d’un groupe WhatsApp pour se donner des nouvelles durant le voyage. Il y a un véritable esprit d’équipe pour toutes les nations. Par exemple, les Suisses mangent toujours ensemble autour d’une grande table au milieu des écuries. Un soir, nous avons aussi vu les Allemands se retrouver pour jouer au Uno!” Et entre détente et convivialité, le sport s’est glissé à une place d’honneur.    



Vendredi, Coupe des nations    

Après une première journée de compétition le jeudi -qui s’est idéalement déroulée pour Olivier Robert avec trois parcours parfaits-, place à l’épreuve reine du week-end : la Coupe des nations. Si le quarantenaire et Alexandra Fauchet étaient bien loin d’en être à leur coup d’essai, ce n’était pas le cas de leur protégé, Iglesias D.V., qui n’avait, jusque-là, pris part qu’à une Coupe des nations de niveau 3*. “Lors d’une première sélection, nous n’avons pas le droit à l’erreur. J’étais stressée mais pas angoissée parce que je savais de quoi Iglesias était capable. C’était 100% adrénaline, 80% stress et 0% d’inquiétude! Deux semaines plus tôt, nous étions réservistes au CSIO 5* de Falsterbo et cela a été une préparation parfaite. Nous le savions prêt” raconte la jeune femme. Et elle ne s’y est pas trompée. Au terme des deux manches, Olivier Robert et son bai n’ont pas renversé une seule barre, signant l’un des trois doubles sans-faute de l’épreuve et sécurisant la troisième marche du podium pour l’équipe de France! “Cette Coupe a été stressante puisqu’elle n’a pas idéalement débuté avec les parcours de Grégory Cottard et Julien Anquetin. Après les sans-faute d’Olivier Perreau et Olivier Robert, nous étions en tête alors la pression est un peu montée. En rentrant en piste en seconde manche (Olivier Robert était le dernier membre du quatuor à s’élancer, ndlr), nous savions que la victoire ne serait pas nôtre mais que nous avions le droit à une barre pour rester sur le podium. Il nous fallait ce double sans-faute, d’autant plus qu’Iglesias était très à l’aise et pas du tout à l’effort (les cavaliers auteurs d’un double sans-faute sont également, à juste titre, récompensés par une prime, ndlr).” Cette performance, l’Aquitain la doit à son travail mais aussi à celui de sa groom, qui a su gérer son champion avant et pendant l’épreuve. “Entre les deux manches, j’ai juste eu le temps de le rentrer au box. Il était primordial qu’il puisse uriner, c’est comme cela qu’il fonctionne. Je l’ai simplement dessellé et laissé tranquille, demandant même aux propriétaires de s’écarter légèrement pour qu’il soit dans sa bulle.” Et ces derniers ont visiblement choisi le concours parfait pour venir voir leur protégé. Une belle récompense pour toute cette équipe qui n’a pas connu que des moments joyeux avec cet étalon si délicat. “Il y a eu quelques larmes lorsqu’on s’est rendu compte de la performance! C’était très particulier, nous revenons de si loin, c’était inimaginable il y a encore quelques mois. Pour les propriétaires aussi, qui l’ont depuis longtemps, la route a été longue. Cette performance a fait chaud au cœur de beaucoup de personnes” conte aussi Alexandra Fauchet, pleine d’espoir pour la suite de la carrière du bai.   

Iglesias D.V. lors de la Coupe des nations. © Maxime David

Et si la jeune femme est si émue, c’est qu’elle a tissé un véritable lien avec le KWPN même si, elle l’avoue, son cœur penche plutôt pour son voisin de box! “Je suis très attachée à Iglesias, nous avons vécu tant de choses, même si ce n’est pas celui qui a le plus de place dans mon cœur! Il s’agit plutôt d’un petit alezan tacheté du nom de Careca (LS Elite, ndlr)! Olivier le sait d’ailleurs très bien, mais ce sont des choses qui ne s’expliquent pas (rires).”   

Pour autant, malgré une belle victoire, l’heure n’a pas été aux grandes fêtes du côté de l’Angleterre. “La Coupe des nations a duré jusque tard et nous, grooms, avons terminé vers 20h30. Les organisateurs du concours avaient initié un immense barbecue dans leur jardin ouvert à tous mais nous savions que nous arriverions trop tard. Nous avons alors simplement pris un verre avec les cavaliers et membres du staff fédéral encore présents mais le sentiment était mitigé puisque tous n’étaient pas pleinement satisfaits des performances individuelles.”  




Samedi, repos et animation    

Pour Alexandra Fauchet et le reste de la team France, samedi a rimé avec repos et découverte des lieux. “Seul Careca a concouru dans une épreuve à 1,50m le samedi matin. Il a d’ailleurs mis à terre la seule barre du week-end. Olivier a ensuite détendu Iglesias mais nous ne souhaitions pas faire plus en prévision du Grand Prix du dimanche. Le reste de la journée, nous avons dormi! Nous avions tous cette fameuse épreuve à 10h alors, à partir de 13h, nous avons déjeuné tous ensemble puis sommes partis dormir. Peu importe le concours, si vous vous aventurez aux écuries durant les heures creuses, vous pouvez être sûr de nous trouver sur des transats en train de dormir (rires)! Ces moments servent à nous reposer et, d’ailleurs, les cavaliers le savent puisqu’ils nous laissent tranquille lorsqu’il n’y a pas d’épreuve.” Et si la récupération a occupé une grande partie de cette cinquième journée, la Française, adepte des visites, en a également profité pour assouvir ses envies d’ailleurs. “Lorsque je suis en concours, l’une des premières choses que je fais est de regarder sur un plan les choses à visiter aux alentours. Malheureusement, Hickstead est totalement perdu, il n’y a pas grand-chose et Londres est assez loin! De plus, les CSIO nous prennent beaucoup de temps. Rien que la Coupe des nations nous occupe pendant cinq heures! Cependant, comme Falsterbo, Hickstead est un véritable show. Le saut d’obstacles est inclus au milieu du dressage, du hunter, de concours de race... Il y a des shetlands et des poneys partout, des chevaux de trait, des personnes déguisées… Nous voyons des choses qui sortent de l’ordinaire, certaines disciplines que je ne connaissais même pas! Il y avait même de véritables compétitions de Hobby Horse, ces enfants qui sautent des obstacles avec un bâton auquel est attaché une tête de cheval, quelque chose qu’on ne verra jamais en France!”  Alexandra Fauchet a une relation particulière avec Careca LS Elite, ici à Valence. © Sportfot



Dimanche, jour de Grand Prix    

Après un double sans-faute dans la Coupe des nations, dimanche, pour le Grand Prix, les attentes étaient grandes. “Après Falsterbo, on nous avait évoqué les championnats d’Europe (qui se tiendront à Milan du 29 août au 3 septembre, ndlr) alors, avec un double zéro le vendredi, nous avions gardé cela dans un coin de notre tête. D’ailleurs, en sortant de son premier tour, Olivier a dit ‘au milieu du parcours, je me suis dit que si je continuais à être sans-faute, j’avais une chance d’aller à Milan, donc je me suis mis à mal monter!’ (rires)”. Et malgré cela, les clés du parcours parfait ont été trouvées par le membre de l’équipe de France et son bai, direction le barrage. “Nous savions qu’il fallait être à la hauteur dans ce Grand Prix. Iglesias était tellement dernièrement que, inconsciemment, nous n’avons pu nous empêcher de penser aux championnats d’Europe” détaille Alexandra. Alors lorsqu’Olivier Robert est retourné une dernière fois en piste pour le barrage, tous les espoirs étaient permis, notamment parce qu’en cas de parcours parfait, le podium était assuré. “Nous étions les avant-derniers à nous élancer et il n’y avait qu’un seul double sans-faute. Iglesias n’est pas encore capable d’être rapide mais est très respectueux alors l’objectif était d’assurer. Nous étions tellement persuadés que c’était à sa portée que, lorsque deux barres sont tombées, nous avons presque été déçus. Cependant, nous avons rapidement relativisé. Produire trois parcours sans faute à ce niveau, à seulement dix ans, est déjà une incroyable performance.”    

Week-end parfait pour Iglesias D.V., huitième du Grand Prix! © Maxime David

Finalement huitième de ce Grand Prix, Iglesias D.V. a ensuite pu profiter des soins prodigués par sa groom. “Je l’ai douché et shampooiné puis rafraichi pare que, malgré la pluie, l’atmosphère était lourde. Il a ensuite eu de la glace, une couverture de massage, un autre fait par mes soins à l’arnica, une seringue pour la récupération musculaire et a surtout pu manger. Nous rentrions en bateau et avions un contrôle vétérinaire le lendemain matin alors nous avons pu prendre notre temps et laisser les chevaux se reposer avant de partir.” Et puisque la Française a un goût pour les voyages de nuit, c’est à minuit qu’elle a repris la route du retour. “Nous sommes arrivés à 7h30 en France pour un contrôle vétérinaire à 8h30. Nous avons repris la route deux heures plus tard et sommes arrivés à Deauville en début d’après-midi. J’ai ensuite laissé les chevaux quelques heures au box ce qui leur a permis de se reposer et de manger leur dernier repas avant de rouler de nuit.” Et si la jeune femme apprécie tant de rouler la nuit, au détriment de son sommeil, c’est surtout pour le confort de ses protégés. “Ils n’ont pas de repas et ne boivent pas la nuit, comme les humains. En roulant la nuit, ils ne loupent rien. Si j’avais choisi d’effectuer un voyage de dix heures en pleine journée, ils auraient loupé au moins un repas et deux rations de foin. C’est plus contraignant pour nous mais c’est pour cela que les siestes sont importantes, pour rattraper ces nuits blanches!”    

Et si elle affirme que son voyage n’a pas été plus fatiguant qu’un autre, Alexandra Fauchet a certainement été aidée par les émotions vécues pendant ce week-end britannique pour s’en remettre. Ainsi, elle affirme que les deux parcours parfaits délivrés pendant la Coupe des nations ont été son moment préféré de cette compétition, à juste titre. “Nous savons tous que nous revenons de loin, rien n’était acquis ni facile. Nous avons encore du chemin à parcourir mais, si Olivier ne se trompe pas dans son planning et que j’effectue correctement mon travail, nous serons en mesure d’avoir Paris dans un coin de notre tête. Ça y est, le travail paie enfin.”          

Photo à la Une : Henk Nooren, Sophie Dubourg et Alexandra Fauchet accueillent Olivier Robert et Iglesias D.V. © Pierre Quevedo / Rinia