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Landon et Kent Farrington forment le meilleur couple de l’année 2023

Landon
Sport mardi 9 janvier 2024 Mélina Massias

Difficile de trouver des défauts à Crack de Nyze, alias Landon. Double médaillé aux derniers Jeux panaméricains sous la selle de Kent Farrington, l’alezan, pépite de la famille Nijs qui l’a élevé en Belgique avant de la vendre outre-Atlantique, a brillé aux quatre coins de l’Amérique, remportant notamment le Grand Prix 5* de San Miguel de Allende en 2023, ainsi qu’une autre épreuve à barrage à Calgary. Le Zangersheide devance, au classement final, un Selle Français Originel et un autre Zangersheide, tous deux sous selle française.

Chaque mois, la Fédération équestre internationale (FEI) publie divers classements. Le plus connu d’entre eux est évidemment celui des cavaliers, qui a propulsé, voilà dix-huit mois, Henrik von Eckermann sur le toit du monde. Mais l’équitation étant le seul sport individuel qui se pratique à deux, l’instance mondiale se penche aussi sur les performances des meilleurs couples. Alors que le bouillonnant Dexter Fontenis trônait en tête de cette hiérarchie en octobre dernier, après d’excellentes performances sous la selle de Simon Delestre, Landon et Kent Farrington ont pris le relais en novembre… et en décembre. L’alezan par Comilfo Plus et son pilote américain ont ainsi été les meilleurs entre le 1er janvier et le 31 décembre 2023.

Landon dans ses œuvres à Calgary. © Sportfot

Il faut dire que ces deux-là se sont bien trouvés et surtout qu’ils ont réalisé une ascension phénoménale au plus haut niveau. Si l’Europe n’a eu que de(ux) - trop - rares occasion d’admirer Landon, pourtant si bien nommé par son naisseur Danny Nijs, qui l’avait originellement baptisé Crack de Nyze, au plus haut niveau, l’Amérique a eu l’occasion de le voir briller à de nombreuses reprises au cours de l’année 2023. Son fait d’arme majeur la saison dernière ? Deux médailles décrochées aux Jeux panaméricains de Santiago, rien de moins ! En argent en solo, et en or par équipe, permettant par la même occasion au Stars and stripes de décrocher son ticket pour les Jeux olympiques de Paris, le fils de Comilfo Plus a prouvé qu’il avait la carrure pour affronter un grand championnat et, pourquoi pas, marcher dans les traces de Gazelle Ter Elzen, Austria 2 ou Voyeur. 

Aux Jeux panaméricains de Santiago, Landon et Kent Farrington ont remporté deux médailles. © Mackenzie Clark / FEI



Né à Arendonk, tout près de la frontière entre la Belgique et les Pays-Bas, Crack de Nyze, est la pépite de la famille Gijs, qui le suit d’aussi près que possible depuis sa vente aux Etats-Unis. Formé par le Belge Niels Fockaert, l’alezan n’a jamais caché son talent. “Nous lui avons trouvé le nom parfait. Crack de Nyze. Parcours incroyable pour lui aujourd’hui. Bravo Niels”, écrivait déjà Jens Nijs sur Facebook le 20 septembre 2019. Moins d’un an plus tard, il ajoutait : “Il continue de nous surprendre avec ces capacités irréelles”. Ce “véritable phénomène” n’a jamais faibli depuis ses jeunes années. Lancé sur la scène internationale en 2019, à l’occasion des championnats du monde Lanaken, le BWP a enregistré un nombre de sans-faute impressionnant, jusqu’à séduire un certain Kent Farrington, dès le printemps 2021. Sans brûler les étapes, l’Américain a conduit son crack, entre temps renommé Landon et tristement dépossédé de son affixe de naissance, au sommet, ou presque. Désormais âgé de onze ans, le hongre semble encore avoir une marge de progression, mais ses prestations et résultats parlent pour lui. Des sans-faute et classements à la pelle jusqu’à 1,60m, une première victoire internationale, lors d’un Grand Prix 3* à Wellington, voilà à peine moins d’un an, et une régularité impressionnante au plus haut niveau.

Le bien nommé Crack de Nyze a été formé par Niels Fockaert. © Sportfot

“J’ai Landon depuis la fin de son année de sept ans. Il devient vraiment performant. Il a déjà remporté deux Grands Prix 5* et sautait de mieux en mieux à mesure que la semaine avançait”, déclarait Kent Farrington à la fin de son aventure chilienne. “C’est un athlète incroyable. On peut voir qu’il se bat et finit très fort. Il est assez vert à ce niveau et a montré son inexpérience un peu plus tôt dans la semaine, mais il s’est ressaisi aujourd’hui sur un parcours bien plus difficile. Je suis ravi de sa performance. Il a fait de grands progrès et je suis heureux que nous ayons qualifié l’équipe américaine pour les Jeux.” Et de compléter, un peu plus tôt dans l’année : “J’ai pris mon temps avec lui. J’essaye d’être très pragmatique et d’oublier toute forme d’égo dans mon approche avec les chevaux. Je les engage dans les épreuves pour lesquelles ils sont prêts. Mes chevaux me disent s’ils sont prêts à aller plus loin, où s’ils ont besoin de prendre un peu de recul. Je les laisse tout simplement prendre les décisions. Landon est un sauteur incroyable et je crois qu’un grand futur l’attend.”

En prenant son temps, Kent Farrington a su préserver tout le potentiel de son Crack, avant de le révéler aux yeux du grand public en 2023. © Sportfot

Né en 2013, Landon est le premier produit de sa mère, Indigo van Meulenberg. Cette fille de Quadrillo et petite-fille de Wendekreis a elle-même évolué jusqu’à 1,40m. Depuis les prouesses de son premier produit, six autres poulains sont enregistrés sur la base de données Horsetelex : trois pour le cru 2022 et autant pour celui de 2023. Sûrs d’eux, les Gijs ont d’ailleurs reproduit cinq fois sur six leur croisement magique avec Comilfo Plus, le sixième descendant de la star de l’élevage étant un fils de Mumbai van de Moerhoeve. Relativement discrète, la famille maternelle de Landon a produit quelques bons chevaux : Kingston et Kingstar, deux frères utérins d’Indigo par Tangelo van de Zuuthoeve qui ont concouru jusqu’à 1,45 et 1,40m, ainsi que Whisper, gagnant en Grand Prix 4* avec Jeroen Dubbeldam. 

Whisper, la tante de Landon, a connu de belles heures avec le Néerlandais Jeroen Dubbeldam. © Dirk Caremans / Hippo Foto



Fort de ses nombreuses réussites en 2023, Landon a logiquement achevé l’année en tête du classement par couples… et permis à son pilote de retrouver le haut du classement mondial des cavaliers. En 2024, l’attachant alezan à l’indéniable talent devra confirmer face à une concurrence plus féroce. Si le niveau outre-Atlantique est tout sauf faible, l’alezan a montré son manque d’expérience à Spruce Meadows, et n’est venu en Europe qu’à deux reprises depuis son passage sous couleurs américaines, à chaque fois au CSI 5* de Windsor. À Paris, le formidable BWP devrait en tout cas être l’une des grandes attractions de l’événement. 

Donatello d'Auge est le deuxième meilleur cheval de 2023 selon le classement de la FEI. © Dirk Caremans / FEI

Preuve de son ascension fantastique, Landon a devancé au classement final de 2023… Donatello d’Auge ! Le Selle Français Originel, partenaire de Julien Epaillard, a une expérience assez nettement supérieure à celle de son rival. Même s’il a observé plusieurs pauses cette saisons, le fils de Jarnac a tout de même remporté huit épreuves à 1,60m ces douze derniers mois, dont trois Grands Prix 5* sur le Vieux Continent et le temps fort individuel du CSIO 5* de Barcelone. À tout cela, s’ajoute une participation à la finale du circuit de la Coupe du monde Longines au printemps dernier, à Omaha. Issu de la même génération que Landon, le bai brun a pourtant enregistré moins de points, selon le calcul de la FEI. Idem pour Dexter Fontenis, troisième et… lui aussi né en 2013 ! Sous la selle de Simon Delestre, le bouillonnant fils de Diarado, inscrit, comme Landon, au stud-book Zangersheide, a éclos au grand jour en 2023, sortant de l’ombre de son voisin de box, Cayman Jolly Jumper, un peu plus en retrait la saison dernière. Très régulier et au départ de nombreux parcours, le protégé de la famille Hochstadter a tout pour briller encore plus dans les années à venir. 

Meilleur cheval du monde en octobre, Dexter Fontenis achève l'année en troisième position. © Mélina Massias



Le Top 10 est composé d’autres chevaux de grande classe, à commencer par Cepano Baloubet. Pas tout à fait aussi époustouflant que United Touch S, le jeune alezan est entré dans la cour des très grands ces derniers mois, sous la selle de son génie de cavalier, Richard Vogel. À Wellington, Aix-la-Chapelle ou au Mexique, le fils de Chaman, né Soekot, n’a rien manqué. Même constat pour une fille directe de Baloubet du Rouet cette fois : Dubaï du Cèdre. Médaillée de bronze aux derniers championnats d’Europe de Milan, l’alezane de Julien Epaillard est la meilleure jument de cette hiérarchie. Née chez Perrine Cateline et Sylvain Pitois, et formée en partie par Margaux Rocuet, la belle a déployée ses ailes et pourrait bien s’envoler pour Paris dans quelques mois. Autre fleuron de l’élevage tricolore, Dzara Dorchival, pépite de Sébastien Fonck, est sixième. Elle devance nul autre que King Edward Ress, son voisin d’écurie ! Préservé, le double champion du monde a tout de même brillé à Omaha, remportant la finale avec le numéro un mondial Henrik von Eckermann, et dans plusieurs autres Grands Prix 5*. L’air de rien, le plaisant Elysium, né Ziroquado T, poursuit son bonhomme de chemin et pourrait bien remettre Hans-Dieter Dreher au centre du jeu pour la Mannschaft, qui semble retrouver une vraie profondeur d’effectif, à tout point de vue. Jeune et pétri de talent, Odense Odeveld pointe au neuvième rang. Sacrée performance pour ce fils de Diamant de Semilly, qui a également permis à l’Italie, avec la complicité de son cavalier, Emanuele Camili, de décrocher un billet individuel pour les Jeux de Paris. Enfin, le Top 10 est fermé par le brillant Monaco, indéfectible partenaire du Néerlandais Harrie Smolders.

Le jeune Odense Odeveld, âgé de neuf ans seulement en 2023 tout comme Cepano Baloubet, a réalisé une belle progression en fin de saison dernière. © Dirk Caremans / FEI

Le classement complet.

Photo à la Une : Kent Farrington et Landon à Calgary. © Sportfot