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La Suède remporte son bras de fer avec l'Europe à Milan, dans un championnat plein de surprises

Wilma et Cicci
Sport vendredi 1 septembre 2023 Mélina Massias

Quel dénouement pour la compétition par équipe à Milan ! Les trente-septièmes championnats d’Europe de l’histoire ont sacré… la Suède, pourtant privé de quelques-uns de ses leaders - et pas des moindres - au terme d’une folle après-midi de sport. Attendue sur le podium, la Suisse a obtenu sa qualification olympique pour Paris de justesse, tandis que l’Irlande a maintenu le cap pour s’emparer de l’argent, et que l’Autriche a surpris son monde sans faire de bruit pour se hisser sur la troisième marche du podium. En individuel, Jens Fredricson reste aux commandes du classement avec Markan Cosmopolit et est désormais talonné par Steve Guerdat sur une Dynamix de Bélhème toujours bien au-dessus du lot, et Michael Duffy, aux rênes de sa fantastique Cinca 3.

La Suède est définitivement une nation à part. Sur une autre planète, les cavaliers d’Henrik Ankarcrona ont signé, vendredi 1er septembre à Milan, un triplé historique. Les Jeux olympiques de Tokyo, décalés en 2021, les championnats du monde de Herning, en 2022, et désormais, les Européens de Milan. Pourtant, bien malin celui qui aurait prédit un tel succès à cette escouade profondément renouvelée depuis ses deux derniers titres, et surtout défaite de trois leaders : King Edward Ress, d’abord, mais aussi Malin Baryard-Johnsson et Peder Fredricson. Qu’importe, Iliana, Wilma Hellström et Rolf-Göran Bengtsson, qui est tout sauf un bleuet à ce niveau, se sont montrés plus qu’à la hauteur, aux côtés d’un Jens Fredricson toujours impérial aux rênes de son expérimenté Markan Cosmopolit. À moins d’un an des Jeux olympiques de Paris, le chef d’équipe des Suédois a tout intérêt à garder bien au chaud le secret qui lui permet de dominer tous ces adversaires, quelles que soient les circonstances, les conditions, et les enjeux.

La Suède, une nouvelle fois sur la première manche du podium d'un grand championnat. © Mélina Massias

La Suisse a eu chaud, mais Steve Guerdat maintient le cap vers l’or

Dans la course aux médailles, et aux qualifications olympiques, la bataille fut rude. Sur un parcours exigeant, que seuls onze des quarante-cinq couples au départ ont bouclé sans pénalité, avec la fatigue déjà accumulée et la chaleur ambiante de plus en plus pesante, quelques cadors ont craqué, laissant plus ouvert que jamais un scénario extrêmement palpitant. Forfait de dernière minute, ne sentant pas son Stargold à 100% malgré aucun signe de boiterie, Marcus Ehning a laissé son équipe à trois. Quelle décision et quelle belle preuve, une nouvelle fois, de la part de cet immense Homme de cheval. Combien de ces homologues, sachant l’or à portée de main, auraient tenté le tout pour le tout et serré les dents en espérant que cela passe ? Certainement quelques-uns. Ce choix n’a alors laissé que peu de chance à la Mannschaft, surtout face à la concurrence féroce qui était à ses traces et n’attendait rien de plus qu’un faux pas pour se saisir de sa chaire. Même si les trois duos restants se sont battus avec leurs armes, la “médaille” en chocolat du soir laisse un goût amer. Avec son fantastique Zineday, qui survolait jusque là la compétition, Philipp Weishaupt a essuyé une faute malheureuse, qui le relègue hors du podium avant la finale. Pas plus de réussite pour Jana Wargers et Limbridge, sanctionnés de huit points. En difficulté sur ses deux derniers parcours, Gerrit Nieberg s’est cette fois bien racheté, en montant qu’on pouvait compter sur lui dans les moments difficiles. Evidemment ses quatre points concédés avec Ben 431 est plus que regrettable, puisqu’il a coûté le bronze aux Germaniques, mais, toute chose mise en perspective, il n’est pas catastrophique. 

Zineday et Philipp Weishaupt ont montré un premier (tout petit) signe de faiblesse aujourd'hui. © Mélina Massias



Comme l’Allemagne, la Suisse s’est avouée vaincue. Grande favorite au titre, en raison de sa folle saison en Coupes des nations, de ses solides équipiers, plein de fougue et de détermination, et surtout de son besoin de se qualifier pour Paris, la nation a vécu un jour sans. Huit points pour Bryan Balsiger et Martin Fuchs, associés à Dubai du Bois Pinchet et Leone Jei, né Hay El Desta Ali, et douze pour Edouard Schmitz, bien à la peine cette semaine avec son Gamin van’t Naastveldhof. Heureusement, un homme a limité le naufrage en claquant, d’entrée de jeu, un nouveau parcours parfait, dans tous les sens du terme. Steve Guerdat, qui d’autre, a maintenu les siens à flot avec sa Dynamix de Bélhème volante, qui pourrait bien faire voler quelques éclats de joie chez la famille Aimez dimanche. Tous les superlatifs ne suffiraient pas à qualifier les parcours, les démonstrations plutôt, qu’enchaîne cette princesse à l’immense talent. Deuxièmes avant la finale, et qualifiés pour Paris, Steve et Dynamix savent ce qui leur reste à faire. 

Steve Guerdat et Dynamix de Bélhème survole chaque obstacle qui se dresse sur leur route. © Mélina Massias

Sixième, derrière la valeureuse équipe espagnole, cinquième et au sein de laquelle Armando Trapote et Tornado VS se détachent après deux sans-faute magistraux, et les brillants Autrichiens, en bronze, la Suisse a acquis l’ultime ticket qualificatif pour les prochains Jeux olympiques mis en jeu en Italie. Alors que l’elle avait ses chances devant les siens, l’Italie a faibli, pour terminer en queue de peloton. Même Emanuele Camilli, pourtant si bien parti avec son Odense Odeveld, n’a rien pu faire. Cependant, pas question de blâmer cette toute jeune paire, ni même la Squadra Azzura, qui a montré de belles choses pour l’avenir. À charge de revanche, les Transalpins auront encore une occasion à saisir, dans un mois, à Barcelone.

Quelle incroyable remontada pour Armando Trapote, mal parti dans la Chasse et auteur d'un sublime double sans-faute dans la Coupe des nations ! © Mélina Massias

Septièmes, les Pays-Bas n’ont guère mieux fait que depuis le début de la semaine et le début de leur saison extérieure, à l’exception de leur victoire à Rotterdam. Avec plusieurs couples en formation, les Oranje étaient sur courant alternatif. Jur Vrieling, jusqu’alors dans les clous avec Long John Silver 3, a essuyé deux fautes, qui devraient rincer tout espoir de médaille. Harrie Smolders, si régulier en Grands Prix 5*, a enfin arraché un sans-faute en compagnie d’Uricas vd Kattevennen, tout comme Willem Greve, toutefois sanctionné d’un point avec son très démonstratif Highway M TN. Les compatriotes de Maikel van der Vleuten, qui a quitté le ring avec six points aujourd’hui sur O'Bailey vh Brouwershof. 

Harrie Smolders a retrouvé son Uricas vd Kattevennen dans ses standards habituels. © Mélina Massias



Pas plus à son avantage que ses voisins bataves, la France termine huitième, sauvée par un sans-faute de Simon Delestre et Dexter de Fontenis, qui semble être enfin redevenu lui-même, et un parcours à quatre points de Julien Epaillard et la surprenante Dubaï du Cèdre, qui les maintient en course au classement individuel. Neuvième, la Grande-Bretagne ne tirera pas un bilan très glorieux de ce rendez-vous continental. Seul son leader Ben Maher répond présent avec Faltic HB, auteur de l’un des cinq doubles zéro de la Coupe des nations et cinquième en individuel. 

Ben Maher et Faltic HB sauvent, pour l'heure, les meubles pour la Grande-Bretagne. © Mélina Massias

L’Irlande et l’Autriche, dauphins de la Suède

La fantastique équipe de Suède, portée par une Wilma Hellström magistrale sur sa reine Cicci BJN, sans-faute, un Jens Fredricson froid comme la glace et toujours en pole position sur Markan Cosmopolit, et un Rolf-Göran Bengtsson pas impressionné par l’enjeu sur son tendre Zuccero, est la seule à avoir conservé son score de la veille ! Le quatre points encaissé par le numéro un mondial Henrik von Eckermann sur l’ultime vertical, surmonté d’une palanque, aux commandes d’Iliana, n’a même été comptabilisé. Résultat, encore une fois, les Scandinaves ont trôné sur l’or de la tête et des épaules. Et dire que leur réservoir de couples de très haut niveau pouvait paraître maigrichon il y a quelques temps… Désormais, les Suédois, peu importe leur composition d’équipe, sont les concurrents à abattre. Et pour l’heure, personne n’y parvient, tant leur suprématie semble tout droit venue d’un autre univers. 

Jens Fredricson envoie un baiser au public, tout de jaune et bleu vêtu, après un troisième sans-faute signé grâce à Markan Cosmopolit. © Mélina Massias

Double câlin croisé au paddock pour le clan suédois ! © Mélina Massias

Pour les fans du Holstein, voir Zuccero rivaliser à Milan est tout sauf une surprise. © Mélina Massias

Sur le podium, les quatre mousquetaires d’Henrik Ankarcrona ont tout de même fait un peu de place aux excellents collectifs irlandais et autrichiens. Côté Irlande, tout le monde s’est montré plutôt régulier. Trevor Breen, Shane Sweetnam et Eoin McMahon ont tous concédé quatre points avec Highland President, CSF James Kann Cruz - aussi surprenant que cela puisse paraître ! - et Mila 64, née Mank. Michael Duffy et sa fantastique Cinca 3, dont la montée en puissance a tout particulièrement été remarquée cette saison, ont continué sur leur lancé avec un nouveau score parfait. En plus de l’argent collectif, le duo pourrait ainsi glaner une autre breloque, cette fois en individuel. Avant la seconde inspection vétérinaire et les potentiels deux tours de la finale dominicale, ils pointent en troisième position, à 2,18 unités de la tête. 

Aujourd'hui, CSF James Kann Cruz a prouvé au monde entier que personne, pas même l'un des meilleurs chevaux du monde, n'est infaillible. © Mélina Massias

L'équipe irlandaise en argent à Milan. © Mélina Massias

Pour le bronze, l’Autriche a pris le meilleur. Surprenante, pétillante et rafraîchissante, cette équipe a tout donné. Soudés et déterminés, ses membres ont été plus qu’à la hauteur. Les performances de Gerfried Puck, Katharina Rhomberg, et Alessandra Reich n’ont nullement été éclipsée par celle de l’habituel leader, Max Kühner, auteur d’un excellent sans-faute sur Elektric Blue P. Associés à Naxcel V, Cuma 5 et Oeli R, tous trois ont fait le travail. Le premier duo a enregistré deux points de temps, là où Cuma 5 en a ajouté douze à son compteur, après avoir réalisé un tour impeccable la veille. Enfin, en conclusion, Alessandra et sa jeune jument ont tout juste effleuré une barre. Au paddock et sur le podium, cette belle équipe, emmenée par Angelika May, l’une des rares cheffes d’équipes féminines, au même titre que l'indéboulonnable Di Lampard, affichait un large sourire ô combien plaisant. En plus de leurs médailles, les Autrichiens se sont qualifié haut la main pour Paris, où il faudra assurément compter sur eux. 

Gerfried Puck et Naxcel V confirment toutes les bonnes choses entrevues ces derniers mois. © Mélina Massias

Belle première pour la toute jeune Oeli R, médaillée de bronze par équipe ! © Mélina Massias

Sur le podium, l'escouade d'Angelika May avait l'insouciance, l'innocence et la joie d'une équipe Junior. © Mélina Massias



Trois nouvelles médailles pour se consoler ou doubler la mise

Dimanche, ils seront vingt-cinq à se voir offrir une dernière chance - pour se rattraper ou confirmer. S’il y a d’ores et déjà quelques forfaits à prévoir parmi les vingt-cinq premiers du classement individuel actuel, à commencer par Martin Fuchs, qui ne devrait pas imposer de parcours supplémentaire à son doux géant Leone Jei, l’enjeu reste immense.

L’enjeu et la pression, justement, Olivier Perreau ne semble pas les ressentir. Retardée de plusieurs bonnes minutes, en raison d’un souci de ferrure au paddock, son entrée en piste n’en a été que plus belle. Une à une, les difficultés ont semblé des formalités pour le couple qu’il forme avec la toute jeune GL Events*Dorai d’Aiguilly, une fille, comme l’étalon Eldorado vd Zeshoek, de la géniale Bijou Orai. Le Français semble tellement surnager dans le grand bain, que son point de temps échappé en route, loin, très loin même d’être dramatique, l’a fortement déçu ! À la réception de l’ultime vertical du tracé, il s’est tapé la tête, l’air de dire que cette microscopique erreur était évitable. Qu’importe l’issue de la finale, qu’il démarrera au quatrième rang dimanche, le cavalier, éleveur et propriétaire de sa jeune pépite a déjà tout gagné à Milan. Et, pour Paris, la paire devra(it) entrer dans les plans du sélectionneur.

Olivier Perreau et sa Dorai d'Aiguilly, qui est née chez lui, vivent un conte de fée à Milan. © Mélina Massias

Devant le Tricolore, trois duos se tiennent sur le podium : Jens Fredricson et Markan Cosmopolit en tête, Steve Guerdat et Dynamix de Bélhème derrière, ainsi que Michael Duffy et Cinca 3. Ces quatre là se tiennent en moins d’une barre, avec le champion olympique en titre : Ben Maher. Son Faltic HB, auteur d’une Chasse un peu en deçà, le Britannique semble en pleine forme. Suffisamment pour se venger de sa médaille en chocolat d’Herning ? Wait and see. Philipp Weishaupt, Julien Epaillard, Henrik von Eckermann, Christian Kukuk, Max Kühner et Shane Sweetnam ne sont pas loin non plus avec Zineday, Dubaï du Cèdre, Iliana, Mumbai van de Moerhoeve, Elektric Blue P et CSF James Kann Cruz. Avant d’en découdre en piste, tout ce beau monde devra avoir le feu vert des officiels pour concourir, à l’issue de l’inspection vétérinaire de samedi. La route est donc encore longue, et ce, pour tout le monde. 

Bluffant et froid comme la glace, Michael Duffy est bien parti avant la finale individuelle avec sa fantastique Cinca 3. © Mélina Massias

Le bonheur de Wilma Hellström face au public. © Mélina Massias

Le classement complet par équipe ici.
Le classement complet individuel provisoire ici.

Photo à la Une : La Suède a décroché une nouvelle médaille d'or. © Mélina Massias

Toutes les épreuves des championnats d’Europe de Milan sont à (re)voir sur Clipmyhorse.tv.