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Jos Kumps, l'ombre du succès.

Reportages vendredi 11 novembre 2016 Julien Counet

Dernier volet de notre rencontre avec Jos Kumps.

Aujourd'hui, comment faites-vous pour sélectionner les gens avec qui vous voulez bien travailler ?

« J'ai toutes sortes de clients mais il faut avant tout que cela colle avec les gens. Ce n'est pas que je sois bon et que les autres sont mauvais, mais il ne faut pas espérer être aimé par tout le monde. Jan Tops m'a demandé de travailler pour lui il y a 20 ans mais je savais que ça ne servait même à rien d'essayer. Ca allait avec monsieur Pessoa car monsieur Pessoa est vraiment un très bon cavalier qui a réfléchi et qui a surtout beaucoup de qualités tout court. Depuis 1983 où nous travaillons ensemble, nous n'avons pas eu une seule dispute. Pas une seule fois. Je suis sûr que si je fais la même chose chez Jan Tops, il y aura une dispute dès le premier jour car il aura trouvé quelque chose, avec monsieur Pessoa, jamais. Avec Rodrigo, nous nous sommes emportés deux fois lorsqu'il était plus jeune… mais c'est parce qu'il était jeune. Ca dépend l'approche des gens et ça se sent tout de suite. »

Le travail à long terme, c'est une chose importante à vos yeux ?

« Oui, je pense que c'est important mais c'est aussi essentiel de pouvoir avoir un suivi régulier plusieurs fois par semaine. Si c'est fait de manière aléatoire, ce n'est pas intéressant, il faut qu'il y ait un certain impact. Pour cela, mes meilleurs clients sont Doda de Miranda et Gudrun Patteet et évidemment précédemment les Pessoa. »  

Pourquoi avoir décidé de revenir aux écuries d'Ecaussines avec ce projet de lancer ici une académie ? Vous voulez réaliser un peu ce que vous avez pu vivre en Angleterre ?

« Oui en quelque sorte. Il y a plusieurs raisons évidemment. La première est sans aucun doute que je suis fatigué de tous ces voyages et ce temps passé en voiture. Je préférerais centraliser cette activité avec d'un côté un intérêt profond pour tout ce qui est technique et de l'autre, des convictions concernant la manière de faire, certaines approches … et j'ai vu l'importance de cela tellement de fois que ce soit avec les Pessoa, avec Eric Levallois et Diamant de Sémilly, avec Andrea Herholdt et Nanta ou encore avec une jeune cavalière philippine qui montait à Sydney une jument qui s'appelait Ghandi et qui était réputée pour son côté difficile et elle était sans faute en première manche à la surprise de pas mal de grands professionnels. Et ça, c'était mon diplôme finalement ! Je ne suis pas un sorcier mais j'avais vu quelque chose et c'est aussi la raison pour laquelle je veux rester proche de l'équitation de haut niveau car je veux rester près de ce miroir. »

Que peut-on vous souhaiter pour l'avenir ?

« La première chose, c'est la chance de pouvoir continuer à travailler. Avoir la santé pour pouvoir continuer, c'est un pur bonheur. J'avais compris très jeune que je n'aimais pas l'école, c'était cinq jours où vous attendiez le week-end pour pouvoir faire ce que vous vouliez et le service militaire, c'était pire encore ! Mais aujourd'hui je peux faire quelque chose dans lequel je crois vraiment. A part avec mes deux fils, jamais je n'ai eu entièrement la main sur une écurie puisqu'il y a aussi le passage du vétérinaire qui a une autre façon de gérer les choses. Il y a des cavaliers pour qui vous travailler des chevaux sur le plat et où vous savez qu'ils ont beau être fantastique en piste, ils vous les rendront toujours un niveau plus bas. Par contre, avec mes fils Alex et Victor, j'ai pu exprimer mes idées sur le suivi vétérinaire, d'entraînement… etc. Durant toutes ces années, j'ai pu suivre des cavaliers avec un suivi vétérinaire minimum, comme Michel Robert, ou extrême comme Doda pour en nommer un. Nous ne sommes pas au top niveau évidemment mais je peux juger les chevaux qu'ils ont et cela fait partie de la conviction. Je veux que ce soit une discipline quotidienne pour moi. J'entends par discipline quelque chose à laquelle vous vous pliez avec un réel miroir qui est le cheval parce qu'il ne peut pas être hypocrite. Tous les jours vous faites un « reality check ». Je trouve que c'est une belle manière de vivre surtout quand on peut le faire avec ses enfants.

Transmettre tout cela est important à mes yeux, nous faisons partie d'un dernier bastion à nous battre contre certaines dérives vers lesquelles les sports tentent à aller. J'essaie de transmettre cela aux jeunes, les vieux, ça ne sert à rien. Quand vous êtes cavalier, vous devez être capable d'utiliser vos aides. Tout le monde sait que cela s'appelle les aides, mais dans la pratique cela ne semble pas toujours si évident. Les aides sont censées vous aider à faire ce que vous demandez au cheval qui lui n'a pas décidé de faire ces jeux.  Les chevaux acceptent ces jeux jusqu'au jour où ils décident qu'ils ont été trop abusés et se mettent en défense. C'est comme les chiens, la plupart du temps, c'est par le contact avec l'être humain que certains peuvent devenir agressifs. Avec les aides, vous devez être capable de l'aider à faire le plus économiquement possible ce que vous avez imposé. Si ce n'est pas le cas, c'est très simple : soit vous devez être capable d'améliorer vos capacités, soit vous diminuez les exigences. Si vous ne savez pas faire les cercles au trot, faites-les au pas ! Le tout est de savoir si vous êtes capable de dégonfler suffisamment votre égo pour le voir comme ça. Pour moi la question est là et l'équitation, c'est ça ! Si vous ne pouvez pas le voir comme ça, c'est mieux de faire autre chose. Du théâtre, du kayak, de la boxe, peu importe. Je ne veux pas paraître plus catholique que le pape mais je suis convaincu de ça. Il faut travailler sa position comme je l'ai fait quand j'ai été en Angleterre. Quand je suis arrivé avec mes diplômes, je me suis retrouvé à la longe pendant trois semaines où l'on m'a fait travailler ma position. Il faut pouvoir être capable d'avaler cela … mais au final, c'est comme ça ! »

FIN.