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Jos Kumps, l'ombre du succès.

Reportages jeudi 10 novembre 2016 Julien Counet

Avant dernier volet de notre reportage : Jos Kumps, l'ombre du succès.

L'activité que vous avez développez en tant que cavalier / instructeur est-elle néanmoins rentable ?

« Je monte même un peu plus que ce que j'enseigne. Souvent ce n'est pas vraiment formel. Lorsque j'aide Doda à Wellington, ce sont des leçons formelles. C'est plutôt échanger des points de vue avec une plus grande expérience que lui, simplement parce que je suis plus âgé que lui. Je le fais avec pas mal d'attention alors tu attrapes une certaine expérience et à un moment, nous essayons d'améliorer des chevaux qui sont déjà de très bons chevaux et améliorer des cavaliers qui sont aussi déjà de bons cavaliers. Nous sommes dans un milieu et dans une catégorie où l'argent qui circule est assez important. La rentabilité n'est donc pas tellement difficile. »  Alvaro de Miranda & Bogeno (ex Queen's Lover Hero par Baloubet du Rouet)

C'est grisant ou il faut faire attention de toujours bien garder les pieds sur terre quand on travaille dans un milieu où autant d'argent est véhiculé ? C'est dur de rester soi-même ?

« Mon malheur est sans-doute que c'était trop difficile de me changer moi-même. Je ne pense pas que je sois spécialement rigide mais je pense que le secret, c'est de garder beaucoup de distance. Souvent, au début, un nouveau balai balaie toujours bien mais j'ai déjà vu et vécu cela des centaines de fois. Tout le monde a vu les photos où je suis avec Rodrigo dans la bulle avant l'épreuve … mais s'il aime que je sois avec lui … c'est surtout parce que je ne dis rien ! Il veut quelqu'un avec lui car il ne veut pas être seul mais il ne veut pas non plus dix personnes et la personne qui est avec lui doit le calmer et pas parler de trop. Avec Athina et Doda, le manager venait parfois me trouver pour me dire que cette fois-ci, je devais vraiment faire un effort car souvent lorsqu'on m'invite pour une fête ou pour aller au restaurant, j'essaie d'éviter. Je le fais car j'ai vu tous les autres. Lorsque Jean Maurice Bonneau s'occupait d'eux, ils passaient 4 jours continuellement ensemble : déjeuner, brunch ensemble, logeaient dans le même hôtel… Avec George Morris, aux USA c'était bien mais lorsqu'il les a suivis en Europe, il logeait dans leur maison et prenait même le petit déjeuner avec eux, les embêtait toute la journée avec son mégaphone dans la piste. C'est trop, il n'y a pas de mesure. Monsieur Pessoa, je ne l'ai jamais tutoyé et toujours pas aujourd'hui malgré le nombre d'années et il fait pareil avec moi, ce que je trouve bizarre … mais c'est comme cela que ça dure. Il m'a d'ailleurs déjà dit que le fait que je n'avais jamais accepté de travailler à 100% pour eux, j'avais eu raison car cela n'aurait jamais duré aussi longtemps autrement, sinon à un moment, une des deux parties va trouver que l'autre ne travaille pas assez ou est trop payée ou pas assez … Je veux donc rester autonome pour après pouvoir faire quelque chose ensemble. C'est la même chose avec ma femme ! Si elle est autonome et moi aussi, après nous pouvons faire des choses ensembles si une partie dépend trop de l'autre, à un moment donné cela tourne au vinaigre. »

Lorsque vos enfants ont décidé de faire de l'équitation leur métier, vous avez trouvé que c'était une bonne nouvelle ?

« Mes parents n'ont pas réussi à m'arrêter alors je me suis dit que je n'allais pas essayer de les arrêter. Si je trouve que c'est une bonne chose, c'est une autre discussion … Les années où j'ai voulu qu'ils fassent les gros concours, comme je ne fais pas de commerce, cela a été très difficile mais je savais aussi que, comme le sport est, s'ils ne faisaient pas ces parcours là et s'ils n'avaient pas fait ces kilomètres sur ces hauteurs-là, ils ne pourraient pas rattraper leur retard, c'est impossible. Maintenant si entre 15 et 21 ans, vous n'avez pas fait du haut niveau en junior et jeunes cavaliers, vous ne pouvez pas y arriver. Le niveau est trop haut. Quand on voit les niveaux des championnats d'Europe chez les jeunes, c'est du très haut niveau et même si maintenant, ils font plus des jeunes chevaux, cela ne m'inquiète pas car ils ont fait ces épreuves avant. Commencer ensuite, c'est toujours faisable mais cela me parait très difficile. »

 Alexander Kumps évolue en CSI, comme son frère Victor.

Quand on développe une activité de cavalier itinérant comme la vôtre, on se retrouve avec un panel de chevaux très différents à monter alors qu'il y en a certainement qui vous plaisent plus que d'autres.

« C'est un fait … mais c'est aussi le cas avec mes élèves. Un jour Michel Robert m'accoste en me disant qu'il faudrait que l'on travaille ensemble. Je me suis dit « Tiens, c'est bizarre que quelqu'un se propose de lui-même pour me proposer de travailler avec lui mais en fait, c'est lui qui voulait monter avec moi et qui était intéressé dans mon travail. C'était l'époque où il a gagné la finale de Doha avec Kellemoi de Pepita. Je remarque encore aujourd'hui en travaillant avec ces gens-là que finalement, leur dernier professeur ou la seule chose qui les fait encore progresser, c'est par la difficulté de certains chevaux. Il faut évidemment d'abord apprendre sur des chevaux classiques mais il y a ensuite des chevaux qui vous font passer des étapes. Pour ma part, à partir de 12 ans, je me suis dit que je devais en monter le plus possible. Toujours aujourd'hui, je monte quasiment tous les jours jusqu'à 9 chevaux. Je pense qu'aujourd'hui, mon point fort, c'est d'avoir monté tellement de chevaux pour tellement de cavaliers différents. J'ai monté pour Michel Robert, Daniel Deusser, … tout ceux qui passait chez les Pessoa : les Américains, les Scandinaves, … . »

Y a-t-il quand même un type de cheval que vous préférez ?

« Les juments difficiles ! C'est vraiment ce que je préfère, je ne sais pas pourquoi, ça a toujours été comme cela. Souvent une jument que tout le monde détestait ou n'arrivait tout simplement pas à gérer, je l'aimais car je trouve qu'une fois que bio mécaniquement, cela commence à fonctionner, ces problèmes disparaissent. Le problème n'est pas que ce sont des juments, le problème c'est juste que quand anatomiquement cela ne va pas, elle n'accepte pas ça. Une fois que cela fonctionne, c'est incroyable les progrès que vous avez et que vous n'auriez pas avec un étalon ou un hongre. C'est très intéressant mais c'est souvent le même problème car après, les gens ont souvent tendance à psychoter et anthropomorphiser, c'est-à-dire donner des qualités humaines à leurs chevaux alors que pour moi, c'est d'abord le physique. Pour les êtres humains aussi d'ailleurs. Mais avec les chevaux, on n'a pas le choix. Un humain peut encore aller voir un psychiatre, se coucher dans son fauteuil et payer beaucoup d'argent pour cela comme Woody Allen a fait, pour réaliser au bout de 30 ans que tu préfères faire une ballade dans la forêt. Pour nous aussi le physique a un rôle primordial pour la clarté… etc, mais pour le cheval, il n'y a pas d'alternative, cela doit passer par le physique car on ne peut pas s'asseoir avec lui et discuter. Pour moi, quand physiquement, tout se passe bien, les problèmes mentaux disparaissent également ou en tout cas, on sait les gérer. Les gens préfèrent toujours trouver des excuses. »

La suite et fin, c'est demain.