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« J’essayais de copier la monte de Marcus Ehning » Lisa Nooren

Interviews jeudi 27 juin 2019

À tout juste vingt-deux ans, la Néerlandaise Lisa NOOREN a déjà un palmarès bien rempli, accumulant médailles aux championnats d’Europe Poneys, Juniors et Jeunes Cavaliers, mais comptant aussi l’or aux Jeux Olympiques de la jeunesse. Concourant aujourd’hui parmi les plus grands du saut d’obstacles, la fille de Henk NOOREN est bien décidée à se faire son propre nom dans le milieu.

COMMENT AS-TU COMMENCÉ À MONTER À CHEVAL ?

« J’ai bien évidemment grandi entourée de chevaux et la seule chose que je voulais était d’être dans les écuries toute la journée. Je me rappelle qu’au début je voulais juste être avec les grooms, aider, faire tout et n’importe quoi du moment que j’étais avec les chevaux ! J’ai vraiment accroché dès le départ et c’est toujours ce que j’ai voulu faire de ma vie. J’ai deux sœurs qui n’y ont pas pris, donc je pense que mon père était heureux qu’au moins l’une d’entre nous veuille monter, mais je n’ai pas du tout été forcée à le faire.

J’ai commencé avec les poneys mais j’ai aussi fait pendant une période les épreuves Children à cheval avant de retourner à poneys, puis les Juniors, Jeunes Cavaliers et maintenant les Seniors. Les poneys t’apprennent beaucoup : à monter, faire ton travail et ne pas trop penser, c’est vraiment une période où on s’amuse beaucoup parce que dès que tu arrives chez les Juniors et Jeunes Cavaliers, tout devient bien plus sérieux. J’ai vraiment aimé mes années à poneys mais si tu as la chance d’avoir un gentil cheval, la transition poney-cheval se fait plutôt bien ! Je suis actuellement basée en Belgique et m’entraîne avec mon père, Henk NOOREN, et Marcus EHNING quand son emploi du temps le lui permet. »

ARRIVAIS-TU À GÉRER LES COURS EN PARALLÈLE DE L’ÉQUITATION ?

« Ce n’était pas facile, vraiment pas et je détestais aller à l’école ! J’ai eu de la chance parce que mon école a coopéré assez facilement et je pouvais partir les mercredis et jeudis quand je le devais. Je suis contente d’avoir entièrement terminé ma scolarité, mais je suis heureuse que tout cela soit derrière moi (rires) ! »

PARLE-NOUS DE TON CHEVAL DE TÊTE.

« VDL Groep Sabech d’Ha est un cheval français que j’ai depuis maintenant six ans. Il est spécial pour moi car lorsque j’ai commencé à faire les grosses épreuves, je n’avais jamais sauté 1.50m et lui non plus, donc nous avons grandi dans le sport ensemble, ce qui a créé un très bon lien entre nous deux : nous nous connaissons sur le bout des doigts et on se fait totalement confiance. Je sais exactement ce que je peux lui demander et il m’a beaucoup appris au fil des années et apporté beaucoup de victoires. »

QUELLE A ÉTÉ TON EXPÉRIENCE AU SEIN DE LA ROLEX YOUNG RIDERS ACADEMY ?

« Je faisais partie du « Full programm », qui est le programme complet avec de la théorie et de la pratique, et j’ai eu la chance de m’entraîner un peu avec Marcus EHNING. Dès le début j’ai toujours été très chanceuse d’avoir mon père en tant que coach, mais c’est également bien d’avoir une autre personne qui puisse me donner une opinion différente, une autre façon de faire les choses. C’est un très bon programme parce qu’on ne fait pas que s’asseoir sur un cheval et apprendre à monter ; c’est quelque chose centré sur l’équitation et tout son environnement : le milieu des affaires, le coût pour former un trois ans jusqu’au plus haut niveau… Des choses auxquelles on ne pense pas nécessairement tous les jours mais qui au final sont tellement importantes dans notre monde et à cet égard la Young Riders Academy m’a beaucoup aidée. »

COMMENT S’EST PASSÉ CE TRAVAIL AVEC MARCUS EHNING ?

« Plusieurs choses se sont produites à vrai dire : je pense qu’au début j’essayais de copier sa façon de monter mais je me suis vite rendu compte que ce n’était pas possible de monter exactement comme lui malheureusement (rires) ! J’ai écouté les conseils qu’il me donnait mais les ai appliqués afin de les adapter à ma monte, ce qui n’était pas facile mais c’est un moment d’apprentissage nécessaire dans la vie. »

COMMENT VIS-TU LE FAIT QUE TON PÈRE ENTRAÎNE UNE ÉQUIPE D’UN PAYS DIFFÉRENT ?

« Je ne pense pas que ça crée de tensions, d’autant que cela fait un moment que je fais de plus en plus les choses de mon côté, même s’il supervise et c’est toujours sympa qu’il soit à mes côtés lors d’un gros Grand Prix,. Il ne peut pas toujours être avec moi évidemment mais ça ne crée aucun conflit. C’est sympa qu’il fasse partie de l’équipe de France parce que cela me met en contact avec les cavaliers français, donc je rencontre beaucoup de nouvelles personnes et j’en apprends beaucoup. »

AU VU DE TON PALMARÈS, RESSENS-TU UNE PRESSION MAINTENANT QUE TU MONTES CHEZ LES SENIORS ?

« Il n’y a pas vraiment de pression, je sais que je suis encore très jeune et que je dois beaucoup travailler. Il est difficile de s’intercaler entre ces grands cavaliers. Bien sûr, notre chef d’équipe Rob EHRENS fait un très bon travail en donnant une chance aux jeunes cavaliers afin qu’ils puissent monter en équipe, mais la Hollande est un pays qui est fort depuis tellement longtemps. On a d’ailleurs vu l’année dernière à Tryon, aux Jeux Equestres Mondiaux,  Frank SCHUTTERTintégrer l’équipe. Cela montre que c’est possible mais c’est juste très difficile et il faut être évidemment très bon pour faire partie de cette équipe et lorsque cela arrive, c’est un grand honneur. »

COMMENT A EU LIEU TA COLLABORATION AVEC VDL GROEP ?

« Il y a des années, mon père a mis en contact Monsieur VAN DER LEEGTE, qui possède VDL Groep, avec son tout premier cavalier, Leopold VAN ASTEN. Cela doit faire dix ans qu’ils travaillent ensemble. Quand on commence à faire de la compétition internationale, on cherche de l’aide, du soutien, j’ai donc sollicité VDL Groep et les choses se sont mises en place et la collaboration a abouti. J’étais d’ailleurs plutôt jeune quand cela a commencé et tout était nouveau, mais il y a une fidélité à l’égard des cavaliers et c’est bien d’avoir quelqu’un comme lui qui te soutient pour avoir des chevaux, te les sécurise et qui veut que tu fasses de bonnes choses dans le sport. »

PEUX-TU REVENIR SUR TON EXPÉRIENCE AUX JEUX OLYMPIQUES DE LA JEUNESSE ?

« Les Jeux Olympiques de la jeunesse se jouent par continent et non par nation. On montait des chevaux que l’on ne connaissait pas et que l’on découvrait pour la première fois deux ou trois jours avant le début des épreuves. On gardait le même pour toute la semaine. Je me suis vraiment amusée même si je n’étais pas la plus enthousiaste au départ, certainement parce que j’étais encore jeune et il fallait aller loin de chez moi pour une longue période de temps, mais j’ai beaucoup appris. Tu vois plein de différents sports, tous ces athlètes que j’ai vus concourir dans ces disciplines sont aujourd’hui les meilleurs de leur domaine ! C’est quelque chose de fantastique et même si pour nous ce n’était pas le plus haut niveau parce qu’il n’y avait que 1.20m avec des chevaux empruntés, l’expérience en elle-même, vivre dans un village olympique pendant trois semaines, est incroyable. »

DEPUIS L’ANNÉE DERNIÈRE, TU ES ÉGALEMENT PRÉSENTE SUR LES PLUS BELLES PISTES DU MONDE !

« Je me sens incroyablement chanceuse. J’ai pu aller au CHI de Genève grâce à la Young Riders Academy et c’est fabuleux parce que c’est l’un de ces concours spéciaux sur la planète : l’ambiance est particulière et il est unique, il ne ressemble pas aux autres endroits ! Être aux CSI 5* de Rotterdam et Amsterdam en tant que cavalière néerlandaise est fantastique parce que lorsque tu entres en piste, la foule est derrière toi à 200% ! Ça te donne une motivation supplémentaire et c’est vraiment ce que je recherche. »

Propos recueillis par Marie-Juliette MICHEL. Photo à la une : © Sportfot.com