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Gilles Dunon, la persévérence paie !

Interviews mercredi 24 décembre 2014 Julien Counet

Troisième épisode de notre entretien avec Gilles Dunon !

Aujourd'hui, au moment où vous sortez sur la scène internationale, on se rend compte qu'il y a d'autres chevaux qui sont passés par chez vous qui continuent également leur carrière au haut niveau comme Taloubet Darco Z qui évolue avec Toshiki Masui.

« Oui. Je pense que j'ai toujours pu faire ça. C'est difficile de dire que les championnats ont toujours été mon « dada » mais même lorsque je montais les régionaux, j'ai été champion avec mon trotteur. J'ai fait le cycle, j'ai gagné le championnat de Belgique des 5 ans et aujourd'hui, je gagne le championnat de Belgique après avoir remporté beaucoup de petits championnats donc apparemment, c'est un format qui me va. J'ai toujours essayé de bien monter et il y a toujours eu des chevaux qui ont bien continué leur carrière après moi. Le premier cheval où cela a réussi, c'est Platina vd Cumul. La jument ne voulait plus sauter lorsque je l'ai reçue et quelques mois après, Dirk Demeersman l'a achetée et c'est lui qui a fait la carrière de ce cheval … mais c'est quand même moi qui l'ai remise en route. Apparemment, j'ai un peu de talent pour faire ça. Je sais me mettre à la place des chevaux, je sais penser pour eux et je sais m'adapter. Platina vd Cumul (Laredo x Lugano van Laroche) Avec ça, c'est vrai que souvent, on m'amène des chevaux compliqués … mais il faut être réaliste, un cheval facile : son propriétaire le monte lui-même ou il est vendu ! Ils n'ont pas besoin de nous pour ça. Ce qu'il reste, ce sont les talents compliqués et c'est à nous d'en faire quelque chose. Si tu n'es pas riche toi-même et que tu ne peux pas acheter des chevaux toi-même, tu dois monter ce que tu reçois et forcément, ceux que l'on t'amène sont souvent un peu compliqués. » 

Vous qui vous rendez compte aujourd'hui que quand vous étiez amateur, vous ne connaissiez pas les cavaliers du haut niveau … maintenant que vous touchez au haut niveau, est-ce que vous n'auriez pas envie que les jeunes cavaliers s'intéressent plus au haut niveau ? Avec votre titre, cela engendre une petite déception ?

« Non. Avec mon titre, j'ai reçu un peu de reconnaissance. Il y a des gens qui me connaissent depuis des années … et finalement, mon plus beau compliment est peut-être venu de la part de Stephan Conter qui ne m'a jamais regardé monter et n'a même jamais eu l'intérêt de me voir puis après le championnat, il est venu vers moi avec beaucoup de sincérité en me disant : « Je n'ai jamais pris le temps de t'observer comme cavalier mais j'ai vu le championnat et tu as vraiment bien monté, bien géré ton cheval ». Philippe Le Jeune m'a aussi appelé, il n'avait pas mon numéro, il a appelé Dirk pour l'avoir et me féliciter… et ça, ça fait du bien de recevoir un peu de reconnaissance pour notre travail … car ce n'est pas un travail que l'on a fait les 15 derniers jours, c'est un travail des quinze dernières années où on a dû se débrouiller avec ce que l'on avait, parfois penser à s'arrêter … puis recommencer. »

Qu'est-ce qui fait qu'on ne s'arrête pas justement ?

« On ne sait pas expliquer ça. Je pouvais arriver à la maison, tout jeter à terre, me mettre à pleurer comme un gamin, dire que j'allais m'arrêter… mais ça doit être un virus et une heure plus tard, j'étais de nouveau en train de monter. Je pense que quelqu'un avec un peu de bon sens arrêterait. Je ne voudrais conseiller à personne de commencer à monter s'ils n'ont pas les moyens financiers grâce au soutien de leurs parents. Monter échelon par échelon, je ne pense même pas que j'aurais le courage aujourd'hui de recommencer. A certains moments, j'ai voulu arrêter mais à chaque fois, je me suis dit « Ok, tu as travaillé maintenant depuis 10 ans, tu as souffert autant et tu as fait autant de sacrifices … ce n'est pas pour s'arrêter maintenant, autant continuer. » C'est ce qui te tient en route… mais avec un peu de bon sens, tu t'arrêterais ! » Les messages de félicitation que vous avez reçus à l'issue du championnat de Belgique, c'est suffisant pour faire oublier tous les mauvais moments qu'il y a ? G.D. : « Je pense que si tu as besoin de ça pour oublier les mauvais moment … tu ne dois pas être cavalier ! Ca ne change strictement rien. Cette semaine, nous discutions avec un de mes propriétaires et je lui disais encore que, pour moi, amener un cheval à un meilleur niveau : c'est le but d'un cavalier. Les résultats en concours, c'est secondaire. Je pense que c'est la différence entre la nouvelle génération et les cavaliers qui ont été formés comme Philippe Le Jeune, Dirk Demeersman et tout ça.

 Leur premier but est d'améliorer un cheval, de comprendre le cheval, de savoir le monter et de l'amener au mieux alors que je pense que les cavaliers aujourd'hui ne savent plus faire ça. Je suis peut-être mal informé mais pour moi, je les vois comme des cavaliers de concours … mais je suis encore curieux de voir comment ils pourront faire quand maman et papa ne seront plus là pour les aider et qu'ils devront faire les chevaux. Je pense que c'est aussi une raison pour laquelle j'aurai toujours du travail ! A mon avis, la quantité de personnes qui savent faire ça est de plus en plus restreinte. Ils sont en train de disparaitre. Quelqu'un comme Ludo Philippaerts a aussi fait ça durant toute sa vie. Ce sont tous des gens qui ont eu des chevaux de qualité normale … voire moins, et qui ont su en faire des chevaux de concours.  Ils savent faire des résultats, ils savent se battre, ils savent comment ça se passe mais je pense que la génération actuelle est différente. Ce n'est peut-être pas plus mauvais mais c'est moins être cavalier et plus pilote de concours. Cavalier-cavalier et avoir l'envie de bien faire les choses, je ne pense pas qu'ils aient cette envie. Je ne pense pas qu'ils auraient l'envie de monter les chevaux que j'ai pour l'instant. Wesselina ou même Fou de Toi ! Taloubet Grandeur K Z (Taloubet x Grandeur) A 7 ans, tout le monde se foutait de ma gueule car il était déjà aussi grand mais il avait la moitié de sa musculature actuelle. Personne ne le connaissait et il était laid comme tout. Wesselina est arrivée à 10 ans chez moi, elle ne sautait pas bien, ça n'allait pas non plus au début mais tu continues … son frère est aussi un peu la même chose. Il se cherche un peu et les premières fois, tu n'avais pas la sensation d'être sur une star… mais ça a l'air d'être aussi un bon cheval. »