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François Mathy, une légende faite de passions et de plaisirs (2/3)

Reportages mercredi 8 décembre 2021 Julien Counet

Alors que la Belgique vient de remporter une seconde médaille de bronze par équipe à Tokyo, 45 ans après celle de Montréal, on se souvient d’un athlète qui était revenu du Canada avec deux médailles de bronze ! Accompagné de Stany van Paeschen, Edgar Henri Cuepper et le regretté Eric Wauters par équipe, Fifi comme on aime l’appeler dans le milieu, reste à ce jour le seul médaillé individuel belge de l’équitation ! Depuis l’homme s’est distingué en étant l’un des marchands les plus réputés et respectés du milieu. Difficile de dénombrer le nombre de stars passées par ses écuries. Homme de goût et de classe, comme en attestent ses installations, il n’en demeure pas moins un homme accessible de tous au contact des hommes et de la terre.

A la base, vous n’étiez pas spécialement issu d’une famille équestre, vos parents montaient juste en promenade à cheval. Toutefois, votre frère et vous avez marqué les sports équestres belges, vous en tant que cavalier et marchand mais également votre frère Eugène en tant que chef de piste reconnu qui a fait son chemin au sein de la fédération belge. Vous vous êtes tous les deux tirés vers le haut ?

F.M. : « Oui, je pense. Je suis resté plus accroché à ce monde du cheval et de la compétition alors que mon frère, qui a monté lui aussi à une époque (et il montait très bien d’ailleurs), s’est occupé du commerce de grains et d’aliments. Il a alors arrêté de monter et, étant intéressé et évoluant dans le milieu, il s’est rapproché de la fédération et est devenu chef de piste. Le commerce de chevaux l’a beaucoup moins intéressé. »

Ca a été une surprise pour chacun de vous de voir l’autre gravir les échelons de ce milieu ?

F.M. : « Je ne sais pas si c’était une surprise. Je pense que c’était vraiment l’histoire d’une vie. C’est très difficile de dire quelle est l’origine d’un développement . On fait l’histoire en marchant sans vraiment savoir pourquoi. »

François Mathy & Olivier Philippaerts, deux grandes familles équestres belge réunies

Vous avez quatre enfants dont François Mathy junior qui a suivi vos traces en tant que cavalier professionnel. Vous aviez une volonté de les voir prendre votre succession ?

F.M. : « Au départ, étant donné que nous avons les installations où l’on peut pratiquer ce sport facilement, on espère évidemment. François a été sacré champion de Belgique Junior et a fait de très belles choses. Aline a également monté en compétition mais a arrêté après s’être mariée et avoir eu ses enfants. Laura a aussi très bien monté en faisant partie régulièrement des équipes de jeunes aux championnats d’Europe pour la Belgique mais elle n’était pas suffisamment passionnée pour s’investir à 100% dans l’équitation et a préféré arrêter pour se consacrer à ses études. Julia a toujours aimé les chevaux mais sans vouloir faire de compétition. Chacun suit sa propre voie. »

Par contre, contrairement à beaucoup dans ce milieu, vous avez quatre enfants qui ont fait des études.

F.M. : « Je crois que c’est actuellement nécessaire. Tous parlent plusieurs langues, cela procure du plaisir de pouvoir communiquer avec tout le monde. Je pense qu’à l’heure actuelle, c’est indispensable. Je n’en ai pas fait beaucoup, mais je ne regrette pas qu’ils en aient fait… Et eux non plus ! A mon époque, ce n’était pas aussi pénalisant qu’actuellement où c’est tout simplement indispensable. »

François Mathy et sa seconde passion, son élevage de Limousins

On parlait de votre amour des animaux. Aujourd’hui, votre élevage de bovins est quelque chose de très important pour vous également, vous aimez contrôler tous les rouages du système comme le foin, la nourriture… Quand est-ce que tout cela a réintégré votre vie ?

F.M. : « Ca ne m’a jamais quitté en fait. Enfant, j’ai toujours eu des moutons, des chèvres, même des cochons. J’ai toujours aimé la ferme et tous les animaux en général. Mon rêve d’enfant a toujours été d’avoir une ferme. J’ai eu l’occasion d’en avoir une et cela me procure beaucoup de plaisir : les taureaux, les vaches, le foin, la récolte… Malheureusement, l’agriculture n’est plus très intéressante pour ceux qui la font ! Ca ne rapporte pas grand-chose mais c’est formidable, c’est très relaxant et agréable de voir le grain pousser, de voir les récoltes et d’observer les saisons. »

Vous comprenez que ce ne soit pas valorisé ?

F.M. : « Non, je ne comprends pas parce que ce que les gens mangent en général vient de l’agriculture. C’est étonnant de constater qu’il y a de plus en plus de gens sur terre, de plus en plus de gens à nourrir mais que ce que l’agriculteur produit n’est pas valorisé. Je n’en connais pas la raison mais c’est dommage. Je constate que les aliments que je vendais quand je travaillais pour mon père il y a 40 ans ne sont pas vendus plus cher aujourd’hui ! C’est bizarre car tout ce que le fermier achète a augmenté énormément alors que ce qu’il produit n’a pas pris beaucoup de valeur. »

On parle aussi énormément du fait que l’alimentation et la manière d’élever des chevaux ont une forte incidence sur leur carrière, ce sont des choses qui vous touchent également ?

F.M. : « Oui, il n’y a pas de doute. Je ne me considère pas comme un éleveur car l’élevage de chevaux n’est pas quelque chose qui me passionne. Etant commerçant, l’élevage prend trop de temps. Pour moi, il y a trois sortes d’homme de cheval : ceux qui les élèvent, ceux qui forment les jeunes chevaux puis ceux qui les exploitent. C’est très difficile de mélanger les trois. Je trouve que l’élevage est une question de patience où il faut toujours croire que les chevaux qu’on élève sont les meilleurs. Quelques fois les gens ont raison car les chevaux s’améliorent, progressent, changent. C’est très difficile de donner un avis rapidement…  Et moi, je n’ai pas cette patience d’attendre des années avant de voir le résultat. Evidemment que chaque année, je fais naître un poulain lorsque nous avons une bonne jument car cela reste amusant, mais je sais que je n’ai pas la patience suffisante et souvent, je les vends avant qu’ils ne soient arrivés à leur âge adulte. Je trouve que l’élevage correspond à une part de rêve. Pour preuve, regardez toutes ces ventes d’embryons où vous achetez du rêve. »

Dès demain, nous vous proposerons le dernier chapitre de notre rencontre avec François Mathy.