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Dynamix de Bélhème dans les yeux de Frédéric Aimez, son éleveur (1/2)

Elevage jeudi 1 décembre 2022 Mélina Massias

Dynamix de Bélhème. Voilà un nom à retenir. Sous la selle de Steve Guerdat, cette véritable pépite gravit les échelons, les uns après les autres, sans jamais montrer la moindre difficulté. Derrière cette sublime et talentueuse Selle Français, se cache Frédéric Aimez, éleveur installé en Seine-Maritime, et sa fille, Laure, avec laquelle il partage sa passion. Fille de Snaike de Blondel, renommé Grafton, et de Soudaine du Montet, Dynamix partage quelques gènes avec le champion olympique Nino des Buissonnets. Suivra-t-elle ses traces jusqu’à Paris ? Seul l’avenir le dira. Pour l’heure, la progression et l’aisance de la baie donnent envie de répondre par l’affirmative. Particulièrement intéressant dans son discours, le naisseur de cette véritable perle décrypte son histoire avec générosité et pertinence. Premier épisode.

À n’en pas douter, Dynamix de Bélhème a l’avenir devant elle. Agile, talentueuse, pleine de sang et de moyens, la baie ne semble avoir aucun défaut. Pour compléter ce tableau, son cavalier est l’un des meilleurs hommes de chevaux de la planète. Après avoir pris le temps de former progressivement sa pépite, Steve Guerdat l’a lancée dans le grand bain cette année. Âgée de neuf ans, cette fille de Snaike de Blondel et Soudaine du Montet, une descendante du brillant Cornet Obolensky, né Windows vh Costersveld, a disputé son premier Grand Prix 3* en janvier dernier. Moins de dix mois plus tard, la voilà deuxième de l’étape de la Coupe du monde Longines de Stuttgart. Entre temps, Dynamix a disputé trois autres Grands Prix 5*, et pris part à la Coupe des nations de Dublin, achevée avec la manière, en signant l’un des six doubles zéro de l’épreuve.

Steve Guerdat et Dynamix à Bruxelles. © Sportfot

“Dynamix est merveilleuse à tout point de vue”, résume son éleveur, Frédéric Aimez, passionné de longue date installé en Seine-Maritime, où naissent chaque année des montures destinées aux courses, au concours complet, mais surtout au saut d’obstacles. “Sa progression est très régulière, elle franchit toutes les étapes. Au début, Steve a vraiment fait de la formation, en augmentant le niveau des parcours de cinq ou dix centimètres tous les ans. Tout a été fait tranquillement et en respectant le bien-être de la jument. En voyant ses qualités, ils ont sans doute envie de la faire durer le plus longtemps possible. Nous rêvons que cela continue ainsi. À chaque fois que nous regardons l’une de ses apparitions, nous sommes aussi ravis qu’au premier parcours qu’elle a effectué avec Steve. Je crois que tout éleveur serait heureux de voir l’un de ses produits chez un tel cavalier.”

Steve Guerdat et sa pépite, déjà au rendez-vous des tours d'honneur, à Barcelone, en 2021. © Sportfot

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La souche basse de Nino des Buissonnets

L’histoire entre Steve Guerdat et sa chère Dynamix est encore plus belle que la jeune crack est étroitement apparentée à un certain Nino des Buissonnets, sacré champion olympique individuel à Londres en 2012 sous la selle du Suisse. Ainsi, la Selle Français est une fille de l’excellente Soudaine du Montet. Jenlah des Yvers (Arpège Pierreville), sa mère, a donné vie à un certain Vitorio du Montet, cinquième du CCI 5*-L de Pau en 2021 sous la selle de Maxime Livio et vu cette année sur les pistes de jumping aux rênes de sa compagne, Mathilde Montginoux. Pourtant, Frédéric Aimez s’est toujours tourné vers cette seconde discipline avec Soudaine. “J’élève quelques chevaux pour le complet, avec des AQPS de course, des juments de steeple chase ou de cross-country, ainsi qu’une ou deux très bonnes juments Selle Français que je croise avec des chevaux ayant du sang. D’ailleurs, nous avons une fille de Vigo d’Arsouilles (First Lady de Bélhème, ndlr) qui a participé au Mondial du Lion à six ans l’année dernière, et était encore présente cette année à sept ans. Pour Soudaine, je me suis concentré sur des chevaux axés purement vers le saut d’obstacles. Sa souche basse est celle de Ma Pomme, la propre sœur de Pomone B, sacrée championne du monde (à Buenos-Aires, en 1966 sous la selle de Pierre Jonquères d'Oriola, ndlr). C’est donc la souche de Nino des Buissonnets (où l’on retrouve Ma Pomme deux fois du côté maternel, via son fils Fair Play III, mais aussi en cinquième mère, ndlr). C’est sympa de voir Dynamix avec Steve aujourd’hui”, révèle le Normand.

Dynamix, et sa mère, Soudaine du Montet, au côté de Frédéric Aimez, lors de sa première sortie. © Laure Aimez.

Et de reprendre : “Soudaine est née chez nos amis Brigitte et Hubert Mazeaud, qui habitent près de Bourg-en-Bresse. Ils ont arrêté l’élevage de chevaux de sport pour se concentrer sur les Pur-Sangs de course et nous avons pu la récupérer à ce moment-là. Elle avait cinq ans et n’avait rien fait jusque-là : ni compétition, ni poulain. Il y a dix ou douze ans, Cornet Obolensky, son père, n’était pas très connu en France (entre 2005 et 2013, le gris a sailli en moyenne une petite dizaine de juments chaque année dans l’Hexagone, avant de voir ses statistiques exploser à partir 2014, avec une moyenne frôlant les deux-cents femelles honorées entre 2015 et 2021, ndlr). J’aimais beaucoup cette jument, assez grande et toute noire. On dirait une Pur-Sang, race que j’élève en parallèle. J’aime les Pur-Sangs très costauds et les chevaux de selle très sport. Ainsi, lorsque les gens viennent chez nous, ils ne savent pas trop qui est qui. Soudaine correspondait vraiment bien à ce que j’aime, tant dans le modèle, le sang que le look.”

Soudaine du Montet. © Laure Aimez

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En 2011, au moment de finaliser son choix d’étalon pour sa nouvelle recrue, Frédéric Aimez sollicite l’avis d’Eliane et Michel Ruel, des amis et collaborateurs de longue date, qui ont eu une grande influence sur l’élevage de Bélhème. “Comme je le faisais tous les ans, j’ai demandé quelques conseils à Michel pour croiser Soudaine. Il m’a alors suggéré d’utiliser Snaike de Blondel (renommé Grafton lors de sa carrière sportive, jusqu’au plus haut niveau aux côtés de Conor Swail, Daniel Coyle et Hyde Moffatt, et père de vingt-cinq produits selon le SIRE, ndlr), un fils de Calvaro avec Olympic Champeix”, complète le Normand. De ce premier croisement, naîtra d’abord Cornetaux de Bélhème, en 2012, puis sa propre sœur, Dynamix, l’année suivante. "Snaike était un fils de Calvaro, un étalon que j’affectionnais. J’avais bien réussi avec ce cheval, en l’utilisant sur plusieurs juments, dont l’une m’avait donné Utchan de Bélhème, qui a très bien tourné avec Mark McAuley. Calvaro était associé, dans le papier de Snaike, a toute la souche Champeix d’Hélène Hermann. Il présentait également un modèle qui me plaisait et une bonne tête. Snaike était assez sport, tout en restant épais, avec de la force. Cela correspondait très bien à Soudaine, qui est plutôt longiligne et très signée par son père”, développe Frédéric. “Nous n’avons pas du tout regretté ce croisement.” Et pour cause.

Snaike de Blondel, ici sous la selle de Conor Swail. © Sportfot

Quelque chose d’extraordinaire 

Cornetaux, le premier produit de Soudaine, a été présenté au concours étalons à trois ans, avant de participer à l'ascension d’Agathe et Quentin Cros, jusqu’à 1,35m. Passé sous la selle de Clément Mernier en septembre 2021, le propre frère de Dynamix a pris part à deux épreuves à 1,45m, dont un Grand Prix 2*, avant de rejoindre Marc Taupenot à la fin du mois d’octobre de la même année. Désormais, le couple se fait plaisir jusqu’à 1,40m, sur la scène nationale et internationale. Si le hongre alezan n’a pas atteint les sommets de son sport, sa cadette s’en est chargée pour lui. Dès le début, la jolie pouliche sortait du lot. “Déjà toute petite, Dynamix était très jolie, très chic. Elle dégageait déjà quelque chose”, se souvient son naisseur. “Nous l’avons élevée jusqu’à trois ans et l’avons fait sauter en liberté. Ce jour-là, nous avons vu qu’elle avait quelque chose qui sortait de l’ordinaire dans sa façon de sauter. Cela l’amusait beaucoup et elle aimait bien l’exercice. Elle possédait des qualités que je n’avais quasiment jamais vues chez un poulain. C’est assez drôle : Dynamix paraît assez légère, mais elle a en fait beaucoup de force et de souplesse. Surtout, elle avait un passage de dos extraordinaire.” 

Dynamix, ici à Dinard. © Mélina Massias

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La suite de cet article est à retrouver ici.

Photo à la Une : Dynamix de Bélhème lors de sa première sortie, à un jour. © Laure Aimez