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Des Britanniques en or, Julia Krajewski entre dans l’histoire

Tokyo 2020 lundi 2 août 2021 Mélina Massias

Clap de fin sur le concours complet aux Jeux Olympiques de Tokyo ! Au terme du dernier test de saut d’obstacles, la Grande-Bretagne a continué sur sa lancée et s’est offert l’or par équipes. Le podium individuel est quant à lui dominé par l’Allemande Julia Krajewski, aussi étonnante qu’émouvante aux rênes de son Amande de B’néville. 

« Nous allons évidemment fêter ça comme il se doit, et ce ne sera pas avec du thé et des biscuits ». Oliver Townend n’a pu s’empêcher une petite pointe d’humour anglais après la médaille d’or par équipe des Britanniques aux Jeux Olympiques de Tokyo. Dominant la compétition depuis le premier test de dressage, les Anglais s’étaient assurés une avance assez confortable sur leurs poursuivants australiens pour s’assurer de la plus haute marche du podium malgré la barre de Laura Collett avec London 52 (Landos) et les quatre points Oliver Townend associé à Ballahgmor Class (Courage II). Avec le magnifique sans-faute de Tom McEwen et Toledo de Kerser (Diamant de Semilly), la Grande Bretagne s’impose avec près de 14 points d’avance sur l’Australie. A la clé, une médaille d’or que les cavaliers d’Outre-Manche n’avait pas raflé depuis 1972 ! 

Le podium inchangé 

Si les jeux semblaient faits pour la première marche du podium, les médailles d’argent et de bronze s’annonçaient très disputées tant les équipes se tenaient dans un mouchoir de poche à l’issue du cross. L’Australie a magnifiquement défendu sa deuxième place grâce aux parcours parfaits de Kevin McNab et Don Quidam (Quidam) ainsi qu’Andrew Hoy et Vassily de Lassos (Jaguar Mail). Malgré la faute de Shane Rose et Virgil (Vivant), l’Australie affiche 1,3 points de moins que les Français, médaillés de bronze. Les Bleus ont eux aussi merveilleusement bien géré la pression pour sécuriser leur place sur le podium. Si Karim Laghouag n’a pu éviter une faute de Triton Fontaine (Gentleman IV), Nicolas Touzaint a de nouveau montré son statut de pilier de l’équipe tricolore en n’accusant que 0,40 point de temps dépassé aux rênes d’Absolut Gold (Grafenstolz). Moins expérimentés, Christopher Six et Totem de Brecey (Mylord Carthago) ont eux aussi largement participé à la médaille en sortant de piste sans aucune pénalité. 

Incroyable championnat que celui de Christopher Six et Totem de Brecey  ! Pour leur deuxième grande échéance en équipe de France, le couple a montré des épaules solides pour arracher la médaille de bronze avec ses coéquipiers. © Sportfot.com 

Et si le podium n’a pas été chamboulé par le dernier test, dans la suite du classement, les nations en lice se sont battues à couteaux tirés. La Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis ont chacun rétrogradé d’une place au profit de l’Allemagne, qui termine au pied du podium. Après une journée noire sur le cross, le clan germanique a retrouvé des couleurs aujourd'hui dans le stade de Baji Koen grâce aux sans-faute de Sandra Auffarth, Michael Jung et Julia Krajewski ! Des parcours parfaits qui ne permettaient certes pas d’effacer l’amertume de la médaille en chocolat, mais qui plaçaient la cavalière d’Amande de B’neville en tête du classement individuel. 

Dernier tour de piste

A peine le temps de se remettre des émotions du championnat par équipe que les vingt-cinq meilleurs couples étaient rappelés pour un ultime parcours de saut d'obstacles. En ligne de mire : le podium individuel. Est-ce le changement de luminosité, la fatigue cumulée des chevaux ou la construction des obstacles qui ont rendu ce dernier match si délicat ? Les sans-faute se sont fait rares… et ont valu de l’or, ou presque ! Une barre et un peu de temps dépassé de la part d’Oliver Townend ont relégué le numéro un mondial à la cinquième place, juste derrière le Japonais Kazuma Tomoto. Associé au Selle Français Vinci de la Vigne (Esterel des Bois), le Nippon a déroulé un dernier round parfait, entaché seulement par une petite seconde de temps dépassé, qui lui permet de terminer au pied du podium. Quelle fierté pour ce cavalier, seul représentant japonais de cette finale individuelle, de conclure ces JO à domicile sur un parcours aussi bien monté.

Kazuma Tomoto célébré comme il se doit par ses compatriotes japonais ©Fox-Pitt Eventing

Juste devant, Andrew Hoy aussi a déroulé un parcours parfait (et dans le temps) en selle sur Vassily de Lassos, toujours particulièrement à l’aise sur le test de l’hippique, pour aller accrocher la médaille de bronze. Déjà remarqués aux Jeux équestres mondiaux de Tryon, Tom McEwen et Toledo de Kerser ont montré qu’ils avaient décidément l’étoffe des meilleurs couples de championnat. Élastique et bondissant, le fils de Diamant de Semilly a bénéficié de la très juste équitation de Tom McEwen, qui, à trente ans, ajoute une médaille d’argent à l’or par équipe pour ses premiers Jeux Olympiques. 

Pour cette dernière journée de compétition, Tom McEwen a profité d'un Toledo de Kerser en pleine forme physique. © Sportfot.com 

A la fin, c’est l’Allemagne qui gagne

Si Michael Jung n’a pas signé le triplé olympique dont tout le monde rêvait pour lui, l’Allemagne s’est tout de même bien emparé de l’or individuel pour la troisième fois consécutive. Après les sacres du King à Londres et Rio, Julia Krakewski a fait retentir l’hymne allemand aujourd'hui à Tokyo. Impressionnante depuis le début du championnat avec Amande B’néville (Oscar des Fontaine), auteure notamment d’un cross à couper le souffle, la cavalière a enfoncé le clou en ne concédant que 0,40 points de temps à ses concurrents sur le dernier parcours, synonymes de la plus haute marche du podium individuel. Une bien belle revanche pour Julia, qui a dû faire face cette année à la mise à la retraite prématurée de son crack Samouraï du Thot et qui, sans le forfait d’Ingrid Klimke, n’aurait certainement pas participé à ces Jeux de Tokyo. Une bien belle performance aussi pour Amande de B’néville, qui crève certes l’écran à chacune de ses sorties depuis 2020, mais qui, du haut de ses onze ans, ne bénéficiait jusque-là d’aucune expérience en championnat. Son énergie et sa volonté, si bien gérées par l’amazone allemande, ont permis à Julia Krajewski d’entrer dans l’histoire du sport. Non seulement parce qu’un titre olympique est gravé dans le marbre à jamais, mais également parce qu’elle devient du même coup la première femme médaillée d’or aux Jeux Olympiques de concours complet. Dans cette discipline dominée par la gente féminine dans les grands championnats, jamais l’or olympique n’avait encore sacré une femme, c’est désormais chose faite. 

Après une année difficile, Julia Krajewski savoure sa médaille d'or olympique. ©FEI/Christophe Tanière

Les férus d’élevage noteront le hold-up des chevaux Selle-Français dans cette finale. Amande de B’néville, issue du même élevage que Piaf de B’néville (médaillé d’or par équipe et d’argent individuel sous la selle d’Astier Nicolas à Rio) et élevée par Jean-Baptiste Thiebot a certes été sur ce championnat la meilleure représentante du stud-book tricolore, mais n’a pas été la seule belle vitrine de l’élevage français. Toledo de Kerser, Vinci de la Vigne, Absolut Gold, Totem de Brecey ou Triton Fontaine sont autant de Selle Français qui terminent dans le top 12 de ces JO. Et c’est sans compter la troisième place de Vassily de Lassos, anglo-arabe, autre excellent représentant du savoir-faire de l’élevage français. 

Photo à la Une : en tête depuis le dressage, les Britanniques n'ont laissé aucune chance à leurs adversaires dans le championnat par équipe. ©FEI/EFE/Kai Forsteerling

Les résultats complets par équipe

Les résultats complets individuels