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Cordial, tout vient à point à qui sait attendre (2/3)

Reportages mercredi 5 janvier 2022

Il est de ces chevaux qui se remarquent. Durant toute sa formation et aujourd’hui encore, Cordial n’a cessé d’attirer les regards, de par son modèle, sa puissance et ses qualités innées de sauteur. Très bon finaliste du championnat de France des 7 ans en 2016, depuis le début 2021, il enchaîne les Grands Prix 5* avec une facilité déconcertante. Studforlife a voulu en savoir un peu plus sur le propre frère de l’étalon Cashpaid J&F. Rendez-vous pris au Haras de la Côte, chez Laurent Guillet, en compagnie de sa cavalière Mégane Moissonnier. 

La finalité du Haras de la Côte cependant reste claire : le commerce ; et Cordial ne fait pas exception. « Début 2020, Cordial et Mégane se classent 4èmes du Grand Prix d’Oliva avec l’art et la manière. Le soir même, Ulrich Kirchhoff, coach de Rebecca Pohl, jeune cavalière allemande commençant à faire ses armes sur des épreuves ranking, est venu me le demander. C’était dans la logique des choses. Dès ses débuts, à chacune de ses sorties, j’avais des offres ». Deux jours plus tard, l’essai se passe de façon concluante. « Le cheval a été essayé un mercredi. Le jeudi, il passait la visite et le vendredi il était payé ». Cordial devient la propriété de sa nouvelle cavalière et de Seven Equestrian Gmbh. Il prend alors la direction de l’Allemagne, avec comme objectif d’emmener sa jeune propriétaire au plus haut niveau. On aurait pu alors imaginer que l’histoire s’arrêterait là, mais le destin en a décidé autrement…

 « Le Covid est arrivé et le circuit de compétition s’est gelé pendant six mois. En octobre 2020, j’ai reçu un mail m’informant que Rebecca était contrainte d’arrêter de monter pour le moment. Ses nouveaux propriétaires m’ont alors demandé si j’étais intéressé pour reprendre le cheval et que Mégane le monte à nouveau », explique Laurent. Une fois encore, Cordial revient ! Pour être vendu de plus belle ? « On continue toujours de me demander le cheval, mais pour le moment, la question n’est pas à l’ordre du jour », coupe court Laurent. 

Un cran supplémentaire a été franchi en 2021 par Mégane et Cordial. Le couple, entre autre quatrième d’un Grand Prix 4* à l’Hubside Jumping de Grimaud en juin, a pris part à ses premiers Grands Prix à 1,60m, manquant très souvent d’un rien pour apparaître au classement. « Pour Lyon, j’avoue qu’il y avait un peu de stress, car courir le Grand Prix Coupe du monde, à domicile en plus, cela met un peu de pression mais après la reconnaissance je savais qu’il n’y avait pas de raison de s’inquiéter. J’avoue être un peu déçue car il y a eu trois fautes à la suite. Cordial ayant le petit défaut de parfois se décaler à gauche, cela a faussé mon contrat de foulées pour rentrer dans le triple. Je me suis retrouvée trop à l’intérieur, mais ce n’étaient pas de grosses fautes et c’est le métier qui rentre », débriefe Mégane.


Depuis le CSI 5*-W de Lyon, Cordial profite d’une pause hivernale. Le retour en compétition pour 2022 se fera à Oliva, le but étant de monter progressivement en force et viser une participation au championnat de France. « Un résultat au championnat nous permettrait d’accéder par la suite à de très beaux concours. On espère encore passer un cap. On a pris le temps de familiariser le cheval sur 1,60m cette année, de ne pas le bousculer », analyse Laurent. « Il était encore un peu lent et sautait tellement haut, que cela a souvent engendré du temps dépassé, nous privant de belles places d’honneur. On espère qu’en 2022, avec le travail de gymnastique réalisé à la maison, le temps ne sera plus un souci ». 

Concernant une éventuelle participation en équipe de France, l’envie est bien là. « Si les choses doivent se faire, elles se feront. Cela doit toujours être une récompense par rapport aux résultats attendus et les résultats sont là ». Cependant, le trio n’est prêt à tout accepter à n’importe quel prix. « Pour ne rien cacher, nous avons déjà eu des propositions de participations à des CSIO en deuxième ligue, mais tantôt les dates ne coïncidaient pas, tantôt nous savions que c’était pour que Mégane endosse le rôle de réserviste, de par son statut U25. Sincèrement, vu les résultats du couple, il semble logique que l’on puisse espérer un peu mieux. Aujourd’hui, on préfère privilégier de beaux concours 5*, comme à Grimaud, où les installations sont tops, où l’on peut emmener plusieurs chevaux et où l’on est sûr de courir le Grand Prix en se confrontant à une vraie concurrence plutôt que de participer à un 3* avec un seul cheval, à l’autre bout de l’Europe, en étant réserviste ». Concernant d’autres circuits comme le Global, là aussi le respect de l’étalon passe avant. « Pour ce type de circuit, n’avoir qu’un seul cheval ne suffit pas. Trois, voire quatre chevaux de Grand Prix sont nécessaires. Et c’est ce type de chevaux que nous recherchons constamment, car notre objectif reste le très haut niveau. C’est sûr que Cordial représente une très belle vitrine de la qualité de notre écurie. Cependant, au moment où nos chevaux abordent le haut niveau, la demande se manifeste et il est alors logique que nous les vendions. Aujourd’hui, notre volonté est d’élargir le panel de chevaux et essayer de les garder plus longtemps. Pour cela, nous essayons d’investir dans des jeunes chevaux mais aussi des 7 voire 8 ans, de qualité encore supérieure. Pour l’heure, nous n’avons jamais manqué de chevaux pour courir des 4*. Mégane a toujours pu continuer les rankings mais il faut avouer que la vente reste toujours la finalité. C’est comme cela que fonctionne notre système ». 

Car Laurent Guillet est formel, ce qui a permis à Cordial de s’exprimer, c’est le temps qui lui a été donné. « Je pense qu’un cheval dans sa vie a un certain nombre de sauts et tout ce qu’il sautera de trop, il ne le sautera plus. Cordial est un génie, il est doué et avec lui, c’est assez facile. Que ce soit sur herbe, sable, petites ou grandes pistes, intérieur ou extérieur, c’est un cheval qui donne toujours le meilleur de lui-même et qui ne vous lâchera pas. Oui, ce n’est sûrement pas le plus rapide mais c’est un cheval qui a les derniers moyens et un respect incroyable. En revanche, un cheval comme lui, il faut l’entretenir quotidiennement. Étant donné qu’il est très facile, son travail à la maison n’a rien de complexe. Généralement Mégane se débrouille seule avec lui sur le plat. Par contre, quand on prévoit de le gymnastiquer, je suis toujours là »

 « Il a fallu aussi savoir prendre le temps nécessaire pour le laisser évoluer, sans vouloir aller trop vite. Mon idée est de faire durer les chevaux dans le temps et de parvenir aux objectifs qu’on s’est fixés avec chacun. Certains décevront, d’autres surprendront. Après il faut y croire. En tout cas, c’est comme cela que ça a marché avec Cordial. Il faut dès le départ que tout s’aligne : propriétaire, marchand, cavalier et cheval ». Cela veut dire savoir être patient. « Le gros avantage de ce cheval, outre ses qualités hors du commun, c’est que ses propriétaires nous ont toujours fait confiance, que ce soit Didier Jacquard ou Rebecca Pohl et Seven Equestrian Gmbh, en nous laissant beaucoup de liberté dans sa préparation et dans la gestion de son planning de concours, sans imposer de résultats à atteindre impérativement ». En effet, carte blanche est donnée à Laurent et Mégane « à partir du moment où les choses sont dites en toute transparence ». « Via Cordial, nous avons la chance d’aller sur des concours auxquels on n’aurait pas si facilement accès. Ce n’est pas possible d’avoir de meilleurs propriétaires que Rebecca et Seven Equestrian ». 

Quant à demander si l’envie ne démange pas Laurent d’emprunter à Mégane l’étalon le temps d’un concours, sa réponse est sans détour : « Il faut savoir rester à sa place, passer la main et reconnaître le talent des personnes qui vous entourent. »

Rendez-vous demain pour la troisième et dernière partie de cette saga consacrée à Cordial et ses missions en tant qu'étalon. 

Thomas Danet - Crédit photos : Sportfot.com