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Charlotte Dujardin sur sa planète !

Reportages dimanche 20 avril 2014
Reem Acra FEI World Cup Final
Lyon 2014
Grand Prix Freestyle. Derniers à s'élancer dans la première partie de la finale de la Coupe du monde de dressage Reem Acra, se déroulant sur une reprise Grand Prix libre en musique, le Français Marc Boblet et sa jument noire Noble Dream Concept Sol (Caprimond) ne parviennent pas à prendre la tête du classement provisoire avec la moyenne de 74,875 % contre les 77,946 % détenus par la Néerlandaise Danielle Heijkoop et Kingsley Siro (Gribaldi). L'évolution du couple depuis ses dernières prestations internationales est cependant notable, malheureusement quelques petites imprécisions ponctuent une reprise globalement réussie : des premières transitions passage/piaffer un peu molles, rectifiées par une petite remise aux ordres, suivie cette fois d'un départ volé, également une perte d'action en fin de pirouette au galop. Beaucoup d'application et de concentration dans le travail au galop, qui manque ainsi d'un peu de légèreté et d'intuition, pour terminer en beauté sur une belle séquence d'appuyers au passage. Après la pause, l'épreuve reprend avec la Russe Inessa Merkulova qui avait opté pour Mister X (Egeus), alors qu'elle avait partagé ses dernières participations en Coupe du monde avec Amaretto à 's Hertogenbosch et Zorro à Amsterdam. Le piaffer est très en dessous de la masse, mais les allongements au trot et au galop timides, les changements de pieds au temps chaloupés, les pirouettes au galop élargies et les arrêts plutôt approximatifs. Bref le thème musical des aventures russes ne récoltera que 73,786 %. Suivent le col orange Hans Peter Minderhoud et son Glok's Johnson TN (Jazz). Le joli bai brûlé présente globalement une belle extension et beaucoup d'amplitude. Le couple est brillant et propose quelques originalités comme un quart de pirouette au piaffer en A. Pour autant, le sympathique couple obtient 77,625 % de moyenne et prend donc seulement la deuxième place du classement provisoire. L'Allemande Jessica von Bredow-Werndl leur succède en selle sur le trapu Unee BB (Gribaldi). Leur prestation est entrecoupée de quelques passages étranges comme une entrée directe sur une pirouette au galop, des changements de pied non réguliers, probablement non souhaités, sur une longueur au galop. Comme souvent dans les programmes allemands, une musique plus hachée, qui épouse mieux les différents mouvements navigant entre Harry Potter, le Seigneur des Anneaux et autres bandes originales de films, mais donne un caractère quelque peu haché à la reprise. Le piaffer est un peu plat mais l'étalon présente une belle amplitude dans les appuyers au trot. Au goût des juges, cette reprise est notée à 77,768% et le couple s'empare donc à son tour d'une deuxième place très disputée. Bonne mobilité des épaules pour Don Auriello (Don Davidoff) aux ordres de la Suédoise Tinne Vilhelmson Silfven qui parcourt la piste sur une musique encourageant à l'action. Egalement un peu de prise de risque dans les mouvements au piaffer, l'appuyer au trot et globalement une bonne réaction. Une énergie débordante récompensée par un 80,946 % et la tête du classement provisoire. L'Allemagne à nouveau en piste avec Isabell Werth et El Santo NRW (Ehrentusch), drôle de hongre, sans doute pas des plus élégants sur le carré, avec une tête forte, de gros sabots et des membres qui se courbent curieusement dans les appuyers. Le niveau technique est évidemment excellent, mais la qualité esthétique en pâtit, le tout sur un medley de chansons de David Bowie. Sans surprise, la note finale n'est « que » de 79,089, soit encore une fois la deuxième place provisoire. Plus que trois couples en lice. Le premier d'entre eux est hollandais, avec Edward Gal et Glok's Undercover (Ferro). Que dire de plus que : voir ce cavalier en piste est toujours un ravissement, tellement il ne fait qu'un avec sa monture. Aucune rupture dans les transitions passage/piaffer, pirouette au passage, le niveau technique est très élevé et on ne peut pas leur reprocher grand-chose. Peut-être un début de deuxième pirouette un peu piqué, une perte de galop après les changements au temps ou encore une rêne échappée dans le dernier virage du programme côté technique ; et une encolure courte qui donne une impression de rigidité dans l'avant-main côté esthétique. Sur le panneau d'affichage le verdict est de 83,696 %, évidemment c'est la pole position… avant le passage des deux dernières concurrentes. Plus que deux, et voilà la dernière cartouche allemande, victorieuse de la Coupe du monde 2013 à Göteborg, Helen Langehanenberg et son magnifique étalon alezan brûlé, Damon Hill NRW (Donnerhall). Le début de la reprise est bizarre, entrée bouillante et arrêt sur des jarrets fléchis, mais le couple se reprend rapidement et montre des beaux angles dans les appuyers, même s'il pourrait y avoir encore plus d'action. Le couple marche au pas sur un grand demi-cercle, présente de jolies serpentines d'appuyers au galop, mais connaîtra à nouveau un petit heurt en fin de reprise avec une perte du mouvement en avant après le travail au galop, et là encore une petite remise en jambe pas très discrète pour se remettre au trot. L'ensemble reste excellent et les notes s'envolent à 87,339 % pour prendre à leur tour la tête du classement, mais pour combien de temps ? Plus qu'une et pas des moindres, c'est la championne olympique en titre Charlotte Dujardin qui entre sur le rectangle lyonnais en compagnie de son fidèle Valegro (Negro). D'emblée de jeu, un arrêt initial bien carré, le ton est donné. Rênes très ajustées, tension à son comble, il n'y aura que de minimes petits accrocs : une petite perte de mouvement avant une pirouette, un petit coup de postérieur agacé dans une transition passage/piaffer, un mouvement légèrement circulaire de l'antérieur gauche dans le pas rassemblé. Pour le reste, la technique est très relevée, avec par exemple une pirouette dans les deux sens d'affilée au piaffer, une aisance déconcertante dans les appuyers et, surtout, la poésie soutenue par un thème musical pétillant, taillé sur mesure pour la fraîcheur britannique. Sans grande surprise, la favorite s'empare du titre à l'unanimité avec 92,179 % de moyenne ; les juges américain (K) et autrichien (E) attribuant même au couple la superbe note artistique de 99,00 % ! Fin de la chaise musicale. « La finale était une passionnante à juger tant c'était une épreuve de très haut niveau. De plus le tirage au sort, qui est véritable, et non un clin d'?il au classement, avait mis les couples dans l'ordre idéal. Le dressage international est en pleine évolution avec un très grande qualité des cavaliers, mais également une organisation à la hauteur, car cela a toute son importance », se réjouissait Jean-Michel Roudier, président du jury. « Bien sûr c'était un rêve de voir la championne olympique venir gagner ici », confirmait Sylvie Robert, responsable des évènements équestres chez GL Events, « je remercie la FEI de nous avoir confié l'organisation de cette finale de Coupe du monde, Reem Acra qui sponsorise l'ensemble de ce circuit, Charlotte et tout le plateau très relevé, ainsi que leurs chevaux magnifiques. Les tribunes n'étaient pas malheureusement pas aussi pleines que nous l'aurions espérer, je ne vais pas le cacher, mais il ne faut pas oublier que l'arène est particulièrement vaste et que l'ensemble des tribunes, VIP et loges comptent pas moins de 9000 places. Nous sommes déçus mais il y avait tout de même 4500 personnes sur cette session aujourd'hui. Probablement la faute au weekend de Pâques. » « J'ai la chance d'avoir vécu beaucoup de finales de Coupe du monde depuis de nombreuses années, mais ce qu'on a vu aujourd'hui est le plus haut niveau de ce que j'ai vu depuis que je suis en fonction », confiera Trond Asmyr, directeur dressage à la FEI, « et de savoir qu'il s'agit pour la plupart de jeunes chevaux qui vont encore progresser, ça promet vraiment de belles choses pour les années à venir ». Bien qu'aucun nouveau record du monde n'a été enregistré aujourd'hui, Charlotte Dujardin ne peut que se réjouir de cette victoire : « le concours est fantastique et les infrastructures magnifiques. J'ai présenté ma reprise aujourd'hui pour la toute première fois sur une nouvelle musique, réalisée spécialement pour moi, inspirée de la bande originale du dessin animé « Comment entraîner un dragon » et vraiment fantastique à monter. Le programme est bien sorti, même si je ne l'avais répété que deux fois à la maison. C'était beaucoup plus risqué, en plus de l'absence de routine, j'y avais ajouté plusieurs difficultés techniques avec notamment des pirouettes et des piaffers, nous en discutions encore ce matin avec Karl, mais ça a été ! » Concernant le fait que Charlotte était présente à Lyon sur invitation, la Britannique ne mâche pas ses mots : « C'est vrai, je n'étais pas qualifiée d'office à cette finale de Coupe du monde mais j'étais invitée. J'ai gagné, donc il n'y a rien d'autre à dire ». « J'ai fait deux erreurs de trop aujourd'hui pour avoir pu espérer remporter l'épreuve, mais j'ai eu un bon sentiment en piste. J'ai pris des risques, des fois ça paye, des fois pas, c'est comme ça. Concernant la musique, j'essaye de l'apprivoiser et de raconter une histoire, notamment en choisissant quelques moments forts, séparés d'autres plus calmes, de sorte que les plus forts ressortent plus », commentera Helen Langehanenberg qui, loin de son record de Neumunster, est néanmoins satisfaite de sa prestation. « Je n'étais jamais venue à Lyon, mais les infrastructures sont vraiment incroyables et j'ai passé un week-end magnifique ». Pour Edward Gal, le perfectionniste : « c'était un petit peu mieux aujourd'hui, mais pas beaucoup plus. Mon cheval était encore très excité en piste, il y a eu quelques erreurs, je me suis même un peu perdu dans ma reprise, mais ok, c'était une bonne expérience. On a beau être fin prêt au paddock, ce n'est pas toujours facile de faire pareil en piste ».