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"Chantilly sera le Aix-la-Chapelle français" Christophe Ameeuw

Reportages jeudi 22 avril 2021 Theo Caviezel

Christophe Ameeuw et ses équipes en ont connu des crises. Ce sont d'abord eux qui ont du annuler le tout premier CSI 5* à cause du Covid-19 en février 2020, c'était à Hong Kong, avant de devoir également renoncer aux concours de Lausanne, New York et Paris. Expert en gestion de crise, c'est avec un tout nouvel événement que le président fondateur du groupe EEM revient, avec de nouvelles ambitions non dissimulées, qu'il évoque dans cet article.

Il y a un an, vous abordiez les contours d’un monde d’après, vous qui avez dû annuler le tout premier CSI 5* à cause du Covid-19, à Hong Kong en février 2020. Quelle forme prend ce monde d’après et y sommes nous vraiment entrés ?

Le groupe EEM s’installe en tout cas progressivement dans ce monde d’après ! Il faut s’adapter, s’équiper, faire évoluer les mentalités, donc évidemment tout ne se fait pas du jour au lendemain, mais le « monde d’après » a débuté pour nous, pour tous les acteurs de la filière, et nous voyons que cette mutation s’opère aussi dans les autres sports.

La crise que nous avons vécue, dès janvier 2020 aux Masters de Hong Kong avec les débuts du Covid-19, puis l’annulation de ceux de Lausanne, New York et Paris, tout cela a été compliqué mais nous en avons tiré de très bonnes leçons, souvent dans la douleur, dans la sueur et dans le stress, mais aujourd’hui nous sommes prêts, avec mes équipes, à nous réinventer et c’est ce que nous faisons avec ce nouvel événement qu’est le Masters de Chantilly.

Vous avez aussi sorti un communiqué il y a quelques jours en affirmant que le Masters de Chantilly aurait lieu coûte que coûte, en avançant trois possibles scénarios. On imagine que cette communication a eu un effet positif sur vos équipes, vos partenaires et tous les cavaliers ?

Je peux vous reconfirmer ici que le Masters de Chantilly aura lieu, du 8 au 11 juillet 2021. Il faudrait que le ciel nous tombe sur la tête, pour reprendre l’expression gauloise, pour que nous soyons contraints d’annuler ! Nous avançons évidemment selon plusieurs scénarios. Notre souhait le plus sincère est de pouvoir accueillir tout le public espéré, dans le respect strict des restrictions sanitaires et grâce aux avancées notamment au sujet des vaccins, mais nous avançons aussi sur un événement avec une jauge réduite, ainsi qu’un scénario à huis clos.

L’événementiel équestre doit faire face à deux épidémies terribles que sont celles du Covid-19 et de la rhinopneumonie. Recevez-vous une aide financière ou matérielle au niveau de l'État ou des institutions fédérales ? 

La seule chose qui nous supporte aujourd’hui, c’est la chaise sur laquelle nous pouvons nous asseoir ! En ce qui concerne le financement et le bon déroulement du Masters de Chantilly, nous avons une chance extraordinaire d’avoir des partenaires fidèles, qui veulent absolument que notre sport existe, et sommes toujours pro-actifs sur la recherche de nouveaux partenaires. Notre sponsor officiel est Rolex, qui avec son grand soutien nous accompagne dans cette aventure. Le soutien de Groupama, de la Laiterie de Montaigu et de nos nombreux autres partenaires font que nous pouvons nous projeter avec sérénité sur cette première édition.

Nous avons aussi besoin de toute la communauté équestre, de toute son industrie et de tous les meilleurs cavaliers du monde pour faire de cet événement, et de tous les autres, des événements indispensables au maintien de notre sport et de son économie.

Rhinopneumonie + Covid-19 : comment peut-on envisager un événement prenant en compte toutes les restrictions sanitaires, humaine et équine ?

Le groupe EEM a aujourd’hui une expérience énorme dans la gestion de crises et, de surcroît, d’événements. Quand vous devez gérer des quarantaines pour notre événement de Los Angeles, quand vous vous retrouvez au centre des plus grandes villes du monde, comme New York, ou que vous amenez le jumping pour la première fois à Hong Kong, vous imaginez bien que nous avons toutes les ressources nécessaires pour faire face à ces nouvelles difficultés sanitaires qui nous sont imposées. Nous sommes experts dans ces domaines et nous ferons notre métier lors du Masters de Chantilly comme nous l’avons toujours fait.

Mais nous ne devons pas simplement appliquer les règles décidées au niveau local et national, nous devons aussi anticiper tous les scénarios qui peuvent survenir à quelques jours de l’événement, pendant l’événement, et juste après. Tout le monde doit se sentir serein et en sécurité lors de notre concours. 

En ce qui concerne la rhinopneumonie, et en association avec les cliniques de Chantilly et de Bosdreef, nous irons plus loin que les recommandations sanitaires de la Fédération équestre internationale. Nous nous devons d’aller plus loin et de mettre dans un confort absolu toute notre communauté qui participe à nos événements depuis quinze ans.

Après des débuts à Bruxelles, c’est Paris qui est finalement apparu comme place centrale de votre concept. Vous arrivez maintenant à Chantilly. Pourquoi cet attachement à la France, vous qui êtes Belge ?

Je suis avant tout un Européen ! La France est la voisine de la Belgique, avec une culture et une histoire extraordinaires concernant l’équitation. La Fédération française d’équitation a une puissance qui n’a pas son pareil dans le monde, avec plusieurs millions de cavaliers dans le pays, des milliers de clubs équestres… Le cheval a une véritable fondation en France et mon histoire avec ce pays a débuté avec les Gucci Masters en 2009. Nous avons énormément investi en France et surtout à Paris pour le jumping avec pas moins de onze éditions, nous nous sommes créés une véritable réputation et une très belle communauté. Ce lien créé me tient particulièrement à cœur et j’ai envie de continuer à donner rendez-vous aux passionnés de sports équestres, et bien plus largement encore, grâce à ce nouvel événement qu’est le Masters de Chantilly, avec la magnifique équipe de bénévole derrière ce concours depuis des années.

Chantilly nous fait entrer dans une toute autre dimension par rapport à nos précédents événements. Nous serons au centre d’un poumon vert, dans un cadre verdoyant, capitale du cheval avec une histoire de plusieurs siècles et des possibilités infinies.

D’un hall d’expositions en indoor aux quatre coins du monde, a un événement unique en plein air dans une ville historique à taille humaine, en plein cœur d’une forêt. Vous aviez besoin de revenir à un côté plus terrien et respirer cet air frais ?

Le cheval nait et vit dans des pâturages, entouré d’herbe et de forêt. Le Masters de Chantilly nous fait véritablement entrer, pour reprendre nos propos antérieurs, dans ce monde d’après ! Toutes mes équipes sont ravies de s’ouvrir les poumons avec un événement outdoor, dans ce cadre incroyable. Le succès de nos Masters s’est construit dans des halls d’expositions, nous avons pu y créer de véritables « shows ». Dès à présent, nous changeons de dimension et sommes prêts pour de nouveaux défis, à commencer par l’ouverture à de nouvelles disciplines. Je peux vous l’affirmer ici : Chantilly deviendra le Aix-la-Chapelle français. 

Nous avons changé de cap, nous sommes en extérieur, au milieu des bois, les trois disciplines olympiques et l’attelage y auront donc toute leur place !

Vous qui aviez pour habitude d’activer le mode événementiel tous les trois mois pour préparer toutes les étapes de vos Masters, aux quatre coins du globe, est-ce qu’un seul événement par an va vous suffire pour vous stimuler ?

Vous savez, prétendre organiser le Aix-la-Chapelle français est très ambitieux. Cela va nous prendre vingt-quatre mois par an (rires) ! Je souhaite que toute cette planète cheval puisse vibrer avec un grand événement annuel, alors vous savez, si cela doit se faire sur dix jours, cela se fera sur dix jours.

Photo à la Une : Sportfot.com