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Cavalier maison, métier mal aimé ?

Sponsorisé samedi 11 avril 2020

Derrière chaque cavalier se cache une équipe absolument primordiale à toute réussite. Studforlife a décidé de vous partager les coulisses du haut niveau en mettant en lumière ces acteurs de l’ombre qui sont essentiels à une écurie de haut niveau. Ce mois-ci dans notre rubrique la Question du mois, nous faisons donc un focus sur le cavalier maison, métier analysé par Fanny BERGER, travailleuse de l’ombre pour Niels BRUYNSEELS, et Daniel DEUSSER numéro trois mondial de sauts d’obstacles.

Quel rôle occupe le cavalier maison dans l’équipe d’un grand sportif ?

Fanny BERGER, cavalière maison du Belge Niels BRUYNSEELS : « Chez Niels, je suis amenée à monter trois types de chevaux : les chevaux de haut niveau, qu’il monte en concours, lorsqu’ils sont à la maison ; les jeunes chevaux ; et les chevaux destinés au commerce. Au total, il y a une trentaine d’équidés à l’écurie et je suis aidée d’une personne qui vient monter le matin certains jeunes chevaux et les sort en concours.

Pour faire ce métier, on doit selon moi avant tout être passionné et investi. On doit aussi savoir s’adapter le plus vite possible et être très observateur car c’est un métier très exigeant qui demande beaucoup d’autonomie. On doit être capable de s’adapter à tout type de chevaux, de communiquer avec l’ensemble de l’équipe afin d’échanger sur la santé et le comportement de toute l’écurie. Tout changement de comportement ou toute gêne ressentie doit immédiatement faire l’objet de notre attention. La complémentarité au sein de l’équipe est donc primordiale. On communique beaucoup afin de ne pas passer à côté de certaines choses. On doit aussi être doué dans le travail sur le plat car c’est environ 80% de notre travail quotidien.

Pour que tout cela fonctionne bien, on doit avec un lien de confiance très fort avec le cavalier car nous sommes, cavaliers maison, bien souvent les seuls aux écuries la majorité de la semaine et avons donc une grande responsabilité avec des chevaux d’une grande valeur. La qualité du travail que l’on produit peut être analysée à travers divers paramètres bien qu’au final le travail sur un cheval relève d’un effort collectif, du cavalier maison à l’ostéopathe… Les retours du cavalier sur les comportements des chevaux en concours mais aussi l’évolution des jeunes chevaux ou le bien être des chevaux à l’écurie permettent d’évaluer le travail effectué et d’adapter en fonction. Le rôle du cavalier maison est donc clé car les cavaliers sont aujourd’hui en concours la majeure partie de l’année et n’ont pas le temps de beaucoup travailler leurs chevaux à la maison. C’est à nous que revient la responsabilité de rendre le cheval le plus disponible possible quand il sautera les plus grosses épreuves de la planète.

La plupart des cavaliers maison débutent en bas de l’échelle dans de petites écuries. Pour réussir, il faut faire ses preuves, faire les bons choix et bien s’entourer. Il faut prendre le temps de se former et ne pas brûler les étapes afin de se constituer un bagage solide et ainsi pouvoir évoluer dans des écuries de haut niveau où l’expérience est essentielle pour être recruté.

Le cavalier maison vit, on ne va pas se mentir, dans un monde à part. Il faut donc accepter de travailler dans l’ombre, certaines personnes peuvent parfois souffrir d’un manque de reconnaissance car elles vivent mal le fait de travailler en coulisse. A titre personnel, la reconnaissance la plus importante à mes yeux vient du cavalier et des propriétaires. Ils sont les plus à même de juger la qualité de mon travail. »

Daniel DEUSSER : « Lorsque l’on évoque mon cavalier maison, Benjamin PLANTADE (que nous avons interviewé il y a peu, ndlr), deux mots me viennent à l’esprit : la confiance et la communication. Le cavalier maison joue un rôle capital au sein de mon équipe car il passe deux fois plus de temps que moi avec les chevaux. Il faut donc que je puisse avoir confiance en lui mais aussi que l’on communique facilement afin que je dispose de tous les éléments sur la forme, la santé et le bien-être de mes chevaux. J’insiste sur cette relation de confiance car elle est primordiale entre un cavalier et son cavalier maison.

J’ai une petite équipe de quatre personnes (cavalier maison, groom concours et groom maison) et une dizaine de chevaux de compétition au sein de mon écurie qui fait partie intégrante des écuries Stephex. Je n’ai pas de jeunes chevaux ni de chevaux de commerce dans mon piquet à l’heure actuelle. Cela me permet de me focaliser sur le sport de haut niveau, ce qui est une chance incroyable.

Je manage l’équipe dans une ambiance quasiment familiale. J’entretiens d’excellents rapports avec chaque membre de mon équipe. Chacun joue un rôle clé pour moi, chacun dans son domaine. Mon cavalier maison doit maintenir la condition physique ainsi que le moral de mes chevaux lorsqu’ils sont à la maison. Son travail consiste à garder mes chevaux heureux. Leur bien-être est primordial aussi varie-t-il les exercices, travaille-t-il la relaxation, la souplesse et l’endurance. C’est le travail sur le plat qui constitue le cœur du métier d’un cavalier maison. Il s’agit de travailler les fondamentaux afin que les chevaux soient prêts pour les compétitions. La qualité du travail effectué à la maison est primordiale lorsque l’on sait que nous sommes en concours presque tous les week-ends.

Concernant le recrutement d’un cavalier maison, je dirai que ce n’est pas une tâche aisée. En général, je fonctionne à l’instinct en accordant plus d’importance au feeling que je ressens avec la personne qu’à son CV. Je laisse toujours sa chance à la personne si le feeling passe bien. Cependant, je ne recrute jamais à l’aveugle totalement. J’essaie toujours d’avoir des retours avant de recevoir quelqu’un car il est compliqué de juger quelqu’un sur quelques jours et on a besoin de faire confiance très rapidement car je ne suis à la maison que deux à trois jours par semaine maximum. J’ai beaucoup de chance actuellement car Benjamin travaille avec moi depuis un certain temps, nous formons une bonne équipe et je peux partir en concours l’esprit tranquille. Le fait qu’il soit un pilier de mon équipe me permet de me concentrer sur mon travail. En cela je crois que cela reflète bien le rôle essentiel qu’il occupe au sein de l’écurie. Cette importance est aussi valable pour les deux autres membres de mon équipe (groom maison et groom concours). Sans leur travail ni leurs compétences, je ne pourrais pas me consacrer au haut niveau ni être performant dans mon travail. »

Propos recueillis par Manon Le Coroller. Photo à la Une : Sportfot.com