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Bryan Balsiger, la précision suisse

Reportages mercredi 12 juin 2019 Oriane Grandjean

Depuis ses débuts, le jeune Bryan Balsiger – vingt-et-un ans – épate par son  talent. Sa monte fine, sa précision et sa rapidité lui valent d’être régulièrement comparé à Steve Guerdat, tandis que ses premières apparitions au plus haut niveau, depuis fin 2018, ne font que confirmer son potentiel. Avec Clouzot de Lassus, le cavalier neuchâtelois ne cesse d’aligner les performances : champion d’Europe jeunes cavaliers en 2017, champion de Suisse élite en 2018, le couple faisait partie de la sélection victorieuse dans la Coupe des nations de La Baule début mai, et a frôlé la victoire dans le Grand Prix du CSIO 5* à St-Gall. Rencontre avec ce jeune talent humble et travailleur, qui partage ses journées entre l’écurie de son propriétaire Olivier de Coulon et le manège familial où il travaille aux côtés de son frère Ken et de son père Thomas.

Comment avez-vous débuté l'équitation ?

Mes parents tenaient le manège du Cudret à Corcelles, sur les hauteurs de Neuchâtel. Mon père montait au niveau national en Suisse. Quant à moi, dès que j’ai été capable de grimper sur un poney, j’ai commencé à monter. Je voulais surtout imiter mes parents et mon frère Ken. Je m’y suis mis régulièrement à quatre ans, mais c’est à l’âge de sept ans que j’ai vraiment accroché et que j’ai commencé à m’entraîner tous les jours. On a trouvé mon premier poney au Pays de Galles, où mon père a vécu durant plusieurs années, après un passage en Irlande. Alors que nous visitions une ferme où il avait travaillé pendant son séjour britannique, j’ai essayé un poney. C’est ce jour-là que j’ai sauté mes premiers cavalettis. La semaine suivante, mon père l’a fait venir en Suisse. Il s’appelait Pinto. Je me souviens que je tombais tous les jours, mais que je remontais à chaque fois ! J’ai obtenu mon brevet à huit ans. 

Ken et Bryan Balsiger (en selle) avec leur poney Mickaël.

Avez-vous toujours su que vous vouliez être cavalier professionnel ? 

Non, je crois que tout ce qui m’intéressait, au début, c’était simplement d’être en compétition avec mon frère ! Je ne me projetais pas du tout vers l’avenir. En fait, j’ai eu un vrai déclic à onze ans, en accompagnant mon frère lors des championnats d’Europe Children. Jürg Notz (célèbre marchand de chevaux suisse basé à Kerzers), alors sélectionneur de l’équipe nationale, m’a dit : « tu montes à cheval ? Alors l’année prochaine, je veux que tu sois dans l’équipe. » En un an, j’ai fait ma licence, mes premiers concours et j’ai été sélectionné pour faire partie de l’équipe aux championnats d’Europe. C’est comme cela que tout a commencé.

Ensuite, vous avez participé à plusieurs championnats d’Europe…

J’ai fait mes premiers championnats Children en 2009 à Moorsele, ensuite il y a eu Jardy en 2010 et j’ai obtenu mon premier top 10 aux Européens Children, en 2011, à Comporta. J’ai ensuite pris part aux Européens Juniors en 2015 avec une 7eplace en individuel. Ma première médaille, c’était en 2016 à Millstreet : nous avons obtenu le bronze par équipe et j’étais à nouveau 7een individuel. Puis, il y a eu le titre de Champion d’Europe Jeunes Cavaliers en 2017 à Samorin avec Clouzot. 

Pendant ce temps, vous avez poursuivi vos études en parallèle…

J’ai rapidement su que je voulais faire de l’équitation mon métier. Toutefois, mes parents ont insisté pour que j’aie une solide formation. Par conséquent, j’ai fait un apprentissage d’écuyer, tout en faisant une maturité technique. J’ai fini ma maturité il y a trois ans.

Ken, Thomas et Bryan Balsiger dans les installations familiales du Cudret.

Vous êtes-vous toujours entraîné avec votre père ? 

Oui, c’est toujours lui qui m’a coaché. Je prends par ailleurs des cours de dressage avec Charles Froidevaux, qui me confie aussi deux chevaux avec lesquels je dispute des Grands Prix nationaux. Mon père nous a toujours suivi, aussi bien Ken que moi et il continue de le faire. Il vient d’ailleurs deux fois par semaine me faire travailler à Saint-Blaise avec les chevaux que me confie Olivier De Coulon. 

Votre père monte-t-il toujours en concours ? 

Non, plus maintenant. Il a décidé de mettre un terme à sa carrière sportive lorsque Ken et moi étions plus jeunes : il voulait que nous puissions apprendre avec de bons chevaux. C’est quand nous avons commencé à faire des 1,40-45m qu’il a levé le pied. Il aurait fallu avoir beaucoup de chevaux si nous avions été trois cavaliers à ce niveau. Il ne regrette apparemment pas son choix. Bon nombre d’acteurs du monde équestre suisse l’ont traité de fou, à l’époque, parce qu’il laissait ses chevaux à ses enfants alors qu’il n’en avait jamais eu de si bons mais il était intimement convaincu que nous apprendrions mieux si nous avions de bons chevaux à disposition. Grâce à ce sacrifice, j’ai pu compter sur sa jument Steffi Kaff pour faire les épreuves Children. Avec des chevaux qui avaient beaucoup plus d’expérience que nous, nous avons pu progresser de manière idéale. Ken et moi avons eu beaucoup de chance de pouvoir monter ses chevaux et de bénéficier de son super encadrement.

Bryan et sa mère, Patricia, en 2011.

Votre mère est-elle, elle aussi, toujours très impliquée dans votre carrière ? 

Oui. Comme elle est plutôt axée sur le dressage, c’est elle qui m’a longtemps donné des cours sur le plat. Elle m’a suivi dans tous mes concours. Même si maintenant elle ne peut pas m’accompagner partout, elle suit à distance mes résultats et essaie toujours de venir régulièrement sur place. Elle est très importante dans ma vie. Elle me soutient et je lui suis reconnaissant d’avoir construit toutes ces installations à Corcelles avec mon père. Elle gère aussi le côté administratif pour moi et comme elle travaille maintenant à la Fédération Suisse des sports équestres, elle peut m’aider pour les inscriptions. 

Bryan Balsiger et Steffi Kaff lors des Championnats d'Europe Children à Jardy en 2010.

Parlez-nous des chevaux qui ont marqué votre vie avant l’arrivée de Clouzot. 

Il y a donc eu Steffi Kaff avec laquelle j’ai gagné mon premier Grand Prix junior à Chevenez en 2011. Ensuite il y a eu Petit Loup, un autre cheval de mon père, avec lequel j’ai pris part à mes premiers Grand Prix nationaux. Il m’a apporté beaucoup d’expérience. Il y a encore eu Nohjy, un vrai cheval de cœur. C’est avec lui que j’ai fait mes plus belles années juniors et c’est grâce à lui que j’ai obtenu ma première médaille chez les Jeunes cavaliers. Puis, c’est l’arrivée de Clouzot, bien sûr.

Retrouvez la suite de notre entretien dès demain ! 

Crédit photos : Clément Grandjean