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“Avec un cheval comme Milton, le sport est bien plus facile”, Cyril Cools (1/2)

Cools
Interviews mardi 31 octobre 2023 Mélina Massias

Impossible d’ignorer les récentes performances de Cyril Cools et l’impressionnant Milton, né chez Corien Hoogenboom. Révélé en 2021 par Jérôme Guéry, le gris par Mylord Carthago est monté en puissance au Morocco Royal Tour, retrouvant son meilleur niveau ou presque, en atteste ses deux deuxièmes places dans les Grands Prix CSI 4*-W de Tétouan et El Jadida, ainsi que son double zéro et sa victoire dans la Coupe des nations de Rabat avec la Belgique. Autant dire que le cavalier belge de vingt-neuf ans a vécu trois semaines de rêve au Maroc. Discret et encore peu connu du grand public, ce sympathique cavalier dont le style n’est pas sans rappeler celui de son idole, Marcus Ehning, s’est confié sur la route du retour de ses trois semaines de compétitions. Entre bilan de sa tournée, éloges de son incroyable partenaire, évocations de ses autres montures et retour sur son riche parcours équestre, le jeune homme se révèle humblement dans cette interview en deux épisodes.

Vous avez participé pour la première fois de votre jeune carrière au Morocco Royal Tour (MRT), début octobre, avec à la clef deux deuxièmes places dans les Grands Prix CSI 4*-W de Tétouan et El Jadida, ainsi qu’une victoire dans la Coupe des nations du CSIO 4*-W de Rabat. Quel bilan tirez-vous de votre tournée ?

Le bilan est assez positif, surtout pour Milton (Mylord Carthago x Sandro Boy). Il recommence à sauter des parcours un peu plus haut (le gris n’avait plus évolué à ce niveau depuis juillet 2021, ndlr). Le cadre du Morocco Royal Tour était idéal pour le relancer sur ces hauteurs. La concurrence y est moindre que sur certains autres concours, mais les lois du sport restent les mêmes. Cette tournée m’a permis de remettre Milton bien en route à ce niveau, sans trop lui en demander. Il est désormais prêt pour aller encore plus haut et prendre part aux plus beaux concours.

Milton et Cyril Cools sont la révélation du dernier Morocco Royal Tour. © Hippo Foto / Sharon Vandeput

En prenant la route pour le Maroc, vous attendiez-vous à de tels résultats ?

Je ne m’attendais pas à réaliser un aussi bon Grand Prix d’entrée de jeu lors de la première semaine de compétition, d’autant que je ne connaissais pas Milton sur ces hauteurs. J’avais disputé deux Grands Prix 2* (à 1,45m contre 1,55m pour les épreuves reines des CSI 4* du MRT, ndlr) avant de faire le déplacement et tous deux s’étaient bien déroulés. Toutefois, je voulais être encore plus sûr de ma connexion avec lui, d’autant que je savais que je ferai partie de l’équipe Belge pour la Coupe des nations la semaine suivante. C’était mon objectif principal. La première semaine s’est très bien passée et m’a directement mis bien en confiance. Cela a permis de lancer le reste de la tournée.

À Tétouan et El Jadida, vous avez affronté les deux premiers Grands Prix 4* de votre carrière. Comment avez-vous vécu ce nouveau cap ?

Je l’ai assez bien vécu. Avec un cheval comme Milton, le sport est bien plus facile ! Cela étant, j’avais déjà pris part à des Grands Prix 3* cotés à la même hauteur. De fait, cela n’a pas changé grand-chose. Reconnaître un parcours en sachant que l’on va monter Milton change vraiment la vie !

Cyril Cools s'est classé deuxième de ses deux premiers Grands Prix 4*, grâce à la complicité du sensationnel Milton. © Hippo Foto / Sharon Vandeput



“Cette première expérience en Coupe des nations me donne envie de recommencer”

Dans la série des premières, vous avez également découvert les joies des Coupes des nations Séniors, aux côtés de trois très bons cavaliers. Avec un double sans-faute et une victoire, vous ne pouviez pas rêver meilleur résultat pour vos débuts au sein de l’équipe belge. À quoi ressemblait l’ambiance au sein de ce collectif ?

Nous nous connaissons tous très bien et depuis très longtemps. La connexion que nous avons eu n’était donc pas une surprise. Marine (Scauflaire, elle aussi auteure d’une très bonne tournée au Maroc, avec notamment une victoire dans le Grand Prix CSIO 4*-W de Rabat en compagnie de Cuba Libre de Nevada, ndlr) et moi sommes de la même génération. Nous avons concouru sur les circuits Poneys et Juniors ensemble. Jérôme (Guéry, ndlr) et Virginie (Thonon, ndlr) sont un peu plus âgés, mais nous sommes tous de la même région, donc nous nous connaissons assez bien. Je savais par rapport à la semaine précédente que mon cheval était en forme, donc cela m’a mis en confiance. Cela m’a fait très plaisir de prendre part à ma première Coupe des nations Séniors aux côtés de Jérôme, qui est un pilier de l’équipe belge. Je connais également notre cheffe d’équipe, Fabienne (Daigneux-Lange, ndlr), depuis très longtemps, pratiquement depuis que je suis né. J’ai souvent monté certains de ses chevaux. L’ambiance était assez bonne enfant. Je ne vais pas dire que nous nous voyions vainqueurs avant l’épreuve, mais nous étions tous confiants, puisque nos chevaux étaient en forme. Finalement, tout s’est bien passé et nous avons gagné. Je n’ai pas fait beaucoup de Coupes des nations dans ma vie, donc je ne savais pas trop à quoi m’attendre, mais cette première expérience me donne envie de recommencer ! C’était très sympa.

L'équipe belge a triomphé à Rabat. © Morocco Royal Tour

“Initialement, je n’avais pas la prétention d’avoir un cheval comme Milton dans mon piquet”

Formé par Pim Mulder, Milton s’est révélé sous la selle de Jérôme Guéry en 2021. Après un court passage dans les écuries de Marcus Ehning, il a intégré votre piquet. Comment cela s’est-il déroulé ? 

Lorsque Jérôme le montait, Milton appartenait déjà à ma compagne (Martina Romagnoli, ndlr). Nous avons ensuite décidé de le confier, ainsi que notre bonne jument Cloe GP (Corrdino CH x Takashi van Berkenbroeck), à Marcus. Malheureusement, Milton s’est blessé assez rapidement, en raison d’un problème de maréchalerie. Nous avons décidé de récupérer les deux chevaux et ma compagne m’a dit de prendre mon temps pour remettre Milton bien en forme physiquement. C’est ce que nous avons fait, tout en profitant de ce laps de temps pour le faire saillir régulièrement. Finalement, nous avons pris le double du temps nécessaire pour le remettre sur pied, afin de nous assurer qu’il soit véritablement à cent pourcents de ses moyens. Initialement, je n’avais pas la prétention d’avoir un cheval comme lui dans mon piquet. Désormais, nous devons voir comment l’histoire va se poursuivre. L’an prochain, il y aura les Jeux olympiques et beaucoup de choses peuvent encore se passer. Milton mériterait d’aller aux Jeux. Je ne pense pas avoir encore assez d’expérience pour prétendre à une sélection. Ma chance réside peut-être dans le fait que les meilleurs cavaliers belges sont un peu moins fournis en bons chevaux. J’ai un cheval qui sort complètement de l’ordinaire et cela pourrait jouer en ma faveur, mais ce n’est pas mon objectif. Plein de personnes m’appellent en me disant “tu as le cheval pour aller aux Jeux, il faut que tu y ailles”. Si Milton allait à Paris, cela lui donnerait aussi un petit plus pour sa carrière d’étalon, d’autant que ses origines sont très bonnes. Alors, si nous recevons une offre que l’on ne peut pas refuser, nous devrons réfléchir… Nous avons déjà reçu des propositions par le passé. En tout cas, s’il n’est pas vendu, il n’ira nulle part et restera avec nous. S’il pouvait m’emmener jusqu’au niveau 5*, cela serait fantastique et permettrait peut-être d’ouvrir d’autres portes au passage.

Mitlon a toutes les qualités pour le plus haut niveau. © Hippo Foto / Sharon Vandeput



Quelles sont les qualités de Milton ? Comment décririez-vous son caractère ?

En premier lieu, je dirais que sa facilité est l’une de ses principales qualités. Il est très simple à monter et a un mental incroyable. Il a aussi beaucoup de respect. On peut également parler de son intelligence. Au début, c’était d’ailleurs assez choquant : il sent directement lorsqu’il s’agit d’un Grand Prix ou d’une épreuve importante, pour laquelle on a une concentration différente et où l’on est vraiment présent. Dans ces cas-là, il est comme transcendé lorsqu’il entre en piste, alors qu’il est beaucoup plus relaxe lorsqu’il s’agit d’un tour de chauffe ou d’un parcours de travail. Il est assez incroyable pour cela. Niveau caractère, il est super brave. On peut le faire promener par un enfant de cinq, il ne lui fera aucun mal. Dans le camion, il voyage à côté des juments sans souci, n’a aucun vice, etc. C’est une crème ! Je ne dis pas cela car c’est le nôtre, mais on ne lui trouve pas vraiment de point faible. Le seul défaut qu’on peut lui trouver est peut-être le fait qu’il vieillit ! S’il pouvait garder éternellement son âge actuel, ce serait parfait. Pour le reste, il est magnifique, adorable, va à la mer, monte et descend du camion, saillit sans se faire mal, etc. Bref, il est incroyable. Il a un nom difficile à porter, mais il le fait plutôt bien !

Avec Milton, Cyril Cools peut nourrir de belles ambitions. © Agence Ecary

“Milton peut peut-être changer ma vie comme Milton a changé celle de John Whitaker”

Quel est votre plan pour la fin de l’année ?

J’aimerais participer à deux ou trois CSI 4* cet hiver, notamment ceux de Stockholm et Poznan. Pour l’instant, Milton va profiter de deux ou trois semaines tranquilles, afin que je puisse reprendre les rênes des chevaux qui sont restés à la maison lors du MRT. Ma bonne jument, Cloe, s’était fait un peu mal avant que je parte au Maroc. Elle ne boitait pas, mais nous avons préféré l’économiser. Elle va reprendre les concours dans les prochains jours, puis elle devrait m’accompagner sur ces quelques rendez-vous 4*. Si tout cela se déroule bien, que je suis en forme et que Cloe et Milton le sont aussi, je demanderai peut-être une étape de la Coupe du monde. Le plan n’est pas encore établi à cent pourcents, mais je pense qu’il suivra cette ligne directrice. Sinon, une autre option serait de prendre part à la tournée extérieure aux Emirats arabes unis en début d’année, afin de pouvoir me lancer et accéder un peu plus facilement au niveau 5*. Comme je le dis, Milton peut peut-être changer ma vie comme Milton a changé celle de John Whitaker. Rien n’est impossible. Il me faut désormais continuer à montrer une belle image du couple que nous formons, Milton et moi, et poursuivre notre ascension. Pour le reste, ce qui doit se faire se fera. 

La toute bonne Cloe GP fait partie des meilleurs éléments du piquet du Belge. © Pixels EventsLa seconde partie de cet entretien est disponible ici. 

Photo à la Une : Milton et Cyril Cools à l’œuvre à Tétouan. © Hippo Foto / Sharon Vandeput