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Avec Kentucky et Kingston, Bertrand Moissonnier et l’élevage du Biolay ont de beaux jours devant eux (2/3)

Kingston
Elevage mardi 2 avril 2024 Jocelyne Alligier

Déjà remarqué sur le circuit des trois ans mâles du Selle Français où il est labellisé “Très Prometteur’’, Kentucky du Biolay, en s’imposant dans sa catégorie lors des Masters du Salon des étalons de sport de Saint-Lô, a (re)mis en lumière l’élevage du Biolay. Avec ce fils de Cordial, et d’autres jeunes prometteurs, Bertrand Moissonnier a de quoi marcher sur les traces de son père Albert, naisseur de Galopin du Biolay, vainqueur notamment du Grand Prix 5* de Gijon avec Jessica Kürten, et de Nelson du Biolay, champion d’Europe Jeunes Cavaliers par équipe et en bronze en individuel avec Maëlle Martin, et de son regretté grand-père Raymond, naisseur de Séducteur Biolay, meilleur cheval français de concours complet en 1995 et neuvième aux Jeux olympiques d’Atlanta avec Didier Willefert l’année suivante. Tous ces performers ont grandi à Lent, un joli coin de l’Ain.

La première partie de cet article est à (re)lire ici.

En gravissant les niveaux Amateurs puis Pro, Bertrand Moissonnier s'investit dans la valorisation des chevaux maison et poursuit ce travail, essentiel pour la commercialisation et la sélection des reproductrices. “Je sors assez peu les quatre ans. Ils effectuent en général entre quatre et six parcours, simplement pour découvrir la compétition. En revanche, pour les chevaux de cinq et six ans, la finale de Fontainebleau devient un objectif. Actuellement, les juments ne font pas de double carrière. Les transferts d’embryons sont assez coûteux et cela se fait toujours au détriment de la saison de concours. Mais j’y réfléchi, car cette technique permet de gagner du temps pour tester la jeune génétique. Sur une jument à fort potentiel, cela peut permettre une double carrière. De même, nous n’avons jamais mis nos juments de deux ans à la reproduction avant qu’elles n’attaquent leur carrière sportive, comme d’autres éleveurs peuvent le faire, mais cette option n’est pas exclue”, explique-t-il.  

Bertrand Moissonnier et les dames qui font l'élevage du Biolay. © Jean-Louis Perrier

Pour les choix de croisements, Bertrand cherche la complémentarité des qualités. C’est ce qui l’a guidé pour faire naître Kentucky du Biolay. “Sa mère Aphrodite du Biolay (L’Arc de Triomphe), avait beaucoup de sang et une excellente technique. Elle a très bien tourné sur le circuit de la SHF réservé aux jeunes chevaux, étant notamment classée “Excellente” à cinq ans à Fontainebleau, puis quatrième de l’épreuve au chronomètre lors de la finale réservée aux chevaux de six ans l’année suivante. Elle est partie en Belgique pour être commercialisée, mais ça ne s’est pas très bien passé. Quand elle est revenue, on sentait qu’elle n’avait plus la même envie sur les barres. Avec le recul, je pense qu’on lui a trop demandé à cinq et six ans compte tenu de sa sensibilité. J’ai choisi de la croiser avec Cordial car je voulais lui apporter plus de force”, analyse le naisseur du prometteur étalon. “Même si le cheval n’était pas encore aussi en vue qu’il l’est désormais, je l’ai remarqué dès ses cinq ans, puisqu’il était tout près, chez Laurent Guillet.” En effet, le cavalier et marchand international est aussi installé à Lent, sur la propriété de la Côte, où vécut Maurice Nachury, promoteur immobilier bressan, cavalier amateur passionné et impliqué dans l’élevage, fondateur dans les années soixante du Syndicat des Eleveurs de Chevaux de Sport de l’Ain. Albert Moissonnier en a été le président pendant treize ans dans les années 90. La collaboration entre l’élevage du Biolay et Laurent Guillet avait déjà bien fonctionné avec Galopin du Biolay, acquis par le regretté Hubert Bourdy et très vite présenté à la vente pour l’écurie de Moira Forbes.

Aphrodite du Biolay, la mère de Kentucky du Biolay, a réalisé de bonnes performances en compétition avant de se consacrer à l'élevage, où elle transmet le précieux sang de L'Arc de Triomphe, très bon père de mère. © Sportfot



En quête du croisement améliorateur

À la naissance de Kentucky, Laurent Guillet n’a pas mis longtemps pour venir voir le poulain et en acheter la moitié. Trois ans plus tard, il passait sous le feu des enchères des ventes Fences, une opération positive pour Bertrand. “Laurent aurait souhaité qu’il monte plus haut, mais à 48 000 €, on était au prix que je souhaitais et j’ai préféré ne pas prendre de risque. C’était pendant les championnats d’Europe, qui ne se sont pas bien passés pour Cordial le deuxième jour… Si cette échéance s’était déroulée de la même manière que la Coupe des nations d’Aix-la-Chapelle, où Cordial est double sans-faute, il y aurait assurément eu plus d’acheteurs pour Kentucky ! Mais avec la famille Rulquin, il est dans une bonne maison et sous la selle de Sofian Misraoui c’est parfait ! C’est important d’avoir des chevaux qui seront des bons ambassadeurs”, soutient le cavalier-éleveur. 

Le jeune Kentucky du Biolay marche déjà dans les traces de son père, qui après avoir brillé aux rênes de Mégane... Moissonnier, a rejoint l'Irlandais Denis Lynch en fin d'année dernière. © Mélina Massias

Bertrand compte aussi beaucoup sur un autre représentant de la génération “K”, Kingston du Biolay (Untouchable 27, KWPN et Omeyade du Biolay, Bon Ami sB), et croise les doigts pour que ce plaisant alezan en finisse avec le mauvais sort ! “Sa mère est morte subitement quand il avait trois mois. Heureusement, il était déjà bien autonome et a pu se nourrir seul. On le surveillait attentivement lors de la distribution des rations, en lui mettant un peu plus de quantité, et il est resté au pré avec les autres”, narre-t-il. “À trois ans, je voulais le présenter aux sélections Fences avec Kentucky. Après l’avoir toiletté, en le remettant au box, je me suis aperçu qu’il n’était pas très droit. Ce n’était rien de grave, mais il était hors de question de le présenter ! On a pu l’emmener avec un trois ans d’un cavalier de la région sur une autre sélection, mais là je ne suis pas tombé d’accord avec Arnaud Evain sur le prix de réserve. Je crois beaucoup en ce poulain et je ne suis pas pressé de le vendre ! Je l’ai présenté sur la qualificative étalon Selle Français de Chazey-sur-Ain et il a été qualifié pour le testage de Saint-Lô. Cela avait bien commencé, mais il a déclaré un abcès au pied qui l’a empêché de poursuivre l’aventure. Donc, pas d’approbation possible ! Je vais le monter sur le circuit des quatre ans avec l’objectif qu’il obtienne son approbation à Fontainebleau. Je pense qu’il mérite d’être étalon. Il a un modèle sérieux, un bon mental et je sens vraiment un gros potentiel.’’ 

Bertrand avait choisi de croiser la bonne Omeyade (ISO139 en 2012) avec Untouchable, non sans raison. Lors d’une présentation d’étalons, le Top Sire, organisé au Parc du cheval de Chazey-sur-Ain, il avait eu le plaisir de monter la vedette du Groupe France Elevage et avait été très impressionné. “Je ne me suis jamais senti aussi bien sur un cheval ! J’avais vraiment un sentiment de puissance, d’équilibre dans le galop que je n’avais jamais trouvé avant ! Et puis, j’ai senti un cheval très bien dressé. Cela doit nous faire réfléchir à notre travail”, pointe le passionné. 

Bertrand Moissonnier avoue ne s'être jamais "senti aussi bien sur un cheval" que lorsqu'il a eu le bonheur de monté Untouchable 27, étalon star du GFE. © Jean-Louis Perrier



Sur les concours SHF, Bertrand présentera aussi la sœur utérine de Kingston, Jayade du Biolay, une fille de l’Oldenbourg Balou du Rouet qui après avoir fait ses preuves sur les barres est destinée à rester à l’élevage pour perpétuer la souche de sa mère, Omeyade, elle-même petite fille de Quetsche du Biolay (Moon Mountain, PS), créditée d’un ISO 128, obtenu en 1988 avec Didier, le frère ainé de Bertrand. À travers Omeyade, c’est la branche d’Idole du Biolay qui perdure. Le sang de l’autre fille d’Amourette et du PS Kacolet, Hotesse du Biolay, est bien vivace dans les prés lentais. Les pistes de compétitions verront cette saison les prouesses de trois produits de Rockette du Biolay (Quincy, alias Quaprice Bois Margot), qu’il a valorisée lui-même (ISO 126 en 2012), après avoir fait ses débuts alors qu’il était tout jeune cavalier avec sa mère, Cathy du Biolay (Stew Boy, SF) ISO 131 en 1998.  Rockette est aussi la mère d’Electra du Biolay (Canturo), ISO 126 en 2020, qui assurera aussi la lignée à l’élevage. Mais avant cela, elle poursuit sa carrière sportive avec Chloé Moissonnier, dix-huit ans, prête à assurer l’avenir familial de l’élevage. “Ma fille a commencé à monter très jeune sur le circuit poney. Elle est aussi très motivée pour tout ce qui tourne autour des soins et a choisi d’en faire son métier en entrant en Bac Pro apprentissage. Elle a la chance de le faire au haras des Joanins, où cela se passe très bien avec Stéphane Monier. L’an dernier, elle a pu groomer les chevaux de Philippe Bernard sur le CSI de Bourg en Bresse, une super expérience ! Mon fils Baptiste, quinze ans, en revanche, n’a aucune attirance pour les chevaux mais adore tout ce qui touche à l’exploitation agricole”, détaille le père de famille. La quatrième génération du Biolay est sur la bonne voie pour faire perdurer l’exploitation avec succès !

Omeyade du Biolay sous la selle de son naisseur à Fontainebleau. © Scoopdyga

Photo à la Une : Bertrand Moissonnier fonde de grands espoirs en Kingston du Biolay, qui a manqué de chance dès ses premiers mois de vie. © Jean-Louis Perrier

La troisième et dernière partie de cet article sera disponible prochainement sur Studforlife.com…