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Amai, une histoire bien plus belge qu'elle n'y parait.

Interviews mardi 10 novembre 2009
Amai, une histoire bien plus belge qu'elle n'y parait. Victoire belgo britannique à Vérone !

La fédération belge n'arrête pas de marteler l'absence de propriétaires belges prêts à investir dans le milieu équestre et ne cesse de regretter les ventes de nos chevaux vers l'étranger. Pourtant si 2009 aura été une année catastrophique pour notre équipe nationale, nos propriétaires belges ne se sont jamais aussi bien portés : Après la médaille d'or par équipe aux championnats d'Europe, la victoire dans le GP CSIO***** de Falsterbo et la 2 ème place du Grand Prix Coupe du monde d'Oslo pour Ulysse, la victoire en Coupe des Nations à La Baule et la 2 ème place du Grand Prix CSIO***** de Dublin pour Carlina sous la selle de Pius Schwizer, la victoire en Coupe des Nations à Calgary, une place de 2 ème dans celle d'Aix la Chapelle pour Walnut de Muze sous la selle d'Harrie Smolders qui vient également de voir l'arrivée de Queros de Bioagrico, c'est au tour d'Amai de remporter l'étape de Coupe du monde sous la selle de Michael Whitaker. Tous ses chevaux ont un point commun : un propriétaire belge !

Après ses 4 mois de suspension, Michael Whitaker avait redémarré sur le circuit américain avant de faire un retour triomphant à Vérone grâce au BWP Amai (Non Stop x Bacara) qui lui fut confié il y a deux ans par Bétrice Mertens.

Studforlife : Quand et comment avez-vous acheté Amai ?

Béatrice Mertens :  Nous l'avons acheté en mai 2007 lorsqu'il avait 7 ans juste après le Sunshine Tour. Le cheval s'y était très bien comporté sous la selle de Frédéric Bouvard qui montait à l'époque pour François Mathy. Ce dernier m'a appelé un jour en me disant qu'il avait un super 7 ans qu'il fallait absolument que je vienne le voir. Nous y sommes allés et nous l'avons acheté. En fait, on peut dire que c'est mon fournisseur principal même si nous élevons également en Angleterre, Michael Whitaker ayant une propriété de 40 hectares , ce qui nous permet de pouvoir faire naître régulièrement des poulains là-bas.

Comment avez-vous commencé à travailler avec Michael Whitaker ?

Je suis belge : ça, c'est sûr  mais j'ai commencé à travailler avec Michael en 1991, un peu déçue de ce qui se passait en Belgique avec une mentalité qui n'était pas toujours très bonne. Je me suis retrouvée avec un cheval que j'estimais bon et ici, on ne l'aimait pas trop et il était même critiqué alors je l'ai envoyé en Angleterre et c'est comme ça que notre histoire a commencé. Avant cela, j'étais déjà fort amie avec l'ancienne épouse de Michael, Véronique, qui est également belge. C'était un cheval que j'avais élevé moi-même, issu d'une jument que j'avais monté moi-même dans les années 70 à haut niveau puisqu'à l'époque, j'ai participé à des concours comme ceux de Rome, La Baule , Rotterdam... etc. avec cette petite jument anglo-arabe, Uriel. Cela a très bien fonctionné puisque ce cheval, Uriel's Foal que j'avais inscrit au sBs, a remporté 28 épreuves internationales. Nous avons ensuite continué. Nous avons acheté d'autres chevaux, nous en avons vendu. Nous avons eu de la réussite avec certains, moins avec d'autres… mais je touche du bois, Amai semble être vraiment LA réussite.

J'avais également eu une très bonne jument, que j'avais également achetée chez Mathy : Renzerin van de Rampaarden (Renville x Redford) qui n'était pas non plus une jument de Grand Prix mais qui a gagné de très nombreuses épreuves internationales et est aujourd'hui à l'élevage chez Michael. Nous avons déjà deux produits par Tlaloc et Calvaro.

SFL : Quand vous avez acheté Amai, espériez-vous un tel résultat ?

Mathy m'a dit : « Ce cheval là, un jour, il va gagner le Grand Prix d'Aix la Chapelle  »… mais on connaît bien notre François (rires). Maintenant, je pense que le cheval avait le potentiel mais il ne faut pas oublier le travail de Michael dessus qui est quand même un cavalier d'exception et qui a amené le cheval, de par son travail, à ce niveau-ci. Pendant sa mise à pied, il n'a pas voulu que le cheval soit monté par d'autres cavaliers que lui, il l'a gardé au travail : mise en muscle, promenade … Il a fait un petit concours national près de chez lui où il a sauté 1m30 puis il l'a amené à Vérone et voilà ce qui arrive … C'est une belle histoire et je ne vous cache pas que j'ai eu un nombre incroyable de coups de téléphone depuis.

SFL : En tant que propriétaire, comment avez-vous vécu ces 4 mois de suspension ?

Je suis très amie avec Michael et je lui fais une confiance aveugle. C'est un homme de cheval et je n'ai pas pensé une seule seconde qu'il aurait pu donner intentionnellement à Tackeray le produit « regu-mate ». Je n'y ai pas cru une seule seconde. Je crois à l'erreur de la groom, comme il me l'a raconté et j' ai toujours conservé ma confiance en lui. Quatre mois, c'est très long. Tous ses espoirs de participer aux championnats d'Europe de Windsor où il comptait vraisemblablement monter Amai se sont envolés. Mais voilà, nous avons dû prendre notre mal en patience et je pense que nous avons bien fait.

SFL : Et maintenant, les risques de vente sont-ils possibles ?

Ah, ça, c'est la belle question ! Comme je vous l'ai dit, j'ai reçu de nombreux coup de téléphone. Michael possède également des parts dans le cheval et je ne prendrai aucune décision sans lui. Nous en avons discuté brièvement car il devait reprendre son avion pour participer à l'épreuve de Coupe du monde de Toronto le week-end prochain mais nous avons décidé de ne pas le vendre… même si dans ce sport, tout est possible. Parfois, il faut pourtant savoir vendre mais actuellement, nous ne vendons pas. Notre objectif, ce sont les championnats du monde l'année prochaine au Kentucky en espérant que tout se passe bien. Je n'ai jamais fait cela dans un but commercial. Si cela peut encore exister, je suis en quelque sorte une mécène.

SFL : Comment avez-vous assisté à cette victoire ?

Malheureusement, je n'étais pas à Vérone. Je suis rentrée de l'étranger où j'ai eu un bête accident mais malheureusement, mon ménisque interne ainsi que le ligament interne sont abîmés et je suis donc bloquée chez moi dans une sorte de plâtre. J'avais prévu d'aller à Stuttgart, Paris … etc mais pour le moment, je ne peux pas bouger de chez moi. J'ai donc suivi l'étape de Vérone en direct devant mon écran d'ordinateur grâce à FEI TV.

SFL : Quel est votre sentiment en tant que mécène après une telle victoire ?

Je suis contente pour le cavalier car c'est lui qui a créé le cheval, même si il y avait une bonne base. Je suis tellement heureuse pour ce garçon qui à 49 ans a encore une telle rage d'envie. C'est vraiment un cavalier et un homme de cheval d'exception. Il le mérite bien !