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3ème opus pour Sabrine Delaveau.

Interviews jeudi 30 avril 2015
3ème opus pour Sabrine Delaveau.

A l'occasion du Saut Hermès, Sabrine Delaveau a présenté son dernier ouvrage « Jours de conquête » aux éditions Actes Sud qui paraitra en librairie dès le 6 mai prochain.

Studforlife : Après le succès de « Confessions cavalières » et « Tu seras cavalier, mon fils », est-ce qu'il y avait une certaine pression pour le troisième livre ?

Sabrine Delaveau : « Non, absolument pas … je n'y avais même pas pensé. Par contre, j'étais contente de voir que des gens l'attendaient parce que justement il y avait eu les deux premiers. Lorsque j'étais au Saut Hermès, les gens venaient me voir et c'était très agréable. J'étais aussi contente de voir que j'avais des « fidèles », c'est sympa. » SFL : Pour vous, est-ce que le sujet auquel vous aviez pensé au départ correspond au livre ou a-t-il quelque peu évolué au fil du temps pour ce carnet de bord ? S.D. : « Je pense que la solution du carnet de bord était la plus humble. Je pense que si je l'avais fait autrement qu'en carnet de bord, j'aurais été très embêtée à la fin où cela aurait été « je fais un livre sur mon mari qui est médaille d'argent », j'aurais vraiment galéré. J'avais vraiment envie de faire vivre les championnats au fil du temps montrant la galère que cela représente pour y aller avec les bons moments et les moins bons, puis finalement, on y va .. Et comment est-ce que cela va se passer. Même si les gens connaissent la fin de l'histoire avant de commencer le livre, de la manière dont j'ai tenu le livre, moi, je ne la connais pas au moment où j'écris. J'avais vraiment envie de faire ce format de carnet de route, un peu dans l'esprit d'une présidentielle où l'on nous raconte tout le parcours du candidat pour devenir président. »

SFL : Entre l'idée de départ de faire un livre sur la construction d'une équipe pour un championnat du monde et le résultat final qui se solde avec deux médailles d'argent, ça change tout en perspective des ventes ?

S.D. : « Acte Sud m'avait mis très à l'aise par rapport à cela et qu'il y ait ou pas de médaille, le livre serait sorti de toute façon ! Après, c'est certain que pour les gens, c'est plus agréable de lire la construction d'une équipe avec ce résultat final qu'avec une débâcle à la fin. En fait, lorsqu'ils ont eu la médaille par équipe, je me suis dit, c'est bon, je peux mettre mon titre. J'avais très envie de l'appeler « Jours de conquête » mais je ne pouvais pas le mettre sans médaille à la clé. »

SFL : L'accueil que vous avez reçu au Saut Hermès était-il tel que vous l'espériez ?

S.D. : « J'en avais déjà un peu parlé avant, j'avais déjà un peu parlé du livre, il y avait eu un papier qui avait été fait dans l'Eperon annonçant la présentation au Saut Hermès puis via Facebook, on peut en amont mettre pas mal de choses… je me suis dit que ce serait une première prise de contact et je dois dire qu'au Saut Hermès, cela a toujours très bien marché pour mes deux premiers livres mais d'un autre côté, si ça ne marche pas là, c'est mauvais signe car c'est quand même ma cible et un peu « mon public ».

Si je vais faire un salon du livre dans un truc d'endurance, ça marchera moins. C'est un premier contact où j'ai senti que les gens attendaient le livre et étaient contents de l'avoir, c'était bien. J'étais contente. »

SFL : Est-ce que vous vivez la sortie de ce livre de la même manière que les premiers, il y a toujours un peu d'angoisse ou vous commencez à vous habituez ?

S.D. : « Non, je n'ai pas d'angoisse car j'ai parlé avec plein de gens durant la construction du livre parce que finalement, quand on sort un livre, on vous demande quand est le prochain. C'est un peu comme quand vous venez d'avoir un enfant, on vous demande quand vous allez faire le suivant. Ici, c'était pareil, les gens savaient que je préparais ce livre là et je savais que le sujet plairait aux gens. Ensuite, je pense que prendre les gens par la main pour les mener au sein de l'équipe, cela correspond à l'air du temps, les gens ont envie de savoir comment cela se passe à l'intérieur, ils ont envie de connaître les coulisses, d'autant qu'aujourd'hui grâce à une chaine comme Equidia, on a la chance que les cavaliers soient connus et suivis. Je pense donc que le sujet plaisait déjà. »

Est-ce que ce livre aurait été possible avec un chef d'équipe différent ou qui n'aurait pas tant apprécié votre travail ?

S.D. : « C'est vrai que quand je suis allée trouver Philippe Guerdat pour la première fois, il venait d'être intronisé à la place d'entraineur et je ne le connaissais pas du tout. On se disait « bonjour », « bonsoir », mais c'était tout. Je n'avais jamais parlé avec lui et lorsque je lui ai parlé de mon idée de livre, c'est là que j'ai appris qu'il avait lu les deux premiers. C'était une ignorance totale.

Par contre, il était assez dubitatif au départ et il avait un peu peur. Je me mets aussi à sa place : il arrive dans cette équipe et il se retrouve en plus avec la femme d'un de ses cavaliers qui est sur son dos et même s'il avait lu mes livres, il ne me connaissait pas du tout. Il ne pouvait pas nécessairement imaginer que j'étais quelqu'un de loyal, droit et intègre. Il a donc d'abord fallu que je gagne sa confiance et cela a pris deux-trois mois avant qu'elle ne se mette en place, ce que je comprends très bien.

D'une part, il n'y avait pas de raison qu'il me fasse confiance de but en blanc et d'autre part, cela aurait pu être l'objet d'une zizanie car c'est difficile à faire comme exercice pour moi qui suis aussi partie prenante dans l'histoire. Mais c'est vrai que j'ai vraiment eu beaucoup de chance d'avoir en Philippe Guerdat un super allié pour mon livre et pour tout car il a été génial et je pense que ce livre m'a surtout montré à quel point c'était un homme humain, respectable et loyal. »

Vous qui étiez journaliste et vous êtes un peu plus éloignée des magazines et de votre métier premier, vous vous sentez de plus en plus dans la peau d'un écrivain maintenant ?

S.D. : « Je pense que je n'ai plus du tout la moelle pour écrire des papiers et je n'ai plus du tout envie d'écrire des comptes-rendus et ce genre de choses. Je n'ai plus envie d'écrire de la même façon. Ecrire des livres, ça me plait énormément alors que je ne m'étais jamais posé la question auparavant. En fait, je n'ai jamais eu l'idée d'écrire un livre, on me l'a soumise et j'ai dit : « Tiens, c'est pas mal ». J'ai toujours imaginé que c'était un exercice très difficile et finalement, j'adore. J'adore cette liberté car finalement écrire un livre, c'est avant tout beaucoup de liberté, beaucoup plus qu'un article. »

Quand on voit vos trois livres, on a l'impression que ce sont trois exercices très différents auxquels vous vous êtes livrée…

S.D. : « Oui, tout à fait ! J'adore cela. Rien n'aurait été pire pour moi que de refaire une autobiographie derrière celle des Pessoa même si je l'ai faite sous l'angle d'une saga familiale, ce n'était donc pas une bio pure et dur de quelqu'un mais bien le récit d'une transmission mais j'adore le fait de changer de manière d'écrire. Le prochain, j'ai envie de faire quelque chose sous forme de discussion ou en tout cas encore autre chose, quelque chose de complètement différent. J'adore changer de style, je ne sais pas encore ce que je vais faire pour le prochain mais ce sera différent. Des autobiographies, on m'en propose … je pourrais écrire 15 livres … mais ce n'est pas mon souhait. Il y a tellement de choses à faire dans l'équitation ! »

Quelque chose de différent pour vous ou pour surprendre vos lecteurs ?

S.D. : « Je crois que c'est vachement égoïste en fait ! J'adore changer, je suis très entière et j'ai du mal à me raisonner et à me dire que je vais faire ça parce que ça marche. Je veux faire un truc différent parce que ça me motive. Ici, malgré les mises en garde d'Acte Sud qui m'ont dit que j'avais choisi la manière la plus compliquée et la plus casse-gueule car si ce n'est pas prenant, c'est vite chiant, ça me plaisait de le faire sous forme de carnet de route parce que j'avais lu plein de livre dans ce style là et que ça me donnait envie de le faire moi aussi. »

Vis-à-vis de vos enfants ou de votre mari, il y a une certaine reconnaissance aussi de votre travail ?

S.D. : « Je n'ai pas vraiment pensé à cela. Je n'ai pas besoin de reconnaissance. Je ne suis pas la pauvre femme dans l'ombre d'un champion. Je vis avec un homme qui partage énormément et avec lequel j'ai vraiment l'impression de former une équipe. Personnellement, je n'ai pas besoin de prendre de place, je n'ai pas d'ego, je ne revendique rien, je n'en ai rien à foutre. »

C'est peut-être plus matériel pour vos filles de voir un livre écrit par leur maman que divers articles dans les journaux et les magazines ?

S.D. : « Je pense qu'il y a surtout un temps pour tout. Je vais avoir 46 ans et j'ai envie d'essayer d'autres choses dans ma vie et je suis contente car ce livre reste un peu une mémoire de cette période où l'on aura vécu des moments extraordinaire dans tous les sens. Une amie m'a dit qu'elle voulait l'acheter pour sa fille qui veut monter à haut niveau et je pense qu'en effet, pour des jeunes qui se lancent, cela peut leur permettre de voir toutes les contraintes et ce qu'il faut avaler pour réussir. Rien n'est donné, rien n'est gratuit ! Je pense que c'est beau que le témoignage reste, je vois ma fille Valentine qui veut faire ce métier, même si elle est encore petite, elle voit aussi que c'est quand même dur. Maintenant, il faut être bien conscient que quand j'ai commencé à écrire le livre, nous étions en janvier 2013 et personne ne pouvait prévoir comment ça allait se passer. Quand je le prends et que je le lis aujourd'hui … je me dis que c'est génial que ça reste car il n'y a eu que le meilleur mais ça, on ne peut le savoir qu'à la fin. »

Aujourd'hui, vous vous dites que vous avez eu beaucoup de chance grâce à l'aspect sportif ?

S.D. : « Ca, c'est certain ! Entre le championnat d'Europe remporté par Bosty avec la manière dont ça s'est passé en plus où on arrive à Rome, son cheval s'arrête, les championnats s'éloignent pour lui puis finalement, il part avec la jument et il est sacré champion d'Europe, c'est un super scénario. Avec la France qui échoue à trois points de la médaille d'or, c'est aussi un super scénario pour Caen car est-ce que la médaille ne s'est pas aussi forgée là-bas pour Patrice dans cet échec et cette frustration d'Herning ? Alors oui, j'ai eu beaucoup de chance avec la manière dont les choses se sont déroulées. Patrice qui tombe avec Carinjo le vendredi et qui remporte le Grand Prix le dimanche, c'est quand même incroyable. »

Maintenant, combien de temps de vacances allez-vous vous accorder ?

S.D. : « Ce livre m'a demandé beaucoup d'énergie et beaucoup de discipline car ma position n'était pas simple. Il fallait que je fasse attention et que je donne des informations sans laver tout le linge sale de l'équipe de France en public car j'ai envie de pouvoir continuer à aller en concours. Je voulais donc pouvoir me permettre de dire certaines choses sans que cela me soit reproché donc cela demandait beaucoup de discipline et je pense avoir réussi. Aujourd'hui, je veux profiter de la sortie du livre … même si je réfléchis à ce que j'ai envie de faire après et j'ai déjà plein de projets, plein d'idées d'autant qu'Acte Sud a envie que l'on continue à travailler ensemble et ce sont vraiment des gens supers, je m'éclate complètement avec eux, c'est une super maison d'édition. J'ai beaucoup aimé la manière dont on a construit ce livre … donc j'ai envie de trouver un bon sujet… Néanmoins, je veux avant tout profiter de la sortie de ce livre car ce sont les meilleurs moments. »