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Vilamoura de Marguy, un bronze de plaisir.

Interviews vendredi 24 septembre 2010
Vilamoura de Marguy, un bronze de plaisir. Maréchal ferrant de formation, Hugues Delattre est aujourd'hui chauffeur de bus mais ce jeune Hennuyer est avant tout un passionné d'élevage heureux d'avoir vu son second produit s'emparer de la médaille de bronze lors du championnat de Belgique des chevaux de 5 ans à Gesves. Doha de Marguy, propre frère de Vilamoura et Dubai de Marguy (Larino & Oslo)

Studforlife : Comment avez-vous commencé dans les chevaux ?

 

Hugues Delattre : J'ai attrapé le virus par mes parents. C'est d'ailleurs de là que vient mon affixe « Marguy » qui est un diminutif de leurs deux prénoms. Ils avaient des chevaux de promenade et j'ai pratiqué moi-même en promenade durant de nombreuses années mais en ayant toujours un intérêt pour l'élevage mais à cette époque là je n'avais pas la possibilité d'en faire. J'ai attendu plus tard d'être dans la vie active pour me lancer.

Toute ma vie, j'ai toujours été intéressé par le jumping mais je n'en ai jamais vraiment fait. Je n'ai commencé à sauter qu'avec mes juments qui sont aujourd'hui poulinières, c'était en 1998. C'est une des raisons qui font que je suis un cavalier assez amateur car malheureusement, je n'ai pas les bases de dressage nécessaire derrière moi mais la passion a toujours été là.

SFL: Comment passe-t-on de la promenade à l'élevage de chevaux de sport ?

H.D. : J'ai toujours voulu faire de l'élevage et avec mes parents, nous avions d'ailleurs une jument que nous avions tenté de saillir avec Elégant de l'Ile mais elle n'a jamais été pleine. Durant mes études, j'ai un peu lâché l'affaire … mais je continuais à me rendre aux expertises, je me rendais chez différents éleveurs, j'aimais vraiment cela.

SFL: C'était important d'avoir d'abord une situation stable dans la vie active avant de penser à l'élevage ?

H.D. : Oui car pour moi, cela doit avant tout rester un plaisir. Devenir professionnel, cela reste un rêve mais utopique. Il faut rester sérieux dans la vie, les deux pieds sur terre.

Comment avez-vous trouvez vos poulinières et pourquoi avez-vous choisi celles là ? Fargeote du Nuirat & Etosha de Marguy (Cassander vh Bremhof) J'ai toujours été très attiré par l'élevage français et j'aime beaucoup les chevaux avec beaucoup de sang. Je trouve que c'est une vraie base pour commencer à élever. C'est pour cela que j'ai une jument issue d'une souche anglo-arabe et une issue d'une souche pur-sang. J'allais voir beaucoup de concours de juments poulinières dans le nord de la France et je regardais beaucoup les catalogues qu'ils faisaient avec la production des juments. Je me suis finalement arrêté sur ces deux souches là que j'ai choisi moi-même sans l'aide de quiconque. J'ai donc acheté en 1993 deux pouliches Selle Français : Fa d'Epinette (Quand Viens Tu x Nidor Platière, souche pur-sang) et Fargeote du Nuirat (Bargeot x x Joue du Metz). Je les ai ensuite débourrées puis je me suis lancé en concours avec elles avant de les mettre à l'élevage. Estoril de Marguy, frère utérin de Vilamoura par Powerfee

SFL: C'est important pour toi de faire les concours avant de les mettre à l'élevage ?

H.D. : Oui, pour moi, c'est capital. Certains mettent des pouliches à l'élevage à deux ans, pour moi, ce n'est pas concevable. Selon moi, la vérité est sous la selle, même pas dans le saut en liberté, et même si je ne suis pas bon cavalier, je me rends compte de leur équilibre, de leur bouche, du c?ur de la jument, si elles ont envie d'aller sur les barres, de leur respect. On ne peut pas bien marier pour la suite si on ne sait pas ça. Autrement, on va au petit bonheur la chance.

Oslo de Marguy & Almeria de Marguy (Tinka's Boy)  

SFL : En sortant vous-même vos juments, vous espérez quand même atteindre un certain résultat ou c'est juste une question de feeling avec la jument ?

 

H.D. : Les deux évidemment … mais le résultat n'est pas souvent là vu mon niveau. Il n'y a qu'avec ma première pouliche, Oslo de Marguy (Calvados & Fargeote du Nuirat). Lorsque je la sortais au concours, j'avais souvent la banane. C'est une jument vraiment super. La mère de Vilamoura, Fa d'Epinette, était également une jument très simple. Evidemment, on ne va pas au concours pour « perdre » mais le ressenti que j'ai sur mes juments est vraiment très important pour moi et je ne pense pas qu'il faille être grand cavalier pour pouvoir émettre un avis sur sa monture.

SFL : Comment choisissez-vous les étalons pour vos juments ?

H.D. : D'abord j'aime les étalons qui ont une souche derrière et dont la famille a produit ou tout du moins dont les collatéraux ont produit, que ce soit quand même quelque chose de sérieux dans les origines. Ensuite, il faut absolument que j'aille les voir au concours et souvent, je les suis avant de les utiliser.

C'est ce qui s'est passé avec Powerfee. Je l'avais vu aux championnats du monde des 6 ans avant d'aller le revoir dans de plus grosses épreuves par la suite et finalement, je l'ai utilisé l'an passé. En fait, je ne me lance pas souvent sur de jeunes étalons. Cassander vh Bremhof est sans doute le premier que j'utilise sans trop de recul. J'ai également utilisé Tinka's Boy car un tel palmarès est vraiment impressionnant ensuite, j'avais eu l'occasion de voir sa propre s?ur sauter et c'était vraiment une jument impressionnante en liberté alors même si sa souche maternelle n'est pas extrêmement connue, ses résultats sportifs compensent ce manquement. J'aime voir comment les étalons bougent sous la selle, comment ils travaillent … etc. Comme tout le monde, j'ai un cheval que je rêve de produire dans mon ?il et qui est un peu différent de chacun. Ensuite, il faut avoir sa ligne de conduite pour essayer de le fabriquer … ensuite, on verra !

SFL : La médaille de bronze de Vilamoura à Gesves a-t-elle été la première consécration de l'élevage ?

H.D. : Oui car c'est seulement mon deuxième produit et je n'aurais jamais cru que le cheval allait faire ça. Je suis allé le voir le jeudi mais il en restait encore beaucoup susceptibles de rejoindre la finale alors lorsqu'il s'est qualifié pour le dimanche, j'étais déjà très heureux.

D'autant que si le cheval est respectueux et qu'il a de la force, il faut rester honnête, il est un peu lent mais finalement, par un heureux concours de circonstance, ils ont tous roulé comme des fous et son cavalier a assuré le sans faute ! Il faut rester objectif, il a eu beaucoup de chance dans l'histoire… mais ça restera indélébile et ça, c'est une grande satisfaction. SFL : Qu'est ce qui vous a fait opter pour Ogano Sitte ?

H.D. : Pour être honnête, j'ai choisi Ogano car la jument avait eu du mal de remplir l'année précédente. Nous avions essayé toute la saison précédente sans succès et l'année suivante, je me suis dit qu'il ne fallait pas chipoter et qu'il fallait que j'utilise un étalon avec une très bonne semence en frais … et voilà pourquoi Vilamoura est né.

Même si cela peut démonter toutes les idées sur le croisement, je croyais quand même que le cheval pouvait convenir à la jument. Je l'avais vu lors du concours de Maubeuge et il m'avait impressionné.

SFL : Vilamoura a participé au concours de saut en liberté à deux ans à Malines. Le saut en liberté, c'est une étape importante ?

H.D. : Oui, je pense. D'autant qu'avant tout, cela a un but éducatif. Cela nous oblige à manipuler nos chevaux, à les dresser … etc. C'est super, cela fait partie de l'écolage pour la suite de la vie du cheval. Je pense que cela fait même partie du débourrage. Après je n'attache pas vraiment d'importance au classement.

SFL : La vente de Vilamoura lors du concours de Malines, c'était un peu la cerise sur le gâteau ?

H.D. : Oui, on peut dire ça comme ça. C'était une bonne vente et surtout, je pense que si je ne l'avais pas vendu ce jour là, il n'aurait probablement pas été 3 ème à Gesves ! Je suis convaincu que chez moi, c'était assuré qu'il ne le devienne pas et je n'ai aucun regret. Lorsqu'Hubert Hamerlinck et le père de Niels Brynseels l'ont acheté, ils m'avaient dit qu'ils allaient le présenter à la vente aux enchères.

Moi, je pensais qu'il passerait le jour même mais en fait, ils l'ont gardé un an et Star Horses l'a acheté là l'année suivante. A 4 ans, je n'ai été le voir qu'une seule fois et j'ai également été le voir une fois dans le cycle cette année car je pense que c'est intéressant de voir comment ta jument produit et comment vous pourriez améliorer votre élevage. Mon croisement avec Powerfee était à ce titre plus réfléchi…

SFL : Quel but vous fixez vous aujourd'hui pour votre élevage ?

H.D. : J'aimerais évidemment produire un cheval qui fera de grosses épreuves. Je pense que c'est un peu le but de tout éleveur. Maintenant, je me rends compte de plus en plus que le chemin est super long et très difficile mais j'espère y arriver.

SFL : Vous disiez que chaque éleveur avait son cheval idéal en tête : comment serait le vôtre ?

H.D. : Mon cheval idéal : c'est ET !! Pour moi c'est un cheval top, c'est la grande classe. J'aime les chevaux très réactifs, avec des moyens évidemment, mais réactifs et stylistes et je pense que la tendance va vers ses chevaux là avec beaucoup d'instinct.

SFL : Si votre rêve est ET, allez-vous utiliser son clone ?

H.D. : Pas du tout, mais alors là, pas du tout ! Clone ne dit pas identique. Je suis persuadé que c'est une vaste blague, que cela coûte beaucoup d'argent et je ne saillirai jamais avec de tels étalons. J'aurais bien sailli avec ET toutes mes juments mais pas avec son clone.