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Maximilien Lemercier, un français à l'accent belge …

Interviews jeudi 10 avril 2008

Maximilien Lemercier, un français à l'accent belge …

En 2006, Maximilien Lemercier remportait sa première victoire internationale à l'occasion du CSI** de Palaiseau. Un premier résultat significatif avant beaucoup d'autres qui lui ouvriront les portes des championnats d'Europe jeunes cavaliers à Athènes. En 2007, le jeune français semblait parti sur la même base … mais au retour de Dinard, le verdict est sans appel : blessure au tendon et une très longue indisponibilité pour Némo du Marais. Après 8 mois de revalidations, Némo fait son retour sur les pistes internationales à l'occasion du CSI** de Hardelot, là-même où ils avaient conquis leur dernière victoire internationale. L'occasion de revenir sur la carrière de ce jeune cavalier talentueux et sur son avenir. Maximilien en Compagnie de Nemo & Saxo du Marais

Quand avez-vous commencé à monter à cheval ?

 

J'avais 5 ans, mes parents n'étaient pas du tout dans le milieu du cheval, mais j'étais très attiré par l'animal en lui-même. J'ai donc atterris dans un centre équestre pour ma première leçon et cela m'a donné envie de continuer.

Pacha IV, la dernière recrue sBs de l'écurie.

Comment passe t'on de la première leçon au statut de cavalier professionnel ?

 

Il y a plusieurs étapes. J'ai d'abord eu ma première ponette que nous avions prise en demi-pension. J'ai commencé à faire des concours et je me suis très bien amusé. Après, mes parents m'ont acheté un cheval avec lequel j'ai continué à apprendre et passé mon galop 7. Il m'a permis d'évoluer en quatrième catégorie en Normandie. Ensuite, j'ai eu un deuxième cheval qui était un peu dans le même modèle, un petit alezan : je n'ai jamais eu de grands chevaux. C'est lui qui m'a permis d'évoluer de la classe D à la B1, il m'a donné une expérience hors du commun. Ensuite, nous avons acheté une jument belge, fille de Leader M, qui sautait de manière fantastique. Elle avait un c?ur hors du commun et était très respectueuse même si elle n'avait pas les derniers moyens mais elle m'a permis de courir de nombreuses B1 et de compléter ainsi mon expérience. Ensuite, ce fut Némo ! C'est véritablement la révélation, sans lui, je sais que je ne serai pas où je suis aujourd'hui. Je sais qu'aujourd'hui, je lui dois tout ainsi qu'à Gilbert Doerr. Ce sont vraiment les deux pièces maîtresses de notre histoire.

Comment passe t'on du cavalier amateur au statut de cavalier professionnel ?

 

J'ai toujours voulu en faire mon métier. Maintenant, c'est sûr que je l'ai fait quelque peu au détriment de l'école mais aujourd'hui, je ne le regrette pas. Passé du statut d'amateur à celui de professionnel, c'est aussi avoir la chance de tomber sur les bons chevaux au bon moment, de trouver les bonnes personnes qui nous encadrent : un bon entraîneur et une équipe qui suit. Je pense que c'est la véritable clé.

Comment avez-vous rencontré Némo du Marais ?

J'étais venu voir des chevaux en Belgique par l'intermédiaire de Daniel Evrard. Nous n'étions pas du tout venu pour l'essayer lui, cela s'est vraiment fait par le plus grand des hasards. Gilbert (Doerr) passe devant le boxe et me dit « Tiens, regarde, il y a un cheval avec une bonne tête là. » Je vais voir le cheval mais le monsieur nous explique que c'est un cheval spécial avec lequel il espère sauter des grosses barres mais il est particulier, très chaud … . Et on a quand même voulu le voir. Son ancien cavalier, Emmanuel Legat, a sauté quelques obstacles avec puis je suis monté dessus et j'ai tout de suite eu de très bonnes sensations. J'ai donc voulu venir le réessayer une seconde fois, nous sommes donc revenu quinze jours plus tard et il a confirmé tout le bien que je pensais de lui. Même si il était spécial mais ça a été le coup de foudre. Néanmoins, j'espérais juste qu'il me permette de continuer en B1 et de parfaire mon expérience puis il s'est avéré que c'était plus que ça…

Dans la vie d'un jeune cavalier, est ce que votre victoire lors du CSI** de Palaiseau vous a aidé à vous ouvrir des portes ?

 

Palaiseau m'a aidé pour ma sélection aux championnats d'Europe, ça c'est clair. En début d'année, je savais qu'on était 5-6 dans la course mais dès que l'on est parti dans cette voie là, puisque après Palaiseau nous avons eu une vague de succès où il est devenu très régulier et c'est comme ça qu'est venu l'ouverture vers les championnats.

Maintenant l'accès à ces concours là vient aussi de l'encadrement que l'on a autour de nous car l'influence des gens y fait énormément et pour cela, j'ai eu beaucoup de chance de pouvoir compter sur Gilbert.

 

Est-ce que l'accès aux CSI ne devient pas fort compliqué ?

Oui, de plus en plus. Il y a de plus en plus concurrences : de plus en plus de bons cavaliers et de bons chevaux. Maintenant, il est certain que lorsqu'on voit les jeunes générations étrangères très talentueuses qui arrivent avec les Whiatker, Maikel van der Vleuten et tous ces gars là, on a l'impression qu'il y a un réservoir inépuisable. Et évidemment, se confronter à des gens comme ça qui en plus ont des parents qui sont déjà dans le coup, ce n'est pas facile.

On vous a connu avec Némo et quasiment exclusivement avec lui et finalement lorsque l'on regarde votre carrière, on se rend compte que vous avez toujours eu un seul cheval… Est-ce ce n'est pas un problème de baser tout sur un seul cheval ?

 

Oui, c'est vrai que je n'ai jamais eu beaucoup de chevaux et c'est en effet un problème. La preuve, c'est la blessure de Némo car même si il m'a donné beaucoup, il a quand même fini par avoir un petit souci. Je ne sais pas si c'est un coup de pas de bol ou la raison de cette blessure car on n'a pas d'explications concrètes mais elle vient sans doute en partie de la répétition des efforts. Il venait de faire le championnat de France après une saison déjà bien garnie alors que les deux saisons précédentes avaient déjà été très costaudes également car il y avait la qualification pour les championnats d'Europe et le cheval courait très souvent donc je pense que l'explication de la blessure vient de là.

Maintenant, ce sont de bonnes leçons à retenir et dans la gestion d'un cheval, il faut savoir pouvoir prendre tout ça en compte. Je pense que l'année du championnat d'Europe, il m'est arrivé de faire 4 ou 5 concours d'affilée, ce qui était énorme en comptant les Coupes des Nations, les CSI jeunes cavaliers … c'était beaucoup trop ! Mais bon, le problème c'est que si l'on veut faire partie du truc, il faut savoir se sacrifier quelque peu au risque d'être mis sur la touche.

Comment avez-vous vécu cette blessure qui vous a également mis sur la touche pendant 8 mois ?

 

Ca a été une période vraiment noir. C'était assez incroyable, nous rentrions du Grand Prix de Dinard avec un problème, le vétérinaire est venu tout de suite … et quand on s'est aperçu que la blessure était aussi longue, c'est vraiment dur. On se dit que toutes les échéances que l'on avait prévu, tous les espoirs que l'on avait, les opportunités de faire de beaux concours : tout s'écroule. C'est ce qui arrive lorsque l'on a qu'un seul cheval et c'est une bonne leçon à en retirer : il faut savoir très bien le gérer et faire des sacrifices en sachant choisir ses concours pour lui laisser le temps de se reposer. En soi, la blessure n'était pas très grave … mais l'on savait qu'elle allait prendre du temps à guérir et nous avons d'ailleurs décidé d'en prendre encore plus que prévu pour repartir sur de bonnes bases. C'est vraiment dommage que ce soit arrivé parce qu'il était sur une très bonne lancée et devenait vraiment très régulier. Tout était vraiment bien entre nous, alors perdre ça d'un seul coup, c'est vraiment dur. Maintenant, en resautant avec lui, j'ai vraiment retrouvé toutes mes sensations et je suis très optimiste pour la suite.

Pendant cette période, vous en avez profité pour déménager en Belgique et plus précisément à Flémalle, sur les hauteurs de Liège, au haras du coin. Pourquoi ce choix ?

En fait, cela vient d'un de mes propriétaires que j'avais déjà en France : Marc Nollomont. Je travaillais deux chevaux pour lui dont une très bonne Kashmir (van't Schuttershof) que l'on a vendu par la suite et depuis le début, il m'avait parlé de cette idée de construire une petite écurie en Belgique avec moi comme cavalier. Je me suis laissé tenté par le projet et j'en suis très content car cela se passe plutôt bien. J'ai de bons chevaux … tout va bien.
Pour le lieu, je lui ai également fait confiance. Nous avons ici une super piste, un très grand manège… Les conditions sont idéales pour bien travailler.

Jusqu'à présent que retenez vous de votre expérience belge ?

Pour moi, c'est intéressant car cela me permet de rencontrer d'autres personnes, de rentrer dans un autre système de travail. Le système belge n'est pas du tout le même que le système français. Les chevaux sont différents, ils n'ont pas le même réservoir. Je pense que le réservoir est plus important en France, quand on voit tous les chevaux qui sont concentré en Normandie … mais par contre, j'ai l'impression que c'est plus sélectionné en Belgique. C'est plus strict, évidemment sur le nombre il y a aussi des bons et des mauvais comme partout, mais j'ai plus le sentiment d'avoir des bons chevaux naturellement aujourd'hui que partout où je suis passé avant.

Ce que je retiens également, ce sont les nombreuses installations fabuleuses qui nous permettent d'avoir des concours tout l'hiver à une heure de route des écuries tous les week-end. Ca c'est vraiment top pour travailler les jeunes chevaux et c'est tout à fait inexistant en France. Cela permet un suivi et un entraînement qui est régulier.

Par contre, vous avez également formé une écurie pour le Grand National en France avec Alexandra Francart. Pourquoi ce besoin de retourner vers la France même pour des concours nationaux ?

 

Besoin, ce n'est peut-être pas le mot. Ca me fait du bien de retourner en France et j'y retourne également ce week-end à l'occasion du CSI d'Hardelot. Pour l'équipe du Grand National, je suis ravi d'y participer avec Alexandra avec laquelle je m'entends très bien. C'est une fille qui monte très bien et qui possède de très bons chevaux. En fait, c'est une initiative de notre sponsor, les étriers Free Jump, ce sont eux qui me l'ont proposé et qui ont organisé cela. Pour le reste, la distance ne me fait pas peur. Ce qui est important pour moi, c'est de faire de beaux concours. Si il faut faire 1.000 bornes cela ne me dérange pas tant que je suis ravi d'y aller plutôt que de courir un concours tout à fait normal à deux heures de chez soi.

Quels sont vos chevaux pour cette saison et quels sont vos objectifs ?

 

Là tout de suite, mon piquet international se compose de 3 chevaux auxquels s'ajoutent de jeunes chevaux pour le cycle classique belge.

J'ai d'abord un petit gris, fils de Baloubet du Rouet par Je t'adore : Pacha IV. C'est un hongre sBs qui n'a pas trop d'expérience mais qui je pense est un très très bon cheval.

J'ai ensuite mon petit 6 ans Saxo du Marais que j'ai déjà depuis deux ans qui est un fils de Mozart des Hayettes avec une s?ur utérine de Némo. Il appartient toujours à son éleveuse, Nicole Rasquinet pour qui je prépare également un fils de Président, Viking du Marais, pour le concours de saut en liberté de Durbuy fin de ce mois-ci.

Puis évidemment Némo pour les grosses épreuves. Mon objectif cette année serait de recourir le championnat de France car cela a été une super expérience pour moi l'an dernier. Maintenant, je cherche un second cheval pour l'accompagner et le soulager qui pourrait courir quelques belles épreuves.

A long terme, quels sont vos objectifs ?

 

Tout d'abord continuer à développer l'écurie que nous avons là. Maintenant, l'avenir nous dira si ce sera en Belgique ou ailleurs, mais pour le moment, je m'amuse bien ici alors je vais essayer de construire quelque chose… .