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“Les étalonniers ont joué collectif et dans l’intérêt des éleveurs lors du salon des étalons du Sud-Ouest”, Aurélien Lafargue

Junesco
Elevage vendredi 16 février 2024 Mélina Massias

Plusieurs centaines de passionnés se sont retrouvés le week-end dernier à Nérac, dans le Lot-et-Garonne. Dans les installations flambant neuves du lycée agricole, plus de trente étalons, faisant tous la monte dans le Sud-Ouest, exception faite de Potter du Manaou, ont défilé sous les yeux des éleveurs venus les observer et finaliser leur choix pour la saison 2024. Deux semaines avant celui de Saint-Lô, ce salon des étalons du Sud-Ouest a tenu toutes ses promesses et pourrait bien revenir en 2025, si les finances le permettent. Aurélien Lafargue, impliqué dans le projet via l’Association des éleveurs d’anglo-arabes et de chevaux de sport du Lot-et-Garonne, qu’il préside, dresse le bilan de cette première édition réussie.

Le Sud-Ouest n’avait plus accueilli de salon des étalons depuis février 2020 et le dernier Jumping international de Bordeaux organisé avant l’explosion de la pandémie mondiale de Covid-19. Ces trois dernières années, les éleveurs devaient se rendre à Saint-Lô, dans la Manche, pour espérer pouvoir observer ceux promis à leurs précieuses juments. Dimanche 11 février dernier, le lycée agricole de Nérac, situé dans le Lot-et-Garonne et dont les infrastructures ont été rénovées, a accueilli la première édition d’un rendez-vous qui a sû séduire. 

Eirin Pompadour en préparation avant le grand show qui animé les allées du lycée agricole de Nérac dimanche après-midi. © Mélissa Mula

“L’événement a connu un grand succès et le bilan est plutôt très positif”, se félicite Aurélien Lafargue, président de l’Association des éleveurs d’anglo-arabes et de chevaux de sport du Lot-et-Garonne et de Génétiqu’Anglo. “Nous étions complets en termes d’étalons dès mi-janvier. Les stands des exposants étaient aussi complets, et les éleveurs ainsi que le public ont répondu présent. Mickaël Varliaud, de l’élevage de Riverland, qui a l’habitude de faire des ventes aux enchères, a estimé, en réalisant un comptage, la présence de 1200 personnes au temps fort de l’après-midi. Il est difficile de donner une estimation précise de la fréquentation, car il y a eu beaucoup d’allées et venues. Nous avions tellement de personnes que tout le monde ne pouvait pas accéder au ring de présentation. Je pense que nous avons passé la barre des 1500 personnes sur toute la journée. Ce salon était attendu, tant par les éleveurs que par les étalonniers. Si nous avons connu une telle réussite, c’est grâce à un effort collectif, notamment de la part des haras qui ont communiqué sur l’événement. Les étalonniers ont joué collectif et dans l’intérêt des éleveurs. Il faut le souligner.”

Star de la journée, Nathan de la Tour a eu le droit à une mise à l'honneur spéciale. © Mélissa Mula



Des stars mises en lumière

Deux éléments ont motivé Aurélien Lafargue et ses équipes à se mobiliser pour organiser ce salon des étalons du Sud-Ouest. Le premier : le choix du Jumping international de Bordeaux de laisser de côté la partie élevage et de développer, à la place, des compétitions Poney et Amateur, entre autres. “Face à la demande des étalonniers et des éleveurs, nous nous sommes dit qu’il fallait qu’on se prenne en main et que l’on mette quelque chose en place”, explique Aurélien Lafargue. Et de préciser la deuxième raison à l’origine de cette initiative : “Les haras du Sud-Ouest doivent, chaque année, batailler avec les grandes maisons pour se voir confier des étalons disponibles en monte de proximité, en frais ou en monte en main. Et nos éleveurs n’ont pas forcément connaissance de ces chevaux-là, qui ont évolué en dehors de la région. Il leur arrive alors parfois de voir l’herbe plus verte ailleurs et d’utiliser des étalons similaires en semence congelée. Dans le contexte économique actuel, réduire le coût de production d’un cheval passe aussi par des méthodes de reproduction moins onéreuses, à savoir le frais ou la monte en main. Je trouve donc essentiel que nous éleveurs du Sud-Ouest puissent voir le panel global de la génétique mâle proposée dans la région. La majorité des étalons de sport qui font la monte dans le Sud-Ouest au sens large, ont été présentés à Nérac. Des chevaux comme Diabeau vd Heffinck, Olala de Buissy ou Nintender, stationnés respectivement à Nérac, Pamiers et Soual, sont des stars. Il est, à mon sens, dommage d’utiliser des étalons similaires en semence congelée parce que la photo sur papier glacé était plus avantageuse ou parce que la vidéo était plus récente.”

Le sublime Nintender. © Mélissa Mula

S’il est encore difficile de dégager une vraie tendance pour la saison de monte à venir, Aurélien Lafargue a pu dresser un premier constat. “Dans ce genre de salon, nous avons toujours des gens motivés pour élever. En revanche, on sent de plus en plus que le plan économique devient de plus en plus difficile. Aujourd’hui, les éleveurs sont bien conscients que ce sont les frais annexes qui coûtent cher. Ils se questionnent donc souvent sur les tarifs de pension, de suivis ovariens et autres échographies, les frais vétérinaires, etc”, observe-t-il. 

Après un premier défilé dans la matinée, plus de trente étalons ont fait le show au milieu du manège de Nérac. Parmi eux, et outre Nintender, Olala de Buissy et Diabeau vd Heffinck, Best of Opus Dei, classé dans plusieurs Grands Prix CSI et CSIO 3*, Crusador, Qoud’Coeur de la Loge, vainqueur de neuf épreuves internationales avec Roger-Yves Bost dont le Grand Prix Coupe du monde de Lyon en 2014, Nathan de la Tour, Tasago de Roulard, jeune petit-fils de Casall, Helios Morinda, prometteur fils du jeune retraité Ulyss Morinda, ou encore les deux frères utérins Anglo-Arabe Eragon et Eirin de Pompadour étaient notamment présents. De quoi séduire les éleveurs présents dans l’enceinte du lycée agricole, et ce malgré la réalité économique actuelle. “Les éleveurs sont ravis de cet événement. Certains haras présents sur place nous disent avoir mieux travaillé que lorsqu’ils avaient des stands à Bordeaux. Je crois que c’est assez significatif. À Nérac, la clientèle était très éleveur. Nous n’avions peut-être pas beaucoup d’éleveurs avec trente juments, mais nous avions plusieurs amateurs qui ont leur jument à faire saillir tous les deux ou trois ans. La qualité des chevaux présentés était au rendez-vous, et nous avions également choisi Jérémy Chaix, qui avait officié à Saint-Lô l’année dernière et connaît bien son sujet, comme speaker. Tout cela combiné fait que cette première édition a été plutôt réussie”, développe Aurélien Lafargue. 

Grey Sky d'Ivraie, fils de Cornet Obolensky, né Windows vh Costersveld, et issu de la souche Anglo-Arabe de Jasione, était aussi de la partie à Nérac. © Mélissa Mula



Rendez-vous en 2025 ?

Le bilan très positif de ce salon des étalons du Sud-Ouest pourrait bien appeler d’autres éditions. “Je pense que tous les étalonniers qui ont fait l’effort de venir avec un ou deux chevaux afin de prendre la température de cette première édition qu’ils en présenteraient davantage l’année prochaine, si jamais l’événement est reconduit”, glisse le président de l’Association des éleveurs d’anglo-arabes et de chevaux de sport du Lot-et-Garonne. Et de continuer : “Je pense qu’il y a beaucoup de points positifs. Nous étions dans des infrastructures complètement neuves. La municipalité de Nérac a joué le jeu en nous fournissant du matériel : barnums, tables, chaises et toutes ces choses essentielles. Nous avons fait notre maximum avec nos moyens, tant bénévoles que salariés. Tout le monde s’est donné et cela a permis de déboucher sur un bel événement. Pour espérer reconduire l’expérience, il faudra travailler sur les financements. Nous avons bénéficié d’aides éphémères et ponctuelles, pour lesquelles nous remercions les institutions qui nous ont soutenus, mais organiser ce genre de manifestation est assez coûteux. Le site de Nérac n’est pas forcément fait pour de l'événementiel ; l’accès à l’électricité, la sonorisation, l’écran géant, l’aspect vidéo et toutes ces choses-là sont à réaménager chaque année. Cela vaut un peu d’argent, tout comme la présence d’un speaker professionnel. Et ce ne sont pas les faibles montants d’engagement des étalons qui financent tout cela. S’il y a une prochaine édition, nous devons réfléchir et trouver des financements, mais nous ne sommes pas contre l’idée de recommencer. Cette année, grâce aux aides qui nous ont été accordées, nous devrions à peu près nous en sortir. Si les institutions ne mettent pas la main au porte-monnaie en 2025, cela ne passera pas. Quoi qu’il en soit, je pense que l’événement correspondait vraiment à une attente de la profession. Cela se traduit par la fréquentation et la facilité que nous avons eue à remplir les boxes. Je pense donc qu’il est dans l’intérêt de tout le monde que ce style d’événement perdure.” Alors, rendez-vous, peut-être, à Nérac en 2025, ou dans une autre ville du Sud-Ouest si de valeureux organisateurs se lancent à leur tour dans l’aventure.

Helios Morinda se tourne déjà vers l'avenir. © Mélissa Mula

Photo à la Une : Champion de France à deux ans en 2021, Junesco de Riverland a été mis à l’honneur face aux centaines de passionnés venus à Nérac. © Mélissa Mula