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Le conseil des pros - Thierry Rozier

Sport vendredi 27 mars 2020

En cette période incertaine due à la pandémie de Covid-19, Studforlife vous propose de faire un tour des différentes méthodes et techniques des cavaliers pour garder leurs chevaux en forme.

Pour ce troisième épisode, le cavalier français Thierry Rozier nous explique son travail quotidien durant cette période et propose des idées d’exercices pour tous.

Thierry Rozier revient pour nous sur le chamboulement qu’a provoqué l’arrivée du Coronavirus en Europe : « Il y a eu beaucoup de changements en peu de temps. On s’entraînait fort avec l’objectif des Jeux Olympiques. Le premier grand rendez-vous auquel j’espérais participer était le CSIO de la Baule, un concours que j’affectionne tout particulièrement. J’étais donc à Oliva en février. Je devais me rendre à Arezzo et Gorla Minore afin de peaufiner ma préparation. Mais c’est à ce moment que les annulations ont commencé. Je cherchais donc des alternatives pour continuer d’établir un planning qui tenait la route. Je suis très proche de Nicolas Delmotte et on essayait de voir quels concours faire pour maintenir une préparation optimale. Je continuais à faire des séances d’entraînements sur le modèle des concours. Je faisais deux séances de saut sur deux jours, en essayant de retrouver cette mentalité concours, même si j’avoue que c’est un exercice difficile. Pas évident de se stimuler quand il n’y a ni public, ni concurrence. »

Venezia d'Ecaussinnes au travail à la maison © Clarisse Lebey

On s’en doute, l’objectif des Jeux Olympiques maintenait cette obligation d’entraînement intensif. Toutefois, depuis que l’annonce du report des JO est tombée, le cavalier Français admet que les choses ont changé : « Les JO, c’était mon objectif cette saison. J’avais décidé d’arrêter la compétition en fin de saison. Du coup, je suis en pleine réflexion. De plus, Venezia aura 16 ans l’an prochain. Je ne vais pas encore prendre de décision à chaud, je vais voir comment évolue la situation et à quelle date seront reportés les Jeux Olympiques. »

Du fait de cette annonce, Thierry Rozier a donc réduit le travail de Venezia d’Ecaussinnes « Cela ne fait pas de sens de la garder à 200 % en forme maintenant alors qu’il n’y a pas de concours à l’horizon. On travaille toujours quotidiennement, mais de manière plus légère. Il faut varier au plus possible le travail. Pour l’instant on y arrive encore, mais le confinement est encore neuf, ce sera difficile à tenir sur la distance, car cavaliers comme chevaux, nous sommes tous accro à la compétition ! J’ai la chance que mes écuries soient à côtés d’une forêt donc je fais beaucoup d’extérieur. Je veille évidemment à prendre toutes les précautions possibles. »

Venezia et Thierry Rozier © Clarisse Lebey

C’est donc dans une phase d’entretien de la forme de ses chevaux que Thierry Rozier se situe en ce moment. « Il faut arriver à garder le moral des chevaux, que le travail soit un jeu pour eux. Je fais donc plutôt des séances de cavalettis, de 80 à 100 cm, une à deux fois par semaine. Il faut quand même sauter, car ce ne sont pas les mêmes muscles que ceux qui travaillent lorsque l’on fait du plat. Tous les 15 jours, je fais une séance plus conséquente avec des sauts de 140 cm. C’est surtout pour la concentration, la technique, vérifier que le contrôle est bon, que la précision soit là, mais aussi pour mon œil et la position de mes mains… »

Plus de temps à la maison signifie aussi plus de temps à disposition pour s’occuper des chevaux. Mais le cavalier français d’insister : « Ce n’est pas pour autant qu’il faille sauter inutilement. Il faut sentir ce dont le cheval a besoin. »

Les concours s’annulant les uns après les autres, impossible de prévoir de quoi aura l’air la saison : « On a aucun planning, aucun moyen de savoir quand les compétitions reprendront. Que ce soit le circuit des Coupes des Nations ou le Global Champions Tour, tous les 5* sont touchés, les 5* ont un niveau financier très exigeant. Je suis vraiment proche des organisateurs et je sais qu’ils traversent un période délicate. Je suis moi-même dans le comité d’organisation de Chantilly et il faudra bientôt que l’on prenne une décision. Il y a des tentes à louer, des traiteurs à commander, et cela ne peut pas se faire à la dernière minute. Ce qui m’inquiète aussi, c’est qu’il restera peu de 5* et tous les cavaliers voudront y participer, cela va être la guerre pour avoir une place. »

Thierry Rozier et Star © Clarisse Lebey

Et quels exercices privilégier ?

« Chaque cavalier a son système, mais tous ont le même but : gagner des épreuves ! Moi, je crois en ma méthode et j’ai une certaine rigueur. Je mets des barres ou des cavalettis à 20 m. Je me suis même acheté une roulette pour que la distance soit toujours la même. Je peux les mettre sur un cercle, une diagonale ou une ligne droite, cela permet plein d’enchaînements. On peut faire beaucoup d’exercices avec peu de barres. Je varie par exemple les foulées, et donc le rythme, en allant de 4 à 9 foulées entre les barres. C’est exactement cela qu’on demande en parcours. Il faut que le temps de réaction soit rapide. Les choses les plus simples sont parfois les plus difficiles à faire. »

La situation actuelle attriste le cavalier français : « Je suis triste pour la filière. L’après Covid-19 va être difficile. Pour certains, cela va prendre de longs mois pour remonter la pente. Je ne suis pas grand-chose sur cette planète, mais tous les acteurs de la filière peuvent compter sur mon soutien moral. Il faut vraiment que l’on se serre les coudes. »

Thierry Rozier et Venezia d'Ecaussinnes © Clarisse Lebey