Notre site web utilise la publicite pour se financer. Soutenez nous en desactivant votre bloqueur de publicite. Merci !

A la découverte de Chacco Rouge

Elevage mardi 12 mars 2019 Julien Counet

Chacco Rouge (Chacco Blue x Papillon Rouge x Lieu de Rampan) fait partie des étalons qui ont fait parler d’eux dans leurs jeunes années, mais il aurait pu disparaître sans véritable raison après avoir été écarté des terrains de concours pour une simple seime qui aurait bien pu ruiner sa carrière tant sportive que d’élevage. Pourtant aujourd’hui, à 13 ans, il est bel et bien de retour sur les terrains de concours avec Félicie Bertrand. Ensemble, le couple gravit les échelons quatre à quatre comme pour rattraper ce temps perdu.

Sa souche maternelle comprend de très grands vainqueurs internationaux comme Poree de la Touche (JO de Barcelone 1992), Jovis de Ravel Roger-Yves Bost, Alto de Ravel (CSIO sous couleurs italiennes) ou encore l’étalon admis Fidelio de Ravel. Elle est aussi à l’origine de Timon d’Aure (2ème du Grand Prix CSIO de Dublin, 9ème des JEM de Tryon avec Alexis Deroubaix), Regate d’Aure (CSIO avec Grégory Cottard), Ura II, Ultima de Ravel (5ème du Championnat de France des 6 ans avant d’évoluer sous couleurs finlandaises), Prettywoman de Ravel (Championne de France des 5 ans) ou encore  Viva d’Aure.

Quand l’avez-vous repéré ?

Geneviève Mégret : « Chacco avait gagné les 4 ans en son temps mais honnêtement, je l’avais vu sans trop le voir et en fait, c’est grâce à une amie qui connaissait bien son propriétaire que je me suis de nouveau intéressée à lui quand il avait 5 ans et nous l’avons acheté. Cette année-là, je ne suis pas sûre d’avoir choisi  le cavalier qui lui convenait vraiment le mieux. A 6 ans, le cheval a été monté par François-Xavier Boudant avec beaucoup de succès. À 7 ans aussi et puis après, on a eu un petit souci parce qu’il a eu une seime qui nous a embêtés pendant assez longtemps. Le cheval n’a pas pu faire de concours pendant 2 ans ½. Il a continué à travailler puisque cette seime ne le faisait pas boiter mais on ne pouvait pas sauter au risque de le faire saigner. On a fini par trouver une solution pour guérir ça et il a recommencé le concours gentiment avec Lucie Saliba qui était ma cavalière à l’époque.  Il a recommencé sur de petits tours mais c’était sympa parce que des éleveurs qui ne l’avaient pas vu depuis un moment me disaient « ah je vais essayer ce cheval-là, je l’avais oublié » !  Et oui, forcément quand on ne voit pas les chevaux, on n’y pense plus, on les oublie alors qu’il a sauté 1 m 20 / 1 m 25  à sa reprise et tout de suite, les bons éleveurs ont repensé à lui et ils se sont dits « ben oui, c’est idiot, on l’avait oublié » ! Moi, c’est un cheval que j’adore, c’est vraiment un super cheval de concours avec un super mental. Un physique vraiment agréable, une belle qualité musculaire avec beaucoup de sang. C’est un fils de Chacco Blue donc c’est assez recherché et j’ai même des allemands qui viennent le voir régulièrement et tombent en admiration devant lui. Ils disent qu’en Allemagne, ils n’ont pas de mâles comme Chacco Blue, aussi modernes que lui.  C’est vrai que ce cheval-là est un cheval moderne. Et je pense que l’idée du croisement, Chacco Blue et Papillon rouge, était une très bonne idée parce que Papillon a rapporté de la modernité et de l’influx et Chacco Blue a tempéré un peu les ardeurs de Papillon ; c’est donc un cheval dans lequel je crois beaucoup. »

Qu’est-ce qui a fait que vous ayez finalement voulu l’acheter à ce moment-là ?

G.M : « Rien de spécial. J’avais confiance en une amie qui s’appelle Corinne Gard et qui l’avait conseillé, puis c’est vrai que c’était un cheval qui dégageait quelque chose. Et moi j’aime bien les chevaux comme ça qui ont l’air d’avoir un petit truc en plus. Je ne peux même pas dire que c’était ses origines d’autant que Chacco Blue n’était pas sur le devant de la scène comme il l’est finalement aujourd’hui mais oui, il y avait un truc avec ce cheval. »

Quand on a pas mal de chevaux qui performent au plus haut niveau et puis on a ce cheval pour lequel on a de grands espoirs mais pour qui les soucis de la vie font qu’il n’a pas encore eu la carrière que vous espériez, c’est difficile ?

G.M : « Pendant 2 ans ½ on a un peu rongé notre frein parce que c’est vrai qu’on était frustré d’autant que le cheval était lui aussi frustré parce que c’est un cheval qui adore sauter et il est gai. Tous les cavaliers qui l’ont monté ont adoré ce cheval. Ils ont dit que c’était un vrai bon copain et c’est chouette, c’est un cheval vraiment qui aime ça, qui aime faire du concours. Donc c’est vrai que là pendant 2 ½ ans – 3 ans, on a été vraiment un peu frustré. Aujourd’hui, non ! Je sens que ce cheval va pouvoir s’exprimer au plus haut niveau tellement il fait facilement ce qu’on lui demande de faire aujourd’hui. On peut dire que du coup, il n’a pas été trop usé non plus. Il me fait plaisir au quotidien. Je pense que ça va être un super reproducteur parce que déjà dans la petite production qu’il a eu, puisqu’il n’était pas sur le devant de la scène et que forcément les éleveurs s’y intéressaient moins, il n’a fait que des bons sauteurs. Il a l’art de transmettre sa réactivité, son intelligence, sa souplesse et donc ça c’est une bonne satisfaction pour moi. Non, je n’ai pas de frustration avec ce cheval-là. Je suis contente de le voir évoluer puis de monter en gamme mais non, aujourd’hui, je suis contente. (rire)

C’est difficile dans cette partie étalonnage par rapport aux éleveurs de comprendre si l’un ou l’autre saillit plus ou moins ?

G.M : « L’étalonnage c’est un métier particulier parce qu’il y a plusieurs raisons qui font que les chevaux saillissent beaucoup ou pas. Ça dépend des origines. Par exemple, les lignées maternelles, avec un phénomène de mode quand même. Bon après, il y a les performances des chevaux et là, c’est sûr que quand ils passent à la télé, ça donne envie aux gens de les essayer pour leur jument. Aujourd’hui ça pose problème parce qu’il n’y a plus trop de chaines dédiées aux chevaux. Je pense que ça joue et les éleveurs se plaignent « ben oui avant on voyait sur les Equidia ». Je pense que c’est quand même un problème. Je pense que les gens sont un peu frustrés de ne pas pouvoir voir les chevaux alors ils regardent les résultats mais ce n’est pas tout à fait pareil. Après, le deuxième volet, c’est la descendance et ça prend un petit peu de temps parce que pour avoir une descendance qui performe à haut niveau on sait bien que ça prend 8-9 ans pour voir les chevaux sortir donc… mais l’étalonnage, c’est comme ça. Quand les gens achètent des saillies, ils ont envie d’avoir des chevaux fertiles. Moi, j’ai de la chance d’avoir des chevaux qui sont fertiles donc c’est bien. Mais c’est vrai que c’est une construction sur le long terme. Actuellement, nous avons Bassano  de Nantuel, qui est un fils de Baloubet du Rouet avec une mère par Calypso d’Herbiers, issu d’une très bonne lignée maternelle. Il s’est trouvé qu’au hasard de la vie, il a  eu aussi des petits soucis de santé,  il a dû se faire arracher des dents et des choses comme ça qui ont fait que ça a retardé un petit peu le début de sa carrière et le cheval n’a pas trop sailli. Ses poulains sont bien mais ils sont encore jeunes et puis là tout à coup, il a l’air de très bien sauter et donc je pense que ça a donné un petit coup de pouce à sa carrière et ça c’est la loi de l’étalonnage. Bon alors après il y a le marketing et tout ça mais après ce n’est pas facile, les éleveurs sont exigeants et c’est normal qu’ils soient exigeants  parce qu’ils dépensent de l’argent pour des étalons … »

Pour la suite qu’est-ce qu’on peut souhaiter pour Chacco Rouge ?

G.M : « Félicie le monte depuis quelques mois désormais et elle a l’air de vraiment bien s’entendre avec lui. L’année dernière, il avait sauté le mètre cinquante facilement donc là je crois qu’on va progressivement augmenter un petit peu le niveau et c’est sûr que si on arrive à sauter les toutes grosses épreuves, ça sera une grosse satisfaction. Aujourd’hui, je ne peux pas dire s’il le fera, mais je pense. Quand il était plus jeune, il a toujours bien fait ce qu’il faisait mais je ne savais pas quels étaient ses moyens. Aujourd’hui, je sais qu’il a des moyens pour les toutes belles épreuves. J’espère qu’il va pouvoir accéder à des tout grands concours - j’espère que nous, on va pouvoir performer dans de toutes belles compétitions. Là, il va pouvoir accéder à de tout bons concours et j’espère que nous, on va pouvoir performer dans de toutes belles épreuves. L’an passé, il a remporté le Grand Prix CSI3* de Canteleu, le Grand Prix CSI2* de Deauville et le Grand Prix Pro1 de Deauville et aussi terminé 2ème du Grand Prix CSI2* de Sancourt, notamment. »

Un double challenge avec une cavalière qui n’a pas encore évolué au plus haut niveau, tout comme le cheval ?

G.M : « C’est sympa oui … c’est sympa de voir tout le monde monter en même temps. C’est vrai que c’est une satisfaction, d’autant qu’ils sont à la maison donc ça c’est une grosse satisfaction de les voir évoluer au quotidien. C’est l’occasion de gérer la carrière de nos chevaux ensemble avec leur cavalière, en toute amitié. »