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Joris de Brabander ou la réussite de l'élevage belge !

Reportages mardi 3 mars 2009 Julien Counet

Troisième volet de notre long entretien accordé au célèbre éleveur belge, Joris de Brabander.

Comment avez-vous débuté dans les chevaux ?

J'ai commencé tout naturellement dans les chevaux car mon père y avait toujours gagné sa vie et moi, j'ai toujours été passionné par les chevaux. Mon papa était étalonnier, à l'époque, on faisait la route avec les étalons et il faisait du commerce. Quand j'étais jeune, j'étais également cavalier même si c'est la première chose que j'ai arrêtée car les concours ne m'ont jamais véritablement passionné. J'appréciais le fait d'apprendre à bien monter mais le concours en lui-même ne me passionnait pas contrairement à ma fille aujourd'hui qui aime cela. J'ai repris son commerce tout en étant vétérinaire et je dois dire que nous avons bien réussi. Notre réussite vient également de notre situation car mon père était particulièrement mal placé. En plein centre de Nieuwkerken, quelques boxes, pas de prairies … mais cela ne l'a pas empêché de bien gagner sa vie.

Comment est-ce que la souche de Qerly Chin est arrivée chez vous ?

C'est au moment où j'ai véritablement changé le système de mon papa. Lui achetait chaque année des poulains. Parfois 10, parfois 20 ou même 50 certaines années, mais il vendait toujours les meilleurs. Il était heureux de vendre des bons chevaux et d'avoir des clients contents … mais à un moment, je me suis dit que ce serait quand même mieux de garder les meilleurs plutôt que de garder les mauvais. En ne gardant que les meilleurs et en vendant tout ce qui était en dessous, cela vous permet de faire des progrès en élevage.

Et c'est comme cela que nous avions acheté la grand-mère de Qerly Chin, Goya, une fille de Fleuri du Manoir, lorsqu'elle était pouliche. Nous l'avions achetée pas très loin de chez nous, elle était magnifique et sautait très bien. Nous l'avons fait saillir à deux ans comme nous faisions souvent et elle nous a donné deux pouliches. Ce fut la même chose avec Kerly qui était la meilleure pouliche de l'année puis il y a eu Qerly Chin qui fut la dernière à naître « naturellement », après nous avons commencé les transferts avec elle.

Aujourd'hui votre élevage est avant tout basé sur la souche de Qerly Chin et Fragance du Chalus alors que bien d'autres souches sont passées dans vos écuries sans s'y fixer. Pourquoi ces deux-ci sont-elles restées ?

Wely Chin (Nabab de Rêve & Qerly Chin (Chin Chin))

Je pense que la seule raison, c'est qu'elles ont donné de vrais bons chevaux. Néanmoins, j'essaie continuellement de nouvelles souches et à long terme, j'aurai d'autres souches car je pense que dès que des étalons d'une souche font la monte, l'intérêt de la souche est diminué. C'est pour cette raison que je pense qu'il est important de continuer à trouver de nouvelles souches. Je suis persuadé qu'il y en a beaucoup en Belgique. Après, il faut avoir un peu de chance avec les juments avec lesquelles on commence.

Comment sélectionnez-vous les juments qui restent à l'élevage ? Faites vous des embryons systématiquement avec toutes vos deux ans ? 

Je fais des transferts d'embryons avec les meilleures deux ans que j'ai. Je sélectionne tout d'abord sur les qualités propres de chaque jument, sur les performances de leurs parents mais aussi sur leur santé. Pour moi, une toute bonne pouliche possède une toute bonne mère qui a elle-même tourné dans le sport, tout comme le père car un étalon qui n'évolue pas dans le sport, ça n'existe plus aujourd'hui, avec une bonne santé et un bon caractère. Je pense qu'à ce niveau là, je suis très heureux dans mon élevage … à l'exception d'une de mes trotteuses qui a un mauvais caractère.

Pourquoi vendez-vous régulièrement vos meilleures juments vers 6-7 ans ? Est-ce un problème de fertilité ?

Non, pas du tout. La seule raison, c'est qu'à cet âge là, elles valent beaucoup d'argent, c'est tout. De plus, je pense qu'à un moment, il faut choisir : on ne peut pas faire de gros concours et des transferts. C'est vrai qu'avec cela, j'avais eu 7 produits de Tabelle mais je n'avais malheureusement pas de pouliches avec les mêmes qualités qu'elle et j'ai donc perdu cette souche. Par contre, pour Narcotique II, nous avions une douzaine de produits d'elle lorsqu'on l'a vendue, tout comme Qerly Chin. Fragance, elle n'a jamais été vendue tout simplement parce qu'elle fait partie de la famille mais en règle générale, dès que nos juments ont 6-7-8 ans, je suis vendeur.

Pour vous, il ne faut donc pas s'attacher à un cheval ?

Si si, évidemment mais malheureusement cela ne fonctionne pas vraiment avec mon métier alors lorsque je suis vraiment trop attaché à un cheval, je le vends à ma fille. (Rires)

Bamako de Muze.

La suite demain !