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Haras national suisse, Avenches (1/2)

Interviews mercredi 25 février 2009

Haras national suisse, Avenches

Devenu une référence en matière de congélation de sperme après les passages de Tinka's Boy, Machno Carwyn, Toulon et bien d'autres, le Haras national suisse d'Avenches sort des sentiers battus et des idées préconçues. A un moment où la France tergiverse sur l'avenir de ses Haras, la Suisse semble en avance sur son temps.

Rencontre avec Anne Rizzoli, responsable de la communication et du centre de documentation.

 

Quels sont les rôles du Haras national ?

A.R. : Le Haras national suisse a été fondé au 19 ème siècle et pendant près de 100 ans, il a joué le rôle de dépôt d'étalons. Son rôle était alors de mettre à disposition des éleveurs un certain nombre d'étalons. Puis dans les années 1990, la question s'est posée de savoir si un Haras national avait encore une raison d'exister. A la suite de quoi un certain nombre de changement ont eu lieu. Entre 1995 et 2000, on a privatisé le domaine agricole et une nouvelle manière de gérer le haras est arrivée avec un mandat de prestations et une enveloppe budgétaire. Ce mandat de prestations qui nous est donné tous les quatre ans par la Confédération, c'est-à-dire par l'Etat, nous donne un certain nombre de missions dont les trois principales sont la promotion de la race franches-montagnes, le soutien à la rentabilité de l'élevage et ?uvrer pour le bien être du cheval.

Le soutien à la race franches-montagnes, c'est assez clair. Nous mettons en valeur le franches-montagnes en le présentant sur des manifestations, en organisant des manifestation d'élevage. Notre deuxième mission est la formation des gens du cheval. Formation de la garde et de l'élevage : avec des formations de juges mais aussi des cours qui s'étalent sur une année comprenant des cours sur l'alimentation, l'anatomie, le sabot, le marketing. Il s'agit de la formation Equigarde: 'une formation complète autour de la garde et de l'élevage qui devient un des points essentiels du haras.

La troisième partie, c'est tout ce qui est recherche appliquée. Nous faisons de la recherche pour obtenir des résultats qui vont pouvoir être appliqués par les éleveurs, afin d'être plus rentables dans leur activité et de s'améliorer. C'est une chance pour nous de travailler dans le milieu du cheval car nous sommes proche des clients.

Anne Rizzoli, responsable de la communication et du centre de documentation. Nous pouvons grâce à ces prestations rester très à l'écoute des éleveurs et dialoguer directement avec eux. Chaque personne peut également nous demander un renseignement et nous allons tout mettre en ?uvre pour lui livrer l'information dans quelque domaine que ce soit. A un niveau basique tel : qu'est ce que la race franches-montagnes jusqu'à des conseils très techniques tel un conseil pour l'accouplement, un point très précis dans la gynécologie… Personnellement, je m'occupe également du centre de documentation et l'on peut nous demander des renseignements sur un étalon de 1950 parce qu'uner jument remonte à cet étalon … Cela peut également être des informations sur l'alimentation parce que leur cheval a des coliques régulièrement etque les propriétaires se demandent ce qu'ils doivent faire … En fait, nous avons un numéro de téléphone général et nous dirigeons les appels vers nos différents spécialistes.

Qu'est ce qui fait la différence entre le secteur privé et le Haras national ? Est-ce que ce sont justement tous ces renseignements ?

Je pense que la différence principale, c'est qu'un haras pourra offrir un certain nombre de services que les privés ne pourront pas faire parce que ce sont des activités qui ne seront tous simplement pas rentables. Ll'Etat peut également se distinguer pour tout ce qui est recherche et formation car c'est quelque chose que l'on peut faire dans un haras ou une structure étatique, neutre et objective.

Après, il est certain que le service de congélation est également pratiqué par des stations privées et à ce moment là, les gens viennent ici pour la qualité de notre travail avant tout. Les prix que nous pratiquons sont les prix du marché, dès lors nous devons nous démarquer par la qualité de notre travail.

Cela fait assez longtemps que nous existons et il y a toujours eu une certaine aura autour du haras. Il y a une certaine tradition et nous avons plusieurs personnes qui ont une très bonne réputation … et je pense qu'il y a aussi des gens qui viennent pour cela.

Ces dernières années, le haras d'Avenches s'est fait connaître au travers le monde pour son centre de congélation. En quoi vous distinguez vous des autres centres ?

C'est vrai que nous avons réussi à congeler ici des étalons réputés incongelables jusqu'ici. Je pense qu'un de nos aspects est d'être très proche de la recherche et grâce à cela, nous avons étudié toutes les méthodes de congélation. C'est peut-être ce qui fait la différence avec un centre privé qui aura privilégié une et une seule méthode alors que nous, étant à la pointe de la recherche, nous essayons de trouver la meilleure méthode pour chaque étalon. Après, même si nous ne faisons aucune publicité là-dessus, le mot passe et nous avons vu arriver des étalons de très loin. Nous offrons également la possibilité au propriétaire que le cheval soit travaillé ici, s'il le désire, par nos écuyers professionnels.

Toulon (BWP, 1996, Heartbreaker x Jokinal de Bornival) a participé activement à la reconnaissance internationale du travail de congélation au Haras d'avenches.

Comment répartissez-vous après la semence ?

Cela dépend du propriétaire. Nous lui envoyons la facture et ensuite, il devient propriétaire des paillettes, mais nous pouvons également les envoyer où il le désire ou les stocker chez nous et parfois même les commercialiser.

Pour les étalons du haras d'Avenches, nous travaillons avant tout avec des haras d'Etat et non avec des privés. Nous préférons privilégier les échanges avec différents haras d'état. Nous travaillons entre autres avec le Holsteiner Verband, les haras nationaux français, Flyinge en Suède… Nous sommes d'ailleurs en Suisse la seule station à pouvoir inséminer des juments avec les étalons du Holstiner Verband.

Quelle est l'évolution de l'élevage en Suisse et quel est le rôle du haras national par rapport à cette évolution ?

 

Le haras est au service de l'éleveur, de quelque race que ce soit, par différentes prestations. L' étalonnerie devient une petite prestation parmi les autres. Nous avons réussi à nous spécialiser dans différents domaines et nous offrons aujourd'hui une plus grande palette aux éleveurs. Aujourd'hui, on constate que les éleveurs ne veulent plus seulement avoir un étalon en monte naturelle, ils veulent un service plus complet. Par exemple, certains ne veulent plus faire pouliner leurs juments chez eux et ils préfèrent les faire pouliner chez nous.

L'étalon suisse Karondo v. Schlosslihof (CH, 1993, Karondo x Corleone), vainqueur des Sires 2005, 2ème en 2008 et gagnant en Grand Prix CSIO, prouve que l'élevage helvétique est sur la bonne voie, notament grâce aux étalons importés en Suisse par le Haras d'Avenches.

Et quelle est l'évolution de l'élevage de chevaux de sport en suisse ?

Le week-end dernier, nous avons eu le concours de juments de sélection qui est un concours regroupant les meilleures pouliches suisses de 3 ans et on peut voir que l'on a un élevage suisse qui est vraiment performant. Il y a 20 ans, il y avait un certain mépris pour le cheval suisse qui était un ancien cheval d'armée. On faisait saillir les juments avec l'étalon le plus proche de chez soi. Aujourd'hui, les choses ont véritablement changé. Il y a un plus grand professionnalisme chez les éleveurs ainsi qu'une véritable volonté d'arriver à une qualité beaucoup plus grande. C'est aussi une question de rentabilité. En Suisse, tout coûte très cher et les éleveurs qui survivent encore sont des éleveurs qui ont un très bon élevage qui est reconnu et qui font du bon travail. Je pense qu'avec cela, nous avons des chances d'arriver à un élevage général de très bonne qualité.

On voit aujourd'hui un très grand intérêt pour les étalons étrangers aussi bien en France qu'en Belgique, est-ce aussi le cas en Suisse ?

C'est exactement pareil. On a souvent l'impression que, pour les éleveurs, les étalons suisses sont considérés comme normaux alors que tout ce qui vient de l'étranger est mieux que ce qui se fait chez nous. J'en ai le parfait exemple dans ma famille où l'on a un très bon élevage de demi-sang mais où ils préfèrent aller chercher un étalon en Allemagne qui a un indice d'élevage équivalent à un dixième de nos meilleurs étalons du haras, mais qu'ils ne vont pas utiliser car on a l'habitude de le voir, parce que cela fait des années qu'on en parle … etc.

 

Est-ce que les indices d'élevage sont essentiels en Suisse ?

Pas assez malheureusement. Dans le demi-sang, les indices commencent à être importants mais dans le franches-montagnes, on a des valeurs d'élevage qui donnent des chiffres vraiment impressionnants et qui sont très lisibles. Pourtant, malgré cela, on est toujours étonné de voir que l'éleveur va aller vers l'étalon qui est le plus près de chez lui, sans forcément regarder l'indice.

Karacondo (BWP, 1987, Lys de Darmen x Drost)

Quels sont les ambitions et le futur du Haras national ?

Continuer dans la voie des formations car dans le milieu du cheval en suisse, et partout ailleurs en Europe, on constate que les gens sont de moins en moins formés. Il y a un véritable besoin de formation, car il y a des gens qui viennent d'un tout autre milieu que celui du cheval et du milieu agricole. Nous avons un véritable potentiel avec tous les spécialistes que nous avons ici pour continuer à développer des formations autour de la garde et de l'élevage.

Ensuite depuis le premier janvier, nous travaillons étroitement avec un centre de recherche agronomique. On va ainsi pouvoir développer la recherche appliquée ces prochaines années. Vu également le développement du franches-montagnes, je pense que nous allons également continuer à nous investir pour le soutien de cette race, seule race typiquement suisse.